Distinction auteur /narrateur/personnage
Balzac, Le Lys dans la vallée, Préface, 1836) : « Beaucoup de personnes se donnent encore aujourd'hui le ridicule de rendre un écrivain complice des sentiments qu'il attribue à ses personnages; et, s'il emploie le je, presque toutes sont tentées de le confondre avec le narrateur. » Balzac invite donc à distinguer auteur et personnage, auteur et narrateur. Le narrateur est une instance fictive, textuelle, alors que l’auteur est une réalité existentielle. On distingue :
-le narrateur extra-diégétique et le narrateur intra-diégétique
La focalisation Vous ne devez en aucun cas confondre narration et focalisation. C’est la raison pour laquelle vous devez éviter de recourir à une terminologie ambiguë (« perspective narrative », par exemple) et dans vos analyse, distinguer successivement le narrateur , puis le « foyer » de perception.
Rappel : le narrateur est une voix, la focalisation est une perception.
Dans Thérèse Desqueyroux le narrateur est extra-diégétique, la focalisation est le plus souvent interne, centrée sur le personnage de Thérèse.
Dans Madame Bovary, le narrateur est extra-diégétique ( exception faite du chapitre 1, dans lequel le narrateur qui s’exprime à la quatrième personne (« nous ») semble appartenir à la fiction), la focalisation est en certains passages absente, en d’autres, mais pas toujours, interne. On distingue trois types de focalisations : -focalisation zéro : ce point de vue n’est pas délimité, il est au contraire omniscient.
-focalisation interne : le point de vue est délimité. C’est celui d’un personnage ( focalisation interne fixe) ou de plusieurs personnages (focalisation interne variable) ou d’un narrateur intra-diégétique qui dit « je ».
-la focalisation externe : 1) le foyer de perception est situé en un point indéterminé de la diégèse (situé nulle part)2) ce point de vue est strictement perceptif( voir, entendre,sentir) et non cognitif (sans savoir) : il s’agit d’une perception sans compréhension. Chacune de ces focalisations peut se combiner avec un type de narrateur . Mais comme le montre le tableau ci-dessous, toutes les combinaisons ne sont pas possibles.
Narrateur
Focalisations
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| Narrateur extra-diégétique
| Narrateur intra-diégétique
(narrateur-personnage)
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Foc.zéro (I)
| -Omniscience,
-Perception « de toutes parts », non ancrée dans une conscience à dimension humaine
-Ubiquité
-Prolepses et analepses possibles (I)
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Foc.interne (II)
| Focalisation interne centrée sur le narrateur
| Focalisation interne centrée sur un personnage
| La focalisation interne est centrée sur le narrateur
| La focalisation interne est centrée sur le personnage
| -Récit à la première personne dans lequel la personne du narrateur et de l’acteur ( personnage) est la même.
-Mais ce récit est rétrospectif : ce narrateur-personnage n’est ni omniscient ni capable d’ubiquité : il est capable de retours en arrière et d’anticipations ( analepses et prolepses) mais dans les limites ordinaire d’une conscience donnée, qui est celle d’un personnage qui est secondairement narrateur : autobiographies, confessions, témoignages.
-Ubiquité et connaissances des pensées intimes des autres personnages impossibles.(IV,1)
| -Récit à la première personne.
-Récit contemporain de l’action narrée
-Le narrateur n’a pas de recul par rapport à cette action, son savoir se constitue au fil des événements vécus et observés.
-Analepses possibles
-Prolepses impossibles
-Ex :Edouard Dujardin, Les lauriers sont coupés (IV,2)
| -intrusion partielle du narrateur « focalisation interventive » (II,1)
| -en certains endroits , le narrateur extra-diégétique ancre la vision du monde dans la conscience d’un des personnages (II,2)
| Foc.externe (III)
| Centrée sur le narrateur
| Centrée sur le personnage
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mêmes caractéristiques (V)
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-La perception s’arrête à la surface du monde
-S’il y a donc bien perception , il y a, en revanche, totale absence de savoir : l’univers perçu n’est pas décrypté (III,1).
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mêmes caractéristiques (III,2)
Le narrateur met en scène l’incompréhension de son personnage
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Exemples -I-Narrateur extra-diégétique -Focalisation zéro centrée sur le narrateur
Thérèse Desqueyroux,I,3 « L'hiver, ce garçon raisonnable suivait à Paris des cours de droit ; l'été, il ne donnait que peu de jours à sa famille : Victor de la Trave l'exaspérait, que sa mère, veuve, avait épousé « sans le sou » et dont les grandes dépenses étaient la fable de Saint-Clair. Sa demi-soeur Anne lui paraissait trop jeune alors pour qu'il pût lui accorder quelque attention. Songeait-il beaucoup plus à Thérèse ? Tout le pays les mariait parce que leurs propriétés semblaient faites pour se confondre et le sage garçon était, sur ce point, d'accord avec tout le pays. Mais il ne laissait rien au hasard et mettait. son orgueil dans la bonne organisation de la vie : « On n'est jamais malheureux que par sa faute... », répétait ce jeune homme un peu trop gras. Jusqu'à son mariage, il fit une part égale au travail et au plaisir, s'il ne dédaignait ni la nourriture, ni l'alcool, ni surtout la chasse, il travaillait d' «arrache-pied », selon l'expression de sa mère. » -II-Narrateur extra-diégétique-focalisation interne
-II,1, Focalisation interne centrée sur le narrateur (extra-diégétique)- « focalisation interventive »
Madame Bovary,II,12 ( les passages soulignés d’un trait traduisent une « focalisation interventive » Il[Rodolphe] s’était tant de fois entendu dire ces choses, qu’elles n’avaient pour lui rien d’original. Emma ressemblait à toutes les maîtresses ; et le charme de la nouveauté, peu à peu tombant comme un vêtement, laissait voir à nu l’éternelle monotonie de la passion, qui a toujours les mêmes formes et le même langage. Il ne distinguait pas, cet homme si plein de pratique, la dissemblance des sentiments sous la parité des expressions. Parce que des lèvres libertines ou vénales lui avaient murmuré des phrases pareilles, il ne croyait que faiblement à la candeur de celles-là ; on en devait rabattre, pensait-il, les discours exagérés cachant les affections médiocres ; comme si la plénitude de l’âme ne débordait pas quelquefois par les métaphores les plus vides, puisque personne, jamais, ne peut donner l’exacte mesure de ses besoins, ni de ses conceptions, ni de ses douleurs, et que la parole humaine est comme un chaudron fêlé où nous battons des mélodies à faire danser les ours, quand on voudrait attendrir les étoiles.
-II,2 : Narrateur extra-diégétique- focalisation interne centrée sur le personnage
Thérèse Desqueyroux, chapitre 13 ( les passages soulignés d’un trait traduisent la focalisation interne centrée sur le personnage . Elle se lève, pieds nus ; ouvre la fenêtre ; les ténèbres ne sont pas froides ; mais comment imaginer qu'il puisse un jour ne plus pleuvoir ? Il pleuvra jusqu'à la fin du monde. Si elle avait de l'argent, elle se sauverait à Paris, irait droit chez Jean Azévédo, se confierait à lui ; il saurait lui procurer du travail. Etre une femme seule dans Paris, qui gagne sa vie, qui ne dépend de personne... Etre sans famille ! Ne laisser qu'à son cœur le soin de choisir les siens non selon le sang, mais selon l'esprit, et selon la chair aussi ; découvrir ses vrais parents, aussi rares, aussi disséminés fussent-ils... Elle s'endormit enfin, la fenêtre ouverte .L’aube froide et mouillée l’éveilla ; elle claquait des dents ,sans courage pour se lever et fermer la fenêtre, -incapable même d'étendre le bras, de tirer la couverture.
-III :-Narrateur extra-diégétique –Focalisation externe -III-1 Focalisation externe centrée sur le narrateur EX.1 :Voltaire, Candide, chapitre 6 (1759) Après le tremblement de terre qui avait détruit les trois quarts de Lisbonne, les sages du pays n'avaient pas trouvé un moyen plus efficace pour prévenir une ruine totale que de donner au peuple un bel autodafé ; il était décidé par l'université de Coïmbre que le spectacle de quelques personnes brûlées à petit feu, en grande cérémonie, est un secret infaillible pour empêcher la terre de trembler.
On avait en conséquence saisi un Biscayen convaincu d'avoir épousé sa commère, et deux Portugais qui en mangeant un poulet en avaient arraché le lard : on vint lier après le dîner le docteur Pangloss et son disciple Candide, l'un pour avoir parlé, et l'autre pour avoir écouté avec un air d'approbation : tous deux furent menés séparément dans des appartements d'une extrême fraîcheur, dans lesquels on n'était jamais incommodé du soleil ; huit jours après ils furent tous deux revêtus d'un san-benito, et on orna leurs têtes de mitres de papier : la mitre et le san-benito de Candide étaient peints de flammes renversées et de diables qui n'avaient ni queues ni griffes ; mais les diables de Pangloss portaient griffes et queues, et les flammes étaient droites. Ils marchèrent en procession ainsi vêtus, et entendirent un sermon très pathétique, suivi d'une belle musique en faux-bourdon. Candide fut fessé en cadence, pendant qu'on chantait ; le Biscayen et les deux hommes qui n'avaient point voulu manger de lard furent brûlés, et Pangloss fut pendu, quoique ce ne soit pas la coutume. Le même jour la terre trembla de nouveau avec un fracas épouvantable. NB .1 : Dans ce passage , on relève des marques de subjectivité :
1) elles constituent une sorte de focalisation interventive centrée sur le narrateur extra-diégétique (voir en gras, le recours à un adjectif appréciatif)
2) cette subjectivité interprète certes le monde, mais aussi de façon erronée ou impropre ( passages soulignés) : la tentative de compréhension du monde échoue, ou livre ses limites.
EX.2 : Madame Bovary, III,2 Emma et Léon se sont engouffrés dans un fiacre . Celui-ci abrite leurs étreintes amoureuses. Le narrateur décrit la course de la voiture vue de l’extérieur . La perception du narrateur s’arrête à la surface du monde perceptible : son regard ne pénètre pas à l’intérieur du fiacre, il n’a pas non plus de « savoir » sur ce qui s’y passe. Et la lourde machine se mit en route.
Elle descendit la rue Grand-Pont, traversa la place des Arts, le quai Napoléon, le pont Neuf et s'arrêta court devant la statue de Pierre Corneille.
- Continuez! fit une voix qui sortait de l'intérieur.
La voiture repartit, et, se laissant, dès le carrefour La Fayette, emporter vers la descente, elle entra au grand galop dans la gare du chemin de fer . -III-2 Focalisation externe centrée sur le personnage Ferenc Karinthy, Epépé, 1970( traduit du hongrois) Budaï, éminent linguiste, alors qu’il se rend à une conférence internationale, se trompe d’avion et débarque dans une ville dont il ne connaît ni la langue, ni l’écriture. Plongé dans un univers aux signes incompréhensibles, Budaï vit un véritable enfer . « Etranger » aux codes de communication, mais aussi aux usages, aux coutumes, aux rituels sociaux, il pose sur le monde un regard dont l’extériorité souligne la folie. C’est le regard de « l’Autre », mais ici, ce n’est pas un Persan qui observe un parisien ou un Huron qui débarque chez les Européens, c’est un homme qui soudainement , de façon incompréhensible, demeure à l’extérieur du monde des humains. Cette extériorité permet de dévoiler l’absurdité, voire la cruauté d’un monde familier.
Dans l’extrait qui suit, Budaï se retrouve sur des gradins et observe un étrange spectacle. Un moment l’un d’entre eux bondit, un ballon à la main, grimpe au grillage, manifestement avec l’intention d’échapper du terrain de jeu. Dès que ses camarades s’en aperçoivent, ils se jettent sur lui et l’autre qui a déjà passé son pied gauche à l’extérieur est tiré vers le bas- les gradins hurlent, suffoquent d’effroi. Le fugitif s’efforce de se libérer, en vain, ceux d’en- dessous sont nombreux, ils ne lâchent pas prise, ils réussissent à le ramener : il s’étale dans l’herbe, perd le ballon, mais ensuite on le laisse, on ne lui fait aucun mal. Peu après un grand échalas de nègre en maillot rayé tente une échappée du côté opposé, en l’occurrence là où la clôture est la plus haute, il grimpe dessus en un clin d’œil avec l’habileté d’un singe, et on peut croire un instant qu’il réussira à passer. Là-dessus tous se précipitent à sa poursuite, y compris celui qui a été assailli précédemment, ils l’attrapent de justesse, malgré ses contorsions et ses coups de pied, ils l’agrippent, se suspendent à lui, ils finissent par le ramener, celui-là aussi. La tempête se déchaîne dans les gradins sous les cris d’encouragements et d’injures des spectateurs, sans que Budaï comprenne l’enjeu ni qui ni quoi ce public encourage. Au moment où un joueur essaye d’échapper du terrain, il paraît jouir de leur sympathie, mais dès que les autres commencent à le pourchasser, à le tirailler, le public semble changer de camp, il encourage les assaillants dans un même élan, avec une rage sanguinaire.
Le plus assidu pour ramasser les candidats à la fuite est un petit dur musclé et râblé, c’est lui qui a arraché son ballon au grand nègre. Muni du ballon, il bondit tout à coup, en un éclair il se mer à grimper et à chevaucher le haut de la clôture :le temps que ses camarades réagissent, il a déjà basculé de l’autre côté et il se laisse glisser vers le bas. Les autres essayent de le saisir à travers les mailles, lui pincent son maillot, ils l’immobilisent serré contre le grillage tandis que lui atterrit de l’autre côté, le torse nu. Il saute immédiatement sur ses pieds, fier et heureux, il salue et tout en driblant il court aux vestiaires et disparaît, précisément sous le secteur des gradins de Budaï. Les autres joueurs le regardent, ébahis, comme dans une cage, de derrière leurs barreaux. Le public est soulagé, la tension se résout en applaudissements, en rires et en un brouhaha général, la foule jusque- là soudée en un bloc rigide, se disloque, s’oriente vers la sortie en lentes ondulations…Budaï part également, le cœur léger, pris par l’ivresse générale : il se sent rempli de confiance et d’allégresse.
Editions Denoël, pages 63-64
-IV-Narrateur intra-diégétique-focalisation interne -IV-1 : focalisation centrée sur le narrateur Stendhal, Vie de Henry Brulard ( chapitre 5)-1835-36
Stendhal, dans l’extrait qui suit, relate ses premiers souvenirs d’enfant A l’époque où nous occupions le premier étage sur la place Grenette, avant 1790 ou plus exactement jusqu’au milieu de 1789, mon oncle, jeune avocat, avait un joli petit appartement au second, au coin de la place Grenette et de la Grande-rue. Il riait avec moi, et me permettait de le voir dépouiller ses beaux habits et prendre sa robe de chambre, le soir, à neuf heures, avant souper. C’était un moment délicieux pour moi, et je redescendais tout joyeux au premier étage en portant devant lui le flambeau d’argent. Mon aristocrate famille se serait crue déshonorée si le flambeau n’avait pas été d’argent. Il est vrai qu’il ne portait pas la noble bougie, l’usage était alors de se servir de chandelle. Mais cette chandelle, on la faisait venir avec grand soin et en caisse des environs de Briançon ; on voulait qu’elle fût faite avec du suif de chèvre, on écrivait pour cela en temps utile à un ami qu’on avait dans ces montagnes. Je me vois encore assistant au déballement de la chandelle et mangeant du lait avec du pain dans l’écuelle d’argent ; le frottement de la cuiller contre le fond de l’écuelle mouillé de lait me frappait comme singulier.
-IV-2 : focalisation interne centrée sur le personnage
Edouard Dujardin, Les Lauriers sont coupés, 1887
… Et c’est l’heure ; l’heure ? six heures ; à cette horloge six heures, l’heure attendue. La maison où je dois entrer : où je trouverai quelqu’un ; la maison ; le vestibule ; entrons. Le soir tombe ; l’air est bon ; il y a une gaîté en l’air. L’escalier ; les premières marches. Ce garçon sera encore chez soi ; si, par un hasard, il était sorti avant l’heure ? ce lui arrive quelques fois ; je veux pourtant lui conter ma journée d’aujourd’hui. Le palier du premier étage ; l’escalier large et clair ; les fenêtres. Je lui ai confié, à ce brave ami, mon histoire amoureuse. Quelle bonne soirée encore j’aurai ! Enfin il ne se moquera plus de moi. Quelle délicieuse soirée ce va être ! Pourquoi le tapis de l’escalier est-il tourné en ce coin ? ce fait sur le rouge montant une tache grise, sur le rouge qui de marche en marche monte. Le second étage ; la porte à gauche ; « Étude ». Pourvu qu’il ne soit pas sorti ; où courir le trouver ? tant pis, j’irais au boulevard. Vivement entrons. La salle de l’Étude. Où est Lucien Chavainne ? La vaste salle et la rangée circulaire des chaises. Le voilà, près la table, penché ; il a son par-dessus et son chapeau ; il dispose des papiers, hâtivement, avec un autre clerc. La bibliothèque de cahiers bleus, au fond, traverse les ficelles nouées. Je m’arrête sur le seuil. Quel plaisir que conter cette histoire. Lucien Chavainne lève la tête ; il me voit ; bonjour.
-V-Narrateur intra-diégétique-focalisation externe
Pierre Daninos, Les carnets du major Thompson, éd. Hachette.
Un touriste étranger manifeste son étonnement au passage du Tour de France qu’il ne connaît pas.
Venant de Gibraltar, j'avais traversé les Pyrénées et poursuivais ma route vers Paris lorsque, à un croisement, deux gendarmes arrêtèrent ma course.
« On ne passe pas! » me dirent-ils.
Ayant encore, à cette époque, 1'habitude anglaise de ne jamais poser de questions, j'obtempérai sans demander pourquoi. La vue d'un grand déploiement de forces policières m'incita d'abord à penser que 1'on était sur le point de cerner un bandit de grand chemin. Cependant, apercevant sur la Nationale un nombreux public qui conversait joyeusement avec la maréchaussée (1), j'en déduisis que 1'événement était moins dramatique. Une colonne de blindés à 1'arrêt de 1'autre côté de la route, sur un chemin de traverse, me fit croire un instant à un défilé militaire. Mais non : car, bientôt, j'entendis le capitaine de gendarmerie dire au jeune lieutenant qui commandait les chars et manifestait son impatience en se donnant de petits coups de badine (2) sur les bottes :
« Manœuvres ou pas manœuvres , on ne passe pas! »...
Je conclus de ces prémices (2) que tout trafic était interrompu pour laisser la voie libre au Président de la République et à sa suite, lorsqu'un cri jaillit des poitrines : « Les voilà »...
Quelle ne fut donc pas ma surprise de voir surgir deux individus se dandinant sans grâce sur leur bicyclette, curieusement vêtus de boyaux et de maillots aux couleurs criardes, à peine culottés, pour ainsi dire nus, crottés, et, dans 1'ensemble, assez choquants à voir. On voulut bien m'expliquer - sans que j'aie rien demandé - que ces gens, faisant le tour de France à bicyclette, gagnaient Paris le plus vite possible par les voies les moins rapides, ce qui me parut étrange! Mais, après tout, ce sont là des choses au sujet desquelles un Anglais, ne s'étonnant de rien, n'a pas à manifester de surprise déplacée. (1) les gendarmes
(2) petite baguette
(3) début, commencement |