Cycle de conférences «L’Architecture est-elle un humanisme ?»







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Héritage de Louis Kahn.



L’héritage de Kahn se manifeste à deux niveaux.

L’héritage d’un homme et d’un architecte.

L’un est d'ordre philosophique, général et l’autre particulièrement lié au projet, à la mise en forme.
Kahn était un homme de dialogue, à l’école et à l’agence.

L’agence de Kahn à Philadelphia était relativement petite, environ d’une vingtaine des personnes. La plupart des gens étaient ses anciens étudiants. Ils connaissaient le langage et la pensée de Kahn.

Kahn travaillait presque tous les soirs jusqu’à minuit. Quand il y avait « charrette » dans l’agence il dormait dans son petit bureau sur une planche de bois couverte par un tapis se réveillant de temps en temps dans la nuit pour regarder l’avancement du projet. Le matin il était la toujours au bureau vers 9 heures.

Dans la routine du travail la période après le dîner était particulièrement importante. Dans ces moments il restait peu de gens au bureau, quatre ou cinq assistants, il montrait ses esquisses de conception et écoutait les réactions, les commentaires. Ces heures de nuit silencieuses étaient consacrées à un véritable dialogue, et le questionnement entre le maître et ses disciples.
De Louis Kahn en tant qu’homme j’appris plusieurs choses :
- l’enseignement

- l’obligation morale de l’architecte

- le dessin

L’enseignement
J’appris l’importance de l’enseignement  comme une forme de dialogue, de questionnement et ne pas considérer l'enseignement comme un prêche mais comme une manière de s'interroger avec les étudiants. J’ai enseigné toute ma vie, presque quarante années. Si l'enseignement m'aide à me renouveler et à poursuivre l'exercice de mon métier, ce qui est un grand privilège, c'est grâce à cette idée.
L’obligation morale de l’architecte
Faire de l’architecture est un acte généreux, humaniste et noble. L’architecture enrichit la vie des gens en les honorant, en leur donnant l’espoir. Elle est possible si on s’y dédie entièrement.
L’architecte a une obligation morale par rapport à la société et aux usagers. Il peut rendre leurs vies meilleures; Il est au service de tous les gens. Je pense aux projets de Kahn en Afrique, en Inde, à Dacca ainsi qu’en Italie, aux Etats Unis. Tous étaient d’égale importance.



L’autre obligation morale est lié à l’art .L’architecture est un art, l’art de bâtir. L’architecte cherche l’authenticité et la fraîcheur dans ses réalisations. Au lieu de se répéter dans ses projets, il cherche les solutions appropriées pour chaque bâtiment. Il ne s’agit pas de l’originalité dans l’apparence mais d’une recherche plus profonde.

Le dessin


Parmi les choses que je partageais avec Kahn il y avait le plaisir du dessin - pas seulement le dessin d'architecture mais les croquis de voyage, où que l’on soit, les croquis d'objets, réels ou imaginaires. Le dessin est une forme d'écriture, une manière de prendre des notes, en faisant des traits et des points de différentes épaisseurs, différentes intensités, l'expression très directe d'une sensibilité particulière.
Il faut du temps pour concevoir un bâtiment et pour le voir réalisé : un an, deux ans, trois ans, parfois plus. Dessiner est un geste spontané, un geste d'émotion. Il y a plus de spontanéité dans le dessin que dans la peinture.
Le dessin traduit le désir de comprendre les choses à travers l'observation, de transcrire sur le papier la manière dont elles sont faites, et comment elles se comportent avec les éléments qui les constituent, et avec leur environnement. C'est une merveilleuse manière de s'interroger.
Kahn concevait le dessin comme une espèce d'exercice de méditation, de réflexion.
En 1931, il écrivait ceci à propos du croquis:
"On ne peut pas avoir une pensée claire en empruntant à un autre sa manière d'exprimer ses réactions; il s'agit d'apprendre à voir les choses par soi-même, afin de se construire un langage à soi. Nous ne réussissons à voir qu'en analysant en permanence nos réactions à ce que nous regardons et en cherchant à comprendre ce que signifient ces réactions pour nous. Plus on regard et plus on commence a voir."
"The Value and Aim in Sketching", T-Square Club Journal, Philadelphia, May 1931, vol.1, n°6, p.20.


L’héritage de Kahn comme architecte.
L'influence de Kahn s'est également exercée sur ma manière d’exercer l'architecture.
A l'échelle d'une pensée générale de l'architecture, la question fondamentale pourrait se résumer ainsi:
"Qu’est-ce qu'il veut être?"
Cette manière de poser les questions m'a aidé à me placer d'un point de vue impersonnel (objectif), et à comprendre l'importance de ce point de vue en matière de design. C'est bien entendu une affaire de maturité: plus le temps passe et plus il devient facile d'être impersonnel. Plus nous serons impersonnels, et mieux nous nous placerons au service de ceux qui utiliseront les espaces que nous concevons à leur intention. Cette attitude m'a également permis de conserver une certaine fraîcheur au début de chaque projet; elle me prévient contre les modes et les maniérismes.
"Ce que l'objet doit être" est une question d'ordre très général ; elle est liée à la distinction entre forme et design. Kahn a apporté une précision à la confrontation de ces deux termes: la forme, dit-il, est impersonnelle, tandis que le design est personnel. La forme est nécessaire, indépendante des circonstances, tandis que le design concrétise la forme à l'intérieur d'un réseau de circonstances.
Forme, design et circonstances :
L’humanisme en architecture nous oblige à être sensible au contexte, physique et culturel.
Sur le plan théorique, forme et design peuvent se concevoir séparément: la forme prime, mais leur degré de séparation et le rôle des circonstances varient selon le projet et son contexte. Dans le cas de la Salle des Congrès de Venise, le diagramme de la forme initiale dépendait de Venise et de la particularité du site. Il a fallu construire une grande maquette de Venise en argile ne serait-ce que pour comprendre la signification du projet à l'intérieur du site.
Pour le Salk Institute, la configuration du site en pente vers l'océan était essentielle. Des croquis et une maquette en carton détaillée du site ont été faits pour servir de point de départ à diverses étapes de l'évolution du projet. La présence circonstancielle du site même fut, dès le départ, une donnée fondamentale du problème.
Dans le projet de la Synagogue Hurvah, à Jérusalem, et comme en témoignait l'extraordinaire maquette en argile, le site jouait également un rôle essentiel.
Le même type d'interrogation surgit à chaque étape du projet.

Ce type d'approche donne à la première étape du processus de design une importance décisive. C'est là, dès le début, qu'il faut se défaire de ces a priori hors sujet que sont les modes, les approches stylistiques, les objectifs commerciaux, et autres questions de ce genre qui ne concernent pas directement le problème.

En d'autres mots, tout point de départ est un nouveau départ de l'architecte. Il existe bien entendu une certaine continuité d'un projet à l'autre, en termes de sensibilité, de conception, de réminiscences, conscientes et inconscientes. Ces données personnelles ont leur valeur propre.

Le concept de « room »
A l'intérieur d'une pensée générale du design, les deux notions qui m'ont aidé à me forger une approche personnelle de l'architecture sont:
-le concept de pièce, la salle

-la relation dialectique entre les espaces "servants" et "servis".
Le concept de la pièce ou salle «  room » an anglais et « Raum » en Allemand est important pour comprendre le rôle de l’espace sur le comportement humain.
L’espace architectural loin d’être passif, joue un rôle dans les relations humaines. Il ne peut pas être la conséquence hasardeuse de jeux formels et structuraux, imposés à l’usager comme un « happening ». L’architecture est un autre chose qu’une mise en scène provisoire (ou éphémère), elle est une permanence relative. Les espaces doivent être pensés à partir des besoins sociaux et psychologiques des gens et leurs interactions.
Le concept de pièce est évidemment lié à la lumière, à la structure et à l'échelle. Kahn a dit un jour que la ville est un trésor d'espaces et qu'un plan se compose de pièces. En ce sens le plan est un trésor de pièces, et les pièces un trésor de lumière. On n'accède à ce trésor qu'en se posant les bonnes questions.
Pour Kahn le concept de pièce est valable pour la rue.
« On parle de la rue comme d'un lieu de rencontres, comme d'une salle de réunion -sauf qu'il n'y a pas de toit. Par corollaire, une salle de réunion est comme une rue couverte d'un toit. Les murs d'une salle de réunion sont assimilables aux façades des maisons des rues. »
Espaces servants et servis
La relation dialectique entre espaces servants et servis est, je crois, l’un des concepts les plus importants de Kahn. Il mettait encore l'accent sur cette idée-clé au cours d'une conférence qu'il donna devant des étudiants à la fondation Le Corbusier, lors d'une de ses dernières visites à Paris. C'est évidemment une idée essentielle à l'élaboration du plan.

Ce concept offre en outre la possibilité de varier les usages des pièces principales, et de fixer la place des espaces servants, des espaces techniques, de circulation. Il est fondamental que la relation des espaces servants et servis varie en fonction du type de problème et de la manière dont ils déterminent la structure spatiale du projet.
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