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Lettre ouverte : Pourquoi je ne serai pas présente au 3ème Festival Mondial des Arts Nègres (FESMAN) à Dakar qui aura lieu du 15 au 30 décembre 2010. Préambule. Au préalable, je tiens à m’excuser auprès de certains lecteurs pour la difficulté qu’ils auront à comprendre toute la signification de ma lettre. En effet, il est souvent difficile de voir, lorsque l’on ne fréquente pas beaucoup le milieu des arts visuels (que ce soit en Europe ou en Afrique) que c’est un monde où se déroulent des affrontements et des attitudes exclusives souvent fort intenses, même lorsque l’on acquiert un certain succès. En tant que jeune artiste africaine, j’ai mis un certain temps, depuis mon arrivée en Europe en 2004, à cerner tous ces enjeux où ce sont très souvent d’autres éléments qui dictent les choix esthétiques, en l’occurrence l’argent, les modes de l’art officiel et les réseaux des décideurs artistiques et financiers. * * * * * * * * * * * * * * C’est avec regret que je viens d’apprendre que je ne pourrai participer à ce très important événement culturel international du monde noir. J’avais pourtant posé ma candidature individuelle dès le mois de juillet 2007 lorsque l’appel aux candidatures avait été lancé par les organisateurs. J’avais même pris la précaution de l’envoyer à plusieurs adresses indiquées sur le site Web du festival et je possède encore tout le dossier : fiche technique et tous autres documents). Mon manager avait également adressé de nombreuses lettres à mon Ministre de la Culture et aux hauts fonctionnaires du Ministère de la Culture de mon pays pour poser ma candidature au sein de la délégation du Congo Brazzaville. Au mois d’août de cette année à Brazzaville, on m’avait conseillé de reprendre contact avec les organisateurs, ce que je m’étais empressée de faire. Et le 26 octobre, j’ai reçu la lettre suivante de Mme Florence Alexis, Commissaire de l'exposition Internationale d'art contemporain : « Bonjour. Désolée pour les délais mis à vous répondre, merci de votre message et de votre patience. Nous apprécions votre intérêt pour la manifestation et vous informons que la sélection des artistes plasticiens et des oeuvres est désormais bouclée par le curateur, à cette date, nous n'avons hélas pas été saisis de votre candidature et croyez bien que nous le regrettons sincèrement. Nous vous remercions sincèrement de votre message, et regrettons de n'être pas en mesure de vous accueillir dans cette sélection. Bien cordialement. » Face à cette réponse, je me pose deux questions :
On pourra me rétorquer que je suis une artiste devenue aigrie ou quelque peu paranoïaque ! Il n’en est rien, je suis seulement déçue par ce phénomène répétitif qui existe à mon égard et que j’ai déjà constaté depuis de nombreuses années. En voici quelques exemples :
Par ailleurs, voici d’autres exemples d’exclusions ou de silence dont je m’interroge sur la signification exacte :
Lors de mon dernier voyage à Brazzaville en août de cette année, j’ai soulevé ces problèmes devant un assez grand nombre de personnes des milieux culturels. Voici en résumé ce que j’ai pu m’entendre dire :
Je n’ai évidemment pas la prétention de penser que je suis une artiste incontournable et qu’il faut que je sois présente partout. Il est normal qu’il y ait des sélections par rapport aux nombreux artistes candidats pour chaque événement. Je tiens simplement à préciser que depuis ma participation à la délégation congolaise lors de la 5ème édition des Jeux de la Francophonie à Niamey (Niger, 2005) je n’ai plus jamais été invitée à une manifestation internationale de prestige. Je n’ai pas non plus l’espoir infantile de croire que tout le monde va aimer mes créations. J’estime simplement avoir aussi le droit d’exister et de confronter mon art à tous les autres courants artistiques. Sur le plan culturel, c’est la libre confrontation des diverses tendances qui est intéressante, non les attitudes exclusives. Avant la fin de la guerre froide, dans les pays dictatoriaux, les œuvres des artistes qui n’étaient pas dans le rang finissaient très souvent dans les caves. Aujourd’hui, dans la mondialisation occidentalisée, on a l’impression d’être absolument libre, mais les œuvres des artistes ne suivant pas certains codes conceptuels ou « installationnistes » se retrouvent aussi souvent dans les caves ! Je sais de plus en plus que je vais devoir me battre et affronter de nouveaux défis en rentrant en résistance. Ce n’est pas toujours facile parce que cela peut parfois décourager, surtout que l’Afrique reste encore marginalisée dans la visibilité de ses créations artistiques sur le plan mondial (Combien d’œuvres d’art contemporaine africaine sont-elles présentées dans les musées en Occident ?). Cependant, m'étant toujours sentie très déterminée, je vais donc continuer ce combat artistique dans le même sens, et surtout ne pas commencer à me taire en tant que femme, africaine, noire, et fière de l’être ! Bien à vous, Rhode Bath-Schéba Makoumbou Artiste plasticienne du Congo Brazzaville. http://www.rhodemakoumbou.eu Bruxelles, le 1 décembre 2010 |
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