Leçon 1 18 novembre 1953







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notre ignorance, notre ignorance qui n’est pas seulement

notre ignorance de la situation, je dirais situation dans le registre détermination symbolique de son sujet, celui qui est en face de nous,

il y a aussi, bien sûr - pourquoi pas ? - une certaine part d’ignorance dans le repérage, je dirais le repérage structural

de ces diverses situations symboliques.
Le caractère originel détermine une certaine constellation symbolique dans l’inconscient du sujet, constellation qu’il faut concevoir toujours

structurée, organisée selon un certain ordre, et un ordre qui est complexe. Ce n’est pas pour rien que le mot « complexe » est venu...

nous pouvons dire par une espèce de force interne, car vous savez que ce n’est pas FREUD même qui l’a inventé, c’est JUNG

...à la surface de la théorie analytique, il indique assez par lui-même que quand nous allons à la découverte de l’inconscient,

ce que nous rencontrons, ce sont des situations structurées, organisées, complexes.
Que FREUD nous en ait donné ce que nous pouvons appeler le premier modèle, l’étalon, sous la forme du complexe d’Œdipe

Vous savez bien, je pense, tout au moins ceux d’entre vous qui ont suivi depuis assez longtemps ce séminaire ont pu voir...

précisément à propos du commentaire des cas les moins sujets à caution, parce que vraiment les plus richement délinéés

par FREUD lui-même, à savoir deux, voire trois de ses cinq grandes psychanalyses

savent combien, à mesure que nous approfondissons la relation du complexe d’Œdipe, nous voyons qu’il pose de problèmes, d’ambiguïtés.
Et je dirais que tout le développement de l’analyse, en somme, a été fait d’une successive mise en valeur de chacune des tensions

qui sont impliquées dans ce triangle, et qui nous force à voir tout autre chose qu’un bloc massif, triangulaire, qu’on résume dans

la classique formulation de l’attrait sexuel pour la mère et de la rivalité avec le père. Vous savez qu’au milieu du complexe d’Œdipe,

et dès l’origine, le caractère profondément symétrique dans la structure de chacune de ces relations duelles, en tout cas qui relient

le sujet tant au père qu’à la mère.
Qu’en particulier la distinction de la relation narcissique ou imaginaire avec le père, d’avec la relation symbolique, et aussi d’avec

certaine relation que nous devons bien appeler réelle, ou résiduelle par rapport à cette architecture qui est celle proprement qui nous touche

et nous intéresse dans l’analyse, montre assez déjà sur un point la complexité de la structure. Bref qu’il n’est point inconcevable

que certaine autre direction de recherche ne nous permette d’élaborer le mythe œdipien tel qu’il a été jusqu’ici formulé.
D’ailleurs on n’a guère décollé, malgré toute la richesse du matériel, comme on dit, qui a été abordé, inclus à l’intérieur

de cette relation œdipienne. On n’a guère abordé beaucoup plus que le schéma qui nous a été donné par FREUD lui-même.

Il n’est pas du tout impensable que nous n’arrivions, et je pense que j’arriverai au cours des temps à vous le montrer, à donner

du complexe œdipien, en le maintenant dans son essentiel bien entendu, car il est - vous verrez pourquoi - véritablement fondamental.
Non pas seulement fondamental pour toute compréhension du sujet, mais il est fondamental pour toute réalisation symbolique

par le sujet de ce soi-même qui est le Ça, l’inconscient, qui n’est pas simplement une série de pulsions inorganisées…

comme une partie de l’élaboration théorique de FREUD tendrait à le faire penser, en allant jusqu’à formuler

que seul le moi a dans le psychisme une organisation, toujours et essentiellement [...]

…mais parole instituant le sujet dans une certaine relation complexe.
Le progrès de l’analyse, nous l’avons vu la dernière fois à propos des deux étapes que FREUD met en relief de l’apparition

du refoulé dans le dénié, et du fait que la réduction même de cette négation ne nous donne pas pour autant de la part du sujet

quelque chose qui est - quoi ? - justement la Bejahung.
Là il faudrait regarder, et de près, la valeur des critères que nous exigeons, sur lesquels d’ailleurs nous sommes d’accord avec le sujet

pour obtenir une Bejahung particulièrement satisfaisante. Vous verriez combien en fait le problème est complexe, qu’on reprend

sous l’angle de ce qu’on pourrait appeler l’authentification par le sujet de ce que FREUD lui-même appelle la reconstruction analytique

où est la source de l’évidence, ces vides à l’aide de quoi le souvenir doit être « revécu ».
Qu’est-ce que ça veut dire ? Nous savons bien que « revécu » est quelque chose d’une nature particulière, qui met en question

toute la signification de ce qu’on appelle « le sentiment de réalité », que pour tout dire c’est à très juste titre que FREUD rappelle

que nous ne pourrons après tout jamais faire confiance intégralement à la mémoire.
Qu’est-ce que donc que nous exigeons, ou plus exactement ce dont nous nous satisfaisons quand le sujet nous dit qu’effectivement

les choses sont arrivées à ce point de déclic - comme l’écrit FENICHEL quelque part - où le sujet a le sentiment d’une véridique [...].

Qu’est-ce que c’est ? Il est certain que ceci nous porte au cœur du problème du sentiment de réalité.
Et vous avez vu à propos du commentaire, l’autre jour de M. HYPPOLITE, j’ai poussé dans ce sens une indication à propos

de l’exemple très significatif de L’Homme aux loups, à savoir de quelque chose qui se manifeste à peu près comme ceci,

qui a presque l’air trop transparent, trop concret, sensible sous cette forme quasi algébrique : en somme, le réel

ou ce qui est perçu comme réel, si vous vous souvenez de ce que je vous ai fait remarquer,

comme dans la genèse de l’hallucination de L’Homme aux loups

le réel est en somme ce quelque chose qui résiste absolument à la symbolisation. Et en fin de compte, le maximum de sentiment de réel

dans sa brûlante manifestation, à savoir cette réalité irréelle, hallucinatoire, dont vous verrez tout à l’heure reparaître le terme dans

le texte de Mélanie KLEIN, il n’y a rien de plus manifeste dans le sentiment dit du réel que quand le réel donne, correspond au réel.
Et là le plus saisissant, eh bien en effet, ça correspond à une étape de la vie de L’Homme aux loups, la symbolisation, la réalisation

du sens du plan génital, a été verworfen, comme je vous l’ai fait remarquer. Aussi n’avons-nous donc point à nous étonner que

certaines interprétations, qu’on appelle « interprétations de contenu », ne soient en effet non seulement pas du tout réalisées par le sujet,

ne sont ni réalisées, ni symbolisées, puisque précisément elles se manifestent à une étape où elles ne peuvent à aucun degré

donner au sujet la seule révélation qui soit possible de sa situation dans ce domaine interdit, qui est son inconscient.
Elles ne peuvent pas le lui donner tant qu’elle n’est pas complète. Que c’est justement parce que nous sommes encore 

soit sur le plan de la négation, soit sur le plan de la négation de la négation, Mais quelque chose n’est pas franchi, qui est justement

au-delà du discours, qui nécessite un certain saut dans le discours, et précisément dans cette mesure qu’il n’y a qu’« Aufhebung »

du refoulement, et non pas disparition de ce refoulement.
Je reprends pour bien conclure ce que je veux dire dans le texte d’Anna FREUD : ce qu’elle appelle « analyse des défenses contre l’affect »,

c’est seulement l’étape de compréhension de sa propre compréhension, par où elle s’aperçoit qu’elle se fourvoie.

Une fois qu’elle s’est aperçue qu’elle se fourvoie, en considérant, en partant du sentiment que la défense contre l’affect du sujet

est une défense contre elle-même, et où elle s’est, elle, accrue, pour [...] se substituer à la mère du sujet, de lui faire comprendre

que c’est là une attitude, c’est ça qu’elle dit quand elle dit qu’elle a « analysé le transfert ».
C’est quand elle abandonne cette première étape que vraiment elle peut analyser la résistance de transfert. Et qui la mène à quoi ?

À quelqu’un qui n’est pas là, à un tiers, à quelque chose qui - elle ne nous en indique pas plus - doit beaucoup ressembler

dans la structure générale à la position de Dora.
C’est-à-dire pour autant qu’effectivement le sujet s’est identifié à son père, et que dans cette identification, en effet, son moi s’est structuré

d’une certaine façon, et que cette structuration du moi, qui est désignée là en tant que défense, est en effet une part,

la part la plus superficielle de cette identification par laquelle se rejoint le plan le plus profond de la reconnaissance de la situation

du sujet dans l’ordre symbolique, c’est-à-dire ce en quoi elle assume dans un ordre de relation symbolique qui est celui qui couvre

tout le champ des relations humaines, et dont la cellule initiale est, si vous voulez, le complexe d’Œdipe, et où se situe le sujet,

c’est-à-dire, là, d’une façon où peut-être il entre en conflit avec son sexe.
Je laisse la parole à Mlle GÉLINIER, qui va vous montrer, en opposition avec ce qui chez Anna FREUD est toujours d’abord,

abord du moi, comme si vraiment le moi était Anna FREUD : personne armée d’un fil à plomb, elle le souligne d’ailleurs,

c’est d’abord une position médiane, rationnelle au maximum, au sens où nous l’avons entendu l’autre jour après le commentaire

du texte de FREUD, une position essentiellement intellectualiste, si on peut dire, elle le dit quelque part :

tout doit être mené dans l’analyse de cette position médiane, modérée, qui est celle du moi.
Et c’est d’abord d’une sorte d’éducation, de persuasion, d’approche du moi que tout part, et c’est là que tout doit revenir.

Nous allons voir en contraste avec cette position d’Anna FREUD, et ce n’est pas pour rien que ces deux dames qui ont des

analogies, ont des rivalités mérovingiennes, se sont opposées, car vous allez voir d’où part et quel est le point de vue de Mélanie KLEIN,

pour aborder des problèmes qui sont ceux que pose un sujet particulièrement difficile, dont on se demande :

  • comment Anna FREUD aurait pu, avec lui, faire usage de cette espèce de position de rééducation préalable d’un moi que nous appelons fort, faible. Mais qu’est-ce que ça veut dire, dans l’analyse, « moi fort », « moi faible » ?

  • Comment pour Mélanie KLEIN le problème est abordé ?

…et pouvoir juger du même coup laquelle est le mieux dans l’axe de la découverte freudienne.
Marie-Cécile GÉLINIER
C’est un article qui date de 1930 et s’intitule Importance de la formation du symbole dans la formation de l’ego. Il m’a paru difficile

de le résumer. Il a fallu juxtaposer des notions que j’ai eu du mal à raccorder. Je ne vais pas en répéter tout à fait le plan.

Je vais commencer par exposer le cas de l’enfant en question, un garçon de quatre ans, pour que la question posée apparaisse

plus concrètement.
Je vous dirai ensuite - ce qui est l’introduction du chapitre - comment elle conçoit en général le passage d’un certain stade à un autre,

et ensuite comment elle applique ces considérations, comment elle comprend à travers ces considérations le cas de l’enfant,

l’amorce du traitement qu’elle nous donne, sa compréhension du traitement. Pour finir, je dirai comment j’ai régi là-devant.
Il s’agit d’un enfant, garçon de quatre ans, qui a les caractéristiques suivantes :

  • il a un niveau général de développement qui correspond, dit-elle, à 15 à 18 mois,

  • un vocabulaire très limité, et plus que limité, incorrect : il déforme les mots et les emploie mal à propos la plupart du temps, alors qu’à d’autres moments on se rend compte qu’il en connaît le sens.


Elle insiste sur le fait le plus frappant : cet enfant n’a pas le désir de se faire comprendre, il ne cherche pas à communiquer,

elle trouve qu’il n’a aucune adaptation au réel et aucune relation émotionnelle, il est dépourvu d’affect dans toutes les circonstances

de la vie quotidienne : il ne réagit pas, ni à la présence ni à l’absence de sa mère ou de sa nurse, il ne montre aucune anxiété

dans aucune circonstance, il ne joue pas. Ses seules activités plus ou moins ludiques seraient d’émettre des sons et se complaire

dans des sons sans signification... auxquels on ne peut pas donner de signification, dans des bruits. Il est tout à fait insensible

à la douleur physique : il ne réagit pas quand il se fait mal.
Vis-à-vis des adultes, mère, père, nurse, il a deux attitudes tour à tour. Elle explique cela vis-à-vis du vocabulaire : ou bien il s’oppose

systématiquement, par exemple quand on veut lui faire répéter des mots : ou il ne les répète pas ou il les déforme, ou alors s’il

prononce les mots correctement, il paraît leur enlever leur sens, et il les mouline, il les répète d’une façon stéréotypée, bien que

les mots soient corrects, ça ne veut plus rien dire. Par ailleurs, il ne recherche jamais aucune caresse de ses proches, de ses parents.
Et elle finit la description en insistant sur sa maladresse physique. Deux choses : d’une part il est maladroit en général,

et mal coordonné, plus précisément, il se montre incapable de tenir des ciseaux et des couteaux, alors qu’il manipule très bien

sa cuiller à table.
Voilà les éléments d’histoire de l’enfant. À la naissance, la mère n’avait pas de lait suffisamment, et il n’était pas bon.

Elle a tenu pourtant à le nourrir pendant sept semaines, et pendant sept semaines il a dépéri continuellement.

Au bout de sept semaines, on lui a proposé une nourrice, mais il a refusé le sein. Ensuite, on lui a proposé le biberon, il l’a refusé.

Quand est arrivé l’âge des nourritures solides, il les a également refusées : il ne veut pas mordre.
Depuis le départ il a eu des troubles digestifs importants, un peu plus tard, des hémorroïdes et un prolapsus anal. L’enfant est

toujours un grand anorexique, il l’a toujours été, c’est le symptôme qui cédera le plus difficilement au traitement. Elle dit que de plus

cet enfant n’a jamais été entouré d’amour vrai. Sa mère était anxieuse, peu maternelle. Son père et sa nurse, très indifférents.

À deux ans il a eu un apport affectif positif : une nouvelle nurse qui, elle, était aimante et affectueuse, et une grand-mère avec qui

il a eu un contact. À partir de ce moment, l’enfant a été propre. Il est arrivé à contrôler ses excréments et à le désirer, pour la nurse,

semble-t-il, pour lui faire plaisir.
Il a fait ce que Mélanie ΚLEIN appelle tentative d’adaptation. Il est partiellement arrivé, a appris un certain nombre de mots,

a augmenté tout d’un coup son vocabulaire, mais a continué à l’employer mécaniquement. Ιl s’est montré sensible à des interdictions

de la nurse, une seule concernant la masturbation : elle l’a appelé « méchant garçon », et depuis il ne s’est plus, du moins on ne l’a

plus vu se masturber. Donc une certaine amélioration : augmentation du vocabulaire, tentative d’adaptation aux objets.
Mais l’anorexie continue, il ne tient toujours pas mieux
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