Analyser et expliquer des données statistiques L’objectif consiste à lire et interpréter une représentation chiffrée, sous forme de tableau ou de graphique, à comparer des données, décrire et caractériser une évolution.
La démarche s'apparente globalement à une explication de texte : présentation de la problématique, présentation du document (sources, etc.), analyse, interprétation, conclusion.
Types de données statistiques
Les statistiques sont des informations chiffrées qui permettent de quantifier une (ou des) observation(s) précise(s). On peut distinguer plusieurs types de données statistiques :
• les statistiques descriptives qui décrivent un ou plusieurs phénomènes :
• les statistiques d'évolution (par exemple, l'évolution du prix du pain) ;
• les statistiques de répartition (par exemple, la répartition entre les postes de dépenses dans le budget d'un ménage) ;
• les statistiques de comparaison (par exemple, l’évolution des prix du pain bis, de la viande de bœuf et des salaires) ;
• les statistiques analytiques, qui visent à déterminer des relations de causalités entre des séries statistiques (ex. : évolution du prix du blé et de la mortalité) ;
• les statistiques inférentielles, qui cherchent à déterminer l’évolution dans le temps d’une série statistique.
Vocabulaire
Indice Nombre indiquant le rapport entre une quantité ou un prix à une période donnée et une quantité ou un prix à une date choisie comme base (la quantité ou le prix de la base recevant le nombre 100). Montre avec clarté l'évolution d'un prix ou d'une production.
Taux Proportion dans laquelle intervient un élément, pourcentage.
Calculer un indice
Exemple : Calculer l'augmentation de l'indice du prix du pain entre 1815 et 1830… Ce calcul nous permettrait de comparer l'évolution du prix du pain à celle des salaires ou à celle de la mortalité.
• Choisir une période de référence, ici une année (1815)…
• Attribuer au prix moyen de cette année-là la valeur 100 (l'indice 100).
• L'indice d'une autre année se calcule ensuite en divisant le chiffre de l'année par celui de l'année de référence, et en multipliant par 100.
- Prix du pain en 1815 (0.20 franc) = 100
- Prix du pain en 1830 (0.30 franc) = 0,30 : 0,20 = 1,5 x 100 = 150
• Le prix du pain est ici à l'indice 150 en 1830 par rapport à 1815.
Calculer un pourcentage
• Multiplier le chiffre dont on calcule le pourcentage (par exemple la production de charbon du Royaume-Uni en 1850, soit 40 – ici on sous-entend milliers de tonnes) par 100.
• Diviser le résultat par le chiffre global (par exemple la production mondiale de charbon en 1850, soit 80) :
40 x 100 = 4000 ; 4000 : 80 = 50
• Le Royaume-Uni produit 50 % du charbon mondial en 1850.
Introduction
Problématique : Le titre du tableau nous indique l'objet de l'étude ; à partir de là, il faut se demander quelle est la question que pose ce tableau.
Nature et sources : la source nous indique qui a recueilli les informations et à quelle date.
Le contexte : Le contexte est une reconstitution raisonnée des éléments et des événements qui permettent d’éclairer le document. Il suppose une compréhension de celui-ci et le choix d’un axe de lecture.
Limitez-vous aux éléments utiles à la compréhension des données statistiques.
Lire des données statistiques
La lecture du tableau peut se faire colonne par colonne, puis ligne par ligne, mais son objet est souvent la mise en relation des colonnes et des lignes.
Le lecteur doit observer si ces données ont été acquises par sondage, estimation, comptage ou recensement. Il doit apprécier si elles sont le fruit de calculs, si elles expriment des hypothèses ; une lecture attentive des entrées du tableau suffit le plus souvent. Le lecteur est ainsi en mesure de s'interroger sur le sens des chiffres.
Il faut repérer les unités employées, qui peuvent être exprimées soit en valeurs brutes (francs, kilogrammes, etc.), soit en valeurs relatives (indices, % ou ‰).
En fonction du type de données, la lecture est plus ou moins complexe :
• dans le cas de statistiques d'évolution, la lecture des données suit le cours des années (par exemple, les variations de prix du pain) ;
• en présence de statistiques de répartition, vous observerez l'écart entre les données (par exemple, les différences de dépenses concernant les transports, l'alimentation ou l'habillement d'une famille) ;
• les statistiques de comparaison exigent une lecture selon les deux axes (en colonnes et en lignes) : on observe, par exemple, l’évolution du prix du pain et celle du prix de la viande, puis on compare les écarts entre ces deux courbes.
Construire un graphique
La construction d'un graphique peut faciliter le travail de lecture et d'interprétation. Il existe différents types de graphiques et chaque type engage un éclairage particulier.
Voici les principaux types de graphiques :

| L'histogramme ou graphique-barres est conçu pour figurer des données en série discontinue ; il invite à lire et interpréter une situation, l'évolution d'un phénomène ou l'évolution de plusieurs phénomènes combinés sur une barre cumulée.
Répartition des fortunes (déclarées) en Suisse en 1991 (non compris les contribuables sans fortune nette, soit 33% de la population)
(Source : Annuaire statistique de la Suisse, 1997)
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La courbe traduit une série continue de données : elle permet de lire les tendances et les ruptures. Plusieurs courbes permettent en outre une comparaison.
Répartition des sièges lors des élections au Conseil national (partis principaux, 1983-1995)
(Source : Annuaire statistique de la Suisse, 1997)
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| Le graphique circulaire permet de visualiser une répartition à l'intérieur d'un ensemble (proportions, rapport de forces).
Répartition des élèves d’un gymnase vaudois (Morges) selon le sexe (févr. 1997)
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| ClarisWorks, CricketGraph et surtout Excel permettent de réaliser facilement ces types de graphiques et de les présenter de façon agréable. D'autres logiciels permettent de produire des graphiques illustrés (par exemple PictOGraph).
Lire un graphique
Lire un graphique c'est voir
• l'allure générale du graphique (les courbes sont-elles parallèles ou non, ascendantes ou descendantes ?) ;
• les différentes parties du graphique (quand y a-t-il croissance, décroissance, stagnation ? quelle est la répartition ?) ;
• les dates autour desquelles les tendances changent de direction (sont-elles les mêmes pour les différentes données observées ?).
Interpréter des données statistiques
Interpréter des statistiques, c'est utiliser le cours et les connaissances acquises pour proposer des remarques et des explications.
Conclure
On peut se demander ce que nous apprennent ces données statistiques sur la société évoquée, sur l’évolution d’un phénomène, sur les liens entre économie et politique, etc.
Sources : Lambin Jean-Michel (dir.), Histoire seconde, Hachette (éducation), 1996, pp. 263-265
SALINERO Grégoire, FRANÇOIS Pascal, THILLAY Alain, Histoire, Géographie au Collège, Belin (Guide Belin de l’enseignement), 1996, pp. 91-93
La mobilité dans la région de Morges Décrivez, puis commentez le graphique ci-dessous. Montrez enfin quelles ont été les causes de l’évolution des effectifs et les conséquences de cette évolution pour l’aménagement de la région morgienne.  Source : Bulletin OFAT, 3/85 IntroductionProblématique : Ce graphique pose la question de l'évolution de la mobilité et de sa signification. Nature et sourcesStatistiques descriptives. Source : Département (fédéral) de Justice et Police, Bulletin de l'Office fédéral de l'aménagement du territoire, mars 1985 Le contextePériode de haute conjoncture, développement de la société de consommation, etc. LectureOn constate une augmentation linéaire (constante) et prononcée des voitures de tourisme en Suisse entre 1960 et 1980. Alors qu'en 1960, un Morgien sur dix en moyenne possédait une voiture de tourisme, le rapport s'établit à 1/5 vingt ans après. Le phénomène est comparable à la moyenne nationale, bien que les effectifs morgiens soient toujours sensiblement plus faibles. Dans le même temps, deux communes périphériques morgiennes ont vu leurs effectifs pour 1000 habitants passer de moins de 100 véhicules à plus de 600 et s'établissent ainsi bien au-dessus des chiffres du centre morgien et même au-dessus de la moyenne suisse. Il faut cependant noter une nuance de taille : Vufflens-le-Château, en raison de son éloignement du centre, a vu ses effectifs augmenter plus tôt que Tolochenaz. CommentaireLa bonne conjoncture des années 60-80 a permis aux ménages suisses comme à ceux de la région morgienne d'améliorer leur niveau de vie. Ils ont ainsi accédé à plus de biens de consommation et en particulier à la voiture (moyen de transport indépendant/plus de liberté). La statistique éclaire aussi le phénomène de péri-urbanisation (les villes à la campagne). La population citadine aspire en effet à plus de calme, plus de verdure, bref, un cadre de vie plus agréable et donc acquière une résidence principale ou secondaire à la campagne. La rapidité du phénomène laisse les municipalités complètement démunies. Elles sont incapables d'offrir des infrastructures indispensables aux nouveaux habitants. Aussi le manque de services et d'emplois aux périphéries entraîne l’achat d’un deuxième véhicule par ménage. Cela explique la pente encore plus forte des courbes de Vufflens et Tolochenaz à partir de 1965 pour le premier et 1970 pour le second, puisque le besoin s'est fait ressentir plus tôt dans la commune la plus éloignée du centre morgien ou/et que la construction de maisons résidentielles s’est faite plus tard. En revanche, l'offre en transports publics à Morges (gare CFF, bus) a limité cette demande de transport individuel. Cela explique des chiffres légèrement inférieurs à la moyenne nationale. Par ailleurs, Morges constituait déjà en 1960 un petit centre économique créateur d’emplois ; la proximité de ces emplois a amené certains Morgiens à différer l’achat d’une voiture. Les passages obligés de votre commentaire- amélioration du niveau de vie, augmentation du pouvoir d'achat - plus grande mobilité - émigration dans les périphéries des villes - mouvements pendulaires travail et services - transports publics à Morges - conséquences : la péri-urbanisation, parkings, réseau routier Maladresses à éviterA/ Le fait de tout analyser séparément ne permet pas d'avoir une vision synthétique. Il faut montrer ce qui est comparable et ce qui est différent tout en mettant en lumière les nuances. B/ Le fait de ne pas comparer les trois courbes d'évolution dans la région morgienne avec CH constitue un défaut important. La moyenne CH constitue la somme des particularismes ; elle représente la tendance générale à partir de laquelle il faut raisonner. La population de Préverenges, exercice d’analyse statistique prospective Considérez cette double projection (*) de l’évolution de la population de Préverenges. Quelles décisions d’aménagement sont à l’origine de chacune des deux évolutions possibles de la démographie de Préverenges ? Accessoirement, pouvez-vous dire si ces décisions sont plutôt du ressort de la Commune (internes) ou plutôt externes à la Commune ?  Dans le cas d'une forte augmentation de la population, la Municipalité de Préverenges est partie de l'hypothèse d'une reprise économique, d'une baisse durable des taux hypothécaires et de l'attrait toujours intact de cette commune (proximité du lac, etc.) pour prendre une décision capitale en terme d'aménagement : créer 2 plans de quartier sur une zone intermédiaire.
Dans le cas d'une stabilisation de la démographie, la Commune renonce à instaurer un nouveau plan de quartier. La population évolue jusqu'à saturation des logements disponibles ou densification de l'habitat.
Ainsi, le facteur principal de l'augmentation de la démographie communale est une décision d'aménagement (aspect volontariste). Cette décision va attirer les promoteurs immobiliers, puis la population. Il ne s'agit en aucun cas de facteurs extérieurs.
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