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II) L’haussmannisation de Parisa) L’apparition de la notion d’urbanisme et l’action d’HaussmannLa ville commença progressivement à être construite pour la circulation au lieu de l’être pour les hommes. Cette circulation va devenir l’impératif numéro un de l’urbanisme, au détriment de la résidence. Pour satisfaire aux besoins de la circulation, l’esprit de géométrie va chasser l’esprit organique. La voie droite impose son accent dominateur à la manière antique. Elle exprime un besoin d’ordre et de classement ; ce désir de perspective aboutit aux compositions de Le Nôtre. Ce fut la première fois qu’une donnée esthétique se trouvait attachée au rectiligne. Les racés urbains classiques sont issus des forêts de chasse ; pour les chasses à courre, on créa en effet, dans les forêts des réseaux, routiers aux belles ordonnances bien droites. Dans ce raisonnement, tous les principes des tracés d’urbanisme, de Haussmann à nos jours, se trouvent dans l’arc de Versailles. Mais ce qui est bien pour un parc ne l’est pas obligatoirement pour une ville. La cité médiévale avait su trouver un équilibre entre le beau et l’utile. A la fin du XVIII eme siècle, « la voirie l’emporte sur l’art ». Le règlement de voirie devient « un simple rabot ». Et ce rabot finit par enlever à la ville ce qui lui restait de bonhommie, de villageois, afin d’unifier les quartiers, faubourgs et villages, jadis individualisés, en un vaste classeur, bien étiqueté. Le classement saint simonien et fouriériste retrouve les « vertus » de l’ »art militaire ». Sous le règne de Napoléon III, la ville de Paris allait connaître dix huit années de tranquillité dans un XIX eme siècle traversé par les secousses révolutionnaires. Cette période s’étendit du 4 décembre 1851 (le 18 brumaire de Louis Napoléon dont parlait Marx) jusqu’au 4 septembre 1870, à l’issue de la défaite de l’armée française fasse à la Prusse de Bismarck. En ces dix huit ans, on vit naître une ville nouvelle, nouvelle parce que non seulement des constructions neuves vont s’élever sur des terrains encore non occupés, mais encore, et surtout, parce que les idées qui vont inspirer cette création ne s’étaient jamais rencontrées dans l’histoire.15 Jusqu’alors, on peut dire que la méthode ayant présidé au développement de Paris avait tenu de l’empirisme organisateur. On laissait naître des groupes naturels, et l’on procédait ensuite par voie d’aménagements locaux. « A toutes les époques de l’histoire de Paris, on retrouve la crainte continuellement exprimée d’un développement exagéré de la capitale, l’interdiction, sans relâche répétée du milieu du XVI eme siècle à Louis XV, de bâtir en dehors des limites fixées par les édits »16 C’est sous la Révolution que l’on voit pour la première fois apparaître la notion d’ »urbanisme », signe que l’évolution du paysage architectonique était désormais prise en compte et que les autorités se préoccupaient du développement systématique d’une ville. L’urbanisme apparaît en même temps que les constitutions écrites « On va maintenant construire les villes comme on gouverne les hommes, par principe et raison démonstrative »17 Les troubles politiques n’avaient pas permis à la Révolution de mener à bien le « Plan des artistes ». L’empire, à l’époque de Napoléon Ier, ne s’en était pas préoccupé ayant eu bien d’autres choses à faire, la Restauration, quant à elle, en était revenue au système des aménagements locaux. Cependant, au moment où arrive Napoléon III, à l’issue du coup d’Etat qui l’avait porté au pouvoir, l’idée de la transformation de Paris était déjà dans l’air et avait commencé à recevoir un début de réalisation, notamment sous l’impulsion des préfets Chabrol de Volvic et surtout du comte Rambuteau qui avait commencé à tracer des voies droites. De nombreux projets avaient germé dans l’opinion publique avant de devenir officiels. L’éphémère Seconde République n’avait eu le temps que de débaptiser les rues et de modifier une fois de plus l’administration municipale, rétablissant une mairie centrale avec, à sa tête, un maire flanqué de deux adjoints. L’empire, par contre, allait trouver le temps, la tranquillité, l’autorité et les hommes nécessaires aux travaux d’une transformation systématique qui allait modifier pour toujours la physionomie parisienne, avec à leur tête Georges Haussmann, préfet de Paris. Il éclipsa tous ses prédécesseurs en faisant mieux et plus grand. Au lendemain du coup d’Etat, Napoléon avait supprimé la mairie centrale, créé une « commission municipale » et rétabli les deux préfectures. A des remèdes au compte goutte, surtout consécutifs à la fois à un manque de moyens économiques et à une volonté politique insuffisamment affirmée, Haussmann, activement soutenu en cela par Napoléon III, substitua un vaste programme de travaux murement étudiés et coordonnés. Né à Paris en 1809, Georges Haussmann était issu d’une famille protestante fixée à Colmar en Alsace. André Hallays pouvait écrire à son sujet : « L’esprit du grand Démolisseur n’a pas soufflé sur sa ville natale qui a conservé ses vieilles rues, ses vieux pignons, tout son caractère de vieilles cité alsacienne ».18 Elle était en fait originaire de Cologne d’où venaient aussi les architectes rhénans Gau et Hitorff qui se firent naturaliser français. On sait par ailleurs que nombre d’artistes allemands firent carrière à Paris durant cette époque : il suffit de rappeler les noms du peintre badois Winterhalter, devenu peintre officiel, des compositeurs d’opéras ou d’opérettes Meyerbeer, Mendelssohn et Offenbach (ce qui fit dire à Rossini, car ces trois compositeurs de talent étaient Juifs, outré et sans doute fort jaloux de leur succès : « Je me remettrai au travail quand les Juifs auront terminé leur sabbat »).19 Nommé préfet de la Seine en 1853, après avoir occupé plusieurs postes dans l’administration départementale en province, notamment à Bordeaux, où il avait appuyé la campagne bonapartiste, il administra Paris durant presque toute la durée du Second Empire, jusqu’à la veille du désastre de la guerre franco – prussienne de 1870. Son règne de dix sept ans ne prit fin que lorsque le régime dictatorial instauré par Napoléon III, dont il avait été un ferme soutien et un partisan inconditionnel, croula pour faire place à l’éphémère expérience d’empire libéral, la conclusion définitive étant apportée par la guerre franco – prussienne de 1870. Le ministre Persigny, qui avait proposé Haussmann à l’empereur pour ces hautes fonctions, le dépeint comme « un félin de grande taille ». Sa vulgarité et sa fatuité ne prévenaient pas en sa faveur : « Il aurait parlé facilement six heures sans s’arrêter, pourvu que ce fut de son sujet favori, de lui-même ». Mais, malgré des dehors plutôt déplaisants ou quelque peu ridicules, il était véritablement l’homme de la situation ; là où un homme d’un caractère moins affirmé aurait échoué, Haussmann, qui s’imposait à ses adversaires avait tout pour réussir. « Le petites habiletés d’un courtisan à l’échine souple n’auraient abouti à rien ; pour briser les obstacles, mieux valait la poigne de fer d’un malotru ».20 Aux dires du ministre Persigny, il possédait les qualités d’un administrateur de premier ordre. En définitive, il s’avère que Georges Haussmann était véritablement l’homme de la situation. Cependant, il ne fit qu’exécuter les désirs de l’empereur. La seule conception qui tienne entièrement à Haussmann a été la mise en place d’un système d’égouts et d’un système d’alimentation en eau, car il faut avouer que ces réalisations n’intéressaient pas particulièrement l’Empereur, même si elles s’avéraient nécessaires pour compléter le programme de la reconstruction de Paris.21 On a décerné, à tort, à Haussmann le titre d’architecte et de premier urbaniste, il n’était ni l’un, ni l’autre. On lui a attribué le projet des boulevards bordés d’arbres, et ceux de l’aménagement et de la création de parcs ; cependant, il ne devait que superviser des équipes d’ingénieurs et d’horticulteurs qui suivaient les instructions de Napoléon III. Il eut à régler les négociations financières compliquées de ces projets. C’était un administrateur clairvoyant qui désirait le pouvoir ; mais il faut garder présent à l’esprit que peu des réalisations originales du projet émanèrent d’Haussmann. L’appui constant et sans réserve de Napoléon III, dont il ne fut souvent que l’instrument, compte, pour beaucoup dans la réussite d’Haussmann et l’on peut avancer que le préfet put donner toute sa mesure grâce à la confiance et à l’appui inconditionnel du souverain. Plus qu’un allié, Napoléon III fut pour lui un directeur effectif. A l’époque où il n’était encore qu’un prince président, et même durant la période d’attente où il se morfondait dans les rôles ingrats de prétendant et de conspirateur, banni ou prisonnier, il avait déjà mûri et conçu tout un plan de transformation de Paris. Le but de Louis Napoléon était d’ »être un second Auguste », ainsi qu’il l’écrivait dans sa prison de la forteresse de Ham « parce qu’Auguste…fit de Rome une cité de marbre »22 Du fait que Napoléon III n’était pas attiré par les arts, Haussmann élimina de son équipe les architectes au profit des ingénieurs et de techniciens divers. En cela le Second Empire renouait avec le Premier. Napoléon Ier se défiait des artistes qu’il appelait peu aimablement « les gaspilleurs ». En 810, les architectes qu’il accusait « d’avoir ruiné Louis XIV » furent éliminés des postes clés de l’administration urbaine au profit d’un nouvel organisme : La Direction des Travaux de Paris, formée d’administrateurs et d’ingénieurs. C’est encore sous le Premier Empire que fut créée l’Ecole Polytechnique destinée à concurrencer l’école des Beaux Arts, jadis souveraine. Avec Napoléon Ier débute l’ère de la technocratie qui devait séduire Saint Simon. Napoléon III avait pour ambition de réaliser les projets laissés inachevés par son grand oncle, le fondateur de la dynastie, en profitant de l’expérience acquise durant son exil londonien. Il en avait rapporté un goût très vif pour les jardins anglais, rafraîchis par des lacs artificiels et des rivières qui serpentaient au lieu de canaux rectilignes ou de bassins réguliers à l’instar de ce qui existait à Versailles. Avant de passer à l’urbanisme de Paris. L’empereur avait déjà dessiné des plans mais pour la construction de jardins en Ecosse notamment. Il dessina le nouveau Paris comme un jardin à la française, c'est-à-dire d’une conception très géométrique ; les parcs destinés à aérer la capitale étaient quant à eux dessinés à l’anglaise. c'est-à-dire dans une conception naturaliste. Un tel choix s’explique certainement par la fidélité aux plans de Cabet et d’Owen. Tout comme par le désir de placer le nouveau Paris dans la grande tradition classique française qui va de Louis XIV à Napoléon Ier qui voulait aussi faire de Paris la plus belle ville du monde et la plus peuplée ; ses occupations guerrières ne lui permirent pas de mener à terme cet ambitieux dessein. Napoléon III reprit donc les projets de son grand oncle : la rue de Rivoli, l’Opéra, le boulevard Malesherbes, des percés conçues dans le goût de la ligne droite et de la symétrie. Pendant son long exil anglais, où il reçut son éducation, Napoléon III s’était enthousiasmé pour le goût des jardins et des parcs montré par les Britanniques. Les squares de Londres, qui remontent au XVII eme siècle, lorsque les propriétaires nobles voulaient lotir en terrains à construire certains de leurs domaines (le premier square londonien, Covent Garden, date de 1630), aboutissent à un nouveau style d’habitation caractérisé par des quartiers résidentiels fondus dans les espaces verts. Pour la première fois, un paysage dialoguait avec un ensemble architectural urbain. La pierre et les arbres, utilisés en contrepoint, suscitèrent alors des quartiers bourgeois qui demeurent un parfait exemple d’urbanisme. Entre 1830 et 1860, la bourgeoisie anglaise continua par les squares qui la protégeaient à la fois par des rideaux d’arbres, des miasmes des quartiers pestilentiels et de la vue de la misère. C’est Napoléon III qui en introduisit la mode ; ce mot anglais emprunté au français équerre, et désignant une place carrée plantée d’arbres, close par des grilles et réservé en principe aux riverains. « De même que les constituants copiaient les institutions, on va copier les parcs et les squares de Londres »23 Au lieu d’opter pour le square comme un élément d’unité urbaine, Napoléon III importa le square à Paris sous forme de mini jardins et il donna toute l’importance au boulevard ; or le boulevard, c’était sacrifier l’espace vert à la tyrannie de la rue. Les arbres, dans le boulevard ne font qu’escorter la rue. Les Squares eux – mêmes n’étaient que des sortes de prolongements de la rue, alors que ces petits jardins auraient dû être protégés de la poussière et du bruit.24 L’agglomération de Londres l’avait impressionné avec ses grandes voies droites et larges bordées de maisons uniformes, séparées du trottoir par un saut de loup sur lequel donne la cuisine. Mais entre les deux capitales existaient des différences fondamentales commandées par la géographie et par l’histoire, s’opposant à une assimilation des deux grandes villes capitales de l’Europe occidentale. Au départ, Londres et Paris commencèrent par être des capitales en bois ou en pans de bois, ainsi que l’on bâtissait au Moyen Age et à la Renaissance, puis elles tendirent peu à peu à se muer en villes en ciment armé. Mais, dans l’intervalle Londres s’est construite avec des briques et Paris avec de la pierre extraite des carrières voisines.25 Le grand incendie de Londres qui détruisit une grande partie de la ville en 1666, avait eu l’avantage de faire place nette, permettant à une ville nouvelle de surgir entre la Tour de Londres et l’abbaye de Westminster. L’architecte sir Christopher Wren put travailler d’autant plus directement que Londres, se croyant à l’abri des invasions, n’avait pas éprouvé le besoin de s’entourer d’une enceinte fortifiée, ce qui permettait de réserver en plein centre de vastes espaces libres. Au contraire, Paris avait été, depuis ses origines, puisque la première enceinte remonte à l’antiquité gallo – romaine, enserrée dans des murs qui en freinaient l’extension. Elle s’était progressivement élargie par anneaux concentriques au fur et à mesure de l’accroissement de la population (Ces enceintes concentriques construites autour du noyau primitif constitué par l’île de la Cité sont : l’enceinte de Philippe Auguste (XII eme siècle), de Charles V (XIV eme siècle), de Louis XIII (XVII eme siècle) , des fermiers généraux (XVIII eme siècle), de Thiers (XIX eme siècle)).26 Cet état de fait eut pour conséquence que les maisons étaient bien plus serrées et tassées qu’à Londres, les rues plus étroites et moins aérées et qu’il ne restait pas, surtout depuis la Révolution qui avait sécularisé les couvents, d’espaces suffisants pour de grands parcs intra – muros qui auraient permis aux parisiens de mieux respirer. Un grand plan de Paris était en permanence accroché dans le bureau de Napoléon III à Saint Cloud. L’empereur y traçait de sa main les modifications à apporter à la capitale, modelant une sculpture qu’Haussmann mettait en forme et exécutait ensuite. Une des premières initiatives de l’empereur fut la transformation du bois de Boulogne dont il voulait faire une sorte de parc anglais. Mais le paysagiste Varé, à qui il confia le soin de créer une rivière, comme la Serpentine à Hide Park, se trompa dans ses calculs de niveau d’eau et se vit congédié par Haussmann. Le préfet de la Sein e le remplaça par un des ses hommes, l’ingénieur des Ponts et Chaussées Jean Charles Joseph Alphand (1817 – 1891), polytechnicien dont il avait appris à apprécier les qualités à l’époque où il était préfet de Bordeaux. Nommé chef du Service des Promenades et Plantations, Alphand va assumer la responsabilité des parcs, promenades et squares du Second Empire. Selon le vœu de l’empereur, il imposera le style des jardins anglais à tous les espaces verts publics, accumulant les massifs, cascades, les rivières, les grottes et les rocailles. Alphand fera onduler les voies, jadis toutes droites, du bois de Boulogne, à l’exception des deux grands axes. Il fit planter 10 000 arbres dans Paris, entre 1853 et 1870, replantant notamment les Champs Elysées. Au Bois de Boulogne, il fera pratiquement renouveler les plantations de 200 000 arbres. Le Bois de Boulogne, devenu plus familièrement Le Bois, cessa d’être le repaire des malfaiteurs pour devenir un lieu à la mode. Boulogne était le bois de la bourgeoisie, Vincennes fut affecté au peuple. Rivières et lacs y furent aménagés dans le même esprit que le bois de Boulogne. Mais l’œuvre la plus étonnante d’Alphand fut la création, après 1860, d’un autre espace vert populaire, les buttes Chaumont. Les Buttes Chaumont étaient alors un dépôt d’ordures dans des carrières de plâtre. En trois ans, Alphand transforma une zone désolée et malfamée en une sorte de paysage romantique, avec des coteaux, des bocages, une cascade de 32 mètres, une rivière, des lacs, des rochers, un pont enjambant un ravin, etc. En 1863, fut inauguré le parc Montsouris ; il y eut également le parc Monceau édifié dans le goût des squares anglais, bordé d’hôtels particuliers. Les créations d’Alphand enthousiasmèrent à tel point ses contemporains que, contrairement à la plupart des hauts fonctionnaires de l’Empire, il conserva son poste sous la III eme République et dessina les jardins de l’Exposition universelle de 1889. De 1867 à 1873, il publia en deux volumes un recueil de ses œuvres intitulé : Les promenades de Paris. Dans cette ville surpeuplée et naturellement frondeuse, portée à la révolte, il y avait deux dangers auxquels il fallait parer à tout prix : les épidémies de choléra qui avaient décimé la population en 1832 et en 1849, et les barricades révolutionnaires qui avaient été dressées dans les rues au cours des révolutions de 1830 et 1848.De cela Napoléon et son préfet en avaient une claire conscience et en avaient tiré toutes les leçons. Un embellissement de Paris par des monuments ou de vastes perspectives n’était plus, comme à l’époque du règne de Napoléon Ier, le but essentiel. Par contre, l’amélioration de la santé publique, en ménageant des réserves d’air pur et de verdure les intéressait beaucoup plus. Cependant, on a souvent fait passer Napoléon III au second plan en ce qui concerne l’urbanisme du Second Empire, laissant le bénéfice, ou bien le discrédit, de la transformation de Paris à Haussmann. Or, ce bouleversement, qui fit de Paris la capitale la plus moderne du XIX eme siècle, ne peut pas se comprendre sans une étroite filiation de pensée entre l’empereur et le préfet de la Seine, d ‘une part, et l’influence saint simonienne d’autre part. Napoléon III, alors qu’il n’était encore que le prince Bonaparte, affichait des tendances très nettes au socialisme d’Etat. Prisonnier au fort de Ham, en Alsace, en 1840, il publiait dans la presse du Nord et de l’Ouest de la France, des articles virulents dirigés contre les privilèges et les égoïsmes de la bourgeoisie. Quatre ans plus tard, en 1844, il exprimait clairement ses opinions socialistes dans un livre intitulé : « L’Extinction du Paupérisme », dans lequel il préconisait l’établissement de grandes communautés agricoles, ceci aux frais de l’Etat et au profit des familles pauvres et des ouvriers sans travail. Le thème de cette « armée du travail » venait des idées des utopistes tels que Saint Simon, Fourier ou Cabet. A cette époque, Louis Blanc, George Sand, Proudhon, furent alors en rapport avec le prince Louis Napoléon. Ceci explique sa popularité en 1848 et le résultat du référendum. Les cités ouvrières, l’encasernement des ouvriers dans de grandes bâtisses, le mythe de la rue droite, la ville sacrifiée à la circulation, l’apologie des espaces verts, les démolitions au nom de l’hygiène et de l’ordre public, tout cela, Napoléon III ne l’avait pas créé de toutes pièces mais il l’avait trouvé dans les écrits de Saint Simon, de Cabet, de Considérant. Lorsqu’il aura pris le pouvoir, il s’efforcera, en toute hâte, de réaliser la ville idéale esquissée par les théoriciens urbanistes socialistes. Car si Haussmann fut l’exécutant zélé et efficace des plans d’urbanisme du Second Empire, il ne faut pas perdre de vue que l’idée première en revient bien à Napoléon III et à lui seul. Ce que Haussmann fut bien contraint de reconnaître dans ses Mémoires « L’empereur était pressé de me montrer une carte de Paris, sur laquelle on voyait, tracées par lui – même, en bleu, en rouge en jaune et en vert, suivant leur degré d’urgence, les différentes voies nouvelles qu’il se proposait de faire exécuter. »27 Mais, ajoute Haussmann, pris par les soucis de la disette, de la Guerre de Crimée etc. « L’empereur ne remplit pas toujours avec la même ardeur le rôle actif, direct, qu’il s’était réservé dans la transformation de Paris ». Une fois ses directives données, l’empereur eut tendance à laisser Haussmann exercer une véritable tyrannie sur ce qu’il considérait en fait comme sa chasse gardée : Paris Dans ses Mémoires, Haussmann raconte avec une certaine satisfaction de quelle manière il parvint à rendre inopérante la Commission des Grands Travaux en persuadant l’empereur que cette commission devait être formée essentiellement d’un président (Napoléon III) et d’un secrétaire général (lui – même). Il sut annihiler le pouvoir du conseil municipal en soutenant que Paris n’était pas le domaine exclusif des Parisiens, et, qu’en conséquence, l’administration de cette ville ne devait pas être seulement municipale. Le conseil municipal devait donc résulter du choix de l’empereur, et non pas de l’élection par ses habitants comme cela s’était passé dans les autres villes de l’Empire. Haussmann applique avec une vigueur toute militaire le principe de la centralisation autoritaire, Paris devant être « la tête et le cœur de la France ». Ce qui avait pour conséquence que l’aménagement des territoires, esquissé par les voies de Chemin de fer, impliquait l’abandon de la province au seul profit de la ville unique : Paris. « Tout veut aboutir à Paris », écrit Haussmann, « grandes routes, chemins de fer, télégraphe. Tout en part : lois, décrets, décisions, ordres, agents ». Cette stricte application de la tendance à la centralisation du monde industriel à l’urbanisme a fini par vider la province de ses énergies, créant ce qui fut appelé par la suite le « désert français », au seul profit d’une capitale devenue un monstre bien encombrant. |
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