Conclusion première partie :
Partis comme agents corps intermédiaire entre société et Etat. Il faut maintenant les considérer eux mêmes comme des systèmes dimension ad intra.
II/ Dimension ad intra ou le fonctionnement oligarchique
Distribution du pouvoir :
Pyramide organisationnelle structurée selon un modèle démocratique.
Distribution inégale du pouvoir
Centralisation des moyens de gestion
Privilèges de notoriété des dirigeants avec médiatisation vie politique.
Types de partis : de cadres (fédérer des réseaux d’influence) ou de masse (élargir le recrutement)
Distribution du pouvoir selon la culture organisationnelle :
Domination légale-rationnelle avec respect des procédures du parti.
Domination traditionnelle autour des élites notabiliaires et des élus : pérenniser le capital électoral au lieu d’élargir
Domination charismatique : partis de fidèles dévoué au leader contrôlant tous les pouvoirs. Légitimité construite sur des événements historiques comme l’invention du parti lui-même.
La distribution du pouvoir reflète des rapports de force.
Partis où rapports de forces sont considérés comme normaux ≠ partis qui considère que les conflits internes ne doivent pas être publiquement exprimés.
Cercles concentriques qui donnent le pouvoir à un petit nombre et vident le pouvoir supposé du plus grand nombre.
La professionnalisation de la politique (Weber) avec la modernité :
Economie et société : il faut comprendre le parti non pas dans l’expression des clivages sociaux mais dans son rapport interne en tant qu’entreprise de ressources et de mobilisation dont la fin est de mettre le chef au pouvoir et qui fonctionne grâce à des rétributions matérielles et symboliques en permettant aux membres du partis de mieux réaliser leurs fins.
Distinction (Le savant et le politique)
Ceux qui vivent pour la politique (notables)
Ceux qui vivent de la politique (professionnels)
Joseph Schumpeter, Capitalisme, socialisme et démocratie :
Les partis sont une marque un label. Mais ce qui caractérise le parti n’est pas le rapport entre la marque et la clientèle mais EN AMONT dans les luttes de pouvoir interne pour définir la marque.
Michel Ostrogorski : Démocratie et organisation des partis politiques
Les partis comme traduction ne sont pas néfastes en eux-mêmes. Il est néfaste que les partis demeurent au delà de l’expression ponctuelle des clivages sociaux : il faudrait interdire les organisations permanentes et permettre les organisations ad hoc.
Eviter ainsi que les organisations suscitent des intérêts internes des carrières des entrepreneurs dont les intérêts sont contraires à ceux qu’ils doivent représenter.
Cochin
La représentation de la société comme moyen de légitimer les intérêts des dominants en faisant « parler la société » la « majorité silencieuse ».
Roberto Michels :
La « loi d’arain de l’oligarchie » : toute organisation produit une administration, une classe dirigeante destinée à faire fonctionner et pérenniser l’organisation. Et donc également rester au pouvoir.
Les dirigeants vont se servir de l’organisation pour maintenir leur propre pouvoir : la cause est au service de l’organisation, la société est au service du parti, et non pas l’inverse.
Du coup incompatibilité inéluctable entre démocratie et oligarchie.
III/ La maladie oligarchique condamne la démocratie :
Les partis sont des entreprises au service des entrepreneurs (et éventuellement des actionnaires) et pas des clients.
Les partis sont des réserves d’emplois et de capitaux spécifiques destinés à satisfaire les intérêts d’entrepreneurs en concurrence mutuelle.
IV/ Critique de la thèse oligarchique :
La démocratie est ce qui se passe entre les organisations.
Le parti est une instance de médiation plus qu’une organisation.
Il faut donc considérer la démocratie au niveau des relations entre organisations mais non pas à l’intérieur des organisations même. La démocratie serait celle du tout, du rapport entre les unités.
Conclusion : les thèses élitistes.
Comment concilier le fonctionnement oligarchique et les principes démocratiques ?
Vilfredo Pareto, Traité de sociologie générale. Mosca, The ruling class.
Critique de la fiction démocratique, éloge du pouvoir de l’élite comme le pouvoir des meilleurs. Inspiration libérale.
Charles Wright Mills, L’élite du pouvoir (1956) : auteur élitiste critique cette dérive dans une démocratie. La démocratie est mensongère et il faudrait qu’elle ne le soit pas. Enquête sociologique aux USA.
Concentration du pouvoir, élite militaire administrative : on passe indifféremment d’un secteur à l’autre, jeu des portes tournantes, on se connaît tous ensemble (voir citation Pujadas SciencesPo) : ce sont les mêmes intérêts de classes.
Solidarité des détenteurs du pouvoir.
Coïncidence d’intérêts objectifs.
Similitudes sociales et psychologiques des élites.
Thèses pluralistes et polyarchiques :
Raymond Aron : pluralité des catégories dirigeantes.
David Riesman : groupes de veto.
Bentley : décisions comme résultat d’interactions entre les groupes.
Robert Dahl Polyarchy : participation and opposition, 1971 :
Pluralité des centres de décision donc le fait qu’elle soit élitiste n’est plus un problème.
Grande diversité d’organisation.
Bargaining
Equilibre spontané
Mais ces thèses de la réfraction des divisions ne résistent peut être pas quand toute une classe d’élites différentes est menacée.
Séance 9 : Opinion individuelle et opinion publique.
Question de la consistance de l’opinion publique et de la place qu’on peut lui assigner dans le fonctionnement démocratique.
Introduction : opinion, attitude, opinion publique.
Opinion et attitude :
Opinion individuelle : réalité avérée.
Avis porté sur une question
Comportement verbal
Réponse à une sollicitation
Attitude :
Lien entre des comportements verbaux ou non verbaux > l’attitude n’est pas observée mais inférée de l’observation de ses comportements.
Manière de se situer par rapport à un objet de valeur : fonction d’expression de l’individu en rapport à son environnement. Résultat de la socialisation de l’individu et de toutes ses adaptations dans des groupes sociaux. Fonction d’adaptation à l’environnement.
Les ≠ attitudes forment un système relativement stabilisé difficile à modifier
Travaux américains sur la concordance systémique des attitudes. Déterminer l’intensité des attitudes avec l’outil dit « d’échelle des attitudes » qui permet de hiérarchiser des questions et donc inférer des attitudes : si qqun est d’accord avec la phrase « noir < blanc » alors il sera pratiquement forcément d’accord avec « femme < homme » et « école = discipline ». Il y a une logique entre l’attitude d’un sujet à l’égard de l’éducation et à l’égard du racisme.
Opinion publique : la difficulté commence ici.
4 discours
Le registre théorique : la théorie politique accorde à l’OP depuis le 18ème une réalité théorique de discussion.
Registre médiatique : OP est une référence sans cesse mobilisée sous la forme de « l’air du temps ».
Le registre statistique : le dénombrement d’ensembles et de sous-ensembles culturels.
Le registre politique : l’OP en tant que personnage utilisé par les acteurs politiques pour légitimer ou délégitimer des entreprises.
Patrick Champagne, Faire l’opinion, le nouveau jeu politique : dénonce la fétichisation de l’opinion publique par les acteurs politiques.
Distinction opinion publique VS usages sociaux et politiques de l’OP pour légitimation.
On peut critiquer les effets politiques induits par les usages sociaux des sondages.
Difficile de mettre en doute le fait qu’à un moment donné on puisse saisir un « état de l’opinion », les enquêtes d’opinion etc.
On ne peut « faire l’opinion » : poids des variables sociales et stabilité des attitudes avec filtres cognitifs qui font qu’on ne peut pas modifier facilement ces attitudes.
Comment l’opinion se construit-elle et comment peut-on la connaître ?
I/ La construction de l’opinion publique :
La notion d’OP apparaît au 18ème siècle en tant que force politique nouvelle. Comment apparaît-elle ?
L’espace public, archéologie de la publicité comme dimension constitutive de la société d’Habermas :
L’espace public :
Le lieu où les personnes privées font usage de leur raison.
Emergence d’une sphère publique différente des sphères privées. Echange marchandises travail signes. La création d’une sphère privée s’accompagne de la création d’une sphère publique dans laquelle les individus peuvent s’exprimer. Il y a donc un rapport entre le procès de privatisation de conquête de l’intimité libéral célébrant l’individu souverain et la constitution d’un espace public cad un nouveau public fondé sur la communication entre personnes privées.
Egalité entre les participants au sein de l’EP.
Espace unifié et homogène reposant sur l’usage critique de la raison qui n’est plus bridé par le respect des autorités.
L’EP a d’abord relevé des biens culturels : cafés salons avec critiques esthétiques d’œuvres d’art desquels le plus grand nombre était déjà exclu.
Lien espace public / représentation :
Théorie absolutiste de la représentation
Théorie judiciaire avec institution des parlements.
Théorie administrative qui veut attribuer la représentation rationnelle des intérêts sociaux à des assemblées municipales fondées sur l’utilité et la propriété et non pas les privilèges.
Opinion publique = unanimité des opinions des « hommes éclairés » affranchis de toute institution.
Public / Privé dans Was ist Aufklarüng de Kant :
Progrès des Lumières sortie de la minorité
Rupture avec les préjugés, sapere aude, et avec la logique institutionnelle.
Constitution d’un public « qui lit » car il est difficile pour un individu isolé et solitaire de s’arracher aux préjugés. Communauté critique qui s’éclaire elle-même où « pourront être partagées les hardiesses de chacun ».
Distinction usage public / privé de la raison chez Kant :
Usage privé de la raison : celui qu’on a le droit de faire de sa raison dans un poste civil, exercice d’une charge d’un office public. Usage peut être bridé : on doit ne pas tout dire car fins publiques viennent légitimement empêcher de penser plus loin. L’obéissance > exercice de la raison. « privé » car il s’agit d’une réunion particulière que ce soit l’église ou un état.
Usage public sorte de société civile universelle tenue par aucune institution : aucune limite à la pensée et la composition de ce public. « Celui que l’on fait comme savant devant le public qui lit. » Pas de différence de rangs de hiérarchies et donc pas de limite au raisonnement.
Le public nécessaire à l’avènement des Lumières :
Constitué par :
des individus ayant les mêmes droits
pensent par eux-mêmes
parlent en leur nom propre
communiquent par l’écrit avec leurs semblables
Confirmation de l’intuition libérale. Aucun domaine n’est soustrait à la critique, artistique politique religieux.
La circulation de l’écrit :
La critique est sans danger car elle est contenu :
dans les limites de l’usage de la raison
limites des devoirs requis par la profession
contraint institution VS libre dans société universelle
Opposition public/peuple est temporaire et se résorbera par la circulation de l’écrit et l’éducation et ainsi le libéralisme peut se considérer comme appelé par la démocratie par l’extension du droit critique et du droit de suffrage.
Opinion publique VS opinion du peuple :
Kant est en minorité sur ce point de vue. La plupart des penseurs libéraux considère que le peuple n’est pas un sujet politique digne de confiance. L’opinion publique est encore celle des compétents, exprimée par l’écrit. C’est l’imprimé qui constitue l’opinion digne d’être entendue.
Condorcet : opinion VS populace.
Esquisse d’un tableau historique des progrès de l’esprit humain :
L’écrit est la visée de la vérité et pas des passions.
D’Alembert : public éclairé VS multitude aveugle
Dictionnaire d’Antoine de Furetière : « le peuple est sot, remuant, aimant les nouveautés ».
Le peuple n’est pas un sujet politique VS opinion publique devient le sujet politique du nouvel ordre, sorte de tribunal permettant de juger les pouvoirs et les pensées de chacun à l’aune de cette raison qui « nous gouverne tous » selon Guizot.
Le nombre et la raison :
Du 17ème au 18ème changement dans la notion de public : au Baroque le public est bigarré, hétérogène, hiérarchisé et surtout constitué par le spectacle : le public est celui qui mire, qui est séduit, trompé, emmené. Après : triomphe de la transparence de la vérité rationnelle, duquel public tout le monde ne fait pas partie. Le public de l’opinion publique n’a aucune existence réelle : c’est un concept.
La raison l’emporte donc sur le nombre et opinion publique > opinion populaire. La question est alors : comment concilier ces deux opinions ?
Car l’idée démocratique apparaît avec la question de souveraineté populaire donc la place du peuple : intégrer le nombre à la raison.
Logos et doxa : les deux modèles de l’opinion.
OP : logos. Réalité conceptuelle et instrument de légitimation sociale.
O populaire : doxa.
Fausseté mais force politique.
Se réalise à partir de la désacralisation du roi au 18ème siècle et l’apparition des « mauvais discours » (libelles, placards, affiches critiques). Arlette Farge, Dire et mal dire. Critique du supplice de Damiens : on n’adhère plus à l’idée des deux corps du roi. On le considère comme un homme comme les autres.
Aporie du nombre et de la raison
Progrès de l’idée démocratique
Education et incarnation
Représentation ou incarnation de l’opinion :
Avec RF articulation doxa logos :
On ne peut gvner contre le peuple
Distinction opinion populaire / esprit public
Lutte assemblées représentatives / sociétés populaires
Prévalence du modèle incarnatif : « je suis le peuple moi-même » Robespierre > qu’il n’y ait plus de divorce entre les deux opinions publique et populaire.
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