Répertoire numérique détaillé réalisé par Fanny Coirard, assistant de conservation du patrimoine, et Marc Sagayaradje, agent du patrimoine







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ITALIE ET SARDAIGNE





  • Convaincu que son devoir est dans la peinture et non dans la guerre, ( j'aime mon pays - écrit-il - en le servant à ma façon ), Loutreuil quitte Paris dès le 19 décembre pour Marseille, y passe la nuit, et repart le lendemain pour l’Italie.

  • De Rome, où il séjourne du 27 décembre à fin février de l’année suivante (Albergo del Montenegro, via di Monte Brianzo 59), il écrit à Chotin que sa plus grande émotion a été pour les antiques.

Masson raconte pour sa part, comment Loutreuil  “ insoumis ”  lui écrivit à l’époque en l’incitant à le rejoindre dans cette ville dont, ajoutait Maurice, “ fontaines et portes cochères faisaient son admiration ”.

Masson raconte aussi comment, personnellement, il se résolut néanmoins, à faire un choix qui déjà l’éloignait de Loutreuil, “ adepte de Tolstoï l’évangéliste, - pas celui de la jeunesse , mais celui qui prêchait l’Amour - ”, en acceptant après beaucoup d’hésitation, de répondre à l’appel de sa classe et de se ranger ainsi au “ parti pris de la violence, et - suivant Nietsche - au principe suivant lequel  il faut que le cœur se bronze ou se brise ”.
1915

  • Le 15 janvier, Maurice explique, dans une longue lettre à son oncle Gustave Loutreuil, les raisons de son départ et les buts qu'il poursuit (repris dans une autre lettre à son ami Téléki.) Il y joint un Essai sur les déterminations nouvelles de l'activité humaine, précédé de la copie de quelques pensées que l’ont le plus particulièrement frappé au cours de ses lectures.

Parmi ces pensées, ces lignes de Paul Fort, bien de circonstance en ce début de guerre :
La ronde

- Si toutes les filles du monde voulaient s’donner la main,

tout autour de la mer elles pourraient faire une ronde.

- Si tous les gars du monde voulaient bien être marins,

ils feraient avec leurs barques un joli pont sur l'onde.

Alors on pourrait faire une ronde autour du monde,

si tous les gens du monde voulaient s'donner la main.



  • 1er mars : Loutreuil débarque en Sardaigne, non sans avoir visité les fouilles d’Ostia avant de quitter Rome. Il y passera une année, en proie au doute et à une confusion qui retardent la progression de son travail, conscient du tort que lui a causé son départ et souffrant énormément de la solitude morale et physique que la situation lui impose.

  • Il s’arrête d’abord quelques semaines à Cagliari, à l’albergo Cantù.

  • Puis, attiré surtout par le centre de l'île et les régions montagneuses - au sujet desquels il écrit  l’émerveillement que j’y ai éprouvé dépasse tout ce à quoi je m’attendais -, il séjourne à Milis dans les orangers (chez Mme. Christina Zocchoddu) où une lettre de sa grand-mère vient lui apprendre la mort au front, le 24 février, de son cousin Raymond Loutreuil.

  • Successivement, à Atzara, Sogorno (chez Mr. Giuliani) et Désulo en juin et juillet, il y partage en pleine nature la vie des bergers. Séduit par le costume des femmesvêtues tous les jours pour leurs travaux quotidiens comme pour le théâtre, il est charmé aussi par le talent de poètes improvisateurs des pâtres et par leur bal  excessivement curieux et même distingué, conduit par la  musique endiablée, mais intime en même temps , du même instrument de musique que dans l'antiquité - une flûte en bois. En les écoutant, réunis le soir pour le souper, chanter à tour de rôle des phrases rythmées qu’ils improvisaient sur ce qu'ils avaient fait dans la journée ou tout autre sujet, Maurice se prend à rêver : – je voudrais que la peinture elle aussi devienne un art plus spontané - moins aristocratique, - Tolstoï parlait d'art populaire - ces chants improvisés sont sous ce rapport ce que j'ai vu de mieux.

  • Passant à Formi, Momomajada, Nuoro, Maurice revient à Cagliari en septembre (albergo Ferrarèze, via Napoli 41) d’où il indique à son frère avoir fait un tableau décoratif de 1,60 x 1 m., dont le paiement insuffisant que l’hôtelier lui en offrira semble en définitive l’avoir incité à le conserver.

  • En novembre et décembre, il est à nouveau à Cabras (in casa del Signor Peppino Salis),  pays de 6.000 habitants, où pour ainsi dire, toutes les femmes sont belles. Il en apprécie les soirées (avec le secrétaire du Juge, le maréchal de gendarmerie, et le fils d'un négociant) au cours desquelles, - raconte-t-il -, l'un joue de la guitare, les 2 autres chantent, pendant que je les observe, ainsi que les 2 jeunes filles de la maison.

  • En fin d’année Loutreuil entreprend la visite de la province de Sassari où, écrit-il, Ploaglie, Semmori, Osilo, Itiré, Alghero  sont toutes de petites villes très caractéristiques – et que de belles filles on y rencontre !

  • La bonne volonté des habitants qui en Sardaigne se contentent d'un salaire beaucoup plus accessible qu'à Paris lui permettra, en dépit de ses moyens modestes de disposer de deux heures de modèle par jour (payés 1 f. 50 et même 1 f.), dans les lieux où il séjournera.

  • Des études de paysage, soit sur des panneaux de 8 environ, soit à l'encre de Chine ou au fusain, faites aux premières heures du matin et du crépuscule, - (parfois en se servant du mode cubiste pour les études d'arbre dont on peut ainsi indiquer plus facilement le volume) - des études de têtes et de costumes, au fusain, à la gouache, au pastel, suivant les commodités, témoignent de ses travaux pendant ces mois vécus en ermite voyageur.

  • J'ai fait aussi, J'ai rapporté, - ajoute Maurice, au sujet de ses recherches sur les lieux ambiants et les scènes de la vie - 3 tableaux ou éléments de tableaux dont le dernier marque, je crois, ma vraie voie – j'y ai mis une plus grande décision avec plus de liberté d'indications, et de trituration et plus d'unité.

Mais je n'ai pas encore fait l’œuvre définitive.

  • Il semble d’autre part que, c’est à l’occasion de ces longs mois pendant lesquels il s’est trouvé dans l’impossibilité de poursuivre la mise en pratique de sa formation de fresquiste, que Loutreuil fut amené à réfléchir à l’intérêt d’en transposer les propriétés sur la peinture de chevalet, en particulier en ce qui concerne la rapidité d’exécution : – Pour moi j'ai cru remarquer dernièrement qu'il n'y a qu'une peinture faite sur le coup qui se tienne vraiment – je veux dire que chaque fois qu'on se remet sur un travail de quelque genre de peinture que ce soit ou même de dessin noir – c'est comme des retouches qui viennent déranger l'unité de la gamme précédente, – M. Baudouin disait que cela était propre à la fresque mais je crois que cela existe toujours même en dessin un jour on peut avoir plus de décision dans le trait que le lendemain ou travailler tout différemment – et il peut arriver ainsi qu'à la fin de la journée alors même qu'on a posé des touches justes, cela fasse plus mal parce qu'il n'y a plus la même unité.

  • Bien qu’il n’en ait pas fait mention, Loutreuil paraît, à n’en pas douter, avoir lu à ce sujet les vers de Molière :

“…mais la fresque est pressante, et veut sans complaisance,

qu’un peintre s’accorde à son impatience,

la traite à sa manière, et d’un travail soudain

saisisse le moment qu’elle donne à sa main.

La sévère rigueur de ce moment qui passe

au hasard du pinceau ne fait aucune grâce.

Avec elle, il n’est point de retour à compter,

car tout du premier coup se doit exécuter… ”


  • Toujours est-il qu’à l’issue de ses longues réflexions solitaires, l’urgence pour ce garçon de 30 ans d’affirmer haut et fort ses convictions à travers la peinture se fait plus pressante : – Je dois, ou jamais faire quelque chose de bien – Vous ne vous figurez pas avec quelle impatience j'attends le moment où je pourrai montrer quelque chose d'indiscutable et d'important – je crois cette fois avoir tous les éléments pour le faire


1916

  • Quittant finalement la Sardaigne, Loutreuil gagne Naples fin janvier, s'y installe 163, strada Marina Nuova à l'albergo della Colomba, avec le regret d’y trouver un milieu artistique très restreint  et un défaut d’académie pour étudier, qui, - ajoute-t-il - me prive beaucoup et me maintient dans la solitude.

  • Il en apprécie cependant la vie quotidienne, avec ses cafés-concerts où on chante en français et ses théâtres où les pièces sont françaises, également.

  • Le peintre parcourt, bien sûr, les musées, et visite la région ; notamment Pompéi. Ischia lui rappelle le long séjour qu’y fit Alphonse de Lamartine et Capri les jours qu’y passa Maxime Gorki, après la Sibérie.

  • Sans ignorer que Filippo Marinetti, chef de file des futuristes italiens, vient de proclamer dans la “ Vela Latina ” que  tout artiste qui se dérobait à la guerre méritait d'être fusillé dans le dos (fucilatione nella schiena), Maurice assiste à Naples à une de ses conférences et l’écoute déclamer un hymne futuriste  – qui ne comptait pas un seul mot, et où  il n'y avait rien que des bim, bam, zim, czin, ra, ra etc …, hymne à l’audition duquel  tout le monde se tordait de rire…Marinetti avait lancé dès 1909, dans les colonnes du Figaro, les bases du mouvement des poètes futuristes, qui se voulait doctrine, philosophie, autant qu’art de vivre son époque, et imprégnait tout artiste se réclamant de ses théories, dans chaque manifestation de sa pensée.

Le manifeste lancé à Turin le 10 mars suivant par les peintres futuristes italiens défenseurs de la “ peinture d’état d’âme ” (Umberto Boccioni, Carlo D. Carra, Luigi Russolo, Gino Séverini) avait marqué leur adhésion à la cause de Marinetti.

Visiblement intéressé par cette initiative, Loutreuil devait faire, 4 ans plus tard, connaissance du Chef des Futuristes, chez Alexandre Mercereau, à Paris.
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