Rapport d'enquete sociologique la sociabilite dans un lieu public le "cafe-debat"







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Département de Sociologie-Ethnologie Université de Nice Sophia-Antipolis

RAPPORT D'ENQUETE SOCIOLOGIQUE

LA SOCIABILITE DANS UN LIEU PUBLIC

LE "CAFE-DEBAT"

AUVRAY Julien

RIBIERE Sébastien

TARDIF Julien
LDSO2U5 Enseignement d'Isabelle FERONI

Année universitaire : 2001 / 2002

SOMMAIRE


SOMMAIRE 2

INTRODUCTION : 5

1. Cadre Problématique : 7

1.1 Etat de la question : 7

1.1.1 Etude de la sociabilité du café : 8

De l'analyse en terme de "consommation" à l'analyse en terme de "sociabilité" : 8

"Les formes de sociabilités au Café" : de la construction de "l'identité masculine" à l'échange social et culturel : 9

1.1.2 le "café débat", une existence controversée : 11

Le "café débat" définit par ses fondateurs : 11

Le "café-philo" : peut-on philosopher hors du champ philosophique ? 13

Des règles formalisées au "café-philo", conséquence d'une lutte sur le champ philosophique : 15

1.1.3. : Différentes orientations possibles pour une étude sur la sociabilité du "café-débat" : 18

Claire Bidart : "croisement des champs" et variables contextuelles : 19

Le "principe de ménagement des faces" chez Erving Goffman : "ritualisation" et "théâtralisation" de la vie quotidienne : 20

Pierre Bourdieu et le concept de "Violence symbolique" : comment l'inégalité sociale se "naturalise"? 22

Pierre Bourdieu, critique du champ journalistique et condition de possibilité du discours persuasif : 24

a) un champ journalistique sous la pression de l'audimat : 24

b) Critique du débat télévisuel, ou comment se réapproprier les conditions de diffusion de la connaissance scientifique ? 25

c) les conditions de possibilité d'un discours persuasif : 26

1.2. Objet et questions de recherche : 28

1.3 Hypothèses de travail : 29

2. La pré-enquête : 34

2.1. L'entretien exploratoire : 34

2.1.1. Guide d'entretien des animateurs du "Café-débat" : 34

2.1.2. Analyse thématique de l'entretien avec l'animatrice du "café-philo" de "l'Arobas". 40

Renseignements signalétiques : 41

Organisation du café-débat : 41

Position dans la structuration du champ philosophique et "capital culturel" : 43

Rapports avec les patrons de Cafés : 44

Rapports avec les autres animateurs : 44

Rapports avec les participants : 45

Dynamique de la régulation du débat : 47

Dynamique de la transgression des règles par les participants : 49

Rôle social et culturel du "café-philo" : 51

2.1.3. Bilan de l'entretien : 52

2.2. Les observations : 56

2.2.1. Journal de terrain : 57

"Café de la démocratie" d’ADN à "Bière et Sardine" le 28.11.01 : "L'intercommunalité". 18h30-20h30. 57

"Café-philo" du "Bar des Oiseaux" le 12.12.01: "La réflexion et l'émotion sont-elles nécessairement antagonistes ?" 20h30-22h30. 60

"Café-philo" de l'association "génération solidarité" du 13.12.01, "la liberté en art et le jugement de goût" 18h30-20h30. 64

"Café-philo" de "l'Arobas" du 19.12.01 : "A quoi sert le café-philo ?" 68

"Café de la démocratie de "l’Idée Hall Bar" du 02.01.02 : "Le conflit du Moyen-Orient" 18h30-20h30 : 80

"Café-philo" de "l'Arobas" du 16.01.02. "Peut-on vivre sans douter ?" 19h30-21h30. 84

2.2.2. : Analyse et bilan des observations : 89

Le cadre : 89

Les animateurs et la dynamique de la régulation : 90

Les participants et la dynamique de transgression des règles 91

3. INTERPRETATION ET CONCLUSION : 94

ANNEXES 98

Annexe 1 : Liste des tableaux et schémas 98

1 15 Règles formalisées du "café-philo" 98

2 31 Dynamique de régulation et de transgression du "café-débat" 98

3 94 Dynamique de régulation et de transgression dans l'échange communicationnel 98

1 57 "Café de la démocratie" d’ADN à "Bière et sardine" le 28.11.01 : "l'intercommunalité". 98

2 61 "Café-philo" du bar des oiseaux le 12.12.01: "La réflexion et l'émotion sont-elles nécessairement antagonistes ?" 98

3 65 "Café-philo" de l'association "génération solidarité" du 13.12.01, "la liberté en art et le jugement de goût". 98

4 76 "Café-philo" de "l'Arobas" du 19.12.01 : "A quoi sert le café-philo ?" 98

6 85 "Café-philo" de l'Arobas du 16.01.02 Peut-on vivre sans douter ? 98

Annexe 2 : Entretien retranscrit : Animatrice du "Café-philo" de "l'Arobas" : durée 1h10mn 99

REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES 115

Ouvrages et articles sociologiques : 115

Articles généraux : 116


INTRODUCTION :
Autrefois réservé aux plateaux télévisés, et aux sphères d'exercice de l'autorité politique, où seules les personnalités autorisées pouvaient s'exprimer, le principe démocratique du débat s'étend depuis peu à la sphère publique, c'est à dire à l'ensemble des citoyens. Cette nouvelle expérience fut inaugurée avec la loi de 1995, qui institue une "commission au débat public" permettant une nouvelle forme de consultation des citoyens par les autorités politiques locales sur des sujets touchant l'aménagement du territoire. Le débat vient donc s'ajouter aux formes de consultations plus classique, que sont le suffrage universelle, le référendum, ou le questionnement par sondage. Nice a connu son premier "Débat public", le cinquième organisé en France, sur le projet d'aménagement du port, qui vient de s'achever le 22 janvier 2002. Une controverse est aujourd'hui ouverte, sur l'intérêt même de l'existence de cette forme de consultation. Absolument inutile pour les uns, considérant que chaque réunion brasse uniquement les mêmes personnes, les même associations, défendant toujours les mêmes points de vue, le plus souvent opposés formellement au projet proposé par la ville. Il est considéré comme absolument indispensable pour les autres, garant du respect du droit à l'information dans une société démocratique.

Cette enquête qui porte sur la sociabilité dans un lieu public, prend pour cadre, les cafés de la ville de Nice. Mais dans l'optique d'analyse que nous poursuivons, ce sont les cafés qui organisent des débats thématiques qui nous occupent. En effet, l'organisation de ceux que nous appellerons les "Cafés-débat" est la première forme qu'a pris le débat pour intégrer la sphère publique. C'est la philosophie par l'intermédiaire d'un universitaire, Marc Sautet, qui a organisé ses premiers débats au café. "En 1992, Marc Sautet, professeur de philosophie à Sciences-Po, interviewé à la radio, racontait pour l’anecdote qu’il se rencontrait avec des amis chaque dimanche matin dans un café, place de la Bastille à Paris (le "Café des Phares"), pour philosopher. Quelle ne fut pas sa surprise le dimanche suivant, de voir arriver de nombreuses personnes, désireuses de participer à ces discussions informelles. Semaine après semaine, le nombre augmentant, il fallut créer quelques règles de fonctionnement, afin que ces rassemblements ne tournent pas à la cacophonie. Le café philosophique était né"1, rappelle Oscar Brenifier, un autre professeur de philosophie. C'est donc de façon tout à fait "spontanée" que le mouvement des cafés-philo est apparu. Le "café-philo" de Marc Sautet réunira pratiquement à toute ses séances, des centaines de personnes. Son mot d'ordre qui sera repris par tous les animateurs de "cafés-philo" est : "la philosophie est née dans la rue, il est temps qu'elle quitte le ghetto des universités, pour retrouver sa place dans la Cité".

Cette citation nous permet de donner une première définition du débat, définition que nous approfondirons au cours de l'enquête. Avant de devenir un débat c'est à dire un échange conversationnel formalisé par des règles, le café était le cadre de discussions non formalisées en petit groupe d'initiés, totalement libres autour d'un thème particulier, ou de sujets diversifiés. Il faut donc distinguer la discussion du débat, ce dernier appelant la création de règles pour permettre un échange dans un groupe beaucoup plus important. cette approche est intéressante car elle permet de comprendre la différence que l'on peut faire entre ce mouvement des "cafés-philo" et les "cafés-littéraires" qui sont beaucoup plus anciens. Léon Paul Fargue2 rappelait le rôle primordial dans la société française, des rencontres de cafés entre des artistes, écrivains, hommes politiques ou militants. : "La vie de café a été une des voyelles de la nation française. Elle était politique, mais elle l'était trop à la façon d'un exutoire, d'un déversoir, et c'est sur ce point que les mécontents ont déversé leur bile. […] Aussi bien en Province, qu'à Paris le café à été conçu pour des conversations d'individus ou de collectivités, puisque depuis beaucoup plus de deux cents ans, ceux qui ont quelque chose à dire, à défendre, à combattre, ont besoin de se réunir et de confronter leurs conceptions". Le "café-littéraire", est un cercle plus fermé et plus restreint d'initiés qui discutent sur un sujet qui peut tout à fait être philosophique. La distinction entre ces type de cafés à thème repose donc non pas comme on pourrait le penser sur le contenu du sujet mais sur la forme. Le "café-philo" est un "café-débat" mais pas le "café-littéraire", en raison de la distinction qu'il faut établir entre une discussion et un débat.

Le "Café-débat" lancé à Paris en 1992, va gagner très vite la province et même l'étranger. Aujourd'hui il y a plus de 150 "cafés-philo" au total. Mais le mouvement va dépasser le cadre philosophique et être réapproprié par d'autres disciplines universitaires comme la psychologie, (la sociologie ne connaît encore aucun "café-socio"), mais aussi des associations locales pour la défense de la démocratie ou de la vie citoyenne, qui vont donc constituer des "cafés de la démocratie" ou des "cafés-citoyen". Dans la ville de Nice où nous réalisons cette enquête, c'est l'association ADN (Association de défense de la démocratie à NICE) qui fonde le "café de la démocratie" en 1997. Nous étudions donc les "cafés-débats" dans une optique comparative de deux thématiques, la philosophie et la démocratie.

L'intérêt de cette étude sur le débat organisé dans le café, lieu public par excellence depuis des siècles, porte un double intérêt. D'une part, le "café-débat" phénomène récent on l'a vu, n'a pas encore fait l'objet d'une étude sociologique. Il faudra dans un premier temps, revenir sur l'état actuel des connaissances sur la sociabilité au café, puis analyser la production écrite (non sociologique) des promoteurs du mouvement du "café-débat". Nous proposerons ensuite des pistes pour une analyse sociologique du "café-débat", en nous appuyant largement sur l'apport de Pierre Bourdieu à la compréhension de la structuration du débat télévisuel ; et également sur son concept de "violence symbolique", pour comprendre les mécanisme de transgression des règles du débat. Cette pré-enquête sera essentiellement orienté de façon qualitative, par le traitement de l'entretien d'un animateur de "café-philo", et par six observations qui aborderons dans un aspect comparatif deux thématiques de "cafés-débat", philosophique et démocratique.

L'autre intérêt majeur de l'étude du débat dans les cafés, est axé sur une problématisation sociologique qui dépasse la stricte interrogation sur la sociabilité et le cadre du café. Nous essayerons tout au long de l'étude de comprendre la structuration de ce type particulier de l'échange conversationnel. On oppose généralement catégoriquement ces deux principes de l'échange d'information : la discussion ou débat (on a déjà différencié ces deux mode de communication), d'une part, où chacun est libre de s'exprimer, à la conférence, colloque ou cours magistral en université, d'autre part où une seule personne s'exprime face à une assemblée. Y a-t-il réellement une différence qualitative entre ces deux modes de l'échange d'information, ou ne sont-ils que deux types idéaux d'un même continuum ? Ce questionnement est le fil conducteur que nous suivrons tout au long de l'enquête.

Nous tenterons ainsi d'apporter des réponses aux multiples polémiques qui entourent l'existence même du "café-débat", et indirectement celle qui entoure la pratique du "débat public" depuis la loi de 1995. Et enfin, porter un nouveau regard sur la critique faite par Pierre Bourdieu de la pratique du débat dans le champ journalistique ; critique qui revient on ne peut plus d' actualité avec sa mort soudaine le 24 janvier 2002.

1. Cadre Problématique :
La sociabilité est une thématique présente en sociologie, depuis son origine. Selon André Akoun3, elle prend naissance avec l'interrogation sur le lien social au XIXème siècle, dans une orientation macro sociologique : Les premiers sociologues "mettent en relation type de sociabilité et phases historiques, en y ajoutant généralement un système d'évaluation qui s'appuyait sur une philosophie de l'histoire". C'est vrai pour Karl Marx qui voit dans l'évolution historique, un antagonisme permanent des classes sociales, et qui pose le concept d'aliénation ; ou encore, pour Emile Durkheim étudiant les modalités de l'intégration sociale à travers le passage d'une"solidarité mécanique" à "une solidarité organique". Mais, c'est Georg Simmel, qui est le premier à faire de la sociabilité, un concept sociologique à part entière. Il la définit comme étant la "forme ludique de la socialisation"4 : l'existence sociale dépourvue de tout contenu social, affranchie des motivations individuelles. Elle se réalise pleinement dans les milieux aristocratiques, car elle se fonde sur les "beaux discours" : le but du locuteur, n'étant pas de "dire le vrai", mais de "parler avec le plus d'élégance possible". C'est la "conversation sociable" à travers le "jeu de coquetterie". Un autre de ses apports fondamentaux, est de penser l'individu comme un "être relationnel", puisque le but avoué est de "plaire à l'autre pour établir un lien de réciprocité". Cette perception de la sociabilité, comme règle de courtoisie sera amplement développée par les interactionnistes symboliques américains, tout en s'attachant à mettre en évidence, à l'inverse de Simmel, le contenu social des relations.

En France, Claire Bidart5, précise qu'il faut attendre les années 70 pour que la sociabilité devienne un domaine d'étude privilégié, au sein, notamment, de la sociologie du travail ou en anthropologie urbaine.

1.1 Etat de la question :
Les premières études de sociabilités au café ont été menées dans les années 60, mais concernant l'étude de la pratique du débat dans ce lieu public particulier, tout reste encore à faire. Il nous a donc paru nécessaire de travailler en trois temps : dans une première approche, il faut revenir sur les conclusions des recherches accomplies sur la sociabilité dans les cafés. Puis nous analyserons comment le mouvement des "cafés-débat" "s'auto-définit", c'est à dire comment les fondateurs respectifs et l'écho qui en a été fait par les médias justifie son existence ou au contraire la réprouve. On insistera particulièrement sur le conflit au sein du champ philosophique, qui oppose les "philosophes de la Cité" promoteurs des "cafés philo" et les "philosophes académiques" ; et les conséquences de cette opposition : l'élaboration de règles formalisées, pour la pratique de la philosophie au café. Enfin, nous proposerons différentes orientations possibles pour une étude sur la sociabilité du "café-débat".

1.1.1 Etude de la sociabilité du café :

De l'analyse en terme de "consommation" à l'analyse en terme de "sociabilité" :
Si les premières études sur la sociabilité des cafés datent des années 1960, les premières études à caractère sociologique, sur le café, sont beaucoup plus anciennes, elles datent de la fin du XIXème siècle. Elles sont surtout menées par des médecins, répondant à une demande des gouvernements, dans le cadre général des interrogations sur les mœurs populaires et le "fléau de l'alcoolisme". C'est pour cette raison que l'on peut parler "d'enquête morale" et qu'il faut regrouper ces recherches, avec celles, sur la sphère du privé, notamment les enquêtes de Le Play sur la cellule familiale, et des enquêtes sur l'activité industrielle : le Docteur Villermé et son étude des conditions de travail à l'usine. La sociologie née, à cette époque, sur les préoccupations autour de la question sociale, qui porte sur la recherche des raisons de "l'immoralisme des classes laborieuses", et de leur condition de vie précaire.

Pour Jacqueline Lalouette, il faut noter que le "débit de boisson" est une véritable institution en France. La France étant le pays le mieux fourni de toute l'Europe de l'Ouest. L'ensemble du pays contient en 1879, 350 000 "débits", 482 704 en 1914, 509 000 en 1937. La diminution ne s'entame qu'a partir de la seconde guerre mondiale, ils sont 429 000 en 1946 6. "En 1913 on à 1/80 "débit / habitants en France. En 1915, la proportion est de 1/180 aux Etats-Unis, 1/246 en Allemagne, 1/430 en Grande Bretagne, 1/3000 en Suède"7. Selon le Docteur Legrain ce sont de "véritables champignons vénéneux de nos sociétés modernes, ils pullulent avec une effrayante rapidité" ("L'alcoolisme au point de vue sociologique",
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