Le Sénat présente MODIGLIANI
« L’ange au visage grave » Musée du Luxembourg 23 octobre 2002 – 2 mars 2003
Musée du Luxembourg
19, rue de Vaugirard 75006 Paris Informations
00 33 (0)1.42.34.25 95
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www.expomodigliani.com et www.fnac.com
Service de presse
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Contact : Sophie Gay
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Le Sénat présente
MODIGLIANI
« L’ange au visage grave »
23 octobre 2002 – 2 mars 2003 Commissaire Général de l’exposition
Marc Restellini
Comité Scientifique
Pierre Daix, écrivain
Professeur Bernard Dorival, professeur émérite, Université de Paris Sorbonne
Pierre Georgel, directeur du musée National de l’Orangerie, Paris (donation Walter Guillaume)
Billy Klüver, historien de Montparnasse
Mariastella Margozzi, historienne d’art, Galerie Nationale, Rome, Italie
Jacqueline Muncq, conservateur du Patrimoine de la ville de Paris
Joëlle Pijaudier-Cabot, directeur du musée d’Art Moderne de Villeneuve-d’Ascq
(Donation Masurel)
Professeur Werner Schmalenbach, directeur honoraire du musée de Düsseldorf
Un catalogue est édité par les Éditions Skira en 3 versions
Français, Italien et Anglais Scénographie :
Direction Conception: Laurent Guinamard-Casati,
Assistantes : Sophie Fonteneau, architecte et Lina Lopez, designer
Conseil : Adam Steiner, sculpteur
Signalétique et graphisme : Gilles Guinamard
Musée du Luxembourg
Administrateur Général Sylvestre Verger
Directeurs des Projets
Art Moderne : Marc Restellini
Rennaissance : Patrizia Nitti Le Sénat et le musée du Luxembourg remercient pour leur soutien JCDecaux, Paris Match, France Info, LCI, Métrobus, RATP, FNAC, Office du Tourisme et des Congrès de Paris, Ville de Paris,
Aéroports de Paris
Sommaire du dossier de presse
L'EXPOSITION • Communiqué de presse • Modigliani, « l’ange au visage grave » • Résurrection d’une œuvre et question d’authenticité
Texte de Marc Restellini, commissaire de l’exposition • Liste des œuvres • Modigliani: éléments biographiques • Le catalogue • Scénographie de l’exposition • sVo Art, production et organisation de l’exposition • Les concerts du Musée du Luxembourg • Fiche technique LE MUSÉE • Aménagement du musée du Luxembourg • La politique de relance du musée du Luxembourg
Premier bilan • Programmation prévisionnelle 2003-2004
COMMUNIQUÉ DE PRESSE
MODIGLIANI
« L’ange au visage grave »
23 octobre 2002 – 2 mars 2003
Après le succès des Chefs d’œuvre de la collection Rau, de Rodin 1900 et de Raphaël : Grâce et Beauté ; et dans la suite de la politique de grandes expositions voulues par le Sénat renouant avec son passé prestigieux de premier musée d’Art Moderne, appelé à l’époque Musée National des Arts vivants, le Musée du Luxembourg présente aujourd’hui une rétrospective du grand artiste maudit du XXe siècle, Amedeo Modigliani.
Modigliani meurt d’une maladie pulmonaire dans les premiers jours de 1920 ; le lendemain, sa compagne, Jeanne Hébuterne, enceinte de quelques mois et désespérée, saute par la fenêtre du sixième étage de l’immeuble qu’elle habitait : l’une des légendes artistiques les plus sombres du siècle est née. Depuis plus de vingt ans, aucune manifestation à Paris n’a rendu hommage à cet artiste pourtant adulé du public. Par la qualité des œuvres exposées et par l’ampleur du parcours proposé, cette exposition présente le maître de Livourne et son œuvre sous un jour nouveau : près du quart de la production d’un artiste mort très jeune — donc encore en plein apprentissage — sera ainsi montré pour la première fois. C’est après plusieurs essais dans des domaines différents que Modigliani commence seulement à trouver un style propre. Physiquement trop fragile, il doit abandonner, à son grand désespoir, la sculpture pour s’essayer au cubisme, au tachisme puis à une forme très en matière d’un expressionnisme sombre et triste, marquant des étapes particulièrement difficiles d’une existence où, face à la maladie omniprésente, il trouve consolation dans l’alcool, la drogue et l’amour.
Dans un Paris en pleine guerre, au moment où des milliers de soldats meurent dans les tranchées, Modigliani tente de trouver une échappatoire dans un style inspiré des Arts nègres et océaniens. Cet art atypique pour son époque est empreint de références italiennes mais aussi impressionnistes, fauves, cubistes.
L’artiste se crée ainsi un style unique, coupé du monde et des réalités quotidiennes, axé essentiellement sur une approche sculpturale des personnages qui occupent alors son univers, amis ou compagnons d’infortune, comme Soutine, Zborowski, Max Jacob, Picasso… L’exposition que présente le Sénat, la plus importante jamais organisée sur l’artiste, va permettre de découvrir ou de redécouvrir un artiste surtout connu du grand public pour les portraits très léchés et transparents des derniers mois de sa vie. Elle révèle un véritable génie expressionniste, un peintre tourmenté, triste, utilisant principalement la matière et la référence à la sculpture - son support favori. Une centaine de tableaux dont plus du tiers jamais exposé en France est rassemblé : les plus célèbres portraits de Zborowski ; ceux, tout aussi exceptionnels, de Paul Guillaume, les nus les plus admirables et pourtant si décriés à l’époque ; mais aussi les portraits de ses compagnes, Béatrice Hastings et Jeanne Hébuterne, œuvres rarement, voire jamais, exposées en France ; enfin les portraits de ses amis, Soutine, Kisling, Chéron, Max Jacob…
Un ensemble tout aussi rare de dessins montre l’un des autres aspects essentiels de Modigliani : son travail graphique, brillant, aussi virtuose que Picasso ou Matisse, toujours relégué au second plan, pourtant indispensable à la compréhension de son œuvre. Enfin sera évoqué l’immense talent de Modigliani sculpteur avec un ensemble unique de cariatides sculptées, peintes et dessinées, dont certaines n’ont jamais été exposées jusqu’alors. Elles permettront au visiteur de comprendre le projet du Temple de la volupté que Modigliani imagina lorsqu’il partageait un atelier avec Brancusi. Projet hollywoodien sans pareil dans l’histoire de la sculpture contemporaine que Modigliani, en véritable sculpteur d’avant-garde conçut malgré sa faiblesse physique.
« Modigliani est une sorte de Botticelli Nègre » disait de lui Basler en 1929 alors que Jacques Emile Blanche voyait en lui « un descendant direct des pieux imagiers siennois » en 1933 ; Paul Dermée le surnomma « le cygne de Livourne » en 1945 et le décrivit ainsi : « Modigliani, fils de roi, prince de l’esprit, aristocrate en chandail ou en veste de gros velours côtelé, avançait dans la vie les narines frémissantes, l’œil éclairé par une joie intime, ivre de toute la beauté et de toute l’intelligence du monde… » Mais reste ce mot extraordinaire de Modigliani, déjà malade et conscient de l’imminence de la mort, écrivant le 6 mai 1913 à son ami et mécène, le Docteur Paul Alexandre - qu’il ne reverra plus - : « Le bonheur est un ange au visage grave », signé « Le ressuscité ».
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Modigliani, « l’ange au visage grave »
rÉsurrÉction d’une œuvre et question d’authenticitÉ
Adulé du grand public, Modigliani figure en bonne place sur les cimaises des plus prestigieux collectionneurs ou sur celles des plus grands musées du monde et reste l’un des artistes les plus recherchés par les marchands de tableaux, en dépit d’une cote de plus en plus vertigineuse atteinte en ventes publiques. Mais curieusement, il demeure peu connu des milieux universitaires et scientifiques qui le jugent avec une certaine condescendance. Considéré comme un peintre facile, sans réelle dimension innovatrice, Modigliani, à la différence de Picasso ou Matisse, n’est guère étudié à l’Université. Comment expliquer ce paradoxe ? Et si le milieu universitaire se trompait ? S’il avait ignoré l’un des artistes les plus marquants de l’histoire de l’Art du 20ème siècle, tout simplement aveuglé par la légende de l’artiste maudit et par les éternelles – et très délicates - questions d’authentification des œuvres qui paralysent la recherche scientifique sur cet artiste depuis maintenant près d’un siècle ? L’exposition que nous présentons aujourd’hui a pour but de mettre un terme à cette situation paradoxale absurde. Quelques expositions ont ouvert la voie en associant la recherche scientifique à la découverte de l’artiste : ainsi, l’exposition sur Paul Guillaume présentée à l’Orangerie en 1993, l’exposition sur la collection Barnes présentée à Orsay en 1993, ou les expositions sur Zborowski présentées au Japon en 1993, puis à Lausanne et à Florence en 1994. Mais l’exposition la plus marquante et la plus spectaculaire reste celle de la fabuleuse collection de dessins de Modigliani de Paul Alexandre, présentée par Noël Alexandre de 1993 à 1996. Un pan jusque-là confidentiel de la vie de l’artiste était ainsi découvert et offrait de nombreuses pistes de recherche nouvelles. Cette exposition était accompagnée d’un ouvrage remarquable, publié par le fonds Mercator et Albin Michel en 1993 et enrichi en 1996; grâce aux témoignages passionnants de Paul Alexandre lui-même, de son frère Jean, et d’Eugénie Garsin, la mère de Modigliani, grâce aux nombreuses lettres éditées et aux étonnantes photos reproduites, la vie de l’artiste à cette époque s’est trouvée enfin décrite, sans légende. Le titre de notre exposition aujourd’hui, « l’ange au visage grave » est ainsi issu d’une carte postale adressée par Modigliani à Paul Alexandre en juin 1913, que nous a fait découvrir Noël Alexandre dans son ouvrage. Mais aucune analyse exhaustive de l’artiste et de l’œuvre de celui-ci n’avait jusqu’ici été entreprise. Effectué depuis vingt ans pour Picasso, Matisse, Derain, Braque, ce travail n’a jamais été fait pour Modigliani. Nous avons donc choisi de réunir un comité scientifique prestigieux et de présenter des essais et des travaux montrant la place prépondérante que doit tenir Modigliani dans l’histoire de l’Art du 20ème siècle. Désormais, il ne sera plus tabou de considérer Modigliani comme un artiste de premier plan, à l’égal de Matisse ou Picasso. Grâce à Pierre Daix, au Professeur Bernard Dorival, au Professeur Werner Schmalenbach, à Jaqueline Muncq et à Billy Klüver, ces auteurs qui ont accepté de me suivre dans cette aventure et que je remercie vivement, Modigliani prend enfin sa dimension réelle, celle d’un artiste d’avant-garde, qui s’inscrit dans la ligne de Derain, Matisse et Picasso, souvent avec les mêmes préoccupations et les mêmes intentions artistiques et intellectuelles, mais qui est resté volontairement à l’écart des cercles, circuits et groupes que formaient les autres avant-gardes. Au cours de cette exposition et grâce au catalogue qui l’accompagne, le public pourra découvrir non plus un artiste suiveur, beau peintre, plein de références à l’Italie sa terre natale, ne vivant que dans l’amour, l’alcool et la drogue, mais un vrai peintre d’exception, décideur de son avenir, en quête d’une intériorité des êtres pour chacune de ses œuvres et en quête de référence plutôt que sous influence. Comme pour Picasso et Matisse, les références de Modigliani seront la figure humaine désincarnée, présentée dans sa forme la plus schématisée. On redécouvrira son travail sur les cariatides, son incroyable projet d’un Temple de la volupté; on constatera que les préoccupations de Modigliani sont identiques à celles de tous les artistes de l’avant-garde parisienne de l’époque, que ses centres d’intérêts lors de son arrivée à Paris sont les arts premiers et plus précisément l’art nègre, l’art océanien, l’art indien et l’art cambodgien, ainsi que l’œuvre de Cézanne, puis très rapidement l’œuvre de Picasso. Une nouvelle dimension sera enfin donnée au rôle de l’alcool et de la drogue qui intervenaient chez Modigliani, au même titre que certains autres artistes d’avant-garde, dans une logique expérimentale et servaient d’émulation à la création. Qui qualifierait aujourd’hui Picasso de drogué, lui qui essaya également l’opium et le haschisch ? Personne. Alors, offrons à Modigliani la même considération puisque ces recherches furent identiques. Enfin, cette exposition permet de replacer l’œuvre de l’artiste au centre de la problématique. Cette œuvre qui inspire frayeur et angoisse à beaucoup, tourmentés par les questions d’authenticité, difficulté majeure de l’œuvre de l’artiste depuis la disparition de Modigliani. L’apparition de faux, dès la mort du peintre, a semé le doute sur la production de l’artiste et a nui à la recherche sur l’œuvre. Dans les années 1950, les attestations d’authenticité souvent farfelues, établies par Hanka Zborowska ou par Lunia Czechowska, manne financière extraordinaire pour ces femmes dépourvues de ressource, ont jeté un grave discrédit sur la production de Modigliani. Après avoir écrit un ouvrage intéressant sur ce père qu’elle n’avait pas connu, ouvrage financé grâce à une bourse du CNRS, Jeanne Modigliani a cru pouvoir elle aussi certifier comme vrais notamment les tableaux exécutés par Réal Lessart, le faussaire du tristement célèbre marchand Fernand Legros, et n’a pas hésité à laisser commercialiser de très médiocres fontes en bronze d’après certaines sculptures en pierre, allant ainsi à l’encontre même de la philosophie créatrice de l’artiste. Elle a ainsi continué à laisser s’insinuer le doute sur l’œuvre de son père. Ensuite, la bibliographie est devenue pléthorique : on ne compte plus les livres et autres ouvrages qui reproduisent, à côté de chefs d’œuvre incontestés, des œuvres tout à fait « curieuses ». Et c’est ainsi que le répertoire constitué par Ambrogio Ceroni pour l’excellente collection de vulgarisation l’Opera Completa de Rizzoli en 1970 - traduit en français pour la collection Tout l’œuvre peint de Flammarion – est devenu l’ouvrage de référence, une valeur refuge en quelque sorte : selon qu’elle figure ou qu’elle ne figure pas dans ce recueil destiné au grand public, l’œuvre sera considérée comme vraie ou fausse. Pourtant aucun historien sérieux ne peut contester que ce travail est aujourd’hui obsolète tant l’histoire de l’art, la recherche et l’investigation sur les œuvres d’art ont évolué au cours des vingt dernières années. Ceroni n’avait pas pu voir toutes les œuvres, ne disposait pas des moyens technologiques et de communication dont nous disposons aujourd’hui, n’était jamais allé dans certains pays, n’avait travaillé qu’à partir de photos souvent médiocres et en noir et blanc, n’avait eu accès ni aux archives photographiques de Paul Guillaume enfin retrouvées, ni aux archives personnelles de Roger Dutilleul, ni à celles de Jones Netter et de Jeanne Hébuterne. C’est la raison pour laquelle, en 1997, Daniel Wildenstein et moi-même avions décidé d’entreprendre un nouveau catalogue des œuvres de Modigliani, en prenant le temps d’étudier systématiquement chaque œuvre connue ou découverte depuis et en constituant un corpus scientifique unique et un fonds documentaire important. Ce travail de fourmi, souvent austère et peu gratifiant, a permis de révéler des trésors inouïs, de découvrir des sources documentaires méconnues ainsi que des photographies inédites exceptionnelles dont certaines sont publiées ici pour le première fois. Grâce au fruit de ce travail, sont présentées aujourd’hui pour la première fois au public des œuvres ignorées de Ceroni, dont l’authenticité est pourtant incontestable. Il faudra sans doute affronter les éternelles et stupides rumeurs sur l’authenticité de ces œuvres. Elles n’en constituent pourtant pas moins de vraies révélations dignes de la découverte des dessins de la collection Paul Alexandre en 1993. Quelle satisfaction de présenter aujourd’hui le portrait de Pierre Reverdy enfin retrouvé sur les cimaises du Musée de Baltimore au cours d’un voyage d’étude, ou le petit portrait de Raymond Radiguet (Raimondo) que nous connaissions seulement par une photo de l’appartement de Paul Guillaume dont il décorait l’un des murs, ou la Bourguignonne, achetée par Roger Dutilleul en 1918, son deuxième achat selon ses inventaires personnels, ainsi que son pendant en pied, la Petite servante (ou la Bourguignonne), retrouvée dans les archives de Gaston Berheim et exposée en 1922 à la Biennale de Venise, œuvre qui vient de rentrer dans les collections du Musée de Minneapolis. Comment également ignorer l’importante retrouvaille du portrait du Comte Wielhorski, exposée en 1917 à la Galerie Berthe Weill et vendu par Zborowski en 1919 par l’intermédiaire de Paul Guillaume ? Quel plaisir de présenter, enfin réunies, les deux amies suédoises peintes par Modigliani en octobre 1919 : Thora Klinckowström et Annie Bjarne. Comment ignorer une œuvre aussi saisissante que le Grand Buste Rouge acquise par Jones Netter auprès de Zborowski dès 1917 et son verso retrouvé également ? A côté de ces découvertes essentielles, seront présentés des chefs-d’œuvre plus connus, bien que rarement exposés, tels Le joueur de Violoncelle, Le portrait de Maurice Drouard, celui de Maud Abrantes, La mendiante ainsi que son pendant, le Mendiant de Livourne ou la Rêveuse, ancien nu de la Collection Rockefeller, exposé pour la première fois, mais aussi le Nu allongé ou encore le Nu à la fresque, jamais exposé, la fillette en bleu, ou la petite fille au béret. Seront enfin montrés pour la première fois ensemble les marchands et mécènes de l’artiste, le portrait de Paul Alexandre sur fond marron, le portrait de Chéron, mais aussi les deux portraits de Paul Guillaume, la série des portraits de Zborowski, celui de Dutilleul. Voici aujourd’hui rassemblé presque le tiers de la production peinte de Modigliani, ce qui constitue la plus importante exposition jamais consacrée à cet artiste.
Marc Restellini, Commissaire de l’exposition
(Extrait du catalogue de l’exposition)
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Chapitre I - Paul Alexandre : le médecin mécène L’aventure du Delta 1906 - 1911
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