Chapitre Préliminaire : introduction épistémologique à la Sociologie Politique







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B- Les systèmes bi partisans

Il n'est pas nécessaire ici de revenir sur les facteurs à l'origine du système .Ce sont les mêmes grosso modo que ceux que l'on vient de voir en ce qui concerne les régimes multipolaires .Mais leur effet multiplicateur est ici édulcoré et simplifié pour se cristalliser en deux pôles opposés. Les effets du bipartisme sont bien connus quant à eux .Contrairement à ceux du multipartisme intégral, le système a l'avantage de démédiatiser les options fondamentales des électeurs, en ce sens que le gouvernement sort directement des urnes et non des combinaisons, combinaisons occasionnelles des groupes parlementaires et par ailleurs le bipartisme garantit la stabilité gouvernementale .Encore ces effets varient-ils suivant la nature du bipartisme et à ce sujet, l'on peut faire deux distinctions. D'abord, le système peut être dit parfait ou imparfait selon que deux seuls partis s’opposent ou que d'autres plus marginaux briguent également les suffrages .A cet égard ,on peut dire qu'en réalité, tous les régimes bi partisans sont imparfaits mais alors, que dans le bipartisme parfait il y a deux grands partis qui totalisent grosso modo 90 % des voix, ce qui a pour conséquence que l'un d'eux obtienne nécessairement la majorité parlementaire comme dans le modèle anglais, dans le bipartisme imparfait, le succès électoral des deux partis de tête est moins massif avec 75 à 80 % des voix si bien qu’une majorité électorale ne peut s’établir que grâce à l'alliance qu'elle passe avec un troisième parti marginal. En second lieu ,selon que les partis pratiquent la discipline de vote de leurs élus comme en Grande-Bretagne dans un bipartisme dit rigide ou au contraire ne l’impose pas comme dans le système souple américain ,les effets politiques du bipartisme sont plus ou moins conséquents et peuvent en arriver à être aussi pernicieux en fait que les inconvénients du multipartisme.

Sociologie Politique CD 10

Groupes de pression et syndicats

I - Introduction

L'expression aux groupes de pressions vient de la science politique américaine « pressure groups », mais on emploie également à leur sujet le terme de « lobbyings ». C'est ainsi que le Harraps Shorter définit la profession qui entend exercer une certaine influence sur les décideurs politiques, soit pour obtenir des avantages particuliers, soit simplement pour faire avancer les dossiers. Autrement dit, contrairement aux partis politiques qui visent à exercer le pouvoir, fussent-ils des organisations clandestines, les groupes de pressions ont des faits autres que politiques et c'est précisément pour les atteindre qu’ils sont amenés à s'occuper de politique. En ce qui concerne leur étude qui intéresse au plus haut point le sociologue, dans la mesure où il participe à des degrés divers la vie politique, c'est d'abord le caractère accessoire de leur activité politique qui rend leur identification délicate. Le phénomène est en effet difficile à appréhender, tant ces groupes sont nombreux et divers, que ce soit dans les sphères locales et nationales que dans l'ordre international. Et la difficulté en est d'autant plus grande que certains d'entre eux agissent de manière occulte ; cela est particulièrement vrai en France ou la mystique de l'intérêt général a longtemps frappé d'une indignité a priori la défense des intérêts particuliers. Difficultés encore qui entravent la dénomination et le recensement des groupes de pressions, c’est le fait que plusieurs d'entre eux sont dépourvus de structures juridiques et qu'ils agissent de manière informelle.

Il importe donc dans une première section, de commencer par prendre la mesure du phénomène en essayant de caractériser la notion même de groupes de pressions avant de les répertorier suivant des typologies opérationnelles, et de déterminer les fonctions qu'ils exercent.

Une seconde section, résiduelle, sera consacrée à leur action proprement dite qui s'exerce simultanément ou non en direction du pouvoir des partis et de l'opinion publique.

II – Le phénomène des groupes de pression

Claude Leclerc estime que les intérêts catégoriels sont apparus en pleine lumière, particulièrement à partir de 1981, dès lors écrit-il, page 141 de son manuel de sociologie politique, que je cite : « la sacralisation de l’argent et l'internationalisation de l'économie apparaissent de plus en plus comme une évidence allant de soi ». Cependant la pression de groupes plus ou moins organisés dans l'univers politique est aussi ancienne que la vie en société. Et déjà en 1908 dans « The Process of gouvernment, the study of social pressure » Arthur Bentley analysait le processus politique comme la résultante des interactions de groupe. En France, c’est Jean Menaud, qui, dans une étude publiée dans les cahiers de la fondation nationale des sciences politiques en 1962, intitulée « Nouvelles études sur les groupes de pressions en France », subordonne en page 4, l’octroi de la qualité de groupes de pressions à la réunion de trois données qui en précise pour la première fois les contours d'une manière particulièrement nette. Ces facteurs à prendre en considération sont les suivants, à savoir :

- Un réseau de relations se développant selon un modèle reconnu ou encore la survenance d'une stabilisation des rapports entre les membres.

- Un sentiment d'appartenance donnant aux adhérents l'impression de former une collectivité vis-à-vis de ceux qui restent à l’extérieur.

- Une communauté de dessein représentant normalement le point de stabilisation.

C’est en fonction de ces repères que nous entreprenons l'examen du phénomène dans les trois paragraphes qui suivent.

La notion de groupes de pressions : suivant la définition liminaire du groupe de pressions, donnée par le Harraps, l'organisation visée est un groupe organisé, il défend des intérêts propres et il pratique l'exercice d'une pression.

III – L’existence d’un groupe organisé

Un minimum d'organisation est requis pour que l'on puisse parler de groupes de pressions. Autrement dit une manifestation, par essence éphémère, n'entrerait pas dans cette catégorie. En revanche dans la mesure où elle a été programmée par un groupe de pression, elle peut être considérée comme un moyen de pression.

C’est tout au moins là, la conception de Jean-Marie Denquin, à la page 403 de son manuel de sociologie politique de 1992. Almond et Powell ont une conception beaucoup plus large de ces critères organisationnels, puisque la page 72 de leur ouvrage déjà cité, « Comparatives Politics : A developmental Approach », ils discernent quatre types de groupes d'intérêts selon leur degré d'organisation et qui vont des groupes anonymes, autrement dit de formation fugace, aux groupes d'intérêts associatifs comme les syndicats, les groupements civiques ou les associations ethniques et religieuses en passant par les groupes d'intérêts non associatifs caractérisés par l’absence de continuité et de véritables structures et les groupes institutionnels à savoir les parties, les admirations ou les églises .L’on mesure à travers les divergences de points de vue entre ces trois auteurs tout l'embarras des scientifiques à s'accorder sur un critère incontestable de définition .Contentons nous de remarquer que ,pour être efficaces, les groupes de pressions doivent en principe faire preuve d’un degré de spécialisation et d'organisation minimum. Encore faut-il, pour aller un peu plus avant dans la signification du concept ,que les organisations en question aient un caractère partisan .Autrement dit ,qu'elles ne soient pas neutres ou indifférentes vis-à-vis de leurs activités de pressions .Et cette précision amène justement à écarter de la catégorie des groupes de pressions les agences de publicité ou les officines de propagandes qui ne font que vendre un certain savoir-faire à n'importe quelle tendance politique sans en épouser pour autant les convictions .De même que certains journaux ou organes d'information qui ,selon Jean-Marie Denquin, suivent l'opinion publique plutôt qu’ils ne la façonnent.

Enfin, un dernier critère structurel relevé par le même auteur : les groupes de pressions doivent être autonomes, ce qui exclut a priori les organes d'information qui relèvent soit des partis politiques, soit des groupes de pressions constitués.

IV-La défense d’intérêts

Dans son petit livre de référence de 1960 intitulé « les groupes de pressions », Jean Maynaud écrivait en page 13,je le cite, il semble permis de distinguer deux séries d'organismes :les uns ont comme objectif essentiel la conquête d'avantages matériels pour leurs adhérents ou la protection de situations acquises tendant ainsi à accroître le bien-être de la catégorie représentée .On les désignera ici comme les organisations professionnelles .Les autres trouvent leur raison d'être dans la défense d'esprit des intéressés de position spirituelle ou morale dans la promotion de cause ou l'affirmation de thèse .Nous les classerons sous une formule assez vague mais souple ,celle des groupements à vocation idéologique ,fin de citation. Certes, l'on ne saurait surestimer ,comme le dit Roger Gérard Rosenberg, la portée de cette distinction fondée sur le diptyque action des intéressés, actions intéressées, ne serait-ce que parce que les actions désintéressées nécessitent aussi, pour réussir ,des ressources matérielles .Cependant ,il y a dans la phrase de Jean Maynaud, prétexte à isoler dans le champ des groupes d'intérêts l’étude des syndicats en ce sens qu'ils sont emblématiques de la défense d'intérêts matériels et c’est pour cette raison d'ailleurs que nous avons intitulé le présent chapitre « groupes de pressions et syndicats ».

V-L’existence d’une pression

C’est le troisième élément nécessaire du concept .En effet ,tout groupe humain qui constitue une communauté, fut-elle éphémère ou de hasard, possède des intérêts qu'il s'agisse du patronat ,d'une association de commerçants de quartier ou autres joueurs de boules de village .Et tout groupe peut être conduit à l'occasion à pénétrer l'univers politique d'une façon plus ou moins profonde ,plus ou moins habituelle pour protéger ou étendre ses droits , voire pour obtenir des passe-droits .Autrement dit, tout groupe d’intérêt est virtuellement un groupe de pressions même s'il n'en constitue pas un par nature comme les syndicats par exemple .Et précisément pour se repérer un peu mieux dans la catégorie très hétéroclite ,très hétérogène des groupes de pressions ,un essai de classification s'impose.

Les typologies des groupes de pression.

La diversité des groupes de pressions n’ayant de limites que la diversité des groupes humains et la pression politique pour être un élément d'unité étant un concept vague étant donnée la multitude de formes qu’elle peut revetir,l'entreprise s'avère difficile et dans tous les cas, largement arbitraire. C'est donc en ayant l'esprit que toute typologie est relative qu’il est cependant possible de ranger les groupes d'intérêts en trois catégories en fonction de leur statut privé ou public, en fonction de leur structure et on distinguera groupes de cadres et groupes de masse ou enfin selon leur but qui peut être plutôt d'ordre idéologique et moral ou plutôt d'ordre matériel.

VI-Première classification : groupes privés et groupes publics

La grande majorité des groupes de pressions sont des groupes privés défendant des intérêts privés .Pour autant la question se pose de savoir s'il n’existerait pas également des groupes d'intérêts publics dans les administrations , les corps de fonctionnaires, au Parlement ou au gouvernement, nonobstant la théorie juridique selon laquelle toutes ces entités se déploient sous couvert d'une personne morale unique qui est l'État dont la finalité exclusive est l'intérêt général .Précisément ,la science politique se démarque des juristes sur cette interrogation puisqu’elle reconnaît l'existence de groupes d'intérêts institutionnels au public que ce soit dans les organisations civiles de l'État ou dans ses rouages militaires .

Dans les administrations civiles en effet, il appert que les collectivités locales en France par exemple, depuis les lois de décentralisation de 1982 -1983 surtout ,ainsi que les entreprises et les établissements publics, possèdent ,chacun en ce qui le concerne ,un intérêt propre et le fait valoir .Mais c'est aussi le cas des parlementaires lorsqu'ils votent leurs propres indemnités de fonction ou encore des ministères défendant leur pré carré voire de chaque service mendiant des emplois et des ressources supplémentaires .Plus généralement ,au niveau de l'ensemble de la fonction publique ,il est connu que certains corps, comme l'inspection des finances ou transversalement ,les hauts fonctionnaires issus des mêmes grandes écoles, développent de véritables féodalités quand, par ailleurs ,les syndicats autonomes et confédérés de fonctionnaires se comportent de la même manière que les groupes d'intérêts privés .

En ce qui concerne l’armée, malgré le principe théorique de la subordination du pouvoir militaire au pouvoir civil, les occasions de pressions sont également patentes, que ce soit en période de paix sociale ou lorsqu'il y a tension ou conflit.

Dans le premier cas, l’influence des militaires dans la nation peut s'apprécier à deux points de vue .D’abord, chaque niveau de la hiérarchie, appelés sous-officier, officier, cadre de réserve ou encore anciens combattants, peut en effet être amené à défendre sa spécificité et les avantages qui s'y attachent et par ailleurs, chacun des corps qu’il s'agisse des forces de terre, de mer ou de l'air peut disputer aux autres des crédits et des avantages.

Second point de vue , toujours en période de calme social, l'armée est une force de pression en soit lorsque l'on considère cette armée dans sa totalité .Les exemples foisonnent qui mettent en lumière les influences exercées par les militaires .C'est ainsi qu'en direction du pouvoir judiciaire ,l'on se remémorera les circonstances de l'affaire Dreyfus ou encore le procès de Ryon orchestré en 1942 contre les parlementaires de la IIIe République accusée d'avoir perdu la guerre .On peut rappeler également les jugements liés aux événements d'Algérie dans les années 60 .

Rôle particulier encore des militaires cette fois ci sur l’administration .Lorsqu'il est fait appel à eux pour des opérations de maintien de l'ordre .Dans de tels cas, il est bien évident que l'armée ayant une toute autre idée que les services civils de la notion d'efficacité dans la lutte contre l'ennemi intérieur, et bien le primat du militaire va l’emporter sur le pouvoir civil .C’est ce que reconnaît d'ailleurs la constitution française dans ses articles consacrés à l'état de siège et à l'état d'urgence .

Sur l'opinion publique également ,le comportement de l'armée peut s'apparenter à celui d'un groupe de pressions lorsque notamment ,elle sort de son mutisme traditionnel pour donner d'elle l'image qu'elle voudrait voir accréditer à travers tout le pays et pour faire partager ses choix .D’ou les conférences de ses chefs ,les opérations portes ouvertes ou encore les prises de position de la hiérarchie en faveur de tel ou tel choix budgétaire, en faveur de tel ou tel système de défense .La publication des secrets du Pentagone au début des années 70 a mis en lumière de manière significative à cet égard de quel poids le haut état-major américain avait pesé dans le conflit de la guerre froide .

Plus criant encore, le rôle de certains cercles militaires dans les relations avec la grande industrie .Certaines firmes privées vivent en effet des énormes commandes de l'armée et leurs meilleurs démarcheurs sont de façon constante d'anciens officiers qui ont gardé des contacts avec l'administration militaire .Il se forme ainsi, écrit le professeur Rosenberg, une communauté d'intérêts et un faisceau de liens qui peuvent peser sur l'orientation de la politique.

Si l’on examine à présent cela dit, le comportement des troupes ,dans le second cas de figure ,c'est-à-dire celui de tension ou de conflit grave, l'on constate qu'il arrive parfois que l'armée dépasse le niveau de la simple pression pour devenir elle-même une force politique .C'est l'hypothèse du coup d'état militaire que l'on vise ici, à propos duquel deux séries de remarques peuvent être faites quant à la forme et quant au fond .Sur la forme des coups d'état militaires, il est à noter que la pression peut être plus ou moins camouflée selon que le pronunciamiento concerne un pays développé ou un État du tiers monde dans lequel seule force constituée, l'armée n'a pas à composer avec les autres pouvoirs .Sur le fond, les modalités de la pression, pour en rester à un niveau élevé de généralités ,varient suivant les cultures .A cet égard, il semble que l'Afrique et l'Asie se distinguent dans le fait que les militaires qui se saisissent brutalement du pouvoir y écartent généralement les civils alors qu'ailleurs ,et les exemples sont nombreux en Amérique latine, ils changent habituellement les équipes en place mais ne se substituent pas à elles.
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