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A - La Nouvelle Politique, entre Révolte violente et Subversion pacifique. Aucune Société n'échappe à une opposition brutale. L'histoire de chaque pays est ainsi avant tout celle de ces sursauts révolutionnaires. Cette fatalité semble toutefois disparaître de nos jours, sauf à survivre, à l'état résiduel dans les Pays Avancés quand subsiste un problème Ethnique ou pseudo Colonial, ou encore Social, pour des catégories spécifiques. Et l'on peut citer à cet égard les Terrorismes Irlandais, Basques, Corses, le mouvement des Black Panthers aux Etats-Unis entre 1966 et 1970, mais également la violence des banlieues déshéritées, ou celle des skinheads dans les stades. Autant de réactions aussi violentes, parmi d’autres quet limitées, et marginales par rapport à la Politique. Quant à la menace des Groupuscules d'Extrême Droite ou d'Extrême Gauche, de renverser par la violence les Institutions, on peut dire qu'elle est encore largement virtuelle quand elle n'est pas réappropriée par les Partis Traditionnels. En revanche, se propage de nos jours, tout un courant qui entend changer d'abord la vie, inculquer de nouvelles valeurs à l'homme pour qu’il conquière son bonheur, autrement que par les vieilles recettes productivistes. La Subversion Pacifique consiste, par conséquent, sur la base des idées développées par exemple par Charles Reich, dans » Le Regain Américain » ou encore par Jean-François Revel dans « Ni Marx, ni Jésus », un ouvrage de 1970, à changer la conscience des hommes de manière à les rendre solidaires et fraternels d'abord. Et à partir de là, à inverser le Processus Révolutionnaire Traditionnel, à savoir partir de l'individu et du quotidien pour n’arriver à la transformation des structures politiques qu'en dernier ressort. C’est la démarche des Hippies, qui sur les pas de Jack Kerouac, le Pape Américain du Mouvement, auteur de « Sur la route », suscite l'émergence d'une contre-société Communautaire, autarcique, anarchiste, dont l'existence même sous la forme de petites Communautés autogérées, dans le Larzac, à Ibiza, ou en Californie, c'est-à-dire il s'agissait alors de Micros Démocraties à l'échelle humaine, constitue la subversion par la pratique de nos vieilles Démocraties. Il faut lire à ce propos le Journal de Californie, que le Sociologue Edgar Morin a publié en 1970. B - La récupération de la contestation. Rapidement la Culture Etablie a récupéré, c'est-à-dire qu'elle a pris à son compte, les éléments de la contre-culture considérés comme inoffensifs ou assimilables. Partout en Europe Occidentale, aux Etats-Unis, où la candidature du Sénateur Mac Govern en 1972 à la Présidence de la République, a gauchi le Parti Démocrate, en France particulièrement, où le Programme de Gouvernement du PS en 1971 s'intitulait symboliquement « Changer la vie », partout disais-je, une Société Post-contestataire depuis une vingtaine d'années a fait coexister les anciennes structures avec de nouveaux modèles. Du coup, la vie politique globalement décriée a pu reconquérir des niches de Légitimité, lorsqu'elle s'est faite plus proche des gens ou lorsqu'elle s'est réappropriée la Défense de Valeurs un temps occulté, comme l'éducation des jeunes ou la lutte contre le racisme. C'est dans ce sens que l'on peut expliquer le succès, selon les pays, des Politiques Fédéralistes. Des exemples Espagnols Italiens et plus récemment Anglais en témoignent. C'est ainsi également que l'on peut expliquer les Politiques Décentralisatrices comme en France, depuis les Lois de 1982, 1983, ou encore dans d'autres domaines cette fois, le retentissement d'expériences politico-administratives nouvelles, comme l'Institution du Médiateur de la République, l'Observatoire National contre le Racisme et autre organismes de Défense de l'Environnement. Autant de traits qui redessinent la sphère du Politique dans les Etapes Post-industrielles, suivant les circonstances et les problèmes locaux. En parallèle, l'Organisation Politique elle-même de ces Etats a évolué, quasi uniformément dans deux directions. A savoir, dans le sens du Développement de l'Exécutif d'une part, et dans la Construction d'une Technostructure de Gouvernement d'autre part. Paragraphe II les caractères communs des organisations Politiques Occidentales A - Le Développement de l'Exécutif Ce phénomène propre à tous les Pays Développés, s'observe à plusieurs critères. Il s'agit en premier lieu du corollaire au déclin généralisé du Pouvoir Législatif. Dans toutes les Démocraties Post-industrielles en effet, le Parlement qui a pourtant été le symbole de la Défense des Libertés, contre les prérogatives des Monarques, a dans la période récente perdu l'essentiel de ses compétences. Ce déclin peut être officiellement organisé comme dans l’exemple Français de l'article 34 de la Constitution, qui enferme son Pouvoir Législatif dans des limites étroites. Mais il peut aussi résulter de la pratique, comme dans les cas que l'on appelle le Parlementarisme Rationalisé ou plus généralement encore lorsque l'habitude s'est instaurée, que les Parlementaires discutent à 90 % sur les Projets de Loi Gouvernementaux et seulement à 10 % sur des Propositions Parlementaires. Cela dit, la dégénérescence du Législatif, n'a pas la même ampleur partout. Avec des nuances, elle semble plus importante dans les Etats Européens ou au Japon, surtout quand les Majorités Gouvernementales sont larges, en revanche elle est moins prononcée aux Etats-Unis, où les Chambres à l'abri de la Dissolution sont traditionnellement respectées. En deuxième lieu, la Croissance de l'Exécutif est plus que proportionnelle à l'Abaissement du Législatif. Grâce notamment à la Croissance des Services Techniques du type Organisme de Planification qui gravite dans l'orbite des Ministères. En troisième lieu enfin, il est remarquable que l’extension avérée du domaine de l'Exécutif, n'aboutit pas forcément, loin s'en faut, à le renforcer. Il est notoire en l'occurrence, que la multiplication des Services Publics et que tout un ensemble d'offices à cheval sur le Public et le Privé, rend particulièrement difficile leur contrôle. D'autant que certaines agences comme la CIA, où le FBI aux Etats-Unis sont suffisamment autonomes et ont assez de moyens pour tenir en respect le Pouvoir Politique de l'Etat. Dans certains cas, l’on a même pu constater un certain Démembrement de l'Exécutif, voire un abandon de l'Autonomie des Gouvernements au moins dans deux types d'exemple. — Lorsque les Puissances Financières s'opposent violemment au Gouvernement et dressent contre lui, ce qu'Edouard Herriot qualifiait en 1916 de Mur d'Argent, ou encore lorsque l'Armée dicte sa conduite au Pouvoir Civil dans les périodes troublées. B - Examinons ce qu’est la Technostructure Politique. Il est pas difficile pour mesurer la portée de cette autre caractéristique des Etats Développés, de transposer à la gestion même de l'Etat, l'analyse de Galbraith sur la Technostructure envahissant les rouages Sociaux, tant il paraît évident que depuis longtemps des Hauts Fonctionnaires ou des Experts groupés autour de l'Exécutif participent du fait même de leurs compétences au processus décisionnel. Et c'est un ancien Président du Conseil de la IVe République Edgar Faure, que l'on doit sur ce sujet, l'analyse la plus appropriée qu'il a développé dans le numéro 22 de l'Expansion de septembre 1969, puis en 1970, dans l’âme du combat. Selon Edgar Faure, les Sociétés Industrielles Avancées se caractérisent par un certain dépérissement des problèmes Globaux et par l'irruption des problèmes Techniques, ce qui entraîne une interpénétration, voire une confusion entre les rôles des Administratifs et des Politiques. C'est ainsi qu'il écrit dans « L'âme du combat », je le cite, « Une structure Gouvernementale, composée de technocrates politisés et d'hommes politiques dotés d'une solide formation technique, devient aisément, selon le terme que M. Galbraith applique aux grandes entreprises, une Technostructure », fin de citation. De cette analyse Roger Gérard Schwartzenberg dans un article du Monde du 30 septembre 1972, intitulé « Le charme discret de la Démocratie », tirera les conséquences en plaçant la source du Pouvoir dans le savoir, et l'alimentation de cette source dans l'information. Allant plus loin avec Edgar Faure, il peut ainsi écrire après avoir identifié le lien entre Information et Technostructure, je le cite, « Le risque écrit-il, c'est alors la Monopolisation de l'Information par l’appareil Techno-bureaucratique, à tous les niveaux. Dans les cabinets, dans les Administrations Centrales, dans les Préfectures, et plus loin il écrit encore, à la limite même le Président de la République ressemblerait à un PDG symbolique, cantonné dans une Fonction d'appareils d'apparence » fin de citation. Mais arrivons-en maintenant à la typologie des principaux Régimes Politiques qui sont générés dans ce contexte par les Sociétés Post-industrielles, telles que l’on vient de les décrire, étant bien entendu, qu'il ne faut pas trop exagérer leurs différences en raison même des traits communs à toutes ces Sociétés. Paragraphe III Les modèles de Régime Politique dans les Sociétés avancées. Ce sont les formes de Régime Majoritaire, dans les Systèmes Développés, qui inventées, il y a deux siècles, ont été plus ou moins transformées par l'évolution Techno Structurelle, au point que le principe représentatif qui est à leur origine, n'a plus la même signification qu'au départ. Ainsi en est-il du Néo Parlementarisme actuel, du Régime Présidentiel à la Française, et du Modèle Présidentiel Américain. A - Le Néo Parlementarisme. Ce sont les Institutions qui se sont le plus transformées. Etablies, au moment où régnait à Londres une Monarchie Parlementaire, avec un Roi sans Pouvoir, sur une Démocratie Libérale correspondant à de petites et moyennes Entreprises Individuelles ou Familiales, elles expriment après 1945 l'alliance objective entre Grandes Entreprises Collectives Privées et Publiques, Syndicats, Administrations, Services Collectifs et Partis Politiques, réunies dans ce que l'on pourrait appeler une Techno Démocratie. Les Grands Partis disciplinés plus ou moins réduits à deux, ou enserrés dans des Coalitions Bipolaires, aboutissent à donner une grande stabilité, une grande autorité au Chef du Gouvernement qui est le Leader du Parti Majoritaire ou de la Coalition Majoritaire. En Grande-Bretagne, deux grands Partis essentiellement les Conservateurs et les Travaillistes, alternent au Pouvoir. Leur discipline très forte étant le complément indispensable à leur Dualisme. Ailleurs, comme dans les Pays du Nord, Danemark, Suède, Norvège, le Néo Parlementarisme repose sur une Bipolarisation de Partis plus nombreux, regroupés en deux coalitions stables. En Allemagne, cette situation surdimensionne entre la Démocratie Chrétienne la CDU CSU et les Socialistes du SPD, le rôle du petit Parti charnière des Libéraux du FDP, dont l'alliance, circonstancielle avec l'un des deux Grands Partis précités commande généralement la nature d'un Gouvernement, qui sera tantôt de Droite, tantôt de Gauche. Dans d'autre cas de figure encore, en Inde notamment, ou du Parti du Congrès au Parti du Peuple c'est semble-t-il une Tradition Politique, mais aussi au Japon avec le Parti Libéral-Démocrate, un Parti est en position dominante. Cela a pour conséquence de stabiliser les Gouvernements issus de lui, hormis les périodes de conflits internes au Parti Hégémonique. Quoiqu'il en soit dans tous les cas, la discipline des Partis et des Alliances, transforme le sens des votes qui ne servent plus seulement comme autrefois à désigner les Députés mais également à nommer les Chefs de Gouvernement. Le Parlementarisme Moderne et par conséquent un Régime à Gouvernement de Législature, dans lequel le mécanisme classique des Votes de Défiance est tombé en désuétude. Et dans le même temps, le développement de puissantes instances d'une Opposition Extra Parlementaire, constitue la forme la plus visible d'un phénomène plus général, à savoir le transfert de la politique ailleurs sur de nouveaux terrains, qui peuvent s'appeler, Régionalisation, Contractualisation, Expérimentation, etc. Autant de signes révélateurs de la fin du Monopole de l'Action Politique des Assemblées. B - Le Régime Présidentiel à la Française. Il se présente quant à lui, comme un Régime intermédiaire depuis 1962, entre le Parlementarisme et le Système Américain. La Direction de l'Exécutif y est partagée entre un Premier Ministre que les Députés peuvent obliger à démissionner comme dans le Régime Parlementaire, et un Président de la République élu du Suffrage Universel qui a la Légitimité du Président Américain. Cela donne à la France l'aspect d'une Monarchie Elective Absolue, ou tout ce qui est important relève de la compétence Présidentielle, hors les cas évidemment de majorité discordante, faisant cohabiter au Sommet de l'Etat deux Leaders Politiques d'horizon différent, ce qui provoque momentanément pour des périodes plus ou moins longues alors, une certaine léthargie du Système. C - Le Régime Présidentiel à l'Américaine. C'est semble-t-il, le Régime le plus robuste, qui semble avoir, depuis sa fondation, été le moins modifié par l'Evolution de la Société. Ce qui fait écrire à Maurice Duverger dans son manuel de Sociologie Politique de 1973, je cite « La Nation la plus Moderne de l'Occident au point de vue Industriel, concerne les instruments politiques les plus rétrogrades » fin de citation. Dans ce Système où le Congrès ne peut mettre en cause le Président et son équipe, et où ce dernier en revanche, n’a aucun moyen de pression sur les Chambres quoiqu'il en soit, la vie politique est faite d'un jeu subtil d'influence qui paraît encore satisfaire le plus grand nombre. Poids et contrepoids, entre une espèce de Monarchie Elective tempérée par un Congrès sourcilleux quant à l'exercice de son Pouvoir de Contrôle, des intérêts croisés entre la Fédération et les Etats Fédérés, des Lobbys puissants, et enfin une Opinion Publique vigilante. La participation politique (Définition, plan du titre) ----------------------- titre III Les phénomènes de participation politique. Et nous pouvons sous-titrer par ces différents éléments, à savoir, engagement individuel, Parti Politique et Groupe de pressions. Après des Etudes Théoriques et Empiriques sur les Systèmes et les Régimes Politiques, ce dernier titre aborde en effet le Thème des conditions et des manifestations, de l'engagement ou du non-engagement des individus, les gouvernés, susceptibles de leur conférer une influence plus ou moins grande sur le Fonctionnement du Système Politique qui les concerne. En vérité la notion de participation politique, qui relève aussi bien par certains aspects de la Psychologique que de la Sociologie ou de la Sociologie Politique, est particulièrement riche et complexe ne serait-ce qu'en raison de l'amplitude de l'éventail des formes observables de participations politiques, à commencer par le clivage qui détermine d'un côté les engagements individuels et d'un autre côté les mobilisations collectives. Cela dit en ouverture de ce titre est avant même d'en détailler les différentes articulations, il est bon de rappeler les trois manières de concevoir ce qui porte, une ou plusieurs personnes, à s'intéresser à la chose publique. A la suite de Jean-Jacques Rousseau, la Théorie Politique Classique, celle qui s'est formée sous la Révolution Française, souligne à cet égard qu'il y a pour tout Citoyen une obligation de nature morale à s'impliquer activement dans les affaires publiques. — Une seconde approche, juridique celle-ci, décline les différents aspects que peut revêtir la participation politique en autant de Droits Civiques, voire d'obligations, attachées à cette prérogative. Cette liste, qu’établie par exemple l'article 34 de la Constitution Française de 1958, comporte notamment le Vote, l'Eligibilité ou encore la possibilité de Servir l'Etat en intégrant l'une de ses Fonctions Publiques. Mais ce qui ,dans certains pays relèvent du Libre Arbitre, c'est le cas du Droit de Vote dans notre pays, peut ailleurs se faire contrainte, comme en Belgique ou l'Abstentionnisme Electoral est passible d'une amende quand il est volontaire. Preuve s'il en est du caractère composite des engagements publics. — Enfin une troisième approche s'est opérée par les enquêtes empiriques, qui visent à cerner les représentations que les individus se font du Bon Citoyen. Dans un ouvrage de 1983 publié à Chicago sous le titre de « Reconstitution of Patriotism, Education for Civic Consciousness » Maurice Janowitz par exemple, distingue dans toute participation politique trois dimensions majeures. Il peut s'agir selon lui de l'adhésion à un comportement moral, c'est peut-être aussi un sentiment d'allégeance Nationale, il peut s'agir enfin d'une quête de reconnaissance et de valorisation par l'implication dans l'arène politique. — Le Chapitre I, fort de ces précisions, abordera la question de la participation individuelle au jeu politique, par d'abord l'examen des prédispositions aptes à la susciter, ensuite par l'étude des différentes formes de participation, selon qu'elles sont comme le vote notamment, intégrées ou au contraire l'opposition irréductible avec les règles du combat politique légalement ou légitimement admises. — Le Chapitre II traitera du Domaine Partisan, à travers l'Histoire, les Structures, les Typologies, les Fonctions des Partis et leur Positionnement suivant les Régimes Politiques. Avec cet acteur de la vie politique, l'engagement politique change de nature, d'individuel il devient collectif. Les Partis sont en effet des Organisations, des Entreprises, diront Max Weber ou Joseph Schumpeter, relativement stables qui mobilisant des soutiens en vue de participer directement à l'exercice du Pouvoir revêtent un double aspect. D'une part ce sont des démultiplicateurs d'engagement personnel, dans le sens où ce sont des réseaux d'individus Dirigeants, Militants ou simples Adhérents que relient des rapports d'interaction, mais d'autre part au niveau symbolique du langage, les Partis existent aussi en qualité de Réalité Sociale concrète, repérables par leur unité et leur cohérence. — Le Chapitre III. Il sera traité de l'Action Collective des groupes d'intérêts. La recherche de biens, au sens le plus large du terme, constitue sans aucun doute, le fil directeur qui permet de comprendre pourquoi des individus s'unissent ou s'organisent, en vue de l'Action. Ce faisant la recherche de biens matériels ou symboliques, suscite des résistances ou provoque des convoitises rivales, de sorte que la notion de conflit apparaît toujours au coeur de la dynamique Sociale. En conflit entre eux, ou avec les Institutions, faibles ou puissants, peu structurés fortement intégrés, il sera analysé comment les groupes de pressions constituent des acteurs à part entière du Système Politique, dont il contribue à façonner les règles effectives de fonctionnement. Chapitre I la participation politique individuelle. Aucune analyse des Systèmes Sociaux ne peut être qualifiée d'exhaustive, si elle néglige l'individu, élément fondamental des Systèmes et qui continue à les perpétuer. Il en va de même pour le comportement Politique, reflet du comportement Social, et qui varie avec la Personnalité de chacun. En effet, tous les hommes ne se sentent pas concernés par la politique au même degré. Certains sont profondément engagés dans le combat politique, alors que pour d'autres, il n'y a là, qu’un motif d'indifférence, voire de sarcasmes. Autrement dit, si tous les individus sont des citoyens, les hommes politiques constituent des exceptions. Pour tenter de comprendre précisément ce passage de l'Homo Civicus à l’Homo Politicus, il faut commencer par se demander comment l'on peut faire sienne toute une culture politique. C'est-à-dire comment, et par quels moyens connaître les conventions qui régissent la vie en Société, acquérir un vocabulaire en partie spécifique qui peut passionner ou rebuter, assimiler enfin des normes et se montrer à l'occasion capable de passer de préoccupations personnelles concrètes à des enjeux locaux et à des programmes et à des débats Nationaux. En un mot, il s'agit en premier lieu, d'aborder les déterminants et l'apprentissage de La Politique. En une seconde SECTION consacrée à l'expression de la Participation Individuelle à l'univers politique, l'analyse s'attachera particulièrement au Vote, car depuis que la Souveraineté Nationale a remplacé la Souveraineté Divine et Monarchique, les consultations électorales constituent aujourd'hui, même dans des pays où la Liberté de choix des candidats demeure exclue, le moyen d'expression privilégiée de la majorité des citoyens. Cependant d'autres modalités existent, certaines relevant simplement d'une attention minimale à la chose publique, comme par exemple la lecture de la Presse, d'autres exprimant une volonté plus ou moins intense de peser sur les décisions publiques, voire de contester les règles du jeu institutionnel normal, en tentant d'y substituer d'autres normes. SECTION I la Socialisation Politique. La Socialisation est un Processus d'Inculcation, c'est-à-dire un mécanisme Social à l'issue duquel les contraintes que des hommes exercent sur d'autres hommes se transforment par intériorisation en auto contrainte. L'arrivée de chaque génération représente en effet comme une invasion de barbares, or, si les Sociétés perdurent, si elles évitent d'être trop rapidement mortelles, c'est qu'elles inculquent à ces barbares ce que le Sociologue Pierre Bourdieu appelle un Code Commun. Dans son ouvrage, « La reproduction », paru aux Editions de Minuit en 1970, qu'il a coécrit avec Jean-Claude Passeron, Pierre Bourdieu met ainsi en évidence la Force de la Contrainte Sociale, qui s'exerce à différents niveaux de la vie de chaque être humain, pour intégrer l'Individu en lui transmettant le langage et les valeurs établies propres à son environnement Sociétal. Il s'agit là d'un processus permanent et polymorphe, à propos duquel Norbert Elias, dans « La dynamique de l'Occident » qu'il fit paraître en 1939, a pu dire je cite « Ces autos contraintes, fonction des regards rétrospectifs et prospectifs auxquels on habitue dès l'enfance l'individu, inséré dans un ensemble d'enchaînements d'action, en constante extension, se présente sous la forme d'habitude soumise à une sorte d'automatisme », fin de citation. Elément de la Socialisation, la Socialisation Politique est quant à elle un aspect de ce Processus Général et Continu, d'inculcation des normes, de comportement de valeurs de référence, de savoir perçu enfin comme utile ou valorisant. Autrement dit, c'est un mécanisme qui répond dans le fond à deux exigences. — Si l'on se place du point de vue des Gouvernants, ceux-ci ont besoin que soient imposées des croyances qui justifient leur Pouvoir et renforcent la cohésion de la Nation qu'ils dirigent, car un Pouvoir qui ne recueille pas l'assentiment de la Population et bien que monopolisant par sa nature même les moyens de coercition, ne peut se maintenir durablement — Deuxième exigence du côté des Gouvernés cette fois, l'intériorisation des croyances fondatrices de l'Ordre Social et Politique, répond également à une exigence, celle qui facilite psychologiquement l'acceptation des contraintes et qui fait de l'obéissance aux Normes Communes, une vertu cardinale de la vie en Société. Sur ces bases, examinons donc dès à présent, et tour à tour, dans quelle Condition Historique s’est développée l'Apprentissage de la Politique, comment il a été possible d'en donner une explication Théorique, après quoi nous nous arrêterons sur les principaux aspects de la Socialisation Politique, et enfin sur les Vecteurs de l'Inculcation. Paragraphe I l'apprentissage historique. La Politisation c'est d'abord un Processus Collectif avant d'être une simple affaire individuelle, car c'est tout le groupe qui doit être au sens propre Politisé, à la suite d'une longue initiation historique. Ce dont on parle ici ce n'est rien d'autre en définitive que de la gestation du sentiment National, à l'origine duquel on peut discerner l'influence progressive de la pratique du Vote et l'action de personnalité charismatique. |