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LA POESIE JUSQU'A LA GUERRE Beaucoup de tendances coexistent mais le symbolisme domine et conserve une place dominante dans la poésie jusqu'à la première guerre mondiale. Les grands poètes contemporains ne représentent qu'eux-mêmes : ils ont leur propre thème.L'influence de Mallarmé se développe : le néo-symboliste, Valéry, Paul Claudel. A part le symbolisme, il y a une poésie d'inspiration chrétienne et un esprit nouveau (renouveau). Apollinaire est une plaque tournante entre ce qu'il y avait et ce qu'il y aura après. I La poésie symboliste Il y a beaucoup de revue symboliste : Le Mercure de France, Vers et Prose. C'est dans ces revues que sont publiés les poésies symbolistes. Ils continuent à produire des manifestes Ils utilisent les correspondances : sons, idée... kinesthésie Le surréaliste produit des associations, des émotions de sensation dans le langage. Les symbolistes poursuivent la recherche du vers libre : émancipation du vers, dev. de formules, recherche musicale Ô poésie qui serait capable de créer sa propre musique : travail sur le voc., sur le lexique. Les premiers poèmes des futurs surréalistes sont des poèmes symbolistes. Le symbolisme a transmis quelque chose au surréalisme. Apport des symbolistes belges comme Materlinck et Venheren. Le mouvement symboliste travaille sur des thèmes urbains. Le vers est libre et libéré : anticipe déjà Cendras et Apollinaire. 1) Paul Fort (Reims, 1872-1960) Vers et Prose, dirigée de 1905 à 1914 par Paul Fort , élu prince des poètes en 1912, accueillait tous les poètes et écrivains qui reconnaissaient leur dette au symbolisme et qui n'étaient pas insensibles aux apports de la modernité et du cosmopolitisme. Autour de Paul Fort, la revue fut un incomparable moyen de rencontres et de confrontations entre artistes, grâce notamment aux réunions du mardi à la Closerie des Lilas. Vers et Prose reflète parfaitement la période de transition, où rien d'exceptionnel ne surgit malgré des publications incessantes : la poésie hésite encore entre la musique, riche et mystique, d'un symbolisme bientôt suranné, et un pittoresque à la fois plus vrai et plus simple. Il est directeur de Vers et prose. Il a écrit Les ballades françaises (40 volumes publiés de 1922 à 1941) : paysage français folklore et rythme du folklore (ex: Complainte du petit cheval blanc, Le bonheur : tonalité mélancolique et mièvre) 2) Saint-Pol Roux L'oeuvre de Saint-Pol Roux dit "le Magnifique" est abondante. Ce court poème donne une idée de sa méthode : un flot d'images qui s'étirent presque autonomes et, qui obligent à voir les choses comme autant de signes ouvrant sur une autre réalité. Le poète parlait lui-même de "surcréation", prolongeant l'oeuvre de Dieu, auquel il croyait avec ferveur. Alouettes Les coups de ciseaux gravissent l'air. Déjà le crêpe de mystère que jetèrent les fantômes du vêpre sur la chair fraîche de la vie, déjà le crêpe de ténèbres est entamé sur la campagne et sur la ville. Les coups de ciseaux gravissent l'air. Ouïs-tu pas la cloche tendre du bon Dieu courtiser de son tisonnier de bruit les yeux, ces belles-de-jour, les yeux blottis dessous les cendres de la nuit ? Les coups de ciseaux gravissent l'air. Surgis donc du somme où comme morts nous sommes, ô Mienne, et pavoise ta fenêtre avec les lis, la pêche et les framboises de ton être. Les coups de ciseaux gravissent l'air. Viens-t'en sur la colline où les moulins nolisent leurs ailes de lin, viens- t'en sur la colline de laquelle on voit jaillir des houilles éternelles le diamant divin de la vaste alliance du ciel. Les coups de ciseaux gravissent l'air. Du faîte emparfumé de thym, lavande, romarain, nous assisterons, moi la caresse, toi la fleur, à la claire et sombre fête des heures sur l'horloge où loge le destin, et nous regarderons là-bas passer le sourire du monde avec son ombre longue de douleur. Les coups de ciseaux gravissent l'air. La Rose et les Epines du chemin, 1901 Malgré le refrain, chaque strophe développe une image distincte, sans vrai lien avec le reste, jusqu'à la dernière "touche" qui semble résumer et éclairer l'ensemble. Les métaphores semblent hardies : notez qu'elles reposent surtout sur des synesthésies (les "correspondances" chères à Baudelaire) et qu'elles visent à donner une animation autonome -presque une personnification- aux choses de la Création. C'est une personne étrange surnommé "le magnifique" qui vivait dans un manoir breton en ruine. Il a été assassinné. C'est un poète très secret, hermétique dont la poésie demande un déchiffrage. C'est de l'idéo-réalisme qui préfigure le surréalisme. L'image poétique prend une autonomie : Les reposoirs de la procession 1893 Attention extrême aux matériaux sonores; construction d'un univers d'images sombres ou claires. L'image commence à prendre un ailleurs de ce qui sera chez le surréalisme. C'est une recherche de la dimension de l'image. 3) Paul Valéry Poète, mathématicien, esthéticien, penseur, Valéry est une grande figure intellectuelle qui a influencé Breton à ses débuts. Il est né en 1871 et a écrit ses premiers vers à 13 ans. Il a lu Huysmans, Mallarmé. A Paris, il connaît Louys (post-décadent) qui le présente à Mallarmé, Debussy, Hérédia. Mallarmé faisait des réunions littéraires tous les mardis chez lui, réunion où il leur parlait de poèsie et de littérature. Valéry a été le grand héritier de Mallarmé comme théoricien et comme praticien. Mallarmé se posait la question : qu'est-ce que le lire et l'écrire ? Valéry est actualisant; c'est un élève de Mallarmé. Lorsqu'une grave crise intellectuelle se produit, il abandonne la poésie. Il n'écrit plus qu'en prose jusqu'en 1912. Valéry se remet à la poésie en 1917 : La Jeune Parque, livre qui le rend célèbre. Il est élu à l'académie française. Valéry s'est intéressé au problème de la création et notamment de la création poétique. Il meurt en 1945. Pour lui, le poème est d'abord fabrication : enjeu métaphysique, poésie hermétique, précieuse. Il est soucieux de faire poétique. Il détruit la notion d'auteur. L'oeuvre est production de langage avant tout. La poèsie est fondamentalement rythmes,jeux, chants et n'a pas d'autres buts que lui-même : Egoscriptor. Le poète travaille sur l'ensemble du signe (sé/sa) : le signifié devient ambivalent. Il y a une conscience linguistique de la poésie. "Mallarmé place l'attention sur le mot". Le poème n'est pas un dérivé de l'objet, il le produit. Une oeuvre est rigoureusement impersonnelle. C'est une mise en question de la notion d'auteur et de sens. Valéry est un poète néo-classique : la poésie est mesurée, pas de vers libre. Il est en retrait par rapport à la pratique de Mallarmé (un coup de dé n'abolira jamais le hasard: nouvelle fome poétique). Album de vers ancien, 1920 : ce sont des poèmes symbolistes et proche du parnasse. Il y a des sujets emprunté à l'antiquité. Le paysage devient un état d'âme. On y retrouve le thème de la création et du mystère. Charmes, 1922 : l'incantation, l'envoutement,le chant. Le poète crée des charmes c'est-à-dire des poèmes. Il y a des poèmes de 18 vers à 310 vers. Valéry travaille sur la syntaxe et la sonorité jusqu'à l'hermétisme. Ce sont des étapes de l'itinéraire intellectuel vers la connaissance. Les grands thèmes (= poèmes avec beaucoup de vers) : achèvement, rapport lucidité/inspiration; conscience de soi (Narcisse); rapport du poète au monde (Ebauche d'un serpent); rapport du temps vie/mort (Le cimetière marin) Les Pas, p74 L'attente de l'émotion qui permettra l'éveil de l'inspiration. C'est une attente de l'aimé, une attente de l'inspiration poétique (vigileance ; lucidité). C'est l'attente éveillé de la venue du poème : poésie, écoute de l'absolu, poésie comme don, poésie qui écrit la venue du poème et l'inquiétude du poète qui attend. Le cimetière marin, p 77 C'est avec de poème que Valéry va synthétiser à la fois les allégories de l'oeuvre poétique et ses sentiments sur la vie humaine. L'ensemble du poème repose sur un principe métrique (4/6) qui oblige à des alternances inégales (jamais 5/5). Ce flottement iluustre le sujet apparent (la mer qui miroite, vue des hauteurs de Sète) et, surtout, la méditation du poète sur la tentation de la fixité (silence, ombre ou mort) et l'appel contrariant, mais exaltant, du mouvement (vie, lumière, désirs). Ce cimetière marin est celui de Sète. C'est un poème difficile. Le poète est parmis les tombes et contemple la mer : vie/mort, temps. Il y a une équivalence entre la mer contemplée et le poète. Ô classicisme de la forme et poésie dans la perspective de Mallarmé. 1917 La jeune Parque Une jeune fille s'éveille sur des rêves et se rappelle des rêves sensuels (innocence/appel de désir). Elle s'achemine sur les bords du suicide et se laisse appeler par le désir : éveil d'une conscience poétique. La fileuse Lilia..., neque nent (les lis ne filent pas) Assise, la fileuse au bleu de la croisée Où le jardin mélodieux se dodeline; Le rouet ancien qui ronfle l'a grisée. Lasse, ayant bu l'azur, de filet la câline Chevelure, à ses doigts si faibles évasives, Elle songe, et sa tête petite s'incline. Un arbuste et l'air pur font une source vive Qui, suspendue au jour, délicieuse arrose De ses pertes de fleurs le jardin de l'oisive. Une tige, où le vent vagabond se repose, Courbe le salut vain de sa grâce étoilée, Dédiant magnifique, au vieux rouet, sa rose. Mais la dormeuse file une laine isolée; Mystérieusement l'ombre frêle se tresse Au fil de ses doigts longs et qui dorment, filée. Le songe se dévide avec une paresse Angélique, et sans cesse, au doux fuseau crédule La chevelure ondule au gré de la carresse.... Derrière tant de fleurs, l'azur se dissimule, Fileuse de feuillage et de lumière ceinte : Tout le ciel vert se meurt. Le dernier arbre brûle. Ta soeur, la grande rose où sourit une sainte, Parfume ton front vague au vent de son haleine Innocente, et tu crois languir...Tu es éteinte Au bleu de la croisée où tu filais la laine. v.5 "évasive" cherche éthymologie v.9 "perte de fleurs" strophe 6 rime serpentine, fin du vers rime avec l'hémistiche du vers suivant. II La poésie d'inspiration chrétienne 1) Péguy (1873-1960) Un homme d'engagements : Charles Peguy est né à Orléans en 1873, dans une famille pauvre. Il est élevé par sa mère et sa grand-mère. Boursier, il prépare le concours d'entrée à l'Ecole normale supérieure de la rue d'Ulm, à Paris, où il est reçu en 1894. Là, ses convictions socialistes s'affirment : il s'engage aux côtés de Jaurès et de Zola dans la révision de la condamnation de Dreyfus. Il découvre aussi sa vocation de poète, sous le signe de Jeanne d'Arc (Jeanne d'Arc, 1897). En 1898,il se lance dans le journalisme et fonde les Cahiers de la quinzaine, revue "socialistement socialiste", qui jouera un rôle considérable dans la vie intellectuelle de 1900 à 1914. Les Cahiers prennent le parti des peuples opprimés : Arméniens, Noirs, paysans russes. A partir de 1905, Péguy, qui redoute l'imminence d'une guerre avec l'Allemagne, devient patriote et nationaliste, s'opposant même au socialisme internationaliste et pacifiste. Parallèlement, il renoue avec la foi de son enfance, revient à l'écriture poétique et publie le Mystère de la charité de Jeanne d'Arc (1910); les Tapisseries (1902). Son oeuvre lyrique célèbre la terre maternelle, le patriotisme chrétien, la dimension sacrée de l'existence. Il meurt au combat le 5 septembre 1914, sur le front de la Marne. Il a reçu une éducation catholique et il est l'un des intellectuels dreyfusard. Il est le rédacteur du Cahier de la quinzaine qui paraît de 1900 à 1914. Il y a eu 229 livraisons : dossiers littéraires, d'actualité, poésie... Il est passé du dreyfusisme au nationalisme. A la fin de sa vie, il revient vers la foi, vers le catholicisme (non-pratiquant). Mystères (trois; représentation , théâtre qui parle du christ) : deux mettent Dieu en scène avec Gervaise. C'est une méditation sur les sur-espérances, une méditation de Dieu sur l'agonie de l'homme. p42. Tapisseries (deux) : qui ornaient l'intérieur des cathédrales. Il revient aux vers réguliers.p43. Peguy retrouve le vers libre en verset biblique. Il fait des jeux sur les répétitions, sur le rythme obsédant : poésie lithanique. La Tapisserie de Notre-Dame Etoile de la mer, voici la lourde nappe Et la profonde houle et l'océan des blés Et la mouvante écume et nos greniers comblés Voici votre regard sur cette immense chape, Et voici votre voix sur cette lourde plaine Et nos amis absents et nos coeurs dépeuplés, Voici le long de nous nos poings désassemblés Et notre lassitude et notre force pleine. Etoile du matin, inaccessible reine, Voici que nous marchons vers votre illustre cour, Et voici le plateau de notre pauvre amour, Et voici l'océan de notre immense peine. Un sanglot rôde et court par delà l'horizon. A peine quelques toits font comme un archipel. Du vieux clocher retombe une sorte d'appel. L'épaisse église semble une basse maison. Ainsi nous naviguons vers votre cathédrale. De loin en loin surnage un chapelet de meules, Rondes comme des tours, opulentes et seules Comme un rang de châteaux sur la barque amirale. Deux mille ans de labeur ont fait de cette terre Un réservoir sans fin pour les âges nouveaux. Mille ans de votre grâce ont fait de ces travaux Un reposoir sans fin pour l'âme solitaire. Vous nous voyez marcher sur cette route droite, Tout poudreux, tout crottés, la pluie entre les dents. Sur ce large éventail ouvert à tous les vents La route nationale est notre porte étroite. Nous allons devant nous, les mains le long des poches, Sans aucun appareil, sans fatras, sans discours, D'un pas toujours égal, sans hâte ni recours, Des champs les plus présents vers les champs les plus proches. Rythme lent et ample, marche solennelle et sereine : le poème prend l'allure du pèlerinage à Chartres, de l'avancée collective des croyants. Dans le détail, le vocabulaire religieux s'étend à toute chose et réalise un unisson mystique (voyez strophe 5, notamment) tout en conservant une simplicité, une complicité (fin), presque familière. 2) Claudel (1868-1955) Comme Péguy, Paul Claudel est inséparable de sa foi. Son oeuvre est toute liée à sa conversion de Noël 1886, même quand son sujet n'est pas un thème religieux. Car Claudel -condition préalable à toute entreprise poétique- aspire à tout dépassement. Une quête de tout ce qui est ailleurs anime sa vie, celle du diplomate qui court le monde, celle du chrétien exalté, celle de l'écrivain qui veut "épouser le monde entier" et trouver une langue puissante, rythmée, qui permettra de traduire les souffles et les grouillements du monde. Voilà pourquoi on ne saurait réduire la poésie de Claudel à des référents : l'exotisme, le catholicisme, l'honneur et l'espérance...Elle est plutôt une parole spéciale, une manière unique de mimer, tout en la déchiffrant, la vitalité de la réalité, pleine de sève, d'énergie et de heurts. C'est un homme de théâtre et un grand poète. Il est né dans une famille aisée. Il est reçu premier au concours de diplomatie. D'ailleurs, la diplomatie le fait voyager dans le monde entier. Une crise le convertie au catholicisme. Il fréquente Valéry et Gide. Il écrit ses premiers vers à cette époque. Il est vice-consul aux EU et diplomate en Chine et au Japon. Sa vie affective fût perturbée. L'art poétique de Claudel a réfléchi sur l'art en général. 1928-34 : Position et proposition sur le vers français : l'art n'est pas séparable d'une conception religieuse. La poésie est co-naissance au monde. Le poète recommence l'acte de la création. L'inspiration poétique est une respiration fondamentale. Le verset claudélien vient de la bible et de l'ode grec : rythme où la pensée est un mouvement vital. p 49 : une longue, une brève, une longue, une brève : conception respiratoire de la poésie, poésie comme un souffle vital 1910 : Les cinq grand Odes : ils ont été écrit en Orient. - la première Ode se place sous l'invocation des 9 muses de la mémoire. La mémoire est mère de muses. - la deuxième ode : L'esprit et l'eau oppose le poète dans les murs de à l'ivresse de l'eau (larmes que la séparation et la passion ont fait éprouvés au poète. L'Orient : Connaissance de l'Est p 48 : évocation allégorique de la création L'oiseau noir dans le soleil levant Cent phrases pour évantails Ô poèmes inspirés par haï ko japonais : formes brèves et anciennes de petits poèmes à la mode qui cherche à capter l'instant, un bref moment du monde. |
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