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Troisième partie : Béziers, une place forte en pleine mutation à l’époque moderne
Le rôle de Béziers, en tant que place forte, évolue lentement au cours de la période étudiée, au fil des transformations et des évènements militaires, politiques et sociales qui ponctuent le XVIIème siècle. En effet, quoi de commun entre la ville aux portes murées, occupée par des mercenaires qui vivent sur la population, fidèle à la dynastie des Montmorency, gouverneurs de la province, qu’est Béziers au début du XVIIème siècle, et la ville de caserne du début du XVIIIème siècle, où on comble les fossés pour aménager une promenade ? Entre ces deux moments, il y a un siècle lourd d’évènements qui ont influé sur la destinée militaire de Béziers et son rôle stratégique.

De plus, si l’étude de la défense locale commence par l’examen de ses aspects matériels et humains, on ne peut comprendre son organisation globale qu’à travers l’étude des transformations conjoncturelles qu’elle subit: temps de guerre ou temps de paix, zone frontalière ou zone de repli et de passage, guerre civile et centralisme royal.

L’organisation de la défense locale est en effet largement tributaire des guerres, des invasions, des innovations stratégiques et techniques, des crises sociales ou économiques et des évolutions politiques.
A) Le temps des troubles
En 1610, le Languedoc se remet à peine des 8 guerres de religions, qui ont ensanglanté la France de 1562 à 1598, qui ont coupé la France entre plusieurs factions, religieuses d’abord, avec des catholiques luttant pour l’unité de la foi, et des protestants revendiquant la liberté de conscience, politique ensuite, avec des groupes modérés, ultra et loyalistes, qui défendaient, conspuaient ou remettaient en cause le pouvoir royal et l’absolutisme naissant. A Béziers, prise par les protestants en 1562, capitale du parti « politique » dans les années 1580, ou modéré, mené, entre autres, par le gouverneur du Languedoc Montmorency – Damville, la vie reprend son cours à la fin du règne de Henri IV. La commune décide par exemple, lors d’une séance du conseil général le 15 juin 1604, de rouvrir les portes du gua et de Saint Aphrodise, fermées pendant les guerres de religion57. Toutefois, la mort d’Henri IV fait craindre la fin de la paix. Le duc de Ventadour, gouverneur de Languedoc, fait armer les places de la frontière58. En 1621, le roi rétablit le catholicisme dans le Béarn, entraînant la rébellion des protestants, notamment dans le Bas Languedoc, ou le duc de Rohan et le comte de Châtillon chassent les catholiques de Montpellier, de Gignac et de Nîmes59. Le roi Louis XIII passe par Béziers pour aller assiéger Montpellier, occupée par les protestants. Il décide de raser la moitié voire les 2/3 des fortifications des villes rebelles, mais demande aux villes « fidèles », et surtout catholiques, de renforcer leurs fortifications. Béziers entretient donc régulièrement ses remparts au début du XVIIème siècle, et s’apprête à supporter un siège, alors qu’elle est occupée par les troupes de Gaston d’Orléans et de Montmorency, qui a détourné le don gratuit des Etats, et levé 12 régiments d’infanterie60, lors des états qui se déroulent à Pézenas en juillet 1632, pour entraîner la Province dans une révolte contre les agissements du «principal ministre » Richelieu  qui cherche à mater les nobles et les communautés privilégiées : il a déjà tenté, par l’édit de Nîmes, en 1629, d’implanter le système des élus pour assurer la levée des impôts en Languedoc, alors que les Etats de Languedoc ont le privilège d’accomplir cette tâche. Montmorency, soutenu par une partie seulement des diocèses (Nîmes, Uzès, Lodève, Saint-Pons, Albi), il perd la bataille de Castelnaudary. Il est décapité peu après à Toulouse. Le frère du roi, Gaston d’Orléans, fait sa soumission à Béziers où il s’est réfugié. Le roi profite de la révolte pour restreindre sensiblement les privilèges de la province, par le biais de l’édit de Béziers d’octobre 1632 : le don gratuit, notamment, est fixé. La citadelle de Béziers est démantelée par les habitants, et détruite par tourbes. Béziers perd donc dans l’affaire son principal ouvrage défensif. Le pouvoir du roi semble alors vouloir réduire la capacité défensive des communautés, par la restriction des moyens matériels de défense et des moyens financiers.
B) influence d’une guerre proche sur la défense locale
Au début des années 30, la France se prépare pour entrer dans la guerre de 30 ans. Début 1635, le duc d’Halwin, gouverneur de Languedoc, met la province sur le pied de guerre, et notamment Béziers, deuxième place fortifiée après la frontière des Corbières. Ainsi, des moyens de prévention sont mis en place contre les attaques surprises : les villages de Lespignan, Vendres et Sérignan doivent allumer les feux en cas d’incursion ennemie, des hommes font le guet sur la tour consulaire, des patrouilles arpentent le chemin de ronde61. Des armes sont distribuées à la population, les fortifications sont restaurées et des demi-lunes aménagées devant les remparts62. En août 1637, quand le comte de Serbelloni attaque la place frontière de Leucate63, les troupes arrivant en renfort se rassemble à Béziers, qui envoie 200 hommes sauver Leucate. La guerre se poursuit, tout au long des années 1630, 1640, 1650, avec le siège de Perpignan, puis l’invasion française de la Catalogne révoltée, qui offre la couronne comtale de Barcelone à Louis XIII, et les sièges de Tortosa, de Lerida et de Puigcerda qui suivent. Les passages de troupe deviennent incessants dans toute la région, un semblant d’organisation fait jour mais la situation devient intolérable pour les villes de passage : en 1638, les consuls sont menacés d’emprisonnement car ils refusent un envoi supplémentaire de miliciens. Les diocèses de Béziers, Narbonne, Carcassonne et Montpellier avancent près de 226 259 livres pour supporter le poids financier de la guerre de Catalogne64. Les communautés languedociennes, lors de la session de novembre 1642, font état des souffrance de la province, totalement dévastée. Grâce à la conquête du Roussillon, la région de Béziers est protégée par un glacis protecteur, mais le poids du financement, de l’approvisionnement et du recrutement de l’armée repose de tout son poids sur la population.

Par ailleurs, la fronde parlementaire et la fronde des princes, entre 1648 et 1653, n’ont pas été sans conséquences : si le gouverneur de Montpellier, D’Aubijoux, ne parvient pas à entraîner la province dans la rébellion de Condé65, les communautés profitent du relâchement de l’étreinte royale : l’édit de Béziers est révoqué en 1649 et les privilèges remis en place, et les consuls de Béziers rachètent à d’Espondeilhan, baron de Puisserguier, la charge de gouverneur de la ville, pour assurer la plénitude des responsabilités militaires. La stabilité de la province est remis en cause par des seigneurs pillards qui agissent dans les montagnes. Ainsi, en 1654, le baron de Leran est décapité en 1654 à Toulouse pour avoir pillé la haute vallée de l’Orb66.
C) Béziers, zone de repli, exempte de menaces ?
En 1659, le traité des Pyrénées est signé après une négociation menée pour les Français par le cardinal Mazarin, pour les Espagnols par le premier ministre Don Luis de Haro, entraînant le mariage de Louis XIV et de l’infante Marie-Thérese d’un côté, l’acquisition par la France du Roussillon, du Conflent et de la Cerdagne d’autre part. Le Languedoc n’est plus une zone frontière. Une ceinture de fortifications construites par Vauban, avec des citadelles telles que Bellegarde et Mont-Louis, ramène Narbonne et Béziers au rang de places secondaires67. Tel sera effectivement leur rôle, un rôle surtout logistique, pour le reste de l’époque moderne. Ce nouveau statut amène de nombreuses conséquences : tout d’abord le caractère fonctionnel des infrastructures défensives s’effacent : en 1659, on installe des glacières dans le bastion protégeant la porte des carmes, en 1696, on supprime le chemin de ronde du rempart sud de la ville, en 1702, on détruit les corps de garde de la porte des carmes pour y faire passer la route royale, et enfin en 1711, on ouvre à nouveau une poterne murée qui permet d’accéder à la promenade aménagée à l’est des remparts. Il est évident que l’aspect fonctionnel et défensif des infrastructures militaires ne paraît plus évident, par exemple les remparts ont pour fonction essentielle, à cette époque, d’empêcher les soldats de sortir de la ville.
Pour autant, Béziers, et le Languedoc, ne sont pas exempts de toute menace :

  • de 1673 à 1675, des bataillons provinciaux sont levés pour combattre les Espagnols

qui ont envahi le Roussillon et la Cerdagne.

  • Dès la fin du XVIIème siècle, la défense des côtes s’organise contre les Corsaires de

Tripoli et Mahon68, et les Anglais qui prennent Trafalgar en 1704 et viennent croiser devant les côtes françaises : un guet de la mer est créé en 1681, une compagnie de gardes-côtes est organisée par le Maréchal de Montrevel, commandant du roi dans la province, en 1703, un plan de défense du littoral élaboré par Basville et Roquelaure en 170969, qui aboutit à la création de redoutes en bord de mer à Leucate, Nouvelle et au Grau d’Agde, dont la construction coûte 511 000 livres aux Etats, et enfin à la création de la milice garde-côte en 171670. en 1711, une incursion anglaise a lieu qui surprend toute la province : 4000 fantassins anglais guidés par un noble biterrois, Monsieur de Saissan, débarquent à Sète, alors que l’armée francaise est engagée dans les Pays Bas, en Italie et en Espagne. La diversion semble fonctionner, les anglais parviennent à occuper le pays de Frontignan à Agde71. Béziers s’arme à la hâte, notamment par la construction de 4 barrières en deçà de l’Orb et l’organisation de rondes par l’évêque, le maire et les consuls, et sert de nouveau de lieu de rassemblement aux secours acheminés par le canal qui repoussent finalement les Anglais.

- Enfin, la question protestante reste préoccupante dans une province qui, tout au long de la deuxième moitié du XVIIème siècle, reste en alerte, craignant un mouvement combiné des protestants réfugiés dans les Cévennes et des Anglais qui croisent au large des côtes. En 1660, 20% de la population languedocienne est encore de religion protestante. A Béziers, la révocation de l’édit de Nantes amène la conversion de 209 protestants et le départ pour le refuge de 34 d’entre eux72. Mais le problème n’est pas réglé. Les protestants se révoltent dans les Cévennes, amenant l’intendant Basville à organiser la répression, les logements chez l’habitant de gens de guerre particulièrement agressifs, les célèbres dragonnades, et le quadrillage des Cévennes par 22 chemins royaux. En 1702, les protestants convertis, appelés « camisards » se révoltent à nouveau et assassinent l’abbé du Chayla, chargé de la conversion des Cévennes. Trois généraux envoyés par le roi, Roquelaure, de Broglie et Montrevel, échouent avant que le Maréchal de Villars obtienne la conversion du meneur des « camisards », Cavalier73.

Toutefois, malgré les menaces persistances, les évolutions évoquées concernant l’utilisation des infrastructures militaires à Béziers sont assez significatives : l’effort de guerre n’implique plus, comme au début du XVIIème siècle, le passage de soudards logés par des habitants, qui maltraitent la population, et l’appartenance à une milice bourgeoise qui assure exceptionnellement la défense de la ville ou même de la province. Au début du XVIIIème siècle, l’armée est enfermée dans des casernes et remplace la milice bourgeoise à la surveillance des portes, « l’impôt du sang » réclamé à la population strictement encadré par le système de la milice, et ce qui pèse le plus sur la population, c’est les impôts, directs et indirects, qui ont quintuplé sous le règne de Louis XIV !

Conclusion
L’étude menée avait pour but d’étudier et de comprendre l’organisation de la défense locale, à travers de multiples éléments : non seulement le choix d’un site bien situé, l’utilisation des infrastructures militaires, la division des responsabilités défensives et la réaction face à des transformations ou des évènements contextuels, mais aussi l’évolution du rôle d’une place forte, au XVIIème siècle, en fonction des évolutions militaires, politiques, sociales, économiques et religieuses contemporaines. Au delà des aspects strictement militaires de la défense d’une ville, j’ai cherché à comprendre à quel point la fonction défensive et la présence militaire pesaient sur une communauté, sur une province, et au delà sur la société dans son ensemble.
J’ai aussi pu m’intéresser à une problématique, la défense urbaine, dans son ensemble et sa globalité, à partir de sources diverses plus spécifiquement concernées à la milice, à l’étape, aux casernes, aux guerres de Louis XIV ou encore aux souffrances des civils. J’ai pu constater à quel point le XVIIème siècle, apogée de la guerre des sièges, avait révolutionné la défense des villes, dont l’organisation au début du XVIIème siècle était encore largement issue de la société médiévale, et de l’autonomie des communes acquise au XIIème siècle. Ainsi, j’ai analysé l’incidence d’un grand nombre d’innovations ou d’évolutions dans tous les domaines de l’Histoire sur l’organisation de la défense locale : la naissance et l’essor de l’absolutisme, la société de guerre continue, la fin de l’âge d’or des citadelles et les conséquences de la construction de la « ceinture de fer » sur les places fortes…
J’ai surtout compris, au delà de la réactivité de cette défense face aux évènements, aux invasions et aux révoltes, le reflet qu’elle donnait de la transformation des institutions, de la poliorcétique et de la société toute entière.
Enfin, au delà de cette problématique très générale, un grand nombre de questions mériterait plus ample réflexion : j’aurais souhaité pouvoir m’intéresser à la compétition entre les intendants et les gouverneurs, au XVIIème siècle, pour exercer les compétences militaires, ou encore faire une étude plus approfondie de la milice bourgeoise, de son organisation et de sa hiérarchie si complète, largement évoquée par les romans d’Alexandre Dumas consacrés aux guerres de religion et à l’époque moderne dans son ensemble.

Index des noms des personnes et des lieux


Agde p. 37, 44, 48

Albi p.41

Alès (ou Alais) p.32

Aubijoux p.42

Aviler, Charles d’ p.27

Barcelone p.42

Basville, Nicolas Lamoignon de p.32, 44

Bellegarde p.43

Berwick, duc de p.35

Béziers (édit de) p.19, 41, 42

Biscaras, Armand Rotondy de p.27, 33

Bonsi, Clément dep.33, 35

Bousquet p.32

Broglie, comte de p.44

Capestang p.22, 23

Carcassonne p.22, 39, 42

Castelnaudary p.41

Cévennes p.31

Charles Martel p.18, 21

Châtillon p.41

Colbert p.36

Collioure p.35

Condé p.42

Corneilhan p.23

Espondeilhan, Cailar d’ p.31, 43

François Ier p.38

Frontignan p.44

Gignac p.43

Haro, Don Luis de p.43

Henri IV p.41

Joyeuse, duc de p.18

La hougue p.37

Lerida p.42

Lespignan p.42

Leucate p.32, 33, 44, 45

Lodève p.41

Louis XIII p.17, 19, 22, 41, 42

Louis XIV p.17, 19, 26, 32, 34, 36, 43, 45, 46

Lunas p.26

Lunel p.26

Mahon p.43

Marie-Thérèse p.43

Mazarin, cardinal de p.19, 43

Medicis, Catherine de p.33

Montmorency (la famille) p.31, 40

Montmorency, Henri II dep.18, 19, 31, 33, 41

Montmorency-Damville p.18, 26, 41

Montpellier p.18, 23, 25, 26, 31, 39, 41, 42

Montrevel, Maréchal de p.43, 44

Nantes (édit de) p.19, 27, 44

Narbonne p. 23, 24, 26, 33, 34, 35, 42, 43

Nîmes p.18, 26, 32, 41

Nouvelle p.44

Orléans, Gaston d’ p.31, 41

Oupia p.39

Perpignan p.37, 38, 39, 42

Pézenas p.41

Puigcerda p.42

Richelieu, Armand Jean Du Plessis, cardinal-duc de p.19, 31, 32, 41

Rohan p.35, 41

Roquelaure p.44

Saint-Pons p.41

Saissan, comte de p.44

Halwin, Schomberg, duc de p.31,38,41

Serbelloni, comte de p.42

Sérignan p.42

Sète p.32, 35, 44

Sigean p.39

Solas, Louis Hercule de p.31

Sommières p.26

Strozzi, Laurent de p.33

Sublet des Noyers p.36

Tortosa p.42

Toulouse p.18, 41, 44

Tripoli p.43

Uzès p.41

Vendres p.42

Ventadour, Anne de Levis, duc de p.41

Villars p.44

Villeneuve p.23

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