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Polémiques et débats[modifier] La question de l'homosexualité[modifier] Article connexe : Homosexualité et psychanalyse. Freud renonce progressivement à faire de l'homosexualité une disposition biologique ou une résultante culturelle, mais l'assimile plutôt à un choix psychique inconscient[67]. En 1905, dans Trois essais sur la théorie sexuelle, il parle d'« inversion », mais, en 1910, dans Un souvenir d'enfance de Léonard de Vinci, il renonce à ce terme pour choisir celui d'« homosexualité ». Dans une lettre datant de 1919 écrite à la mère d'une jeune patiente, Freud explique : « l'homosexualité n'est pas un avantage, mais ce n'est pas non plus quelque chose dont [on] doit avoir honte, ce n'est ni un vice ni une dégradation et on ne peut pas non plus la classer parmi les maladies »[Freud 13]. Cependant, des contradictions existent dans l'ensemble de l'œuvre freudienne et l'homosexualité adulte y est présentée tantôt comme immature par blocage de la libido au stade anal, tantôt comme repli narcissique ou encore comme identification à la mère. Freud a en effet affirmé que l'homosexualité résulte d'un « arrêt du développement sexuel »[Freud 14]. Selon Freud, l'homosexualité n'est pas l'objet de la cure analytique. Seule la culpabilité qui l'accompagne peut donner lieu à une névrose[Freud 15]. Enfin, dans une note de 1915 aux Trois essais sur la théorie sexuelle, il explique également que « la recherche psychanalytique s’oppose avec la plus grande détermination à la tentative de séparer les homosexuels des autres êtres humains en tant que groupe particularisé. […] Elle apprend que tous les êtres humains sont capables d’un choix d’objet homosexuel et qu’ils ont effectivement fait ce choix dans l’inconscient »[Freud 16],[68]. « Ni Sigmund Freud, ni ses disciples, ni ses héritiers ne firent de l'homosexualité un concept ou une notion propre à la psychanalyse » conclut Élisabeth Roudinesco[69], même si cette question a divisé les psychanalystes. Selon le critique Didier Eribon, les psychanalystes partageraient un « inconscient homophobe »[70] alors que pour Daniel Borrillo, Freud et certains psychanalystes (tel Jacques Lacan) feraient œuvre d'homophobie en classant l'homosexualité parmi les « inversions »[F 2]. Culture et nature[modifier] Article connexe : Anthropologie psychanalytique. ![]() ![]() Charles Darwin dont Freud admirait les théories. Pour Freud, la culture (Kultur) désigne l'ensemble des institutions qui éloignent l'individu de l'état animal[C 14]. La nature correspond donc aux émotions, aux instincts, pulsions et besoins. L’être humain lutte en permanence contre sa nature instinctuelle et ses pulsions, qu'il tente de réfréner afin de vivre en société, sans quoi l’égoïsme universel amènerait le chaos. Pourtant, Freud opère une confusion constante dans ses écrits entre la civilisation d'une part et la culture d'autre part[C 15]. Plus le niveau de la société est élevé, plus les sacrifices de ses individus sont importants. En imposant la frustration sexuelle surtout, la civilisation a une action directe sur la genèse des névroses individuelles. Le texte de 1929, Malaise dans la civilisation, soutient la thèse que la culture est la cause principale de névrose et de dysfonctionnements psychiques[71]. Par les règles claires qu’elle lui impose, la culture protège l'individu, même si elle exige des renoncements pulsionnels conséquents. Ces contraintes peuvent expliquer qu’il existe une rage et un rejet – souvent inconscients – vis-à-vis de la culture. En contrepartie, la culture offre des dédommagements aux contraintes et sacrifices qu'elle impose, à travers la consommation, le divertissement, le patriotisme ou la religion[C 16]. Dans l'essai « Une difficulté de la psychanalyse » publié en 1917[Freud 17], et dans ses conférences d'introduction à la psychanalyse, écrites pendant la Première Guerre mondiale, Freud explique que l'humanité, au cours de son histoire, a déjà subi « deux grandes vexations infligées par la science à son amour propre »[C 17]. La première, explique-t-il, date du moment où Nicolas Copernic établit que « notre Terre n'est pas le centre de l'univers, mais une parcelle infime d'un système du monde à peine représentable dans son immensité ». La deuxième, selon lui, a lieu quand la biologie moderne – et Darwin au premier chef – « renvoya l'homme à sa descendance du règne animal et au caractère ineffaçable de sa nature bestiale ». Il ajoute : « La troisième vexation, et la plus cuisante, la mégalomanie humaine doit la subir de la part de la recherche psychologique d'aujourd'hui, qui veut prouver au Moi qu'il n'est même pas maître dans sa propre maison, mais qu'il en est réduit à des informations parcimonieuses sur ce qui se joue inconsciemment dans sa vie psychique »[72]. Selon Freud, c'est le « renoncement progressif à des pulsions constitutionnelles » qui permet à l'homme d'évoluer culturellement[73]. La religion[modifier] Se disant « incroyant », Freud est critique vis-à-vis de la religion. Il estime que l’être humain y perd plus qu’il n’y gagne par la fuite qu’elle propose. Selon lui, l’humanité doit accepter que la religion n’est qu’une illusion pour quitter son état d’infantilisme, et il rapproche ce phénomène de l’enfant qui doit résoudre son complexe d’Œdipe : « ces idées [religieuses], qui professent d’être des dogmes, ne sont pas le résidu de l’expérience ou le résultat final de la réflexion : elles sont des illusions, la réalisation des désirs les plus anciens, les plus forts, les plus pressants de l’humanité ; le secret de leur force est la force de ces désirs. Nous le savons déjà : l’impression terrifiante de la détresse infantile avait éveillé le besoin d’être protégé — protégé en étant aimé — besoin auquel le père a satisfait »[Freud 18]. Dans son premier écrit sur la religion, Actes obsédants et exercices religieux, publié en 1907, il explique que le cérémonial liturgique implique obligatoirement des « actes obsédants ». Il parle par conséquent de « cérémonial névrotique ». Selon lui, la « répression, le renoncement à certaines pulsions instinctives semble aussi être à la base de la formation de la religion »[74]. Freud et la phylogenèse[modifier] S'appuyant sur les thèses de Charles Darwin, en 1912, dans Totem et Tabou, Freud explique que l'origine de l'humanité se fonde sur le fantasme d'une « scène primitive » dans laquelle a lieu le meurtre primitif du père comme acte fondateur de la société. Les hommes vivaient en hordes grégaires, sous la domination d'un mâle tout-puissant, qui s'appropriait les femmes du groupe et en excluait les autres mâles. Ces derniers commettent alors le meurtre du « Père primitif », parricide qui explique ensuite le tabou de l'inceste comme élément constitutif des sociétés. Dans Malaise dans la civilisation, Freud décompose l'évolution de l'humanité en trois phases : une phase animiste caractérisée par un narcissisme et un totémisme primaires d'abord, puis une phase religieuse marquée par la névrose collective et enfin une phase scientifique dans laquelle prédomine la sublimation[75]. Cette conception d'héritage phylogénétique a été critiquée par les anthropologues, les historiens[76] et invalidé par la biologie[77]. Freud face à l'antisémitisme[modifier] ![]() ![]() Les ouvrages de Freud ont été brûlés par les nazis qui ont décrété que la psychanalyse est une « science juive »[78]. L'antisémitisme ne pèse pas d'une manière égale durant la vie de Freud, et ce au gré des changements politiques de l'Autriche et l'Allemagne au début du XXe siècle[79]. Le sentiment antisémite joue un rôle déterminant à la fin de sa vie, lorsqu'il doit fuir l'Autriche devant la menace nazie. En effet, en 1933, les œuvres de Freud sont brûlées par les nazis, qui y voient une « science juive » (selon la formule du parti nazi[78]) contraire à l'« esprit allemand » : « Dans l'Allemagne de 1933, après qu'on eut brûlé les œuvres de Freud, il était devenu évident que le régime dirigé par les nazis, qui venaient d'obtenir le pouvoir, ne laissait plus aucune place à la psychanalyse[80]. » Avec l'annexion de l'Autriche par l'Allemagne, de nombreux psychanalystes ont dû cesser leur pratique ou émigrer quand ils n'ont pas été tués ou envoyés dans des camps de concentration parce qu'ils étaient juifs. La ségrégation s'est d'abord développée en Hongrie, notamment sous le régime de Miklós Horthy. Puis, elle s'est propagée en Allemagne dès les années 1920 et en Autriche. Dès lors, la plupart de ceux qui ont survécu ont émigré en Grande-Bretagne, en France, en Amérique du Sud et aux États-Unis. D'autres comme Max Eitingon sont partis pour la Palestine bien avant la création de l'État d'Israël[80]. Henri Ellenberger a fait une étude approfondie de la situation des Juifs dans l'ensemble de la région et a pu affirmer que Freud aurait exagéré l'impact de l'antisémitisme dans sa non-nomination à un poste universitaire de professeur extraordinaire. Il argumente sa thèse de manière documentée[B 46]. Ellenberger n'a jamais été soupçonné ou accusé d'antisémitisme (à la différence de Jung). D'autres historiens considèrent cependant qu'il a minimisé le phénomène à Vienne[81], qui élit un maire ouvertement antisémite en 1897 et le père même de Freud avait été victime d'un acte antisémite, qu'il lui avait raconté, enfant.[82] Dès ses débuts, la psychanalyse freudienne a été accusée d'être une « science juive ». Le professeur Martin Staemmler de Chemnitz écrit, dans un texte de 1933 : « La psychanalyse freudienne constitue un exemple typique de la dysharmonie interne de la vie de l'âme entre Juifs et Allemands. [...] Et lorsqu'on va encore plus loin et que l'on fait entrer dans la sphère sexuelle chaque mouvement de l'esprit et chaque inconduite de l'enfant [...], lorsque [...] l'être humain n'est plus rien d'autre qu'un organe sexuel autour duquel le corps végète, alors nous devons avoir le courage de refuser ces interprétations de l'âme allemande et de dire à ces Messieurs de l'entourage de Freud qu'ils n'ont qu'à faire leurs expérimentations psychologiques sur un matériel humain qui appartienne à leur race »[80]. Pour Lydia Flem, Freud et Theodor Herzl, chacun à leur manière, répondent à la crise identitaire juive, le premier en imaginant une topique psychique, le second en rêvant d'un pays géographique pour le peuple juif[A 9]. |
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![]() | «Addyma, nom antique de l’oued Sebaou», Encyclopédie Berbère, II, 1985, p. 119 | ![]() | «schémas optiques» [Wikipédia], expérience de bouasse du «bouquet renversé», ici repris et modifiés |
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