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Vers la poésie moderne : * Nerval : Les Chimères (1841-1853) « La syntaxe [y] est limpide et le poète semble énoncer des évidences, mais il utilise un système de référence dont lui seul à la clef. L’emploi de l’article défini accentue l’impression du mystère (…) Les sonnets des Chimères semblent nous révéler des vérités lumineuses, mais nous en dissimulent le sens profond et les questions posées sont d’autant plus irritantes que ces sonnets touchent à des domaines essentiels de la destinée humaine. » * Hugo : Les Contemplations. « L’œuvre tient la gageure de rassembler la totalité des ambitions poétiques du Romantisme. A la fois autobiographique (« Mémoires d’une âme », dit la préface) et didactique - il s’agit de révéler à tous les secrets de l’univers et de la destinée humaine - , le recueil mêle tous les tons. » * Baudelaire : Les Fleurs du Mal. « A partir d’un même itinéraire autobiographique, de la naissance du poète (« Benediction ») à sa mort (« La Mort des artistes » et « Le voyage »), Baudelaire emprunte de toutes autres voies, explore d’autres contrées de l’univers intérieur.(…) Baudelaire pourtant saura faire éprouver un « frisson nouveau » (V.Hugo) en restant pleinement romantique dans un recueil dominé par la révolte et l’ennui, où la tragique division de l’homme s’exprime par deux mots qui fournissent le titre de la 1ère et plus importante section « Spleen et Idéal ».
« Il [Baudelaire] devait plus qu’un autre sentir les insuffisances de la poésie traditionnelle, soumise quoiqu’on fasse à l’héritage classique ». « Pour être entièrement moderne, la poésie devait se libérer de ces contraintes, la forme s’adapter totalement à de nouvelles sources d’inspiration est la vie urbaine. » « Dans sa préface-dédicace de 1862, Baudelaire refuse ces artifices : il rêve, pour sa part, « d’une prose poétique, musicale sans rythme et sans rime, assez souple et assez heurtée pour s’adapter aux mouvements lyriques de l’âme, aux ondulations de la rêverie, aux soubresauts de la conscience. » Métamorphoses du récit.
« Le roman avait, sur d’autres genres littéraires, un avantage : inconnu d’Aristote, il n’avait pas de normes et n’était même pas reconnu comme genre au début du siècle. De là une facilité à servir la « liberté dans l’art » si souvent revendiquée, mais aussi une disposition à servir de cible aux adversaires de la jeune école. » « La prolifération des œuvres romanesques s’accompagne en effet, d’un renouvellement des thèmes . »
Le roman moderne apparaît avec Le Rouge et le Noir, 1830 qui a pour sous-titre « Chronique de 1830 » et La Peau de chagrin de Balzac, 1831 . « L’entrée du jeune homme dans la société, tel est bien le thème dominant du roman nouveau : Le Père Goriot, Illusions perdues (…).La nouvelle aventure n’est plus la conquête du vaste monde d’où le héros revient adulte après avoir subi des épreuves ; c’est la conquête d’une position sociale, l’initiation à un monde qui n’est pas seulement celui des adultes, mais un monde nouveau et inconnu. Dans un tel roman, la place laissée à l’amour est nécessairement restreinte. » « C’est dans la peinture de la société (…) la découverte de son fonctionnement, la compréhension et ses lois cachées qui solliciteront l’attention du romancier et feront de ce roman, en particulier chez Balzac, un roman historique et philosophique. » * Balzac « En imaginant de faire reparaître les mêmes personnages dans différents romans, Balzac se donnait, en 1835, les moyens de représenter une vue d’ensemble de la société de son temps. L’avant-propos de La Comédie humaine, en 1842, s’efforce de faire toute la lumière sur ses intentions. Parti d’une observation à caractère scientifique : « une comparaison entre l’Humanité et l’Animalité », et d’un ferme déterminisme : « La société ne fait-elle pas de l’homme, suivant les milieux où son action se déploie, autant d’hommes différents qu’il y a de variétés en zoologie ? » Balzac, L’avant-propos de La Comédie humaine. * Stendhal. « L’aventure sociale, pour Stendhal est d’abord une recherche individuelle, « égoïste » où il s’agit moins, pour Julien Sorel, Lucien Lewen ou Fabrice del Dongo, de se faire une place que de s’affirmer à leurs propres yeux et de trouver le bonheur.(…) Le romancier pousse à la limite l’individualisme, le subjectivisme, hérités des Idéologues, pour rechercher la réalité, non dans le monde extérieur, mais dans la perception et la représentation d’un personnage (…) le lecteur, souvent perplexe, ne connaît des événements que ce qu’en perçoit le héros dont, à ce moment, Stendhal a choisi de donner « le point de vue ». La collaboration ainsi demandée au lecteur amène à considérer les personnages Stendhaliens comme il considérerait des êtres réels, avec les mêmes pans d’ombre qui laissent subsister les mêmes interrogations : de tous les personnages romanesques, ce sont peut-être ceux-là qui donnent le plus l’illusion de la vie, cette illusion est renforcée par les fréquentes interventions de l’auteur : s’interrogeant sur ses personnages ou les jugeant, parfois sévèrement, il laisse à penser que ces êtres ont conquis leur autonomie. C’est là une des clefs du charme du roman stendhalien : des personnages en liberté.
* Hugo : Les Misérables. « S’il y a bien, dans Les Misérables, un héros central dont l’histoire fournit le fil conducteur du roman, les intrigues sont multiples. (…) La multitude des personnages populaires permet au romancier de représenter le peuple sous différents aspects. (…) C’est peut-être là, pour Hugo, l’essentiel du roman, non du côté des réalités socio-économique, mais du côté des valeurs spirituelles. * Georges Sand. « Une autre voie s’ouvrait pour le roman - et, plus généralement, pour l’art, - populaire : écrire avec le peuple (…) L’intérêt constant qu’elle manifeste, depuis ses débuts, pour les victimes de l’ordre sociale (Indiana et la critique du mariage en 1832) comme pour les paysages de campagne berrichonnes (Valentine, 1832) devait la conduire, dans la ligne des revendications sociales qu’elle soutient (Le Compagnon du tour de France, 1840) à mettre en scène le peuple des campagnes, les mœurs populaires.
* La vogue du récit bref. « Une bonne part de cette production témoigne d’un désir de fuir, par l’accès à un monde irrationnel, une réalité décevante, oppression du pouvoir, désenchantement en 1831, choléra de 1832, matérialisme grandissant. » * Le conte fantastique. « Le genre du récit bref le plus caractéristique de l’époque romantique. » « Certains comme Charles Nodier, n’avaient pas attendu ces traductions [celles de Hoffmann] pour explorer les frontières du réel : Smarra ou les démons de la nuit 1821. (…) Le conte fantastique, qui se caractérise par « une intrusion brutale du mystère dans la vie réelle » ( Pierre-Georges Castex), se prêtait particulièrement bien à l’expression du mal du siècle : satisfaisant les aspirations au surnaturel et la curiosité pour toutes les manifestations du paranormal (…) ; il ne rompait pas pour autant avec le réel quotidien dont il montrait le visage caché, inquiétant. » * Le récit à la 1ère personne. « L’usage de la 1ère personne, si fréquent à l’époque romantique, permet au créateur d’exalter l’individu selon une des grandes aspirations du temps, il lui permet de se peindre lui-même. » * Le roman personnel. « Le roman du cœur : c’est bien ainsi qu’apparaissent tant de romans dans lesquels l’auteur se raconte, soit en incitant le lecteur à l’identifier au héros, par exemple en lui donnant un de ses prénoms (Chateaubriand, René, 1802), soit au contraire en transposant noms, lieux et situations comme le fait Musset dans Les Confessions d’un enfant du siècle. * Le voyage. « Il est des écrivains qui choisissent un autre monde d’exploration de soi, le voyage. (…) Relatant un voyage présumé réel, le narrateur y occupe une place de 1er plan, semblable sur ce point à celle qu’occupait le narrateur de voyages imaginaires. * Hors des genres. « Les 2000 pages des Mémoires d’Outre-Tombe (Chateaubriand, 1848) et les 60 pages d’Aurélia (Nerval,1855) ; les deux récits cependant, sont aussi inclassables l’un que l’autre. Leur effort pour ressaisir la totalité d’un moi fragmenté par le temps ou dissocié par la « maladie » les feraient rattacher à l’autobiographie si l’attention portée à l’Histoire par Chateaubriand, les visées « scientifiques » affirmées par Nerval ne montraient clairement que, pour eux, l’histoire du moi se confond avec l’histoire du monde. » |
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![]() | «Nouveaux propos sur les statues de "grands hommes" au xix° siècle», Romantisme, n 100, 1998 | ![]() | «romantique», terme appartenant d’abord à la peinture pour qualifier un paysage qui touche la rêverie et l’imagination |
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