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Fountain. 1912. Il n’est sans doute pas anodin de constater qu’un des premiers ready-made de Duchamp s’intitule « objet dard ». Car manifestement cette chose sème le trouble dans l’esprit. Il s’agit d’un plâtre moulé et ciré qui représente effectivement ce qu’il annonce être… le titre ratifie encore une ressemblance mais de manière ironique : on n’ose pas lui imaginé une quelconque utilité et donc on ne peut le considérer comme un objet (quelconque) mais on hésite malgré tout ( surtout pour l’époque) à le ranger explicitement parmi les œuvres : c’est donc bien un objet d’art. Nouvelle catégorie hybride. La fonction du ready-made est de remettre en question le concept d’œuvre d’art en réinterrogeant la distinction fondatrice avec les objets quelconques. Fountain est devenue l’emblème de ces œuvres paradoxales, qui n’ont rien d’une œuvre d’art mais qui le sont quand même. Par quel miracle ! 1°il n’y a aucun travail, 2°Duchamp l’artiste ne l’a ni fabriqué ni conçu1, en tant que ce qu’il est, urinoir, 3° il en existe des milliers, c’est produit industriellement 4° ce n’est pas un artiste mais un ouvrier qui l’a fabriqué 5° ça n’imite rien puisque c’est la chose même, ça ne ressemble donc à rien( cf commentaire sur le titre), 6°c’est un objet utilitaire qui a une fonction 7°ce n’est pas beau ( et Duchamp l’affirme explicitement à plusieurs reprises) , 8° il ne l’a pas conçue c’est le fabricant..on n’a donc ici aucun des critères principaux de l’œuvre d’art ( issus de l’esthétique kantienne et énumérés lors du procès Brancusi). C’en est à ce point que ce n’est plus une non œuvre mais une anti œuvre, ce n’est pas autre chose c’est l’opposé. Et pourtant…, c’est bien une œuvre d’art : 1° Duchamp l’a bien conçue en tant qu’œuvre, 2° Duchamp est bien un artiste reconnu et exposé, 3°et 4° il y a eu un intervention sur l’objet, 5° en ce sens elle devient unique, 6°en le retournant Duchamp lui fait perdre son caractère utilitaire et 7° le titre indique bien la ressemblance c’est une œuvre parce ça représente une fontaine ; explication : Le titre2 ici joue aussi un rôle dans l’ « artisticité » de la chose, habituellement le titre est purement descriptif et redondant, il ratifie la ressemblance avec la chose confirmant le jugement du spectateur : « ceci est une pipe », comme ne dirait pas Magritte. En baptisant (on ne recule pas devant l’association avec les « fonts baptismaux ») la chose Fountain il annonce que « ceci n’est pas urinoir. » alors que cette évidence s’impose au spectateur parce que c’en est un ! On entend la critique hégélienne de l’art comme imitation : à quoi ça sert de refaire quelque chose que l’on peut voir directement !. Fountain ne représente pas ce qu’elle montre et qu’elle est. Fountain est un urinoir qui représente une fontaine. Le titre détourne plutôt qu’il ne confirme mais ce faisant il fait l’ « artisticité » de la chose, en indiquant à quoi (c’est la fonction du titre) c’est censé ressemblé et donc ce que ça représente. Et le plus fort c’est que l’on se prend à se dire que, peut-être… après tout… pourquoi pas ? y a quelque chose…Habituellement une œuvre d’art est une représentation et le titre dit ce que ça représente, l’image ou la sculpture représente la chose. Le titre refait de la chose une représentation ! Comme pour une œuvre d’art. Fountain est de l’art car comme les œuvres d’art elle représente quelque chose qu’elle n’est pas. On a donc une parodie d’œuvre d’art qui fait exploser le concept car elle correspond parodiquement au critères. La critique est totale, achevée. Fountain détruit de l’intérieur le concept même d’œuvre d’art et devient par cela même une œuvre d’art, l’art contemporain est né. L’œuvre ne devient œuvre que par la théorie, le discours sur l’art qu’il véhicule« n’importe quoi peut-être de l’art mais tout n’est pas de l’art ». Fountain est un objet comme n’importe lequel, mais Duchamp en a fait une œuvre d’art, paradoxale. Duchamp, l’artiste ne l’a pas produite, fabriquée et il le dit, mais c’est lui qui par sa signature« R. Mutt 1917 » en fait une œuvre d’art au moment même où il la restitue à son fabricant et concepteur. En tant qu’urinoir c’est un objet voire une œuvre mais pas d’art, en tant que Fountain ce n’est pas une œuvre mais c’est de l’art. Un objet quelconque devient une non-œuvre mais d’art, il reste l’art mais l’œuvre a disparu. L’œuvre ( la chose), le travail est non artistique mais de l’art advient. L’art se dissocie de l’œuvre (ouvrage), il n’est plus dans l’oeuvre. Il est ailleurs. 1 La conception est le dernier critère du procès Brancusi, celui qui permet de distinguer l’artiste de l’ouvrier. 2 Cf le passage du procès Brancusi où il est question de la ressemblance et où les juges se demandent si on pourrait deviner qu’il s’agit d’un oiseau si on n’avait pas le titre ; faisant dans un premier temps de la ressemblance un des critères de l’œuvre d’art. |
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