Transcription : Des îles de déchets ?







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Transcription : Des îles de déchets ?

Aujourd’hui, nous allons nous servir de la cartographie pour repérer un phénomène qui s’est considérablement développé ces dernières années, ce sont les masses de plastiques flottant dans les océans. Vous allez le constater, c’est très préoccupant et particulièrement dégueulasse.
La planète est à 70 % couverte par les océans dont voici les trois principaux : l’Océan Atlantique, l’Océan Indien et l’Océan Pacifique. Ces océans sont animés par des courants marins dont vous voyez les plus proches de la surface. Ces courants proviennent de la combinaison de plusieurs phénomènes : la rencontre entre les vents chauds venant des tropiques et les vents froids venant des pôles, l’alternance des zones climatiques, tropicales, tempérées et polaires qui créent des différences de température de l’eau, le degré de salinité des eaux, et la rotation de la Terre. Ces courants marins sont importants, car ils régulent le déséquilibre thermique de la Terre entre les tropiques et les pôles. Et la combinaison de ces courants produit des phénomènes appelés gyres océaniques. Vous voyez sur la carte les cinq principales gyres subtropicales. Ce sont des zones de haute pression où les vents sont faibles et où les courants, influencés par la rotation de la Terre, s’enroulent dans le sens des aiguilles d’une montre dans l’hémisphère nord, et en sens inverse, dans l’hémisphère sud, selon le principe de la force de Coriolis. Ces gyres ont été assez peu fréquentées par les marins. Les vents faibles rendent difficile la propulsion des bateaux et les eaux y sont assez peu riches en nutriments et ne permettent pas de captures de pêche abondantes d’où une relative méconnaissance de ces régions océaniques. L’Océan Pacifique forme à lui seul 50 % des espaces marins mondiaux. Regardons plus particulièrement la moitié Nord de cet océan. Les quatre principaux courants océaniques qui le parcourent sont Kuroshio à l’ouest, Nord Pacifique au nord, California à l’est et Nord Équatorial au sud. Ils entourent la gyre Nord Pacifique. Or dans les années 1980, une étude de l’autorité fédérale américaine chargée de l’étude des océans et de l’atmosphère, la NOAA, a constaté une concentration importante de débris plastiques en correspondance avec cette gyre, et notamment près des côtes japonaises.
En 1997, le navigateur et marin américain Charles Moore, qui est le fondateur de l’Algalita Marine Research Fondation, à la suite d’une traversée de cette gyre, lance l’alerte sur ce qu’il présente comme un nouveau continent marin, rempli d’ordures en plastique. Ce continent est de nature très floue et il occupe une surface estimée entre un million et demi et trois millions et demi de kilomètres carrés. Et on estime la densité de ces zones à environ cinq kilos de plastiques par kilomètre carré, sur une profondeur moyenne de dix mètres, avec des débris jusqu’à 30 mètres, comme vous le voyez sur ce schéma. Et malgré la difficulté à localiser cette zone, les médias la qualifient rapidement d’île de déchets du Pacifique Nord, ou de septième continent, de Vortex de plastique ou encore, de Great Pacific Garbage Patch. Les noms pour définir ce problème écologique majeur évidemment ne manquent pas.

Selon une autre étude plus récente de la NOAA, il ne s’agirait pas d’une, mais de deux zones de convergence des déchets dans le Pacifique Nord dont les concentrations maximales apparaissent là, en orange. La première se trouve à l’Est, entre la Californie et l’archipel de Hawaii, la seconde à l’Ouest, plus proche de la zone japonaise. Et ce sont ces gyres, dont je vous parlais, plus les déchets, qui y viennent former et agglutiner ces amas de plastiques océaniques. Alors d’où vient cette masse de plastique qui flotte à plus de 1000 kilomètres des premières côtes ? Sur les 260 millions de tonnes de plastiques produites chaque année dans le monde entier, on estime que 10 % finit dans les océans. Et le plastique constitue 89 % de tous les déchets solides qui polluent les mers. Alors comment ce plastique arrive-t-il dans la mer ? Il y a quatre catégories de déchets : ceux rejetés directement en mer, c’est-à-dire les débris liés aux activités de pêche, notamment industrielles, comme les filets, les nasses ; les déchets qui viennent des navires, tombés à l’eau par accident ou jetés volontairement ; et ceux qui arrivent de la terre, soit l’essentiel de la pollution, jusqu’à 80 %, c’est-à-dire les déchets du tourisme laissés sur les plages et emportés par le vent ou la mer et les rejets d’eaux usées qui, en période de fortes pluies, déversent des ordures dans les rivières ou directement à la mer.

Regardez cette animation, qui montre le voyage du plastique sur six ans : une fois dans la mer, venant des navires et des continents riverains, les débris de plastiques sont pris et entraînés dans les courants, ils s’y agglutinent, et une fois piégés dans le système des gyres, ils n’en sortent jamais. L’équipe de Moore a évalué la concentration moyenne de plastique par kilomètre carré à 300 000 morceaux dans la gyre, avec des pointes à plus de un million de débris. À titre de comparaison, on estime que la moyenne mondiale est de 13 000 morceaux par kilomètre carré, soit environ 23 fois moins.
L’archipel de Hawaii est très touché par la pollution de plastique, car il est situé directement dans la trajectoire des déchets et à proximité de la gyre. Le Pacifique du Nord n’est pas le seul océan concerné : dans l’Atlantique du Nord on a observé une concentration comparable et compte tenu des gyres océaniques il est très probable que d’autres îles de plastique, de densité comparable existent aussi dans l’Océan Indien et dans l’Atlantique et le Pacifique Sud. Et évidemment, tout essai de cartographie n’est qu’une approximation qui est due à la nature même du milieu aquatique. L’expression « île » est forte, elle contribue à marquer les esprits, mais elle est impropre du point de vue scientifique. Les courants entraînent les éléments marins et ne permettent pas de matérialiser des frontières géographiques ou administratives comme sur la terre ferme. Et de plus, il ne s’agit pas d’une masse solide constituée par l’agglomération de déchets de plastiques, mais d’une zone saturée par des déchets mobiles. Cette mobilité de la zone conduit certains sceptiques à nier l’existence de ces îles de déchets. D’autant que les photos aériennes ou les images satellites n’existent pas parce que la plupart de ces déchets sont de taille très petite, voire microscopique comme vous le voyez sur l’image. Et de plus, le plastique présent en mer ne flotte pas à la surface, mais il est en profondeur.

Alors le problème écologique reste évidemment entier, car ces matériaux plastiques prennent un temps fou pour se dégrader : à peu près 20 ans pour un sac plastique, 450 ans pour une bouteille plastique. Et cette dégradation s’accompagne d’un lent fractionnement de ces déchets en minuscules particules. Et pendant cette dégradation, les animaux marins qui passent là sont piégés par les débris les plus grands comme les sacs ou les filets, ou bien ingèrent les plus petits débris, ce qui les suffoque ou obstrue leur système digestif. Selon le programme des Nations Unies pour l’environnement, les déchets plastiques provoquent tous les ans la mort de plus d’un million d’oiseaux et de plus de 100 000 mammifères marins. De plus, la structure moléculaire du plastique ne disparaissant pas tout à fait, le plastique agit comme une sorte d’éponge absorbant les polluants qui peuvent entrer dans la chaîne alimentaire des animaux et puis ensuite celle de l’homme.
Alors, face à ce problème, est-ce qu’il y a des solutions ? L’une des solutions les plus provocatrices vient d’un cabinet d’architectes néerlandais WHIM. En 2009, le cabinet a proposé de transformer ces faux continents de plastique en véritables territoires. C’est-à-dire transformer le plastique récupéré dans les océans pour en faire une île artificielle appelée Recycled Island. Et l’objectif du projet est triple : d’abord nettoyer les océans des débris plastiques et les transformer en matériaux de construction, ensuite créer de nouveaux espaces destinés à accueillir les populations qui sont chassées par la hausse du niveau des mers, et puis construire de nouvelles formes d’habitats durables, autosuffisants au niveau énergétique. Alors cette île flottante de 10 000 km2 pourrait voir le jour dans le Pacifique où se trouve la plus grosse concentration de déchets et elle pourrait accueillir près de 500 000 réfugiés climatiques. Alors évidemment, l’idée fait sourire, mais elle permet de dénoncer de manière assez provocatrice l’impératif de trouver une solution viable pour accueillir les exilés du climat que l’ONU estime à 250 millions d’ici 2050.

Alors, il y a plus sérieux, c’est le projet américain « Kaisei ». Ce projet a lancé en 2009 et 2010 deux missions de recherche visant à collecter le plus d’informations au sujet des débris plastiques de l’amas du Pacifique pour planifier une véritable opération de nettoyage. Mais cette opération se révèle extrêmement complexe : d’abord, la taille réduite de la plupart des déchets plastiques et leur présence en eaux profondes va nécessiter de nombreux investissements techniques, ensuite une collecte de déchets en pleine mer et en profondeur va consommer une très grande quantité d’énergie, les outils pour collecter des débris si microscopiques risquent à leur tour de menacer la flore et la faune marines, et puis ensuite il y a le coût pour le traitement des déchets collectés. Donc, la solution ne doit pas être plus néfaste que le problème lui-même. Et puis évidemment, il y a la question politique dont je n’ai même pas parlé. Car une grande partie de ces gyres se trouve hors des eaux nationales et des zones économiques exclusives que vous voyez là maintenant sur la carte et aucun État ne veut assumer la responsabilité de ces îles de plastique, ni s’engager dans les coûts d’un éventuel nettoyage des océans.
Voilà, vous le constatez, la voie est étroite pour trouver des solutions, un petit peu comme ce problème des dizaines de milliers de débris de satellites qui flottent en orbite dans l’espace. J’ai voulu par cette petite émission contribuer à la prise de conscience, montrer qu’il faut éliminer les plastiques, tenter de transformer les déchets en ressources. Ce que vous voyez derrière moi c’est une exposition d’art contemporain à Paris dont le thème est justement « Le déchet ». En tout cas, il est indispensable à notre petite échelle, chacun, que nous soyons très vigilants sur l’élimination des plastiques surtout lorsque nous sommes, évidemment, au bord de la mer.
Je vous conseille vivement la lecture de ce livre « Voyage dans l’anthropocène », aux éditions Actes Sud et qui raconte très bien à quel point nous transformons la Terre et le climat. C’est écrit par Laurent Carpentier et Claude Lorius qui est un grand glaciologue français. Et puis vous pouvez retrouver aussi des références de livres en langue allemande sur le site de Arte, le Dessous des Cartes.

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