Chronologie de la civilisation occidentale Les origines de la civilisation occidentale sont récentes. Elles ne datent que de quelques millénaires. Celles de l'Univers sont beaucoup plus anciennes.
L'âge de l'Univers serait de 20 milliards d'années et celui de la Terre de 4,5 milliards d'années. L'origine de la vie daterait de 400 millions d'années1 et l'apparition de l'Homo sapiens sapiens de 40000 ans.
Si « le premier janvier marque l'origine de la terre, les premières traces de vie y apparaissent vers le 7 août tandis que les premiers vertébrés naissent vers le 24 novembre. Les premiers mammifères entrent en scène le 9 décembre. Les premières formes annonçant l'homme se manifestent, quant à elles, lors des trois derniers jours de l'année.2 »
« Si nous devions faire l'histoire de la terre, jour après jour, année après année, depuis sa formation au sein du système solaire, il y a 4,5 milliards d'années et que nous disposions d'un seul livre, d'exactement 1000 pages, chaque page correspondrait à 4,5 millions d'années. Près du premier quart de cet ouvrage, soit 220 pages, décrirait la lente apparition de conditions propices à l'éclosion de la vie après que la condensation des gaz eut formé notre planète en ébullition. A ce moment, des sphérules gélatineuses indéniablement vivantes, quoique très primitives, auraient pu s'observer au sein de la masse fluctuante des océans à haute température. Mais il faudrait attendre que nous ayons feuilleté les trois quarts du texte avant de voir la vie des mers prendre l'aspect familier qu'elle a à nos yeux : l'apparition des poissons remonte à 500 millions d'années ; une des phases les plus étranges de l'histoire du globe, celle qui inspire le plus d'effroi, l'âge des dinosaures, occuperait quelque 30 pages, couvrant la période comprise entre 225 millions et 70 millions d'années avant nos jours, époque à laquelle ces animaux disparurent avec une soudaineté inhabituelle et furent remplacés par les mammifères. C'est à cette époque, voilà 70 millions d'années, que les premiers primates se développèrent, petits animaux semblables à des rats qui abandonnèrent la vie au sol pour devenir arboricoles : grands singes, petits singes et humains dérivant de ces modestes mammifères initiaux. [...] Le plus lointain ancêtre identifiable de l'homme (le premier hominidé) surgit 3 pages avant la fin du livre, il y a environ 12 millions d'années : c'est le Ramapithecus. La lignée Homo émerge au bas de l’avant-dernière page, tandis que les premiers outils de pierre apparaissent au milieu de la dernière page. Pour finir, l'histoire des hommes actuels se trouverait comprimée tout entière dans la dernière page de l'ouvrage : l'art et le symbolisme des peintures rupestres de l'âge de pierre, l'avènement de l'agriculture, l'exaltation intellectuelle de la Renaissance, les bouleversements de la révolution intellectuelle, les pressions exercées par les supergrands, la genèse de l'astronautique et tous les événements qui constituent notre histoire récente, devraient rentrer, se télescoper dans le dernier mot.3 »
Tiré de TESSIER Yves, Histoire de la civilisation occidentale, Montréal, Guérin, 1995, p. 10 Les trois temps de l'histoire Ce livre [La Méditerranée dans le monde à l’époque de Philippe II] se divise en trois parties, chacune étant en soi un essai d'explication.
La première met en cause une histoire quasi immobile, celle de l'homme dans ses rapports avec le milieu qui l'entoure ; une histoire lente à couler et à se transformer, faite bien souvent de retours insistants, de cycles sans fin recommencés. […]
Au-dessus de cette histoire immobile, une histoire lentement rythmée […] une histoire sociale, celle des groupes et des groupements. Comment ces vagues de fond soulèvent-elles l'ensemble de la vie méditerranéenne ? Voilà ce que je me suis demandé dans la seconde partie de mon livre, en étudiant successivement les économies et les États, les sociétés, les civilisations, en essayant enfin, pour mieux éclairer ma conception de l'histoire, de montrer comment toutes ces forces de profondeur sont à l'œuvre dans le domaine complexe de la guerre. Car la guerre, nous le savons, n'est pas un pur domaine de responsabilités individuelles.
Troisième partie enfin, celle de l'histoire traditionnelle, si l'on veut de l'histoire à la dimension non de l'homme, mais de l'individu, l'histoire événementielle de François Simiand : une agitation de surface, les vagues que les marées soulèvent sur leur puissant mouvement. Une histoire à oscillations brèves, rapides, nerveuses. Ultra-sensible par définition, le moindre pas met en alerte tous ses instruments de mesure. Mais telle quelle, c'est la plus passionnante, la plus riche en humanité, la plus dangereuse aussi. Méfions-nous de cette histoire brûlante encore, telle que les contemporains l'ont sentie, décrite, vécue, au rythme de leur vie, brève comme la nôtre. Elle a la dimension de leurs colères, de leurs rêves et de leurs illusions. […] Un monde dangereux, disions-nous, mais dont nous aurons conjuré les sortilèges et les maléfices en ayant, au préalable, fixé ces grands courants sous-jacents, souvent silencieux, et dont le sens ne se révèle que si l'on embrasse de larges périodes du temps. Les événements retentissants ne sont souvent que des instants, que des manifestations de ces larges destins et ne s'expliquent que par eux.
Ainsi sommes-nous arrivés à une décomposition de l'histoire en plans étagés. Ou, si l'on veut, à la distinction, dans le temps de l'histoire, d'un temps géographique, d'un temps social, d'un temps individuel.
BRAUDEL Fernand, Écrits sur l’histoire, Champs Flammarion, 1984 (1ère édition 1969), pp. 11-13
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