Français HdA au Brevet 3e1
Objet d’étude : L’art engagé contre le racisme et les discriminations
  
Étape 1 : Présentation générale de l’œuvre
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 La reproduction interdite
René Magritte, 1937.
| Présenter l’œuvre
| « Le reflet » est une nouvelle contemporaine de Didier Daeninckx, publiée dans le recueil Main courante en 1994.
| Présenter l’artiste
| Didier Daeninckx, né en 1949 en région parisienne, est un journaliste et écrivain français, auteur de romans policiers noirs, de nouvelles et d'essais.
Issu d'une famille modeste, il prend choisit d'orienter son œuvre vers une critique sociale et politique au travers de laquelle il aborde certains thèmes d’actualité et d'autres d'un passé parfois oublié (comme le massacre des Algériens à Paris le 17 octobre 1961). Ancien communiste et proche des milieux d'extrême gauche, Didier Daeninckx s'est engagé à de multiples reprises et sans concession pour dénoncer les travers de la société contemporaine. Il a souvent été critiqué pour cela.
| Présenter contexte
| Le prix Paul Féval de Littérature populaire lui est attribué en 1994 pour l'ensemble de son œuvre. Ses romans sont aujourd'hui traduits dans une vingtaine de langues.
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Étape 2 : Description détaillée de l’œuvre
| VOCABULAIRE à maîtriser Vocabulaire de l’œuvre :
éructer, agonir, Führer, salamalecs, ourlé, autarcie, allégeance, toubib, Valium, Témesta, Aryens, sommité, billard,… à compléter avec les mots dont vous ne connaissez pas (bien) le sens : Vocabulaire technique pour parler de l’œuvre :
nouvelle, chute, implicite, ironie, incipit, statut du narrateur externe, point de vue du narrateur omniscient, niveau de langue familier voire grossier, péjoratif, sens propre/sens figuré, métaphore, les classes grammaticales
| Description technique
| « Le reflet est une nouvelle courte de 45 lignes. Elle est centrée sur un personnage. Comme la plupart des nouvelles, elle se finit sur une chute qui surprend le lecteur. En tant que nouvelle contemporaine, elle porte un regard sur le monde d’aujourd’hui.
| Observation
| Le personnage principal de cette nouvelle est un riche propriétaire terrien, aveugle, irascible et profondément raciste. Il vit dans un château où il règne en véritable tyran sur tous les gens qui sont à son service. Il choisit ses employés selon leur couleur de peau : il refuse catégoriquement toute personne dont il peut penser, au toucher, qu'elle est noire.
Le médecin qui s’épuise à son service, 24 heures sur 24, lui annonce qu’il peut recouvrer la vue grâce à une nouvelle technique chirurgicale. Lorsqu’il ouvre enfin les yeux, il voit un Noir en face de lui et, paniqué, se met en colère. Or, le médecin lui explique qu’il a en face de lui un miroir : il s’agit de son reflet.
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Étape 3 (la plus personnelle) : Analyse de l’oeuvre
| Expliquer le sens de l’œuvre
| Il croit à la supériorité de l’argent sur tout le reste et n’a aucune considération pour l’être humain qu’il a en face de lui. Il est désagréable et considère que tous doivent être disponibles pour lui. Il ne laisse pas de répit à ses employés.
« Enfants de pute » appartient au niveau de langue grossier et « Foutez-le dehors » au niveau de langue familier par exemple. Ces expressions soulignent l’irrespect de cet homme à l’égard des autres, ainsi que la violence quotidienne de son comportement envers ses employés.
Le personnage est d'abord désigné par le pronom personnel « il » puis par les groupes nominaux suivants : « le porc, l'ordure, le Führer », « l'aveugle », « le vieux », « son patient ».
On peut constater que ce sont souvent des termes excessivement péjoratifs et qu'il est détesté de son entourage. Le pronom « on » laisse supposer que le narrateur est l'un des employés mais il peut s'immiscer dans les pensées des personnages. En effet, lors des entretiens d'embauche, il décrit les penses des employés éconduits. Le récit est donc écrit selon un point de vue omniscient : le narrateur sait tout et choisit ce qu’il veut dire au lecteur. Le vieil aveugle apprend donc qu’il est noir. Le miroir est un élément objectif qui le met en face de cette réalité, qu’il n’aurait pas crue.
Ce retournement de situation est ironique, puisque le vieillard va réaliser que son dégout des Noirs devrait également s'appliquer à sa personne.
La métaphore de l’aveugle est dans ce sens intéressante : cet homme est aveugle au sens propre mais aussi au sens figuré car il refuse de voir qui il est vraiment. L'adjectif "terrorisé" désigne le vieil homme à la fin de la nouvelle, lorsqu’il se retrouve face à un Noir. Cela nous apprend qu’être raciste, c’est avant tout avoir très peur de l’autre, celui qui est différent, que l’on ne connaît pas. Cette peur de l’inconnu entraîne des sentiments et des actes violents, irrationnels.
De plus, le message sous-jacent est que, quand on est raciste, c’est une part de soi-même que l’on n’aime pas, qu’être raciste c’est détester l’humanité. L'auteur cherche à dénoncer le racisme bien sûr, mais aussi l'inhumanité dont le vieillard fait preuve en traitant ses employés de façon honteuse.
| Exprimer ses émotions et donner son avis
| Après avoir choqué le lecteur à l’aide d’un vocabulaire grossier et d’un portrait de personnage odieux, comparé à Hitler, l'ironie et l'humour sont bel et bien des armes utilisées par l’auteur pour dénoncer certains travers (= défauts, vices). L'homme est alors tourné en ridicule et la critique, la dénonciation sont convaincantes. Exprimer des émotions personnelles et un jugement à la lecture de ce texte :
| Comparer / Élargir
| On peut rapprocher cette nouvelle d’une petite huile sur toile peinte par René Magritte en 1937 : La reproduction interdite, exposée au musée Boijmans-Van Beuningen à Rotterdam.
Dans ce tableau, le reflet de l’homme qui se regarde dans un miroir est inversé : on le voit de dos, donc son visage n’apparaît pas. Seul le personnage a un reflet inversé ; le livre posé a, lui, un reflet réaliste. C’est pourquoi cette œuvre appartient au mouvement surréaliste, qui détourne le quotidien, la réalité. Un sentiment étrange envahit alors le spectateur de la toile.
Le thème du miroir est le point commun entre les deux œuvres : le personnage ne peut (ne veut ?) pas voir qui il est, son vrai visage, sa vraie nature.
L’expression « ne pas pouvoir se regarder en face / dans un miroir » est ici parfaitement illustrée, puisqu’elle est utilisée quand on a commis une mauvaise action qui nous fait honte à nous-mêmes, et qu’on n’arrive plus à vivre normalement après ça.
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Œuvres liées
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