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Une carte blanche? La Tribune de Genève s’inquiète pour sa part de la facilité déconcertante avec laquelle les organisateurs sont parvenus à déjouer les contrôles de sécurité. «Ces événements peuvent donner l’impression qu’une carte blanche a été accordée aux rassemblements d’extrême droite de l’Europe entière», estime le quotidien genevois. Une inquiétude partagée par le Tages-Anzeiger de Zurich et le Bund de Berne: «Si les autorités et les propriétaires de salles continuent d’agir de manière aussi naïve, le risque est grand que la Suisse devienne encore plus populaire aux yeux des néo-nazis. L’exemple d’Unterwasser pourrait leur donner le sentiment que la Suisse est une terre propice à leurs rassemblements», écrivent les deux quotidiens dans un éditorial commun. La Suisse est considérée depuis longtemps par la scène d’extrême-droite comme un havre sûr pour l’organisation de concerts, rappelle pour sa part la Luzerner Zeitung. «Leurs partisans peuvent s’y agiter en toute tranquillité, il leur suffit de déclarer que l’événement est privé. Cela doit changer!» «Il n’est pas concevable que des militants d’extrême-droite se rassemblent en Suisse parce qu’il est plus facile d’y organiser des événements» Chantal Galladé, députée socialiste L’affaire remonte à Berne Après avoir enflammé les réseaux sociaux, ce concert suscite désormais l’ire de nombreux politiciens suisses. «Il n’est pas concevable que des militants d’extrême-droite se rassemblent en Suisse parce qu’il est plus facile d’y organiser des événements», souligne ainsi la députée socialiste Chantal Galladé, interrogée par le Bund. Le quotidien bernois nous apprend que la commission de sécurité du Conseil national (Chambre basse) pourrait se saisir de l’affaire et demander des comptes à Markus Seiler, le chef du Service de renseignement de la Confédération (SRC). Le SRC affirme de son côté qu’il était au courant de la manifestation et qu’il a informé en ce sens les polices cantonales, dont celle de Saint-Gall. Des suites judiciaires pourraient également être données à cet événement. Les autorités de la commune saint-galloise veulent examiner si les paroles des chansons jouées samedi soir violent la norme antiraciste. Les organisateurs du concert sont aussi dans le collimateur du maire. Il estime qu'ils ont obtenu une autorisation en donnant de fausses informations aux autorités. Aucune plainte pénale n'a toutefois pour l'instant été déposée en lien avec le concert. swissinfo.ch http://www.swissinfo.ch/fre/un-havre-pour-l-extr%C3%AAme-droite_la-pol%C3%A9mique-enfle-apr%C3%A8s-un-m%C3%A9ga-concert-n%C3%A9o-nazi-en-suisse/42524864
Le nouveau maire de Srebrenica ne reconnaît pas le génocide euronews Dernière MAJ: 18/10/2016 Il s’appelle Mladen Grujicic. C’est le nouveau maire de Srebrenica. Sa particularité est qu’il est Serbe ne reconnaît pas qu’un génocide s’est produit en juillet 1995 contre les musulmans bosniaques. Malgré un recompte des voix, le candidat musulman Camil Durakovic ne reconnaît toujours pas sa défaite dénonçant des irrégularités. Il a trois jours pour déposer une réclamation. Le nouveau maire serbe ne nie bien sûr pas le crime commis contre les Bosniaques. 8 000 hommes et adolescents ont été massacrés par les forces serbes de Bosnie. Mais il affirme vouloir tourner la page. Pour la justice internationale, c’est bien un génocide qui s’est produit à Srebrenica. http://fr.euronews.com/2016/10/18/le-nouveau-maire-de-srebrenica-ne-reconnait-pas-le-genocide
18/10/2016 | 03:49 Les autorités bosniaques ont confirmé lundi l'élection du serbe Mladen Grujicic au poste de maire de Srebrenica, ville martyre de la guerre en Bosnie où 8.000 Musulmans, hommes et adolescents, ont été tués par des séparatistes bosno-serbes. Pour les familles des victimes, l'élection de Mladen Grujicic, un nationaliste qui refuse contre l'avis de la justice internationale le qualificatif de "génocide" pour le massacre de Srebrenica, est le signe que la campagne de purification ethnique a atteint ses objectifs. La ville était dirigée par des élus bosniaques musulmans depuis 1999. A la tête d'une associations de survivants, Hatidza Mehmedovic est l'une des premières de la communauté musulmane de Bosnie-Herzégovine à être revenue à la fin de la guerre, soucieuse d'être proche de la tombe de son mari et ses deux fils, tués dans le massacre. "Tout à Srebrenica est serbe : la terre, les champs, les groupes publics", déclare-t-elle, regrettant l'échec de la diplomatie occidentale à préserver la diversité ethnique qui caractérisait la Bosnie avant le début de la guerre en 1992. Signés le 14 décembre 1995, les accords de Dayton, qui ont mis fin aux combats inter ethniques, ont instauré un gouvernement fédéral ménageant la mosaïque ethnique du pays. Le processus de décentralisation en trois cantons autonomes a cependant consacré les lignes ethniques dessinées par les forces croates et serbes, jugent ses détracteurs. La grande région bosniaque du pays est la Fédération de Bosnie-et-Herzégovine. Srebrenica, qui comptait avant la guerre une majorité de Musulmans, est passée en vertu du traité dans le giron de la République serbe de Bosnie. Ses 7.500 habitants sont désormais serbes à 55%, et bosniaques musulmans à 45%. Le nouvel élu a fait campagne en réclamant la fin des discriminations contre les Serbes de Srebrenica, estimant en outre que la Cour pénale internationale de La Haye n'avait jamais apporté la preuve de la qualification de génocide. "Quand ils prouveront que c'est la vérité, je serais le premier à l'accepter", a-t-il déclaré. Son rival électoral, le bosniaque Camil Durakovic, a promis de constester le résultat de l'élection, la jugeant "truquée". Zulfo Salihovic, un responsable politique bosniaque local, s'inquiète pour le futur: "Nous craignons que les Bosniaques et d'autres citoyens qui pensent différemment des dirigeants des parti nationalistes serbes soient humiliés, harcelés ou fassent l'objet de discriminations", dit-il. Au début de la vague de retours bosniaques dans la ville, pour l'essentiel des femmes en deuil, en 2000, la communauté internationale leur avait promis protection. Aujourd'hui, nombre d'entre elles craignent d'être à nouveau chassées. Le massacre de Srebrenica, alors une "zone de sécurité" sous protection théorique de l'Onu, a déclenché des frappes aériennes occidentales sur les forces serbes, qui ont conduit à la fin du conflit en 1995. L'ancien dirigeant bosno-serbe Radovan Karadzic a été reconnu coupable du chef d'accusation de génocide pour le massacre de juillet 1995 à Srebrenica, par le Tribunal pénal international pour l'ex-Yougoslavie (TPIY). Il a fait appel en juillet de sa condamnation. (Daria Sito-Sucic; Julie Carriat pour le service français) https://www.zonebourse.com/actualite-bourse/REPORTAGE-Inquietudes-apres-l-election-d-un-maire-serbe-a-Srebrenica--23228068/ A Srebrenica, l’élection d’un maire serbe réveille les peurs La Croix MARION DAUTRY, à Srebrenica (Bosnie-Herzégovine), le 18/10/2016 à 15h17 Après un recompte des voix, le candidat serbe Mladen Grujicic est sorti vainqueur des élections municipales du 2 octobre. Dans la petite ville de Bosnie, ce résultat fait resurgir les tensions et les craintes issues du passé. Le 4 octobre dernier, le citoyen bosniaque Armin a vu les voitures officielles emporter les bulletins de votes Sarajevo depuis son bureau dans le centre-ville de Srebrenica. Près de deux semaines plus tard, la commission électorale a confirmé le résultat : le maire bosniaque sortant, Camil Durakovic, doit céder la mairie de Srebrenica au candidat serbe Mladen Grujicic, qui l’emporte avec plusieurs centaines de voix d’avance. ►Un vote contesté C’est la première fois depuis la guerre en Bosnie qu’un candidat serbe emporte la mairie. Un enjeu hautement symbolique dans cette ville où s’est déroulé le plus grand massacre européen après la Seconde Guerre mondiale lorsque, en juillet 1995, les forces bosno-serbes commandées par le général Ratko Mladic ont exécuté 8 000 hommes, jeunes garçons et vieillards bosniaques, malgré la présence des casques bleus néerlandais. Aujourd’hui la ville, majoritairement peuplée de Serbes, compte autour de 7 000 habitants, et peu de réfugiés bosniaques sont revenus y vivre. Pour le maire sortant Camil Durakovic, l’élection de son rival signifie la fin des retours et peut-être le départ de plusieurs familles. Il a annoncé qu’il allait porter l’affaire en justice le 19 octobre pour faire recompter tous les votes, y compris les 2 000 votes par correspondance. ►Entre calme et tensions « Moi j’ai voté, j’ai participé à la démocratie. Maintenant, tout ce que je vois, c’est le jeu des politiciens », dit Armin avec détachement. Il assure que la vie est paisible à Srebrenica. « Les gens vivent ensemble, travaillent ensemble. »« Lui, par exemple, c’est un Serbe », dit-il en désignant son ami Dragan. « Moi je suis bosniaque et on s’entend très bien. » Les rues sont calmes, les graffitis les plus visibles du centre-ville sont des fresques d’enfants réclamant la paix et le vivre-ensemble. Mais les signes de tensions sont là. Milos, jeune propriétaire de l’auberge de jeunesse, est vite rentré chez lui le soir des élections. Il était dans un bar pour suivre les résultats mais n’a pas apprécié les chants tchetniks (fascistes serbes de la Seconde Guerre mondiale) entamés par d’autres Serbes célébrant la victoire de leur candidat. Il désigne les fenêtres du café voisin, brisées la nuit du 2 octobre : « Un café bosniaque. » ►Un passé encore très vif dans les mémoires Armin avait 12 ans lors du massacre. Sa famille y a échappé en se réfugiant dans la montagne, mais il reconnaît de nombreux noms parmi ceux gravés sur les stèles du mémorial de Potocari dédié aux victimes du génocide, sur l’ancienne base de l’ONU à six kilomètres de la ville. Il glisse le doigt sur les lettres, insiste sur les dates de naissance des plus jeunes et des plus vieux. « À cause du mémorial, beaucoup de gens sont inquiets de l’élection », explique-t-il. L’association des Mères de Srebrenica et Zepa a dénoncé l’élection de Mladen Grujicic, le qualifiant de « négationniste ». S’il reconnaît « les crimes commis » pendant la guerre, il refuse le terme de génocide et a fait campagne avec le soutien de Vojislav Seselj, ultra-nationaliste serbe qui considère le massacre de Srebrenica comme une nécessité de la guerre pour défendre les Serbes. « Notre préoccupation, c’est la survie de la ville. Nous avons du potentiel mais pas d’investissement », commente Armin qui, plus que la prise de fonction du nouveau maire, attend avec impatience la réouverture d’un ancien complexe thermal de luxe. Bosniaque, serbe, peu importe, il veut avant tout « un maire compétent ». MARION DAUTRY, à Srebrenica (Bosnie-Herzégovine) http://www.la-croix.com/Monde/Europe/A-Srebrenica-lelection-maire-serbe-reveille-peurs-2016-10-18-1200797139
Burundi : Mise en Place d’un Génocide Rwanda Podium 17 octobre 2016 Le drame rwandais de 1994 pourrait se répéter bientôt au Burundi voisin. D'autant que la communauté internationale ne réagit pas à la hauteur de l'enjeu, estime David Gakunzi, écrivain burundais renommé. Pour lui, pas de doute, si rien n'est fait rapidement, le Burundi s'achemine vers un génocide: «Mais pas seulement des Tutsis. Tous les opposants hutus risquent aussi d'être exterminés». David Gakunzi, intellectuel panafricain et écrivain burundais, résidant à Paris, est connu pour son engagement en faveur de la paix, de la démocratie et de la transformation sociale1. Fervent admirateur de l'ancien président burkinabé Thomas Sankara, du Burkina Faso, dont il a compilé les discours, l'homme était à Ouagadougou début octobre pour le lancement d'un mémorial dédié au révolutionnaire burkinabè (lire notre article: Thomas Sankara réincarné). Le Courrier, présent sur place, en a profité pour recueillir son avis sur le drame en cours dans son pays. Que se passe-t-il au Burundi? David Gakunzi: Il s'agit d'une tragédie. Depuis avril 2015, plusieurs centaines de jeunes ont été déjà tués. On compte des milliers de disparus et de personnes emprisonnées. Des fosses communes ont été déjà localisées. De nombreux cas de viols et de tortures ont été répertoriés par les organisations de défense des droits humains. Et le discours de haine est devenu une banalité à la Radio-Télévision nationale ainsi que sur les estrades politiques. Il y a une volonté manifeste du pouvoir de diviser la population et de raviver les anciens clivages ethniques par une manipulation de la mémoire et des douleurs passées. Tout cela parce qu'au départ, un homme, le président actuel Pierre Nkurunziza ne veut pas quitter le pouvoir et ce, en violation de la Constitution et de l'accord d'Arusha, qui stipulent que personne ne peut faire plus de deux mandats à la tête du pays. La crise réside-t-elle uniquement dans l'entêtement du président Nkurunziza de rester au pouvoir? Oui. Les jeunes, autant Hutus que Tutsis, ont de suite refusé ce coup d'État constitutionnel et se sont révoltés ensemble, avant d'être réprimés dans le sang. En l'absence d'une réaction internationale ferme, la violence a augmenté et le pouvoir a commencé à assumer publiquement un discours aux accents génocidaires et mystiques. Car le Burundi est aujourd'hui dirigé par un personnage qui pense que le pays lui appartient, qui affirme régulièrement que dieu lui a donné la mission d'être président. Nkurunziza est en vérité le premier président autoproclamé de droit divin! Le risque de génocide est-il pris au sérieux? Le dernier rapport des experts des Nations Unies parle de crime contre l'humanité et de menace de génocide. Nous sommes dans une situation qui rappelle par certains aspects celle qui prévalait au Rwanda quelques temps avant le génocide. Je me souviens qu'à l'époque ceux qui ont essayé d'alerter le monde, n'ont pas été écoutés. J'étais de ceux-là. Parce que peut-être est-il difficile de penser la possibilité du surgissement d'un crime aussi impensable qu'un génocide sur la scène de l'histoire. C'est pourtant ce qui s'annonce au Burundi si rien n'est fait pour arrêter la mécanique actuelle. Un génocide est-il vraiment en préparation? Les discours, l'intention et les pratiques du régime Nkurunziza nous indiquent qu'un génocide est probable, qu'il est même déjà dans ses premières phases de mise en œuvre. Il y a d'abord cette vision effroyable du monde portée par le pouvoir actuel, cette filiation idéologique avec les génocidaires du Rwanda. Même vision du monde, même langage, mêmes méthodes, même structuration paramilitaire, même cruauté. Filiation d'ailleurs assumée publiquement lorsque, par exemple, Pascal Nyabenda, président de l'Assemblée nationale et du parti au pouvoir, qualifie le génocide des Tutsis du Rwanda de «chanson des Rwandais», ou encore regrette, dans un communiqué lu à la Radio-Télévision nationale, la défaite des forces génocidaires rwandaises. Et puis, au-delà de ce discours, il y a cette évidente, visible et tragique réalité quotidienne tissée de crimes monstrueux. Quels sont les indicateurs factuels d'une situation prégénocidaire? La première phase de cette monstruosité organisée, construite, pensée, semble quasiment achevée. Nous avons assisté à la mise en place d'un contrôle du territoire caractérisé par la création des milices imbone-rakure avec la distribution des armes et moyens de communication (téléphones portables) jusque dans les collines. Simultanément, le pouvoir a édifié un commandement parallèle au sein des forces de sécurité. Puis il a créé des unités opérationnelles d'extermination (au sein entre autres du Service national de renseignement), opérant en-dehors de tout cadre légal, doublé d'une l'alliance militaire, financière et opérationnelle avec le groupe armé Forces démocratiques de libération du Rwanda. Enfin, un recensement de la population de certains quartiers a été organisé avec pour objectif la localisation territoriale des individus à éliminer le moment venu. La propagande a aussi été mise sur pied… Oui, une propagande haineuse, racialiste, xénophobe, paranoïaque, empruntant son lexique, ses codes et son langage au discours des génocidaires rwandais. Elle désigne les Tutsis comme source de tous les maux du Burundi, et criminalise les opposants hutus, parfois qualifiés de traîtres. On observe aussi la mise en place d'un huis clos meurtrier avec la destruction des médias indépendants, l'intimidation des journalistes étrangers, la prise de contrôle totale de la Radio-Télévision nationale et sa transformation en outil de propagande haineuse. De même, nous constatons une normalisation et banalisation de la destruction physique des groupes cibles que j'ai déjà mentionnée, et l'encouragement des viols des femmes tutsies. Vous dites que ce qui se passe au Burundi concerne toute l'Afrique… On assistait depuis quelques années à un regain démocratique sur le continent. Cela a commencé au Sénégal, avec les mobilisations sociales portées par le mouvement Y'en a marre, puis la dynamique s'est poursuivie avec l'insurrection au Burkina Faso de 2014, qui a permis de chasser du pouvoir le président Blaise Compaoré. Cette dynamique a connu un arrêt brutal au Burundi, avec une violence extrême. Une sorte de jurisprudence Nkurunziza est ainsi née avec la possibilité de rester au pouvoir en terrorisant et en massacrant ouvertement une partie de la population. Depuis, d'autres autocrates se sont engouffrés dans cette voie et se maintiennent au pouvoir en violation de leurs constitutions nationales limitant le nombre de mandats présidentiels. Si on ne réagit pas à la hauteur du défi qui nous est posé, tous les aspirants au pouvoir à vie feront pareil, demain, partout en Afrique. Lorsque la barbarie s'impose ainsi comme une normalité politique, cela constitue un précédent dangereux pour tout le monde. Il est plus qu'urgent que les Africains se réveillent et prennent en charge la question du Burundi. A l'heure des réseaux sociaux, qui diffusent l'information au quotidien, on ne peut accepter qu'on tue des jeunes aujourd'hui sous nos yeux. C'est d'abord aux Africains de régler ça. Notre inaction tachera-t-elle encore nos mains? Quelle est la réaction de la communauté internationale? Elle n’a pas saisi d’emblée la nature et la gravité de la crise burundaise. Je dirais même qu’elle a fermé les yeux dans un premier temps, comme au Rwanda. Quand j’ai tiré la sonnette d’alarme en mai 2015 en évoquant un processus génocidaire, je me suis heurté à un mur. Aujourd’hui, tout le monde parle de risque de génocide. Pourquoi cette tardive et lente réaction? Parce que dans une certaine mesure, le regard porté sur l’Afrique demeure marqué par un certain racialisme. D’aucuns pensent que les Africains ne sont pas assez sophistiqués pour être de véritables fascistes. Nous sommes pourtant face à un régime qui est dans une dynamique fascisante flagrante. Si la réaction de la communauté internationale n’a pas été à la hauteur de la tragédie et n’a pas permis d’éviter la mort de centaines de jeunes, celle de certains États africains est encore plus déplorable. Quelques chefs d’États africains comme celui de Gambie se sont ouvertement montrés solidaires de Nkurunziza lors des sessions de l’Union africaine. Sans doute parce que eux-mêmes se sentent propriétaires de leur pays et n’ont d’autre projet politique que celui de mourir au pouvoir. Quelques mesures ont toutefois été prises… L’Union africaine a finalement proposé l’envoi d’une force d’intervention de 5500 hommes, mais le gouvernement burundais l’a refusée. L’Union européenne a quant à elle adopté des sanctions contre le régime de Bujumbura. Nous nous retrouvons aujourd’hui avec des pays européens plus préoccupés par le sort des Burundais que nos propres chefs d’État africains. Cela est grave et sonne comme un échec éthique de nos indépendances. Pour autant, les réactions des États européens sont-elles suffisamment fortes? Beaucoup reste à faire évidement. Je pense notamment au devoir international de protéger les victimes. Car lorsqu’un État devient une menace pour sa propre population, la responsabilité de protéger les citoyens devient internationale. La Cour pénale internationale (CPI) a été également saisie. Mieux vaut tard que jamais. Si on y avait eu recours plus tôt, elle aurait pu effrayer Nkurunzinza et le décrédibiliser devant ses propres troupes. On a également oublié de soutenir les forces démocratiques ainsi que les officiers de l’armée qui ne sont pas d’accord avec les massacres actuels. Car l’idéal serait que le changement survienne des forces intérieures mêmes au pouvoir. Cela éviterait un bain de sang. Il est plus que temps que la CPI lance des mandats d’arrêt contre Nkurunzinza et au moins une dizaine de responsables politiques de son entourage. Enfin, l’Union européenne pourrait également faire pression sur les États d’Afrique de l’Est pour qu’ils se décident à intervenir, s’il le faut militairement. C’est d’ailleurs dans les prérogatives de la Communauté des États d’Afrique de l’Est. David Gakunzi est notamment l'auteur d'un livre d'entretien avec l'ancien président progressiste Julius Nyerere, de Tanzanie, d'un ouvrage sur Nelson Mandela, et d'un agenda, conçu pour pouvoir être utilisé n'importe quelle année, qui porte sur la «Mémoire du monde noir». Sa compilation des discours de Tho-mas Sankara, s'intitule Oser inventer l'avenir, parole de Sankara, aux éditions L'Harmattan. http://www.rwanda-podium.org/index.php/actualites/politique/307-burundi-mise-en-place-d-un-genocide |