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Le Malade imaginaire de Molière Séquence élaborée par Mme Cécile Flory pour ses élèves de seconde du lycée Victor Hugo à Marseille Objet d’étude : La tragédie et la comédie au XVIIème siècle : le classicisme. Genres et formes de l'argumentation : XVIIème et XVIIIème siècle Objectifs :
Séance 1 : introduction Séance 2 : la comédie-ballet et le mélange des arts Séance 3 : une composition complexe
Séance 4 : lecture analytique: la scène d'exposition Séance 5 : les différents types de comique Séance 6 : écriture d’invention Séance 7 : lecture analytique : III, 3
Séance 8 : commentaire II, 5 Séance 9 : jeu théâtral Séance 10 : lecture analytique du dénouement III, 14 - 3ème intermède Séance 12 : évaluation finale Prolongements possibles :
I - Le genre de la comédie-ballet. Séance 1 : Introduction Objectifs: prendre contact avec l'œuvre et susciter des questions chez les élèves. Remettre en contexte. La séance débute avec l’observation de la pièce (du livre), et notamment des premières pages. 1 - Observer le paratexte :
Définition: une comédie mêlée de musiques et de danses. Leur demander s'ils peuvent faire le rapprochement avec des formes modernes, comme la comédie musicale, au théâtre ou au cinéma. Les amener à trouver la problématique de l'étude : dans quelle mesure cette pièce est-elle un spectacle complet? 2 - Recherches / exposés : (suivant la disposition des séances) Certains élèves sont chargés de faire des exposés sur un sujet, ou alors la classe peut aller au CDI pour faire des recherches en AP ou en demi-groupes et se répartir les sujets, puis rendra compte en classe entière de leur résultats.
Séance 2 : la comédie-ballet et le mélange des genres Objectif : définir le genre et les caractéristiques de la comédie-ballet et la remettre en contexte (la cour, le rôle du roi). Support : Groupement de textes (lectures cursives) : Texte A : Aristophane, La Paix, Texte B : préface des Fâcheux ; texte C : Prologue, L’Amour médecin, Texte D : Prologue, Le Malade imaginaire. Durée : 1h30 Texte A : Aristophane, La Paix, 419 av. J.C. (source : http://remacle.org/bloodwolf/comediens/Aristophane/paix.htm) Dans cette comédie tout le monde veut la paix. Le vigneron Trygée, monté sur un escarbot, arrive à la porte de l'Olympe et découvre la Paix dans une caverne profonde où elle a été enfermée par la Guerre. Avec l'aide de tous les hommes de bonne volonté, il la délivre. La joie et les fêtes renaissent de toutes parts. Trygée épouse l'Abondance, compagne de la Paix, et le Choeur chante en vers charmants les loisirs de la vie rustique. TRYGÉE. Vous tairez-vous ? Que votre joie de la tournure des affaires ne réveille pas la Guerre qui est là dedans : plus de cris ! LE CHOEUR. Nous nous réjouissons d'entendre cet édit : ce n'est plus comme de venir avec des vivres pour trois jours. TRYGÉE. Prenez garde que ce Cerbère de là-dessous ne s'emporte et ne crie, comme lorsqu'il était ici, et ne nous empêche de ramener la Déesse. LE CHOEUR. Non, désormais on ne nous la ravira plus, une fois qu'elle sera venue entre nos bras. Ah ! ah ! ah ! TRYGÉE. Vous voulez donc me tuer, vilaines gens, en ne cessant pas vos cris ? Le monstre va s'élancer et fouler tout aux pieds. LE CHOEUR. Qu'il bouleverse, qu'il écrase, qu'il trouble tout ; notre joie aujourd'hui ne saurait cesser. TRYGÉE. O malheur ! Qu'avez-vous donc, bonnes gens ? N'allez pas, au nom des dieux, gâter par vos danses une si belle affaire ! LE CHOEUR. Ce n'est pas que je veuille danser, mais de plaisir, et sans que je les meuve, mes deux jambes sautillent. TRYGÉE. N'allons pas plus loin ; cessez, cessez de sautiller. LE CHOEUR. Voilà, je cesse. TRYGÉE. Tu le dis, mais tu ne cesses pas. LE CHOEUR. Laisse-moi donc encore esquisser un pas, et point davantage. TRYGÉE. Celui-là seulement, et ne dansez plus, mais pas du tout. LE CHOEUR. Nous ne danserons plus, si nous te sommes utiles à quelque chose. TRYGÉE. Mais vous le voyez, vous n'avez pas encore cessé. LE CHOEUR. De par Zeus ! nous lançons encore la jambe droite, et c'est fini. TRYGÉE. Je vous le permets pour que vous ne me chagriniez plus. LE CHOEUR. Oui, mais la gauche veut nécessairement être de la partie. Je suis joyeux, je pète, je ris, plus même que si j'avais dépouillé la vieillesse ; j'échappe au bouclier. TRYGÉE. Ne vous réjouissez pas encore ; car vous ne savez ce qu'il en est précisément. Mais quand nous la tiendrons, alors réjouissez-vous, criez, riez ! Il vous sera permis, en effet, de naviguer, de demeurer, de faire l'amour, de dormir, de prendre part aux panégyries et aux théories, de banqueter, de jouer au cottabe, de mener une vie de Sybarite et de crier : !ou ! lou ! Texte B : Préface des Fâcheux de Molière, 1661 : Jamais entreprise au théâtre ne fut si précipitée que celle-ci, et c'est une chose, je crois, toute nouvelle qu'une comédie ait été conçue, faite, apprise et représentée en quinze jours. Je ne dis pas cela pour me piquer de l'impromptu et ne prétendre de la gloire, mais seulement pour prévenir certaines gens qui pourraient trouver à redire que je n'aie pas mis ici toutes les espèces de fâcheux qui se trouvent [...] Il n’y a personne qui ne sache pour quelle réjouissance la pièce fut composée, et cette fête1 a fait un tel éclat qu’il n’est pas nécessaire d’en parler ; mais il ne sera pas hors de propos de dire deux paroles des ornements qu’on a mêlés avec la comédie. Le dessein était de donner un ballet aussi ; et comme il n'y avait qu'un petit nombre choisi de danseurs excellents, on fut contraint de séparer les entrées de ce ballet, et l'avis fut de le jeter dans les entractes de la comédie afin que ces intervalles donnassent le temps aux mêmes baladins de revenir sous d'autres habits. De sorte que pour ne point rompre aussi le fil de la pièce par ces manières d'intermèdes, on s'avisa de les coudre au sujet du mieux que l'on put et de ne faire qu'une seule chose du ballet et de la comédie ; mais comme le temps était fort précipité et que tout cela ne fut pas réglé entièrement par une même tête, on trouvera peut-être quelques endroits du ballet qui n'entrent pas dans la comédie aussi naturellement que d'autres. Quoiqu'il en soit, c'est un mélange qui est nouveau pour nos théâtres, et dont on pourrait chercher quelques autorités dans l’antiquité […]. Texte C : L’Amour médecin, Molière, 1665 LA COMÉDIE, LA MUSIQUE ET LE BALLET LA COMÉDIE Quittons, quittons notre vaine querelle, Ne nous disputons point nos talents tour à tour. Et d'une gloire plus belle, Piquons-nous en ce jour. Unissons-nous tous trois d'une ardeur sans seconde, Pour donner du plaisir au plus grand roi du monde. TOUS TROIS Unissons-nous... LA COMÉDIE De ses travaux, plus grands qu'on ne peut croire, Il se vient quelquefois délasser parmi nous. Est-il de plus grande gloire Est-il bonheur plus doux? Unissons-nous tous trois... TOUS TROIS Unissons-nous... Texte D : Molière, Prologue du Malade imaginaire, 1673 Après les glorieuses fatigues et les exploits victorieux de notre auguste monarque, il est bien juste que tous ceux qui se mêlent d'écrire travaillent ou à ses louanges, ou à son divertissement. C'est ce qu'ici l'on a voulu faire, et ce prologue est un essai des louanges de ce grand prince, qui donne entrée à la comédie du Malade imaginaire, dont le projet a été fait pour le délasser de ses nobles travaux. Questions préparant à la lecture cursive:
Éléments de réponse : 1. La pièce d’Aristophane nous montre l’importance de la danse dans les comédies grecques, comme le signale la présence de ce champ lexical. On voit ici qu’il s’agit de danse bouffonne, le chœur faisant semblant de ne pas se maîtriser, ce qui amène Trygée à le gronder. Histoire littéraire : La comédie fut intégrée dès 486 av. J.-C. aux Grandes Dionysies, autrement dit un demi-siècle après la première représentation d’une tragédie. Les spécialistes distinguent trois périodes dans la comédie: de 486 av. J.-C. à la fin du Ve siècle, la comédie ancienne ; du début du IVe siècle jusque vers 320 av. J.-C., la comédie moyenne et de la fin du IVe siècle à l’époque romaine, la comédie nouvelle. La comédie ancienne, dont le principal représentant est Aristophane, avait un caractère spectaculaire. Elle faisait une large place à l’attaque personnelle et aux propos obscènes et se caractérisait également par l’importance des parties lyriques interprétées par le chœur, ses sujets comiques de pure fantaisie et les thèmes mythologiques. Le chœur, constitué de vingt-quatre choreutes, incarnait parfois des créatures allégoriques (oiseaux, animaux, villes ou nuages) (figure 18). Tous les choreutes portaient des costumes fantaisistes et pleins d’invention. Le chant et la danse occupaient une place privilégiée comme dans la tragédie, avec laquelle la comédie présente du reste un certain nombre d’analogies de structure. Le chœur de la comédie ancienne, comme celui de la tragédie, se présentait souvent vraisemblablement en formation rectangulaire. Mais il y a tout lieu de penser qu’intervenaient dans chaque pièce toute une variété de danses animées et pleines de trouvailles. 2. Molière s’inspire peut-être du théâtre antique, même s’il n’y fait pas référence directement. Il explique qu’il a créé sa pièce pour la fête de Vaux : « il n’y a personne qui ne sache pour quelle réjouissance la pièce fut composée ». On peut noter que Les Fâcheux plut beaucoup au roi, qui demanda alors à Molière de créer d’autres divertissements pour sa cour. Molière semble avoir saisi l’occasion d’écrire une pièce qui plaise au roi, sans que cela naisse d’une réflexion artistique plus développée : « Jamais entreprise au théâtre ne fut si précipitée ». Enfin, l’auteur explique précisément comment il en est arrivé à envisager ce type de pièce : « le dessein était de donner un ballet aussi », mais faute de bons danseurs en nombre suffisant « on fut contraint de séparer les entrées de ce ballet et l’avis fut de les jeter dans les entractes ». Cette pièce vient donc du mélange d’une comédie et d’un ballet. Il est intéressant de noter que la naissance de ce genre si prisé à l'époque provient d'une forme de « concours de circonstances »... 3. Louis XIV aimait énormément danser, et il lui arrivait fréquemment de participer aux ballets de cour. Le fait de satisfaire les intérêts du roi est d’ailleurs clairement exprimé dans le prologue de l’Amour médecin et du Malade imaginaire : « Après les glorieuses fatigues et les exploits victorieux de notre auguste monarque, il est bien juste que tous ceux qui se mêlent d’écrire travaillent ou à ses louanges ou à son divertissement ».On reconnaît en Molière un véritable courtisan, mais il a su allier ses flatteries à son génie créateur. En fin de compte, c’est grâce à Louis XIV et aux fêtes de Versailles qu’il donna entre 1664 et 1668 que toutes ces comédies furent écrites. 4. La comédie-ballet est un spectacle complet qui mélange trois formes d’art : la musique, le théâtre et la danse. Ainsi, le spectateur est confronté à des langages différents qui se complètent les uns les autres. On peut noter qu’au tout début de la comédie-ballet, comme dans Les Fâcheux, la musique n’intervenait que pour accompagner les danses, puis, au fur et à mesure, elle a pris plus d’importance pour devenir un élément principal de la pièce. Cette dimension de spectacle total se trouve dans le prologue de l’Amour médecin : on y voit les allégories de la comédie, du ballet et de la musique travailler de concert pour le divertissement du roi : « Unissons-nous tous trois d'une ardeur sans seconde, Pour donner du plaisir au plus grand roi du monde ». Séance 3 : Une composition complexe Objectif : étudier le rapport entre la pièce et les ornements. Analyser la structure de l'œuvre. Notions : les unités de temps et de lieu, temps de la fiction et de la représentation, nœud de l’action. Support: un tableau d’ensemble de la comédie indiquant l'acte et la scène ou l'intermède, les personnages présents et l'action (ci-dessous). Déroulement: les élèves auront rempli le tableau lors de leur lecture de l'œuvre. La correction pourra s'effectuer en cours, puis la classe pourra réfléchir aux questions posées. Durée: 2h Question pour l'analyse de la composition (à partir du tableau): |
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![]() | «type» ou la visée symbolique du passage entrent en tension avec la représentation de la stricte réalité | ![]() | |
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