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CONCLUSION Les musiques actuelles ont suivi la même logique que les politiques culturelles : une reconnaissance tardive, une institutionnalisation, une professionnalisation, des budgets insuffisants, un Etat intéressé par le côté social plus que par le côté artistique… Les institutions ont pris en charge les différents organes de la culture. Les décisions se sont décentralisées jusque dans les DRAC. Avant de bénéficier de vrais lieux équipés, la musique a du se « contenter » des MJC, des petites salles, des « trop » grandes salles (zéniths), des cafés musiques. Ce n’est qu’en 1998 que les salles de concerts sont devenues des Scènes de musiques actuelles. L’Etat, en les labellisant via le programme SMAC, a sauvé ces structures d’une précarité et d’une disparition certaine, en les aidant financièrement pour la première fois à fonctionner. Cependant il n’a fait que son devoir vu leur utilité sociale, économique, mais surtout culturelle et artistique. Ce sont mêmes les collectivités locales, qui entrent dans le contrat tripartie SMAC, qui subventionnent le plus ces lieux, à hauteur de 60%, contre 25% de l’Etat. Alors oui, les SMAC se sont institutionnalisées (validation de notre 1ère hypothèse). Cela va de paire avec la professionnalisation du milieu, ce qui est une bonne chose, comme le souligne Stéphane Martin, programmateur du Chabada à Angers (SMAC) : « Ce secteur s’est tout simplement professionnalisé. Il existe aujourd’hui un réseau de salles dédiées aux musiques actuelles, ce qui n’était pas le cas auparavant. Il y a des gens qui travaillent dans ces salles, on a donc créé des emplois. Les musiciens français ont des lieux où jouer et souvent aussi où répéter et travailler. Le résultat c’est que la qualité de leur musique a fait un bond phénoménal […]. Tout ceci a répondu à des attentes et généré un public important et sûrement plus mélomane que jamais. Que l‘état reconnaisse les musiques actuelles, même du bout des lèvres comme c’est le cas, me paraît une excellente chose. Que la collectivité subventionne les salles me paraît aussi une très bonne chose. »90 La peur que l’on pouvait alors avoir, c’est que ces évolutions mènent à une uniformisation, à une généralisation du milieu. C'est-à-dire retrouver la même chose partout, que toutes les SMAC soient communes. Les propos de Nicolas Crusson, responsable des Musiques actuelles à l’ADDM49, confirme cette inquiétude : « Qui dit institutionnalisation, implique une part d’uniformisation, on est sur une politique publique nationale et qui dit politique publique nationale dit accès égal pour tous sur le territoire. »91 Philippe Berthelot, directeur de la Fédurok, nous rassurait, en rappelant que cette professionnalisation, cette institutionnalisation avait été décidée et négociée avec les professionnels des musiques actuelles : « Le label pose un cahier des charges et est issu d’une négociation/concertation. Il a été pensé au maximum pour satisfaire des missions qui puissent trouver dans la réalité des mises en œuvre adaptées selon les différents paramètres qui conditionnent l’évolution singulière du lieu. Son application ensuite va varier en fonction des DRAC et de la capacité politique de proposition du lieu. »92 L’étude de 3 salles SMAC, le Chabada à Angers, l’Olympic à Nantes et l’Antipode à Rennes, nous donne alors les premiers résultats. Seuls l’organisation des lieux (équipe du personnel) et 10% de leurs programmations sont identiques. Les budgets, les prix et 85% des programmations sont différents. Notre deuxième hypothèse n’était alors pas validée : les SMAC ne se ressemblent pas. Les entretiens avec 4 professionnels privilégiés des musiques actuelles (Philippe Teillet, maître de conférences en sciences politique à Grenoble, Président de l’ADRAMA93, responsable de 2 masters professionnels sur les musiques actuelles, Philippe Berhelot, le directeur de la Fédurok94, Nicolas Crusson, le responsable des musiques actuelles à l’ADDM49 et Stéphane Martin le programmateur programmateur du Chabada à Angers), venaient eux aussi montrer la différence des SMAC et leurs libertés. On constatait alors que les SMAC avaient des obligations (professionnalisation, institutionnalisation), des difficultés (statut des intermittents), des inconvénients (intrusion des maisons de disque dans leur milieu), mais aussi des avantages (diversification et spécificité des programmations). Les SMAC gardent une grande liberté, ce qui invalide notre troisième hypothèse : les SMAC ne sont pas « enfermées » dans un moule. Notre problématique de départ n’est donc pas validée : la professionnalisation des SMAC n’a pas contribué à leur généralisation. Elle a plus participé à leur structuration. Le label SMAC amène des règles, des lois. Elles doivent respecter un contrat avec l’Etat et les collectivités, assumer leurs missions sociales, économiques, culturelles et artistiques. Elles ont des salariés qualifiés. Mais elles ont des marges de manœuvre importantes. Les mots de Philippe Teillet, président de l’ADRAMA, vont dans ce sens « L’institutionnalisation (au sens de la pérennisation des structures devenues indépendantes de leurs fondateurs) et la professionnalisation (au sens de la rémunération des équipes) influent moins sur le contenu de leurs activités que les nombreux échanges existant au sein du milieu des musiques actuelles entre des responsables de salles. »95 Mais comme le dit Nicolas Crusson, le changement qu’il faut craindre est peut-être la perte d’âme du milieu : « L’institutionnalisation qui sous tend la normalisation, donc de la structuration, donc de la professionnalisation c’est la perte de sens, d’âme, de niaque, ce qui peut provoquer du désenchantement par rapport à l’histoire de ce secteur, à ses représentations, et qui peuvent rendre ces lieux fonctionnels, moins proches de la rue car c’est plus de responsabilités (responsabilité de salariés, de rentabilité éco minimum car l’argent publique n’est pas extensible, de la dépendance croissante au marché de la musique qui vit des transformations importantes depuis la crise des intermittents, la dématérialisation des supports et ses conséquences sur les changements de modes d’écoute des nouvelles générations,….). »96 J’avoue avoir du mal à me positionner sur la question, à émettre un avis sur le sujet. Et surtout, comment étudier cela… Je suis finalement satisfait des résultats obtenus à nos recherches. Ce milieu me passionne encore plus. J’espère que des crédits plus importants seront alloués par l’Etat, pour que les SMAC puissent agir pleinement. Cependant des travaux plus importants seraient intéressants à faire sur cette question d’uniformisation des SMAC pour avoir des résultats nationaux. Il faudrait comparer toutes les SMAC, et d’avantages de critères (plan de communication, graphisme des programmes, diversités des programmation avant les SMAC…). C’est d’ailleurs le fruit d’une étude qui va être réalisée par Philippe Le Guern (responsable de la formation administration des entreprises culturelles à l’IUT d’Angers) en collaboration avec la Fédurok, qui commence dès septembre 2007. Il serait aussi très intéressant de voir qu’elle est la politique actuelle en faveur des cafés musiques et autres cafés concerts. Car ceux-ci semblent mourir peu à peu, mais en masse, depuis quelques années. Or, il représentent un pallier obligatoire et nécessaire pour les petits groupes en développement. Ce créneau devient justement, avec la disparition de ces lieux, une mission supplémentaire à assumer pour les SMAC. BIBLIOGRAPHIE OUVRAGES AUDUBERT Philippe et DANIEL Luc. Profession entrepreneur de spectacles. Irma, 2004. BEAULIEU Bernard et DARDY Michèle. Histoire administrative du ministère de la culture, 1959-2002. La documentation française (Comité d’histoire du ministère de la Culture), 2002. CARDONA Janine et LACROIX Chantal. Chiffres clefs 2002-2003, statistiques de la culture. La documentation française (Comité d’histoire du ministère de la Culture), 2003. CHARTIER Roger. Les origines culturelles de la Révolution française. Le Seuil, 2000. COQBLIN Christian, DESROSIERS Brigitte, GIRAULT Pascal, JOSSE Christine, LIDOU Maurice et SAUTREAU Jean-Louis. Volumes, Guide de l’acoustique des lieux de musiques amplifiées. Irma, 1995. DJIAN Jean-Michel. Politique culturelle : la fin d’un mythe. Gallimard, 2005 GENTIL Geneviève et POIRRIER Philippe. La politique en débat, Anthologie, 1995-2005. La documentation française (Comité d’histoire du ministère de la Culture), 2006. LEXTRAIT Fabrice. Une nouvelle époque de l’action culturelle. La documentation française (Comité d’histoire du ministère de la Culture), 2001. POIRRIER Philippe. Les politiques culturelles en France. La documentation française (Comité d’histoire du ministère de la Culture), 2002. POIRRIER Philippe, RAB Sylvie, RENEAU Serge, VADELORGE Loïc. Jalons pour l’histoire des politiques culturelles locales. La documentation française (Comité d’histoire du ministère de la Culture), 1995. SAEZ Guy. Institutions et vie culturelles. La documentation française (Comité d’histoire du ministère de la Culture), 1996. URFALINO Philippe. L’invention de la politique culturelle. La documentation française (Comité d’histoire du ministère de la Culture), 2004. CONFERENCES « La programmation musicale ». Organisée par Trempolino au Chabada à Angers. 30 novembre 2006. « Le secteur des musiques actuelles : de l’innovation à la normalisation… et retour ? ». Organisée par le CUFCO à l’Espace culturel d’Angers. 10 octobre 2006. RAPPORTS BERTHOD Michel et WEBER et Anita. Les politiques de soutien aux musiques dites actuelles. Publié en mai 2006. LA COMMISSION DES MUSIQUES ACTUELLES. Rapport de la commission nationale des musiques actuelles. Publié en 1998. LA FEDUROK. Tour de France. Publié en 2000. ENTRETIENS BERTHELOT Philippe Berthelot. Directeur de la Fédurok. CRUSSON Nicolas. Responsable des musiques actuelles à l’ADDM49. MARTIN Stéphane Programmateur de la SMAC Le Chabada à Angers. TEILLET Philippe. Maître de conférences en sciences politiques à Grenoble, Président de l’ADRAMA, Responsable des masters professionnels "Direction de projets culturels" à l’Institut d’Etudes Politiques de Grenoble et "Direction d’équipements et de projets dans le secteur des musiques actuelles et amplifiées" à l’Université d’Angers. SITES INTERNET www.la-fedurok.org www.irma.asso.fr www.culture.gouv.fr www.lechabada.com www.olympic.asso.fr www.mjc-antipode.com/antipode www.wikipedia.fr ANNEXES 1 ADRAMA : Association pour le développement des musiques actuelles à Angers 2 Voir entretien en annexes (p.115) 3 Rapport de la commission des musiques actuelles publié en 1998 (voir annexes p.128) 4 Voir en annexes (p.143) 5 Voir en annexes (p.193) 6 Propos recueillis auprès de Philippe Teillet (voir entretien en annexes : p.115) 7 CRIM : Centre ressources infos musiques du Mans 8 Trempolino : Association de promotion et développement des musiques actuelles (informations, ressources, formations, qualifications, soutien…) 9 IRMA : Institut d’information et ressources des musiques actuelles 10 ADRAMA : Association pour le développement des musiques actuelles à Angers 11 FEDUROK : Fédération des salles et club rock. Elle représente aujourd’hui 64 structures. Son but est d’organiser et de structurer le secteur des Musiques Amplifiée/Actuelles 12 Constitution du 27 octobre 1946, préambule 13 Le Capital, Karl Marx, 1867 14 Julien Maurice Cain, né le 10 mai 1887 à Montmorency. Il est un haut fonctionnaire français. 15 Jean Vilar, né le 12 mars 1912 à Sète. Il est acteur metteur en scène, directeur de théâtre, créateur du Festival d’Avignon 16 Pierre Bourdan, indépendant de gauche, de son vrai nom Pierre Maillaud, est un journaliste et un homme politique français né le 13 mai 1909 à Perpignan. Il publie pour Le Soir, Figaro, Bref. Il crée l’Agence française indépendante à Londres. Il participera à la création du festival d’Avignon et du festival de Cannes. Il fera évoluer le statut de la presse. 17 Paul Ramadier, est un homme politique français, (membre du SFIO et de l’union socialiste républicaine) né le 17 mars 1888 à La Rochelle. Il est sous-secrétaire d’Etat sous le gouvernement de Léon Blum en 1936. Il est ministre du Travail sous le gouvernement d’Edouard Daladier en 1938. Il participe à la Résistante (et fait partie des Justes pour avoir défendu les juifs). Il est le premier président du Conseil après l’adoption de la Constitution de la IV République. Il défend la retraite, les 40 heures et les accidents du travail. 18 Jean Zay fut élu député à 27 ans, nommé ministre de l’Education Nationale sous le Front Populaire à 32 ans, fonction qu’il exerça jusqu’en 1939. Il s’opposa au gouvernement de Vichy, raison pour laquelle les miliciens de Joseph Darnand l’assassinèrent en 1944. Il n’a alors que 39 ans. Il créa les classes d’orientation, le sport et les loisirs dans l’enseignement, la radio scolaire, l’ENA, les bibliobus l’idée de droits d’auteur, l’idée d’un statut du cinéma, l’idée de subventions et d’aides publiques pour la Culture. 19 La politique culturelle en débat, anthologie 1955-2005, Geneviève Gentil et Philippe Poirrier, La documentation française, 2006. 20 www.culture.gouv.fr/culture/historique/rubriques/43ans.pdf (voir en annexes p.131) 21 www.culture.gouv.fr/culture/historique/rubriques/43ans.pdf (voir en annexes p.131) 22 www.culture.gouv.fr/culture/historique/rubriques/43ans.pdf (voir en annexes p.131) 23 il n’y en aura finalement que 9 au lieu de 95, ce qui expliquera sans doute leur échec 24 Conçu par le compositeur Marcel Landowski 25 André Chastel, né le 15 novembre 1912 à Paris. Historien d’art français. Professeur au Collège de France. Elu membre de l’Académie des inscriptions et belles-lettres en 1975 26 http://www.uzeste.org/a/uploads/UzesteMusical-UUPPPC/Les3DCDeLaPolitique.pdf Extrait du rapport du groupe de travail Long terme, du commissariat au plan 1971, cité dans l’article d’Augustin Girard : « Une politique globale et interdisciplinaire de développement culturel » in « Les affaires culturelles au temps de Jacques Duhamel », éditions Documentation française, 1993. 27 En dix ans, le FIC va distribuer un milliard de francs pour plus de deux mille actions 28 1% du coût de construction d’un bâtiment de l’Etat doit être affecté à une œuvre d’art destinée à s’y insérer |
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