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La danse à travers 3 continents : Afrique, Asie, Amérique du Sud Le métissage Depuis le XVIII, les déplacements et voyages à travers le monde ont permis à chaque continent de se nourrir des cultures et traditions, des styles et esthétiques spécifiques à chacun. Loin de simplement se substituer ou se juxtaposer, ces échanges ont été l’occasion d’un véritable métissage, donnant lieu à un renouvellement de l’écriture chorégraphique et à un enrichissement du vocabulaire gestuel. Depuis les années 1970, des collaborations artistiques entre chorégraphes de continents et pays différents se sont instaurée. Sous l’impulsion de politiques volontaristes, des écoles et centres chorégraphiques ont ouverts permettant l’accueil de résidences d’artistes et d’échanges fructueux. L’Afrique http://fresques.ina.fr/en-scenes/fiche-media/Scenes00856/seydou-boro-evoque-son-identite-artistique-d-artiste-africain-a-propos-du-spectacle-figninto-l-oeil-troue-cree-en-1997.html On ne peut réduire la danse contemporaine africaine à la tradition, aux aspects symboliques et ritualisant. Aujourd’hui, la danse africaine se joue de ces clichés. En effet, la tradition elle-même est évolutive, elle se modernise notamment avec l’apparition de la vie citadine. Dès les années 1970, Germaine Acogny, danseuse et chorégraphe sénégalaise proche de Maurice Béjart ouvre ce mouvement. Elle sera la cheville ouvrière de l’aventure Mudra Dakar (1977 à 1982), école en terre africaine imaginée par Béjart sur le modèle de Mudra à Bruxelles. Puis en 1999, elle ouvre l’école des Sables. Elle va permettre l’émergence d’une génération de chorégraphes malgré un contexte difficile, la culture n’étant pas la préoccupation principale des gouvernements africains. Les liens forts avec la France par des échanges avec des chorégraphes et CDC français (Mathilde Monnier), par la création des Rencontres chorégraphiques de l’Afrique et de l’Océan indien à partir des années 2000 vont apporter un soutien à ces jeunes pousses. Mais surtout, l’envie de créer est là ! Ainsi, une nouvelle génération de chorégraphes et danseurs originaires de pays africains va naître: Robin Orlyn (Afrique du Sud), Salia Sanou et Seydou Boro (Burkina Faso), Heddy Maalem (Algérie), Faustin Lineykula (Congo), Ketty Noel (Mali). Certains sont venus se former en France dans les Centres de développement Chorégraphiques. L’engagement est au cœur des préoccupations de beaucoup de ces chorégraphes : Faustin Lineykula imagine des cabarets où la danse se mêle à des récits de temps de guerre (le Festival des mensonges en 2005). Il ùmélande danse, concert et théâtre. Robyn Orlyn, chorégraphe blanche dans un pays à majorité noire, traque les relents de de racisme, et le mirage d’une société pas si égalitaire que ça. Pour autant, certains chorégraphes revendiquent l’héritage de la tradition (Salia Sanou et Seydou Boro, CDC La Termittière à Ouagadoudou) : danse ancrée au sol, relation à la terre et au ciel et relation à la musique africaine. La répétition, refaire et refaire le mouvement dans une jubilation. Analyse d’œuvres (dans vidéos) Burkina faso : une danse traditionnelle et cie Sanou et Seydou « Poussières de sang » (2008) Congo : Faustin Lineykula « Festival des mensonges » Algérie : Heddy Maalem « Le Sacre du printemps » (2004) et Abou Lagraa « Cutting Flat » (2004) le tour du monde n°01 Vers les Etats-Unis et l’apparition de la danse noire américaine avec la cie Alvin Ailey L’Asie Riche d’une tradition millénaire, nombre pays d’Asie perpétue encore leur histoire à travers les formes spectaculaires d’autrefois fortement codifiées : Opéra de pékin en Chine, nô et kabuki au Japon, bharata natyam en Inde. Mais il serait réducteur d’en rester là. Le Japon a connu une première révolution dans les années 50 avec l’apparition d’une génération de danseurs, Kasua Ohno et Tatsumi Hijikata qui donnérent naissance à une danse des ténèbres, entre performance et intériorité, le butô. Leurs descendants s’appellent Ushio Amagatsu (cie Sankaï Juku), Carlotta Ikéda et Saburo Teshigawara. En s’adaptant à leur époque, ils ont montré d’autres voies et ont su renouveler le langage butô : stylisation, théâtralité du jeu, mise en scène. Aujourd’hui, une jeune génération de créateur impose une vision nippone sophistiquée. http://fresques.ina.fr/en-scenes/liste/recherche/Theme.id/29/e/#sort/DateAffichage/direction/DESC/page/1/size/10 En Chine, entre tradition et musique classique tout est à inventer. La censure n’étant jamais loin, la création contemporaine est lente à émerger et peut s’exprimer grâce aux soutiens financiers européens. Ainsi la chorégraphe Wen Hui évoque un quotidien meurtri, et aborde la révolution culturelle et ses laissés-pour-compte, ainsi que la vie quotidienne de la femme chinoise. Au Viêtnam, Ea Sola, l’une des figures marquantes de la danse écrit au fil de ses spectacles une histoire de son pays entre souvenirs et modernité (Sécheresse et pluie). Des chorégraphes tels que Jean-Claude Galotta et Régine Chopinot ont fait le voyage sur place à Hanoi et Hué pour soutenir des échanges artistiques. En Inde, malgré le succès de l’art contemporain, et la faute au cinéma « Bolliwood », la création contemporaine en danse peine à trouver sa place. Cependant, Padmini Chettur, loin du traditionnel, imagine des pièces fragiles. Quant à Shantala Shivalingappa, danseuse renommée de Kuchipudi, l’un des six grands styles de danses indiennes, elle sort de ses frontières en dansant d’abord avec Maurice Béjart hier, puis avec Pina et crée un nouveau langage, entre tradition (pincement des doigts) et modernité (pliés et costumes). Analyse d’œuvres Inde : Shantala Shivalingappa (danse traditionnelle) et solo Namasya (voir vidéos) Japon : Ushio Amagatsu « Unetsu - Des œufs debout par curiosités » Tour du monde n°75 et vidéos Taiwan : Danse traditionnelle et Lin li Chen « Hymne aux fleurs qui passent » en 2000 «(Le tour du monde en 80 danses n°54) Lin li Chen s’intéresse plus particulièrement aux rituels religieux populaires de Taiwan depuis une dizaine d’années. Allégorie de la naissance et de la mort, le spectacle « Hymne aux fleurs qui passent – la déesse des fleurs » est une louanges aux grandes lois du ciel et de la terre, et à (harmonie des principes premiers : le yin et le yang. La lenteur des gestes crée une atmosphère spirituelle et sensuelle très esthétique. La concentration des danseurs, nécessaire à l’exécution de ce duo physiquement éprouvant est le fruit d’un long travail de méditation entamé six heures avant le levée de rideau. Les Danses traditionnelles Aujourd’hui des artistes revisitent ces arts traditionnels et leur donnent une touche actuel. Au milieu du XXème siècle, des créateurs issus du théâtre, comme Arianne Mouchkine en France, Bob Wilson et Peter Sellars au Etats-Unis, Peter Brook, ou de la danse comme Maurice Béjart ont joué les passeurs de l’art traditionnel. Aujourd’hui de jeunes créateurs perpétuent ces traditions. Akram Kahn, chorégraphe anglo-bengali, n’a cessé de pratiquer le kathak, une danse traditionnelle venue du nord-ouest de l’Inde, une danse pure et narrative autrefois surtout servie par les hommes. Le kathak prend ses origines à l’époque des troubadours nomades justement appelés kathaks c’est-à-dire conteurs. Le Kathak s’appuie tout autant sur les mouvements des pieds que des mains. Il est également caractérisé par des pirouettes et par différentes postures dites « statuesques ». Néanmoins, Akram Kahn en l’introduisant dans son écriture lui donne une coloration contemporaine (Polaroid feet en 2001, Gnosis en 2010, puis Sacred Monster avec Sylvie Ghillem) Autre démarche singulière celle du danseur thaïlandais, Pichet Klunchun, virtuose dans son pays du Khôn, danse royale. Il n’a pas hésité à partager la scène avec Jérôme Bel, un des chorégraphes les plus inventifs de la scène française. Le Flamenco, art traditionnel et folklorique, mal vu par la dictature de Franco est réinvesti par des jeunes chorégraphes tels que Andrés Marin, Mercedes Ruiz et Israel Galvan qui revivifient les fondamentaux du genre. Art nomade, dont les origines remonteraient en Inde d’où les Gitans sont partis pour traverser les frontières et venir s’installer entre Séville et Jerez de la Frontera, le flamenco est lui aussi codifié : frappes des talons au sol, cassure du poignet, hanche en avant. Là où Antonio Gadès a accentué l’aspect théâtral (Carmen, Noces de sang), de trios contemporains se veut au plus près de l’instinct. Analyse d’œuvres Akram Kanh « Kaash » 2002 Le Tour du monde en 80 danses n°2 Amérique du Sud : le Brésil La danse traditionnelle: la Capoeira La capoeira est une danse prenant l’aspect d’un combat codifié. D’origine africaine, elle arrive au brésil avec les esclaves venus d’Angola. Elle naît dans l’état de Bahia vers le début du XVIIème siècle. C’est un entraînement à la lutte sous couvert de divertissement pour contourner l’interdiction des combats chez les esclaves noirs au Brésil. Elle comporte différents mouvements acrobatiques, les gingas : pirouettes, feintes, ciseaux, crocs-en-jambe, bonds, soleil….. Voir Bahia de todas as cores par le ballet folklorique de Bahia le tour du monde n°8 Entre tradition, classicisme et modernité : la compagnie Grupo Corpo le tour du monde n°21 La cie des frères Pederneiras intègre tout : la sacro-sainte samba et ses innombrables variantes, le forrὀ des bals populaires, les traditions africaines issues de l’esclavages, et le ballet classique, gage de virtuosité et d’élégance, pour inventer un style chorégraphique endiablé. Les deux frères revendiquent une danse éminemment brésilienne qui audelà des blessure du colonialisme, reflète la personnalité complexe de leur pays, le Brésil. La création contemporaine : Lia Rodrigues, l'engagement artistique comme combat social Sans le festival que Lia Rodrigues a fondé et dirigé pendant 13 ans, la danse contemporaine brésilienne ne serait pas ce qu’elle est aujourd’hui. Et la gigantesque favela au cœur de Rio ne serait pas la même si elle n’y avait basé sa compagnie et créé une Maison de la culture. Militante dans l’âme, la chorégraphe quadragénaire a été formée au Brésil avant de danser pour Maguy Marin, en France, où elle a créé Hymnen pour le Ballet de Lorraine. Elle a signé une quinzaine de pièces en collaboration avec ses danseurs et reçu le Grand Prix de la critique des journalistes de São Paulo pour 20 ans de création et pour Pororoca. Pororoca (voir vidéo) Le mot désigne le puissant corps à corps entre les flots rugissants de l’Amazone et les courants de l’océan Atlantique où il se jette. Pour Lia Rodrigues, il devient métaphore de la rencontre des différences. Elle agite la scène d’une houle incessante, dresse ses 11 danseurs en une fougueuse vague multicolore, masse fluide d’énergie compacte qui se gonfle, roule, se brise et se reforme dans une nouvelle étreinte des corps. Un nouveau choc avant la prochaine accalmie. Une nouvelle tentative de trouver le point de bascule qui va transformer le chaos en harmonie. Les gestes sont nerveux ; les souffles, rauques. Trouver sa place dans le frottement des chairs. Être, être ensemble. Un défi de toujours. Ouvrages de référence : Panorama de la danse contemporaine de Rosita Boisseau Danse contemporaine, mode d’emploi de philippe Noisette Le Tour du monde en 80 danses DVD conçu et réalisé par Charles Picq Véronique Baris CPD EPS et chargeé de mission Action Culturelle |
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![]() | «Diaspora d’Afrique / Benin Art Royal» du Musée du Quai de Branly situé 222, rue de l’Université | ![]() | «Diaspora d’Afrique / Benin Art Royal» du Musée du Quai de Branly situé 222, rue de l’Université |
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