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Derniers travaux, exil et mort[modifier] Ne se considérant pas comme un écrivain[B 38], Freud est surpris d'obtenir le prix Goethe de la ville de Francfort, en août 1930[A 4]. Puis, il retourne l'année suivante dans sa ville natale de Freiberg pour une cérémonie en son honneur. Dans une lettre du 3 janvier, l'écrivain Thomas Mann s'excuse auprès de Freud pour avoir mis du temps à comprendre l'intérêt de la psychanalyse[B 39]. En 1932, Freud travaille à un ouvrage de synthèse présentant des conférences devant un public imaginaire, « Vorlesungen zur Einführung in die Psychoanalyse » (Nouvelle introduction à la psychanalyse). La même année, il publie, en collaboration avec le physicien Albert Einstein, leur pensée sur la guerre et la civilisation, issue de leur correspondance, dans un essai intitulé « Warum Krieg » (Pourquoi la guerre ?). À Vienne, Thomas Mann, prononce le 8 mai 1936 un éloge et un soutien public à Freud (intitulé « Freud und die Zukunft » : « Freud et l’avenir ») où il explique : « Freud rend sa pensée en artiste, comme Schopenhauer ; il est comme lui un écrivain européen »[A 5], justifiant par ce discours la remise du prix Goethe de Francfort à l'inventeur de la psychanalyse. Freud et Thomas Mann se sont liés d’amitié depuis la publication par l'écrivain de Freud et la pensée moderne (1929) et Chevalier entre la mort et le diable (1931)[35]. À propos du dernier ouvrage de Freud, « Der Mann Moses und die monotheistische Religion » (Moïse et le monothéisme, 1936), Jacques Le Rider explique qu'il « invente une tradition juive du libéralisme et de l'esprit scientifique »[36]. En mai 1933, les ouvrages de Freud sont brûlés en Allemagne lors des autodafés nazis[C 11]. En 1937, Freud semble croire que Mussolini le protège[Freud 10]. Il refuse de s'exiler jusqu'en mars 1938, lorsque les Allemands entrent à Vienne. La Société psychanalytique de Vienne décide alors que chaque analyste juif doit quitter le pays, et que le siège de l'organisation doit être transféré là où réside Freud[A 6]. Ce dernier décide finalement de s'exiler lorsque sa fille Anna est arrêtée une journée par la Gestapo. Grâce à l'intervention de l'ambassadeur américain William C. Bullitt et à une rançon versée par Marie Bonaparte, Freud, sa femme, sa fille Anna et la domestique Paula Fichti peuvent quitter Vienne par l’Orient-Express, le 4 juin. Au moment de partir, il signe une déclaration attestant qu'il n'a pas été maltraité[37]: « Je soussigné, Professeur Freud déclare par la présente que depuis l’annexion de l’Autriche par le Reich allemand, j’ai été traité avec tout le respect et la considération dus à ma réputation de scientifique par les autorités allemandes et en particulier par la Gestapo et que j’ai pu vivre et travailler jouissant d’une pleine liberté ; j’ai pu également poursuivre l’exercice de mes activités de la manière que je désirais et qu’à cet effet j’ai rencontré le plein appui des personnes intéressées, je n’ai aucun lieu d’émettre la plus petite plainte. » Selon son fils Martin, il aurait ajouté, ironique : « Je puis cordialement recommander la Gestapo à tous. »[38]. Pour Michel Onfray, ceci relève du « mythe » et de la légende hagiographique[39]. ![]() ![]() Le Freud Museum de Londres aujourd'hui La famille Freud rejoint Londres, où elle est reçue avec tous les honneurs, notamment par l'ambassadeur américain William Bullit, que Freud connaît depuis quelques années déjà[B 40]. Les deux hommes ont en effet travaillé ensemble à une étude sur le président américain Woodrow Wilson intitulée « Woodrow Wilson: a psychological study » (publiée en 1966). Freud et sa famille s'installent dans une maison au 20 Maresfield Gardens. Il est nommé membre de la Société royale de médecine. Freud reçoit la nomination chez lui, ne pouvant se déplacer, abattu par son cancer et par trente-deux opérations et traitements successifs. Freud meurt dans sa maison de Londres le 23 septembre 1939, à 3 heures du matin, d’un carcinome verruqueux d’Ackerman, à l'âge de 83 ans. À sa demande, et avec l’accord d’Anna Freud, Max Schur, son médecin personnel, lui a injecté une dose, peut-être mortelle, de morphine[17]. Son corps est par la suite incinéré au cimetière de Golders Green et les derniers hommages sont rendus par le docteur Ernest Jones au nom de l'Association internationale de psychanalyse et par l'écrivain Stefan Zweig[D 37], le 26 septembre. Ses quatre sœurs sont par la suite exterminées dans les camps de concentration nazis. Après la mort d'Anna Freud, en 1982, la maison qui avait accueilli la famille en exil devient le Freud Museum[B 6]. Son œuvre : la psychanalyse[modifier] Articles connexes : Psychanalyse et Histoire de la psychanalyse. Le mouvement psychanalytique[modifier] La théorie psychanalytique : la « science de l'inconscient »[modifier] La psychanalyse — dont l'idée a évolué depuis ses débuts, en 1896, aux derniers exposés de la plume de Freud, en 1930 — regroupe trois acceptions selon Paul-Laurent Assoun, qui les reprend de l'article de Freud de 1922 Psychanalyse et théorie de la libido[40]. Le terme désigne en effet d'abord une certaine méthode d'investigation du psychisme inconscient, mais aussi une méthode de traitement (la cure psychanalytique), et, plus généralement une conception psychologique globale touchant à la vision même de l'homme[G 1]. Selon Lydia Flem, psychanalyste et écrivain : « Par la triple voie du personnel, du pathologique et du culturel, c'est de l'insu de l'âme humaine qu'il [Freud] cherche à devenir l'interprète »[A 7]. Le mouvement psychanalytique représente aussi le corpus de théories issues de l'expérience analytique, participant à la conceptualisation de l'appareil psychique et développées depuis Freud. Cette théorie psychanalytique (qui est dite d'orientation psychodynamique, au sein de la discipline psychologique) se fonde d'abord sur les recherches de Freud[G 2] et sur les concepts majeurs qu'il a créés tels que ceux d'« inconscient », de « transfert », de « répétition » et de « pulsion ». Du point de vue de sa méthode d'approche, son objet étant l'inconscient, la psychanalyse est une discipline centrée sur l'observation et non sur l'expérimentation ; elle est donc une « science phénoménale[G 3] » rattachée à la médecine et à la psychiatrie[G 4], mais possédant auprès de celles-ci une autonomie relative[G 5]. Depuis ses premiers écrits fondateurs, Freud considère que la scientificité de la psychanalyse repose sur son objet : l'inconscient. Or, la plupart des critiques envers la psychanalyse lui contestent cette qualification de scientificité. Pourtant, elle est, selon Paul-Laurent Assoun, une collection de connaissances et de recherches ayant atteint un degré suffisant d'unité et de généralité, et donc capable de fonder « un consensus sur des relations objectives découvertes graduellement et confirmées par des méthodes de vérifications définies[G 6]. » La psychanalyse est donc considérée par les freudiens comme une science de la nature car elle repose sur des concepts fondamentaux, notamment celui de pulsion (Trieb)[G 7]. Enfin, la psychanalyse récuse toute métaphysique[G 8]. Développement et influence du mouvement psychanalytique[modifier] Articles détaillés : Psychanalyse dans le monde et Psychanalyse en France. ![]() ![]() Plaque de l'Institut psychanalytique de Berlin (« Berliner psychoanalytisches Institut ») à la Potsdamer Straße, dans le quartier de Tiergarten à Berlin Avec sa conception de l'inconscient, Freud a permis une compréhension des névroses et, au-delà, de la psyché. Les travaux historiques d'Ernest Jones et, plus récemment, d'Henri F. Ellenberger montrent cependant que le concept d'« inconscient » est antérieur à Freud, mais précisent que ce dernier est un précurseur par sa manière de le théoriser, dans sa première topique d'abord, puis dans la seconde. Marcel Gauchet, dans L'Inconscient cérébral (1999) évoque l'idée « révolutionnaire » de Freud, celle d'un « inconscient dynamique »[F 1]. Le mouvement psychanalytique s'est développé d'abord en référence à Freud et à ses proches partisans, puis en opposition à ses détracteurs, tant internes (Carl Gustav Jung, Alfred Adler et Otto Rank parmi les principaux) qu'externes avec entre autres Pierre Janet et certains médecins et/ou psychiatres académiques. Les modalités de formation des psychanalystes se sont formalisées notamment avec son pilier central : l'analyse didactique est instaurée pour la première fois à l'Institut psychanalytique de Berlin[C 12]. Depuis 1967, les psychanalystes dits de la « troisième génération » établissent un retour historique et épistémologique sur ce mouvement. Jean Laplanche et Jean-Bertrand Pontalis (dans Vocabulaire de la psychanalyse) isolent ainsi environ 90 concepts strictement freudiens à l'intérieur d'un vocabulaire psychanalytique contemporain composé de 430 termes[41] alors qu'Alain de Mijolla en dresse un panorama chronologique précis. Le travail de pionnier de Freud a eu un impact sur de nombreuses autres disciplines : sur la psychologie en premier lieu, mais aussi sur la nosographie des troubles mentaux, sur la psychopathologie, sur la relation d'aide, la psychiatrie, l'éducation, la sociologie, la neurologie et même la littérature. À un niveau plus général, Freud est également considéré par certains psychanalystes (comme Wilhelm Reich ou André Green, Françoise Dolto et Daniel Lagache plus tard) comme ayant été celui qui a délivré la parole sur la sexualité et notamment la sexualité féminine, sujets jusqu'alors méprisés par beaucoup de médecins[42]. |
![]() | «post Jugendstil». Pourtant, l'esprit du Jugendstil (…) y culmine une fois encore dans la perfection. L'apothéose et l'adieu aux... | ![]() | «sommes» abondamment documentées et richement illustrées : Histoire Naturelle, Encyclopédie de Diderot et d'Alembert |
![]() | «Addyma, nom antique de l’oued Sebaou», Encyclopédie Berbère, II, 1985, p. 119 | ![]() | «schémas optiques» [Wikipédia], expérience de bouasse du «bouquet renversé», ici repris et modifiés |
![]() | «Wikipedia et les musées / lieux culturels» (Thierry Coudray, Administrateur et trésorier de Wikimedia France) | ![]() | |
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