Thibault Isabel «Croire au progrès»







télécharger 71.83 Kb.
titreThibault Isabel «Croire au progrès»
date de publication22.10.2016
taille71.83 Kb.
typeDocumentos
a.21-bal.com > loi > Documentos


LA CROYANCE AU PROGRES

Thibault Isabel



« Croire au progrès » : derrière cette expression se cache une multitude de significations possibles, qui dépendent de ce que chacun considère positivement comme salutaire pour l’humanité. Les idéologies « progressistes », ou, pour mieux dire, « modernistes », recouvrent ainsi le libéralisme aussi bien que la social-démocratie, les totalitarismes fascistes ou communistes aussi bien que la philosophie des Lumières, le terrorisme religieux aussi bien que le scientisme technico-industriel athée. Ce sont là des points de vue différents sur la politique et la culture, qui partagent cependant une conviction commune : l’humanité s’orientera progressivement et indéfectiblement vers le mieux, pourvu que nous ayons la volonté d’agir, et que nous ne craignions pas de nous dresser contre les barrières de l’histoire pour construire de toute pièce, par la force de la foi ou de la raison, un monde meilleur. Changer l’homme, changer la vie, en étant bien décidé à aller jusqu’au bout de ses idées : c’est là sans doute le credo des modernistes de tout bord.
Il y a incontestablement une religiosité foncière de l’idée de progrès  même dans son versant républicain , qui perce surtout à travers son attachement forcené à l’idéal. Cournot écrivait, avec une lucidité malgré tout teintée de bienveillance : « Aucune idée, parmi celles qui se réfèrent à l’ordre des faits naturels, ne tient de plus près à la famille des idées religieuses que l’idée de progrès, et n’est plus propre à devenir le principe d’une sorte de foi religieuse pour ceux qui n’en ont plus d’autre. Elle a, comme la foi religieuse, la vertu de relever les âmes et les caractères. L’idée du progrès indéfini, c’est l’idée d’une perfection suprême, d’une loi qui domine toutes les lois particulières, d’un but éminent auquel tous les êtres doivent concourir dans leur existence passagère. C’est donc au fond l’idée du divin ; et il ne faut point être surpris si, chaque fois qu’elle est spécieusement invoquée en faveur d’une cause, les esprits les plus élevés, les âmes les plus généreuses, se sentent entraînés de ce côté. Il ne faut pas non plus s’étonner que le fanatisme y trouve un aliment, et que la maxime qui tend à corrompre toutes les religions, celle que l’excellence de la fin justifie les moyens, corrompe aussi la religion du progrès. » [Considérations sur la marche des idées et des évènements dans les temps modernes, Paris, Boivin, 1934] A ce titre, l’idée de progrès est souvent dangereuse : elle légitime tous les excès, y compris ceux des zélateurs de la pensée « éclairée ». Car, au-delà de ce seul exemple, il est bien entendu que les progressistes, quels qu’ils soient, n’ont jamais été animés de mauvaises intentions ; les nazis voulaient sincèrement régénérer l’Europe. Le problème est pourtant que l’idée de progrès a rendu acceptable, sinon provoqué, bien des débordements de violence dont nous ne pouvons rétrospectivement que nous affliger.
Ce constat devrait nous amener à comprendre à quel point il nous est nécessaire aujourd’hui d’en revenir au réel, à son incomplétude et à son ambivalence. Dans une veine authentiquement nietzschéenne, Alain de Benoist le suggérait avec force : « [L’image du Grand Midi nous rappelle] que rien n’est inscrit d’avance, que rien n’est définitivement joué, que la sphère ou la roue peut à tout moment tourner en tout sens. Dans ce thème du Grand Midi, où se cristallise l’idée de l’Eternel Retour, transparaît un profond amour de l’éternité cosmique. Un amour auquel s’oppose la haine du monde et la volonté de le corriger, cette inspiration multiséculaire qui retire au cosmos les attributs qu’elle reporte sur le logos et fait de l’idéal un moyen de dresser le procès du monde et de le discréditer au profit d’un arrière-monde abusivement sacralisé. » [Nouvelle Ecole, n°51] C’est à une conclusion similaire qu’aboutissait Freud : « Si nous nous efforçons de mettre à découvert par une critique sans ménagement les racines de l’imperfection [de l’état actuel des sociétés humaines], nous exerçons assurément notre bon droit et nous ne nous montrons pas ennemis de la culture. Nous pouvons espérer imposer peu à peu des modifications de notre culture qui assurent mieux la satisfaction de nos besoins et qui échappent à cette critique. Mais peut-être nous familiarisons-nous aussi avec l’idée qu’il y a des difficultés qui sont inhérentes à l’essence de la culture et qui ne céderont à aucune tentative de réforme. » [Le Malaise dans la culture, Paris, PUF, 1995]
Pour éviter l’expression explosive des pulsions de mort, toujours prêtes à exploiter les prétextes les plus angéliques afin de matérialiser leur tension destructrice, il faut alors revigorer au plus vite l’éthique conservatrice de la prudence : il ne s’agit pas d’être résigné, ni de refuser le changement, mais seulement de se montrer mesuré et circonspect devant les « améliorations » envisagées. La modération n’est pas incompatible ici avec le radicalisme. Tout système de valeurs paraît en effet modéré et juste aux yeux de ceux qui le défendent. Peut-être est-ce donc la société occidentale contemporaine qui se révèle subrepticement extrémiste, par son libéralisme exacerbé, son relativisme pathologique et son scientisme inconsidéré. S’opposer à de tels excès reviendrait du même coup à promouvoir la restauration d’une lucidité précautionneuse, telle qu’elle avait pu être mise en application autrefois. On se doit cependant de combattre l’injustice avec retenue ; il est malheureusement toujours aisé de renouer à son insu avec l’idéal : « Rien de plus fragile que la faculté humaine d’admettre la réalité, d’accepter sans réserves l’impérieuse prérogative du réel. » [Clément Rosset, Le Réel et son double, Paris, Gallimard, 1976] Les libérateurs se transforment la plupart du temps en tyrans, et les critiques de l’ordre établi, que leur lutte soit valide ou non, doivent de ce fait prendre garde à ne pas se rendre coupables des errements qu’ils dénoncent. Les révoltés romantiques ne sont pas de bons guides.
L’idée de progrès, en même temps qu’elle nous a assujetti à l’idéal, s’est ingéniée à nous déraciner : le regard des modernes était jusqu’à il y a peu tout entier tourné vers l’avenir, et nous a contraint à cesser de prendre en considération les modèles anciens. Il nous est du coup devenu impossible de profiter des réussites et des erreurs passées : « Supposé que l’immense transformation que nous vivons et qui nous meut se développe encore, achève d’altérer ce qui subsiste des coutumes, articule tout autrement les besoins et les moyens de la vie, bientôt l’ère toute nouvelle enfantera des hommes qui ne tiendront plus au passé par aucune habitude de l’esprit. L’histoire leur offrira des récits étranges, presque incompréhensibles ; car rien dans leur époque n’aura eu d’exemple dans le passé ; ni rien du passé ne survivra dans leur présent. Tout ce qui n’est pas purement physiologique dans l’homme aura changé, puisque nos ambitions, notre politique, nos guerres, nos mœurs, nos arts, sont à présent soumis à un régime de substitution très rapide ; ils dépendent de plus en plus étroitement des sciences positives, et donc, de moins en moins, de ce qui fut. Le fait nouveau tend à prendre toute l’importance que la tradition et le fait historique possédaient jusqu’ici. » [Paul Valéry, Regards sur le monde actuel, Paris, Gallimard, 1945] L’appel au progrès repose sur la raison et l’idéal, tandis qu’il nous faudrait à l’inverse renouer avec une logique de l’expérience, non pas cumulative (car elle impliquerait encore la certitude fallacieuse que la raison ne peut pas se tromper dans son évaluation des phénomènes et que l’accumulation des expériences est gage nécessaire de progrès), ni totalement arbitraire (car la prudence augmente au contraire nos chances de mieux nous comporter), mais précaire : en somme, ce serait aussi dans cette perspective une logique de l’essai, qui n’aurait pas pour prétention d’éviter les possibles régressions, mais s’efforcerait autant que possible de les limiter.
La croyance exclusive au progrès, en nous détournant du passé, en est de surcroît peu à peu venue à nous couper de l’avenir, et à saper ainsi son propre fondement, nous laissant dans l’incertitude et le chaos. Les fins manquent. Nous entretenons un rapport vicié au temps. Nous ne sommes plus même capables de mettre les évènements en rapport les uns avec les autres : tous les « Grands Récits » se sont effondrés. Les contemporains s’aventurent sur une route dont ils ne savent plus précisément où elle mène et que l’accumulation des catastrophes a tendu à rendre inquiétante ; la croyance au progrès a falsifié le réel, mais le réel s’est vengé en multipliant les désastres et les motifs de tourmente. Le doute s’est installé. Nous n’avons plus désormais aucune base solide sur laquelle nous appuyer pour avancer avec davantage de confiance : les enseignements de la tradition étaient très imparfaits (comment auraient-ils pu ne pas l’être alors que le monde lui-même est voué à l’imperfection ?), mais ils nous servaient de support, autant sur le plan intellectuel que psychologique. L’assise apportée par la tradition n’était sans doute pas ce qu’on pourrait appeler un « havre idyllique » ; mais nous savions du moins que nous pouvions nous tourner vers elle si jamais nous venions à perdre notre chemin dans la grande forêt de la politique et des mœurs. Les contemporains, en revanche, revenus pour une large part de leurs illusions progressistes, sont contraints de se réfugier dans un présent atemporel, sorte de cabane isolée et branlante que les animaux sauvages n’auront pas grand mal à abattre. « Nous sommes partis à une vitesse sans cesse croissante vers nulle part […]. Il n’y a plus ni objectif, ni transcendant, ni valeur déterminante, le mouvement se suffit. » [Jacques Ellul, Trahison de l’Occident, Paris, Calmann-Lévy, 1976]. Reste à savoir si ce mouvement, privé de tout moteur, pourra durer longtemps.
Enfin, la croyance au progrès pose un dernier problème : celui du formatage intellectuel qu’elle occasionne, du fait de son universalisme conquerrant. Le progrès sert finalement à légitimer la « tyrannie de la majorité », pour citer Tocqueville, tout autant que le contentement de soi arrogant du « dernier homme » de Nietzsche. Une part de la population, devenue politiquement et culturellement dominante au cours de la révolution industrielle, impose ses valeurs à l’ensemble de la société : la chape de plomb individualiste, hédoniste et bourgeoise l’emporte partout. Dès lors, on finit par ne plus viser, comme « progrès », que le rapetissement et la malléabilité des personnes. « L’inversion des valeurs étant accomplie, elle se manifeste et se diffuse à l’état normalisé dans et par les multiples moyens de communication, le message unique indéfiniment transmis revenant à baptiser "progrès" les diverses figures d’une médiocrisation croissante. La médiocrité est en progrès, elle tend à se confondre avec ce qu’on appelle le progrès, elle est le progrès même. » [Pierre-André Taguieff, L’Effacement de l’avenir, Paris Galilée, 2000]. Cette tentation universaliste est constitutive de l’idée de progrès : comment une doctrine qui entend transformer l’homme, au risque de libérer les énergies les plus négatives qui sommeillent en lui, pourrait-elle faire l’économie d’une propagande aliénante censée servir l’intérêt général ? Si le progrès est nécessaire et qu’il repose sur l’idéal, ses défenseurs sont amenés à croire que nul ne peut raisonnablement s’opposer à eux. Les hérétiques doivent par conséquent être convertis, dans leur intérêt et dans celui de leurs semblables. A cet égard, il se peut fort bien que nos sociétés pluralistes soient moins ouvertes qu’il n’y paraît, et que le modernisme des partisans du progrès, bien qu’il soit lui-même en déclin dans les mentalités, continue, dans les discours officiels et les média, à peser lourdement sur le paysage idéologique. La censure totalitaire a ceci de gênant qu’elle est voyante ; l’aseptisation des débats est plus efficace, car elle est inodore…

TEXTES SUR LE PROGRES


« La société moderne nous pousse […] dans la direction de l’atomisme et de l’instrumentalisme, à la fois en rendant difficile la résistance qu’on pourrait leur opposer et en nous amenant insensiblement à les considérer comme des normes. Mais je crois que la vision de la société technologique comme d’une sorte de fatalité ne tient pas. Elle simplifie trop de choses et elle oublie l’essentiel. D’abord, le rapport entre la civilisation technologique et ces normes ne constitue pas un déterminisme à sens unique. Une philosophie ne peut pas simplement avoir été engendrée par les institutions ; il a fallu qu’elle commence par avoir quelque crédit dans la société européenne avant que ces institutions pussent se développer. Les philosophies atomistes et instrumentales ont commencé à se répandre, du moins parmi les classes cultivées d’Europe et d’Amérique, avant la révolution industrielle. Weber a bien saisi l’importance de cette préparation idéologique du capitalisme moderne. »

Charles Taylor, Le Malaise de la modernité, Paris, Cerf, 2002.

« La dernière guerre [1914-1918] ne peut se considérer comme un simple agrandissement des conflits d’autrefois. Ces guerres du passé s’achevaient bien avant l’épuisement réel des nations engagées. Ainsi, pour une seule pièce perdue, les bons joueurs d’échecs abandonnent la partie. C’était donc par une sorte de convention que se terminait le drame, et l’événement qui décidait de l’inégalité des forces était plus symbolique qu’effectif. Mais nous avons vu, au contraire, il y a fort peu d’années, la guerre toute moderne se poursuivre fatalement jusqu’à l’extrême épuisement des adversaires, dont toutes les ressources, jusqu’aux plus lointaines, venaient l’une après l’autre se consumer sur la ligne de feu. »

Paul Valéry, « Propos sur le progrès » [1929], in Regards sur le monde actuel, Paris, 1945, Gallimard.

« Le Progrès est l’injustice que chaque génération rend à celle qui l’a précédée. »

Cioran, De l’inconvénient d’être né, Paris, Gallimard, 1973.



« Un philosophe du siècle dernier a soutenu, dans sa candeur, que La Rochefoucauld avait raison pour le passé, mais qu’il serait infirmé par l’avenir. L’idée de progrès déshonore l’intellect.. »

Cioran, De l’inconvénient d’être né, Paris, Gallimard, 1973.

« Le rapport de dépendance de l’homme moderne avec la nature ne peut être séparé du progrès. L’accroissement de la productivité économique qui, d’une part, crée les conditions d’un monde meilleur, procure d’autre part à l’appareil technique et aux groupes sociaux qui en disposent une supériorité immense sur le reste de la population. L’individu est réduit à zéro par rapport aux puissances économiques. En même temps, celles-ci portent la domination de la société sur la nature à un niveau jamais connu. Tandis que l’individu disparaît devant l’appareil qu’il sert, il est pris en charge mieux que jamais par cet appareil même. Au stade de l’injustice, l’impuissance et la malléabilité des masses croît en même temps que les quantités de biens qui leur sont assignés. »

Max Horkheimer et Theodor W. Adorno, La Dialectique de la raison, Paris, Gallimard, 1974.

« La décomposition, donc l’incertitude, est le propre de cette époque ; il n’y a plus nulle part de fondement solide ni de foi assurée ; on vit pour le lendemain, car le surlendemain est incertain. »

Friedrich Nietzsche, La Volonté de puissance, Paris, Gallimard, 1948.

« Le discours de la décadence s’appuie généralement au départ sur une impression confuse et cependant irrésistible. La décadence est partout, et nulle part en particulier. Il s’agit d’un phénomène diffus et imprécis, à peu près impossible à localiser et à définir, qui s’impose néanmoins avec une évidence totale. L’impression globale de décadence ou de stagnation caractérisée est, en fait, compatible avec l’existence des progrès les plus indiscutables et les plus spectaculaires dans le détail. Comme le remarque Musil, les gens qui proclament volontiers aujourd’hui qu’il n’y a plus de grandes découvertes et plus de génies le font rarement en pensant au domaine particulier dans lequel ils travaillent : "Ils n’entendent pas du tout par là la spécialité qu’ils représentent eux-mêmes, et ce n’est pas non plus une forme particulière de nostalgie bien connue du bon vieux temps qui les anime. […]"

Le problème n’est donc pas que nous ne progressons plus, mais que la sommation des progrès remarquables qui s’effectuent dans les domaines les plus divers donne un résultat d’ensemble qui ne ressemble plus en aucune façon à un progrès. »

Jacques Bouveresse, « La "conception apocalyptique du monde" ou Le pire est-il tout à fait sûr ? », in Essais II : L’époque, la mode, la morale, la satire, Marseille, Agone, 2001.

« Depuis Roger Bacon au moins, mais ultérieurement avec Francis Bacon, puis avec ses émules, s’est constituée une tradition occidentale technophile, extrêmement puissante, qui aura largement contribué à façonner le monde dans lequel nous vivons. […]. Or, le XXe siècle a vu naître une autre tradition, résolument technophobe, inséparable toutefois de l’imaginaire baconien, car partageant avec lui la fascination pour la toute-puissance des sciences et techniques. Cet effroi vis-à-vis de la technique s’est tout particulièrement exprimé à travers la thèse selon laquelle elle était devenue autonome : la technique échapperait désormais à toute espèce de contrôle et menacerait de détruire notre humanité. »

Dominique Bourg, Nature et technique. Essai sur l’idée de progrès, Paris, Hatier, 1997.

« Dans la conception moderne du progrès intervient une représentation du temps tout à fait caractéristique : le temps apparaît ici sous la forme d’une ligne droite ou d’une courbe indéfiniment ascendante, comme un devenir qui déprécie toute existence pure. Le présent n’est vécu qu’en regard d’un avenir plus ou moins incertain ; d’emblée, l’avenir menace le présent, et c’est dans l’angoisse qu’on l’imagine et qu’on le vit. Quant au passé, il disparaît sans possibilité de retour ni de correction. »

Herbert Marcuse, Culture et société (« La notion de progrès à la lumière de la psychanalyse »), Paris, Minuit, 1970.

« Une vague de mélancolie semble ainsi avoir emporté les espoirs naïfs de l’après-guerre […]. Il ne s’agit plus du "bonheur d’être triste", selon le mot célèbre de Victor Hugo. Ni de la simple substitution du mythe de l’apocalypse au mythe du progrès, telle qu’elle s’est opérée après la seconde guerre mondiale lorsque s’est répandue la grande peur d’une autodestruction de l’espèce humaine, dont la possibilité historique semblait être annoncée par la bombe d’Hiroshima. Mais d’un mixte de sentiment apocalyptique et de désillusion triste. L’illusion apocalyptique de la fin convulsive s’est entrecroisée avec la fin de l’illusion du progrès dans la nouvelle mélancolie fin de siècle. »

Pierre-André Taguieff, L’Effacement de l’avenir, Paris, Galilée, 2000.

« L’homme d’aujourd’hui court le danger de ne plus mesurer la grandeur de ce qui est grand, si ce n’est à la mesure de la domination du principium rationis. Nous savons aujourd’hui, sans le comprendre encore tout à fait, que la technique moderne nous pousse constamment à conférer à ses dispositifs et produits une perfection totale et aussi haute que possible. Cette perfection consiste en la réussite totale d’un calcul […].

[…] La calculabilité des objets présuppose la validité universelle du principe de raison. […] La domination ainsi entendue du principe caractérise l’être de l’époque moderne, de l’âge technique. »

Martin Heidegger, Le Principe de raison, Paris, Gallimard, 1962.

« Quand, au lendemain de la guerre de quatorze, on introduisit l’électricité dans mon village natal, ce fut un murmure général, puis la désolation muette. Mais lorsqu’on l’installa dans les églises (il y en avait trois), chacun fut persuadé que l’Antéchrist était venu et, avec lui, la fin des temps.

Ces paysans des Carpates avaient vu juste, avaient vu loin. Eux, qui sortaient de la préhistoire, savaient déjà, à l’époque, ce que les civilisés ne savent que depuis peu. »

E. M. Cioran, De l’Inconvénient d’être né, Paris, Gallimard, 1973.

« Le progrès n’est pas nécessaire d’une nécessité métaphysique : on peut seulement dire que très probablement l’expérience finira par éliminer les fausses solutions et par se dégager des impasses. Mais à quel prix, par combien de détours ? Il n’est même pas exclu en principe que l’humanité, comme une phrase qui n’arrive pas à s’achever, échoue en cours de route.

Certes, l’ensemble des êtres connus sous le nom d’hommes et définis par les caractères physiques que l’on sait ont aussi en commun une lumière naturelle, une ouverture à l’être qui rend les acquisitions de la culture communicables à tous et à eux seuls. Mais cet éclair que nous retrouvons en tout regard dit humain, il se voit aussi bien dans les formes les plus cruelles du sadisme que dans la peinture italienne. C’est lui justement qui fait que tout est possible de la part de l’homme, et jusqu’à la fin. »

Maurice Merleau-Ponty, Signes, Paris, Gallimard, 1960.


« Pour une critique des grands mots. Je suis plein de soupçon et de méchanceté contre ce qu’on appelle "idéal" : là se tient mon pessimisme, d’avoir reconnu que les "sentiments élevés" sont une source de malheurs, c’est-à-dire la source du rapetissement et de la dévaluation de l’homme.

On s’illusionne chaque fois qu’on attend un "progrès" de quelque idéal ; la victoire de l’idéal a toujours été un mouvement rétrograde. »

Friedrich Nietzsche, Le Nihilisme européen, Paris, Kimé, 1997.

« Finalement, dans les périodes de longue et profonde paix, on a de moins en moins l’occasion et l’obligation de former ses sentiments à la sévérité et la dureté ; dès lors, cette sévérité, même dans la justice, commence à importuner les consciences ; on est presque offensé par l’altier et dur aristocrate qui revendique la responsabilité de soi et de ses actes, il éveille la méfiance ; "l’agneau", et plus encore le "mouton bêlant", gagnent en considération. Il y a dans l’histoire un point de ramollissement maladif et de déliquescence où la société va jusqu’à prendre parti, sérieusement et sincèrement, pour celui qui la lèse, pour le criminel. Punir lui semble en quelque sorte injuste  à tout le moins, l’idée de "punition" et "d’obligation de punir" la fait souffrir et l’effraie. "Ne suffit-il pas de le mettre hors d’état de nuire ? A quoi bon le punir par surcroît ? Punir est une chose épouvantable !" Ainsi, la morale du troupeau, la morale de la peur, tire-t-elle ses dernières conséquences. A supposer que l’on puisse abolir le danger, la raison de craindre, on aurait par là-même aboli cette morale : elle ne serait plus nécessaire, elle-même ne se tiendrait plus pour nécessaire ! Si on scrute la conscience de l’Européen moderne, c’est toujours le même impératif qu’on débusquera des mille replis et recoins de la moralité, l’impératif de la peur du troupeau : "Nous voulons q’un jour il n’y ait enfin plus rien à craindre !". Un jour, un beau jour  la volonté et le chemin qui y mènent, voilà ce que partout en Europe on appelle aujourd’hui le "progrès". »

Friedrich Nietzsche, Par-delà le Bien et le Mal, Paris, Robert Laffont, 1993.

« Les classes dirigeantes pourries ont gâté l’image du maître. Confier la justice à "l’Etat", c’est une lâcheté, causée par l’absence du grand homme qui serait la mesure des choses. L’incertitude finit par devenir telle que les hommes se prosternent dans la poussière devant n’importe quelle énergie qui commande. »

« [Je m’insurge] contre cette grande erreur, que notre époque (l’Europe) représenterait le type d’homme supérieur. »

Friedrich Nietzsche, La Volonté de puissance, Paris, Gallimard, 1995.

« Contre quoi je mets en garde : confondre les instincts de décadence avec l’humanisme ; confondre les moyens dissolvants de la civilisation moderne, qui poussent nécessairement à la décadence, avec la civilisation vraie ; confondre le libertinage, le principe du "laisser-aller", avec la volonté de puissance (dont il est le contraire). »

« "L’utopie", "l’homme idéal", l’adulation de la nature, la vanité du moi qui se met en scène, la subordination à des fins de propagande sociale, le charlatanisme  voilà ce que nous a donné le XVIIIe siècle. »

« Notre siècle est un siècle agité, c’est pourquoi ce n’est pas un siècle passionné ; il s’échauffe continuellement parce qu’il sent qu’il n’est pas chaud  au fond, il gèle. Je ne crois pas à la grandeur de tous ces "grands évènements" dont vous parlez. »

Friedrich Nietzsche, La Volonté de puissance, Paris, Gallimard, 1995.

« Progrès.  Que nous ne nous fassions pas d’illusions ! Le temps avance  nous aimerions croire que tout ce qui est en lui avance aussi, que le développement est une évolution. Telle est l’apparence dont les plus réfléchis sont abusés. Mais le XIXe siècle n’est pas un progrès par rapport au XVIe siècle : et l’esprit allemand de 1888 est en régression sur l’esprit allemand de 1788… "L’humanité" n’avance pas, elle n’existe pas du tout. L’aspect d’ensemble est celui d’un prodigieux atelier d’essais où un certain nombre de choses réussissent, éparpillées à travers les époques, et où un nombre indicible de choses échouent, où manque tout ordre, toute logique, toute relation et toute obligation. Comment pourrions-nous méconnaître que l’avènement du christianisme est un mouvement de décadence. ?… Que la Réforme allemande est une recrudescence de la barbarie chrétienne ?… Que la Révolution détruit l’instinct organisateur de l’ensemble de la société ?… […] Le produit délicat de la civilisation est un avorton en comparaison de l’Arabe et du Corse ; le Chinois est un type plus réussi, c’est-à-dire plus durable, que l’Européen. »

Friedrich Nietzsche, Le Nihilisme européen, Paris, Kimé, 1997.



« Quelque limitées que soient nos lumières sur les sciences, je crois qu’on ne saurait nous disputer de les avoir poussées au-delà des bornes anciennes. Héritiers des siècles qui nous précèdent, nous devons être plus riches des biens de l’esprit ; cela ne peut guère nous être contesté sans injustice ; mais nous aurions tort nous-mêmes de confondre cette richesse empruntée avec le génie qui la donne. Combien de ces connaissances que nous prisons tant sont stériles pour nous ! Etrangères dans notre esprit où elles n’ont pas pris naissance, il arrive souvent qu’elles confondent notre jugement beaucoup plus qu’elles ne l’éclairent. Nous plions sous le poids de tant d’idées, comme ces états qui succombent par trop de conquêtes, où la prospérité et les richesses corrompent les mœurs, et où la vertu s’ensevelit sous sa propre gloire. […]

Pourquoi dissimulerais-je ici ce que je pense ? Je sais que nous avons des connaissances que les anciens n’avaient pas : nous sommes meilleurs philosophes à bien des égards ; mais, pour ce qui est des sentiments, j’avoue que je ne connais guère d’ancien peuple qui nous cède. C’est de ce côté là, je crois, qu’on peut bien dire qu’il est difficile aux hommes de s’élever au-dessus de l’instinct de la nature. Elle a fait nos âmes aussi grandes qu’elles peuvent le devenir, et la hauteur qu’elles empruntent de la réflexion est ordinairement d’autant plus fausse qu’elle est plus guindée. Tout ce qui ne dépend que de l’âme ne reçoit nul accroissement par les lumières de l’esprit, et, parce que le goût y tient essentiellement, je vois qu’on perfectionne en vain nos connaissances ; on instruit notre jugement, on n’élève point notre goût. »

Vauvenargues, Discours sur le caractère des différents siècles, in Introduction à la connaissance de l’esprit humain, Paris, Flammarion, 1981.


« L’histoire de nos sociétés industrielles ne justifie aucune gloriole quant à leur capacité à assurer une redistribution équitable des fruits de l’accroissement de la richesse. Les inégalités sont de plus en plus fortes. Quant aux rapports entre industrialisation et démocratie, ils sont de plus en plus fragiles et problématiques, voire douteux. Ce constat évident est une contre-promesse directe à l’idée de progrès, qui demeure pourtant le fil directeur de nos politiques, toutes fondées sur le postulat de l’amélioration et de la modernité. »

Frédéric Joly, préface de Le Seul et Vrai Paradis, Paris, Climats, 2002.


« Telle est bien, en définitive, l’aliénation spécifique dans laquelle se débat de nos jours l’individu libéral-libertaire, prototype humain désormais fabriqué en série, dont la gauche n’a pas le monopole, bien qu’elle constitue à l’évidence son refuge de prédilection. Cet individu, en effet, doit s’imaginer en permanence qu’il est dans la marge afin de pouvoir continuer à se tenir dans la norme ; il lui faut croire à tout instant qu’il vit dans la transgression, le libertinage et la volupté épicurienne  modes de vie bien évidemment au-dessus de ses propres moyens  pour demeurer le pantin pathétique qui s’agite désespérément dans l’univers ennuyeux, tyrannique et puritain de la consommation obligatoire et de ses changements incessants. On pourrait presque dire, en employant l’ancien langage, qu’il doit s’épuiser à être "de gauche" pour que le monde continue à être "de droite". »

Jean-Claude Michéa, préface de La Révolte des élites, Paris, Climats, 1996.

Quelques suggestions de lectures…


 Pierre-André TAGUIEFF : L’Effacement de l’avenir, Paris, Galilée, 2000.

Une brillante analyse, à la fois perspicace et érudite, sur la perte du sens de l’avenir chez les modernes. Après les excès de la rhétorique progressiste du XIXe siècle, vouée à la projection optimiste dans un futur qu’on espérait idyllique, le XXe siècle aurait vu l’émergence d’un « mouvementisme » nihiliste, recentré sur le présent. Sans passé ni avenir, les contemporains n’en auraient ainsi pas pour autant renoncer à « bouger », mais s’agiteraient dérisoirement pour lutter contre l’ennui qui les guette et dissimuler leur fatigue de vivre, de même que leur absence de véritable projet politique.

On reprochera seulement à l’auteur d’avoir proposé, conformément à ses habitudes, une interprétation quelque peu réductrice de l’ethno-régionalisme, restant fidèle aux positions souverainistes qui animaient ses précédents ouvrages. Pierre-André Taguieff a du moins le mérite d’avoir posé avec finesse et intelligence le délicat problème de l’identité, et d’avoir rappelé que l’effondrement des structures d’appartenance détermine pour une bonne part le rapport vicié que nous entretenons désormais à l’égard du temps : il faut avoir un passé pour s’ouvrir à l’avenir. On consultera également deux autres ouvrages de l’excellent politologue, portant sur des problématiques assez proches : Résister au « bougisme ». Démocratie forte contre mondialisation techno-marchande, Paris, 2001, Mille et une nuits, et Du progrès. Biographie d’une utopie moderne, Paris, E.J.L., 2001.
 Christopher Lasch : Le Seul et Vrai Paradis, Paris, Climats, 2002.

Un ouvrage fondamental, enfin traduit en français. Christopher Lasch a sans doute été un des auteurs politiques les plus importants de la seconde moitié du XXe siècle. Bien qu’il ait profondément influencé la pensée gauchiste anglo-saxonne, ses travaux restent encore injustement méconnus sur le vieux continent, et la réhabilitation du populisme agrarien à laquelle il s’est livré à la fin de sa vie a été trop souvent occulté, aux Etats-Unis, au profit de ses premières études  passionnantes, sur un plan sociologique, mais peut-être moins abouties, au niveau idéologique. La publication du Seul et Vrai Paradis devrait pouvoir donner à sa pensée, dans notre pays, toute la reconnaissance qu’elle mérite.

Le livre dresse en fait un inventaire de différents courants d’idées, américains et européens, qui se sont opposés au culte du progrès, et ont proposé des alternatives aux modes de vie dominants. Les auteurs invoqués constituent pour le moins un panel hétéroclite (Tom Paine, Reinhold Nieburh, William Cobbett, Orestes Brownson, Martin Luther King, Carlyle, Sorel, William James, Walter Weyl, Seymour Martin Lipset, etc.), mais la synthèse de Lasch est tout à fait pénétrante, et retire le meilleur de chacun d’eux pour ériger une vision du monde personnelle et originale, marquée surtout par l’influence d’Emerson. Le panorama présenté est également passionnant pour ceux qui étudient la vie politique et philosophique américaine : certains développements sont consacrés à des auteurs parfois inconnus chez nous. On regrettera malgré tout que l’éditeur n’ait pas conservé la monumentale bibliographie commentée qui accompagnait le livre dans sa version originale.
Frédéric Rouvillois : L’Invention du Progrès, aux origines de la pensée totalitaire (1680-1730), Paris, Kimé, 1996.

Un livre de référence, fascinant et éclairant. A consulter impérativement.
Daniel Lindenberg : Le Rappel à l’ordre. Enquête sur les nouveaux réactionnaires, Paris, Seuil, 2002.

On ne présente plus le pamphlet de Lindenberg, dont  presque  tout le monde s’accorde à reconnaître la médiocrité et la mauvaise foi. Malgré des raccourcis douteux (Luc Ferry réactionnaire !), le livre a pourtant indirectement le mérite d’avoir pointé du doigt l’émergence d’une remise en cause de plus en plus hégémonique de la croyance au progrès chez les intellectuels français, dans toutes les familles politiques (depuis l’extrême gauche jusqu’à l’extrême droite, en passant par les libéraux et les sociaux-démocrates). La polémique suscitée par la publication de l’ouvrage, en ce sens, aura donc eu du bon.

Gilbert Hottois : Entre symboles et technosciences. Un itinéraire philosophique, Seyssel, Champ Vallon, 1996.
Philippe Muray : Le XIXe siècle à travers les âges, Paris, Gallimard, 1999.
Jean-Claude Michéa : Impasse Adam Smith, Paris, Climats, 2002.

Un recueil d’essais qui reprennent quelques unes des grandes thèses de Christopher Lasch et les appliquent à la vie intellectuelle française. A l’heure où « le destin de tout individu n’est pas de devenir adulte, mais de rester jeune », le libéralisme, selon l’auteur, ne peut plus être perçu comme autoritaire et patriarcal ; il serait plutôt anti-conservateur, dans la mesure où c’est plutôt à un « paternalisme sans père » que nous serions livrés.

Le bourgeois-bohème d’aujourd’hui, libéral-libertaire tout droit sorti de Mai 68, a beau se dire de gauche, il n’en défend pas moins à son insu la société de consommation, souligne encore Michéa. Depuis qu’il est « interdit d’interdire » et que la culture de masse a été réhabilitée, le client est réellement devenu roi. Toute remise en cause radicale du système socio-économique et culturel étant taxée de « conservatrice », seul le libéralisme reste en lice pour exercer son emprise sur les mentalités, au point que les socialistes eux-mêmes se rangent à l’économie de marché. A vrai dire, le lien entre le libéralisme économique et l’idéologie « éclairée » des élites bien-pensantes est plus profond qu’il n’y paraît. Loin de n’être qu’une alliance de circonstance, il trouve ses racines dans l’ambiguïté originelle du libéralisme, qui désignait initialement les premiers partisans de la libre-entreprise aussi bien que les émules de Kant et des Lumières. « Si l’exercice de la liberté humaine doit se confondre avec la question des choix d’un consommateur confronté à un marché donné, chacun se retrouve, en effet, légitimement fondé, pourvu qu’il y mette le prix, à exiger qu’une offre corresponde à n’importe laquelle de ses demandes, fut-elle la plus absurde ou la plus immorale. Du point de vue libéral-libertaire, il est ainsi parfaitement légitime de défendre jusqu’à ses ultimes conséquences l’idée d’un "droit de tous sur tout" (selon l’expression de Hobbes), que ce soit, par exemple, le droit d’exploiter librement son prochain, ou d’épouser son chien, ou encore de travailler joyeusement à remplacer le "vieil homme" (St Paul et St Augustin) par l’homme nouveau, c’est-à-dire, selon la définition, de nos jours, la plus couramment admise, par un "animal assis qui contemple un écran" ; remplacement qui constitue, certes, un progrès, mais dont la réalisation intégrale semble inclure un certain degré d’assistance chimique, voire, probablement, quelques indispensables modifications génétiques. »

Disons-le sans ambages, Impasse Adam Smith est une lecture particulièrement stimulante !
Dominique Bourg : Nature et technique. Essai sur l’idée de progrès, Paris, Hatier, 1997.

Il s’agit d’une réflexion intéressante sur la nature et la technique, qui aborde certains enjeux écologiques essentiels de notre temps (principe de précaution, manipulation génétique du vivant, nécessité d’imposer des limites au développement et de faire des choix politiques plus contraignants). Le livre reste malheureusement un peu trop conciliant à l’égard de la société techno-marchande. Du même auteur, on lira par ailleurs L’Homme-artifice. Le sens de la technique, Paris, Gallimard, 1996.
Howard Zinn : Une histoire populaire des Etats-Unis d’Amérique, de 1492 à nos jours, Marseille, Agone, 2002.

L’histoire américaine vue sous l’angle contestataire, subversif et anti-progressiste du populisme.
Roger Dupuy : La Politique du peuple. Racines, permanences et ambiguïtés du Populisme, Paris, Albin Michel, 2002.

Un livre bien documenté, à consulter (surtout pour ses qualités historiques).



similaire:

Thibault Isabel «Croire au progrès» iconL’incitation au progres technique et industriel

Thibault Isabel «Croire au progrès» iconTHÈse pour le diplôme d’État
«terrain», particulièrement le Dr Thibault Legrix qui m’a accordé sa confiance le premier et m’a convaincu que la médecine générale...

Thibault Isabel «Croire au progrès» iconPlume par Michel Crespy : Scepticisme, faites semblant de croire et bientôt vous croirez

Thibault Isabel «Croire au progrès» iconArts et progrès techniques
«La Radio» est un court poème en prose, extrait du Grand recueil de Francis Ponge, publié en 1946

Thibault Isabel «Croire au progrès» iconSébastien Thibault, doctorant/chercheur en philosophie esthétique à Paris 8
«culture historique» (appelée «historicisme» ou «historiographie» par Benjamin) et que Nietzsche interprète comme un «mal», une «infirmité»...

Thibault Isabel «Croire au progrès» iconRésumé : L'idée s'est affirmée en occident depuis deux siècles que...

Thibault Isabel «Croire au progrès» icon1 Pourquoi croire est-il devenu difficile ?
...

Thibault Isabel «Croire au progrès» iconCette troisième partie est consacrée à
«romantisme», ce «mot de ralliement», et sur «réalisme», ce «mot de passe», sur ces «canards» [fausses nouvelles] qu’on lance et...

Thibault Isabel «Croire au progrès» iconLes grands themes de la periode decadente
«Seigneur, prenez pitié du chrétien qui doute, de l’incrédule qui voudrait croire, du forçat de la vie qui s’embarque seul, dans...







Tous droits réservés. Copyright © 2016
contacts
a.21-bal.com