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Je vais tenter par ma pratique artistique de répondre à trois des points sur « l’art et l ‘écologie humaine des cavernes aux friches industrielles » à savoir : les lieux de l’art, les techniques, les matériaux, les supports et ma conclusion tentera une réponse sur la place de la création artistique dans l’organisation sociale. J’ai nommé cette contribution : L’ARTISTE UN PRECURSEUR DE L’ECOLOGIE HUMAINE PAR LE REGARD QU’IL PORTE SUR LE MONDE J’ai défini ma pratique de sculpteure du vivant par la mise en place de processus, de dispositifs évolutifs, des installations éphémères qui me permettent d’explorer la prolifération incontrôlée de minéraux, d’engrais, de micro-organismes dans la terre dont les changements sont autant de moments nécessaires à l’activation de l’œuvre et à son développement. Sculptures et univers/ espaces sont aléatoires et fragiles. Par la manipulation de matières naturelles mêlées aux graines végétales, aux substances chimiques ou naturelles qui augmentent le rendement des terres, je tente vainement d’en contrôler la disparition et la transformation. Les micros évènements que l’aventure suscite sont essentiels au déploiement du parcours : germinations souhaitées, dessiccations, altérations, cristallisations, moisissures, dégradations, ( odeurs), transmutation, décrépitudes des formes, toutes ces énergies du vivant font partie intégrante de la création dont trois éléments chers à Nadeije Laneyrie-Dagen dans son ouvrage L’invention de la nature : la terre, l’eau, et l’air sont des parties essentielles des processus. Ce sont d’infimes mouvements qui ne cessent de faire et défaire les formes, les expositions s’appréhendent dans la durée, la mise en relation des différents moments dans la lecture des liens entre les cycles successifs. C’est l’observation des bouleversements, la participation des sens, la transformation des espaces, chacun des éléments est une étape essentielle du déchiffrage de l’ensemble, telle une suite d’instantanées, d’une histoire sans fin dont, j’essaie de donner une lecture, par des alchimies incertaines. Je commencerai par délimiter ma pratique de sculpture de processus vivants, par la description des sculptures Les Krônos, afin d’en cerner les enjeux plastiques de formes dans l’espace, des matériaux utilisés, du médium, les questions qu’elle suscite, ces mots qui me viennent au regard des œuvres. J’étudierai les conditions d’existence de ces sculptures, ces installations de processus vivants Aïtre Être, les formes qui précèdent, les matières essentielles et les substances. Ce qui nous conduit à la question de la forme, à l’installation, l’ouverture des formes jusqu’à l’espace et au-delà de ce dernier par la performance recherche ultime de relation au regardeur. 1- LES KRÖNOS, jeu de mot entre planètes et temps, qui sont deux notions qui caractérisent mes sculptures : Es- sens, vitriol, Microcosmos, à force de naître, l’espace du dedans seront décrites, décortiquer sous les angles annoncés des lieux de l’art, des techniques, ses matériaux, et ses supports. Elles sont des formes issues d'un processus vivant physique, elles évoquent en seconde lecture un processus intérieur, qui de cette Intérieur donne un aspect extérieur ; comme si la beauté ne pouvait résulter que de cette intériorité. Ce sens donné volontairement met en question la beauté au sens large, celle de tout, celle qui néglige la pensée pour le tout visuel, une enveloppe vide de réflexion, de sens commun et universelle. Selon Croce, la représentation donnée par l’Art, embrasserait le tout et enfermerait le reflet du cosmos : En elle, chaque chose palpite de la vie du tout et le tout est à la fois elle-même et l’univers, l’univers dans un format individuel et une forme individuelle en tant qu’univers. 1 Ouvrir aussi vers l’espace qui entoure les œuvres, prendre en compte l’espace de monstration, jouer avec les volumes, avec l’espace social du lieu, l’insolence d’une moisissure n’est pas la même dans une école des beaux- arts ou dans un espace de marché encore moins dans une église. 2- Les formes s'ouvrent dans l’espace, l’installation/Aître – être Après avoir définit l’installation dans son contexte historique, et contemporain je m’attarderais sur « d’orges et déjà » une prolifération de 127m d’orge à la galerie Fraich’attitude à Paris, « Kechuapapa » des serres de terre et pommes de terre, auditives et olfactives; puis au projet « Les contres -natures pas si sûrs » cinq installations dans cinq communes autour de Rennes en lien avec le tri sélectif : notre rapport d’humain à nos déchets pour questionner la voie du développement durable. 3-Jusqu’à la performance, l’action :De l’objet à l’espace dans une recherche vers un regard sur le monde mais surtout dans un mouvement vers l’autre, la sculpture devenue installation devait encore se mouvoir pour la relation. Tout œuvre d’art est la trace d’une action, mais cette action elle-même fait autant partie de l’œuvre que l’objet achevé. Princesse de Bretagne est une performance présentée au centre d’art contemporain de la criée à Rennes qui jouxte le marché du centre ville, le lieu de l’oeuvre, les matériaux, la mise en espace/scènes utilisés commentent la société par des métaphores visuelles : la robe constituée de grillage de poule et de cageot, en navets et en tomates est d’une esthétique poussée à la décoration. Elle est accompagnée de métaphores textuelles et de mises en scènes qui mettent en œuvre un rapport social : celui de la représentation du mythe de la Princesse. Elle pose la question de la permanence de l’œuvre d’art par son éphémérité, elle permet de quitter le cadre de l’intime et de jouer l’art en public, dans le marché aux fruits et légumes, lieux incongrus non voués à l’art, face à un public de l’art mais aussi le tout public, la rue. CONCLUSION EN TROIS POINT SUR L’ART ET SON LIEN A L’ECOLOGIE HUMAINE Enfin, je m’attarderai sur la production de sens,pour énoncer ainsi une éthique plastique qui pourrait être en lien étroit avec ce qui rassemble art et écologie humaine : 1-L’art :La sculpture d’aujourd’hui, vers quoi tend-elle ? La sculpture, objet tridimensionnel dans l’espace, n’a cessé d’emprunter de nouveaux visages, de s’étendre à d’autres territoires et de défier ses propres limites ainsi que celles du spectateur. Cette sculpture échappée du socle épouse tous les espaces : de l’atelier au musée, du musée au paysage, du paysage au théâtre et à la danse, autant d'émancipations en relation avec les mutations politiques, sociales, géographiques et économiques. Les nouvelles expériences de la sculpture participent à sa désacralisation (le Bio art par exemple) à la remise en question de son autonomie, à la mise à mal des conventions pour un rapprochement nécessaire entre esthétique (au sens philosophique) et la vie.. L’œuvre d’art se présente comme interstice social à l’intérieure de laquelle ces expériences, ces nouvelles possibilités de vie, s’avèrent possibles : il semble plus urgent d’inventer des relations possibles avec ses voisins au présent que de faire chanter des lendemains. C’est tout et déjà énorme. 2-La non marchandisation de la sculpture, de l’installation et de la performance de processus vivants : un interstice écologique et humain. La sculpture, l’installation et plus encore la performance de processus vivants de natures éphémères, inscrits dans un temps donné placés dans le système global de l’économie, symbolique ou matérielle, régit la société : pour nous au-delà de son caractère marchand ou de sa valeur sémantique. Ce terme d’interstice fut utilisé par Karl Marx pour qualifier des communautés d’échanges échappant au cadre de l’économie capitaliste car soustrait à la loi du profit L’interstice est un espace de relations humaines qui, tout en s’insérant plus ou moins harmonieusement et ouvertement dans le système global, suggère d’autres possibilités d’échanges que celles qui sont en vigueur dans ce système. Les espaces peuvent être libres, les durées s’opposent souvent à celles qui ordonnent la vie quotidienne, favorise un commerce inter -humain différent des zones de communication qui nous sont imposées. 3 –Le concept de liberté humaine : une écologie humaine. Le concept de liberté : consiste à penser par soi-même, l’homme devient lui-même créateur du monde et découvre comment il peut poursuivre la création. Celle-ci n’est pas seulement rétinienne, mais elle est beaucoup plus intérieur e et augure tous les sens physiques et sensibles de l’homme. Mon projet plastique est l’examen des relations entre les êtres humains, l’écoumène, les microcosmes dans le macrocosme et leurs symbioses. En définissant l’art comme expérience, on se donne les moyens d’accorder à ces contextes l’attention qu’ils méritent, au lieu d’enfermer l’esthétique dans un formalisme étroit. L’expérience désigne un événement accompli et un processus ; elle est instant et durée, elle appartient à la vie et à l’art, à l’artiste autant qu’à son public. 1Umberto Eco, L’œuvre ouverte, Editions du Seuil, Paris, 1965 p. 44 |
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