Que devient l’art ?( Les Trois Réalités, Epilogue 2)
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| Que devient l’art ?( Les Trois Réalités, Epilogue 2) L’art contemporain est composé de multiples courants très divers portés par de très nombreux artistes innovants et courageux. Les institutions au pouvoir, par ignorance et conservatisme, n’en reconnaissent que quelques uns. Citons principalement l’art commercial et l’art conceptuel. L’art commercial gère des placements financiers mobiliers qui échappent aux impôts, une organisation de cotation des objets marchands permettant de garantir les placements. Peu importe l’objet. L’art conceptuel est un autre phénomène, né au début du XXème, sur l’idée que tout objet peut être un objet d’art pourvu qu’on sache l’affirmer brillamment. C’est l’art d’une folie ordinaire. Ce mouvement qui se veut d’avant-garde, depuis cent ans, est pétrifié depuis longtemps, handicapé de naissance, privé de ses sens, réinventant la lune, ignorant les déplacements conceptuels déjà inventés il y a 7000 ans par les comptables de Sumer lorsqu’ils inventèrent les premiers bouliers. Content de lui, l’art conceptuel a pour objet de justifier aujourd’hui en France la rémunération de fonctionnaires qui ne prennent aucun risque, aux frais de la nation, et dont le principal souci est de survivre en faisant illusion. Il est temps de remiser Diafoirus. Les artistes du courant conceptuel n’ont toujours pas compris les concepts introduits il y a un siècle par les physiciens et tentent de singer un monde qui explose d’énergie autour d’eux. Perdus, ils se réfugient dans le discours et la dérision. Etrangers au monde, ils sont incapables de mobiliser leur corps. Les expositions officielles d’art contemporain à tendance conceptuelle sont trop souvent sinistres, ennuyeuses, privées d’imagination et de joie de vivre, resservant les mêmes clichés. Malheureusement certaines écoles d’art accordent encore une part démesurée au courant conceptuel. Bien qu’elles comptent de brillants enseignants et de jeunes artistes actifs, de nombreux professeurs se répandent dans l’amateurisme et ne savent d’excellence ni dessiner, ni peindre, ni jouer d’un instrument de musique, ni déclamer, ni danser, ni utiliser les techniques électroniques, informatiques, photographiques, cinématographiques, ni sculpter, ni manipuler la terre, ni la faire cuire. Ils en sont réduits à faire des discours sur l’absence d’œuvre, mais leurs galimatias ne leur permettent pas de publier d’écrits à la hauteur de leurs prétentions hégémoniques. La France a laissé partir aux USA au début du XXème les œuvres des impressionnistes. Hantée par ce regret, la France, en la personne de Jack Lang, a créé en 1982 les FRAC pour sauver les nouveaux éventuels chefs d’œuvre français, mais, n’ayant pas grand-chose à stocker, nous avons assisté à la constitution opaque d’un bric-à-brac d’œuvres conceptuelles qui se couvrent de poussière dans le désintérêt général. Le système est incapable de se réformer. Nous sommes passés en 1970 d’un académisme à l’autre, d’une vision classique de corps stéréotypés à une vision conceptuelle platonicienne pudibonde et désincarnée du corps. D’autres capitales dans le monde prennent le relais d’un bouillonnement culturel divers et créateur. Des groupes de chercheurs travaillent à changer cette situation. Ils ne font pas partie bien entendu d’écoles désuètes, de doctes institutions officielles vermoulues de l’intérieur et lézardées sous les coups de l’évolution de l’extérieur. Ils s’introduisent dans les fissures des murailles obscurantistes pour accélérer leur chute inéluctable et proposer de nouveaux types d’apprentissage. De nouvelles approches sont examinées, par exemple, en France au GREAS, Groupe de Recherche Ecoformation Artistique et Société, dans les cadre du CEAQ, Centre d’Etudes sur l’Actuel et le Quotidien, Université René Descartes - Sorbonne Paris V, ou bien à Montpellier, à Grenoble, mais aussi en Espagne à Grenade, au Brésil à Rio et dans l’ensemble du pays, ou encore au Canada anglais. Aucune pensée ne peut être cohérente sans une prise en compte équilibrée des trois aspects de la réalité physique, perçue et représentée. Aucun art ne peut être maîtrisé si le corps ne peut assumer les gestes nécessaires à ses créations. Un effort de culture pluridisciplinaire et d’expertise dans au moins un domaine des sciences doit être entrepris pour former des artistes au contact de la vie et les intégrer aux acteurs du siècle. Nos jeunes artistes doivent parallèlement apprendre à habiter leur corps, à l’écouter, à écouter le monde, à vivre en symbiose avec lui. Alors ils auront la capacité de travailler à la compréhension du monde, de la cellule biologique aux galaxies, à la recherche de leur propre cohérence. Immergés dans le monde ils pourront, avec l’aide du hasard, apporter leur contribution à la création humaine. Les Trois Réalités - physique, perçue, représentée – ici, maintenant, évolutions. Epilogue 2. Publiée chez L’Harmattan. Xavier Bolot |
