En particulier les sonnets ''France, mère des arts'' [page 31]







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présente
Joachim DU BELLAY
(France)
(1522-1560)

Au fil de sa biographie s’inscrivent ses œuvres

qui sont résumées et commentées

(en particulier les sonnets ''France, mère des arts'' [page 31]

et ‘’Heureux comme Ulysse…’’ [page 36]).
Bonne lecture !
Il appartenait à la branche aînée, mais non la plus riche et la plus fameuse, d'une famille d'ancienne noblesse : son grand-père, Eustache, avait été chambellan du roi René d'Anjou ; il avait pour oncles Guillaume de Langey, homme de guerre, diplomate, ambassadeur de François Ier, et historien ; Jean Du Bellay, évêque de Paris, cardinal, ambassadeur de Henri II ; Martin Du Bellay, gouverneur général de Normandie ; René Du Bellay, évêque du Mans.

Son père avait eu quatre enfants (René, Catherine, Jean et Joachim). Il est né en 1522 au château de la Turmelière, paroisse de Liré, non loin d'Angers.

Il fut un enfant maladif, qui perdit ses parents entre 1523 et 1531 sans qu'on sache exactement de quelle manière. Il fut alors placé sous la dure tutelle de son frère aîné, René Du Bellay, qui, ayant compromis la fortune de la famille, lui causa de grands tourments, et ne lui fit pas donner d'instruction, sauf peut-être celle, occasionnelle, de Jacques Michelet, procureur de l'université d'Angers et chapelain des Du Bellay. Il passa, si l’on en croit ses propres affirmations, une enfance triste, désolée, solitaire, mélancolique et quasi sauvage, au contact de la nature. Il devint un adolescent fragile qui apprit à se recueillir dans la solitude des forêts touffues que dominait le château familial, et à rêver sur les bords de la Loire. Il eut probablement pour épisodique camarade René d'Urvoy, presque un voisin. Vers 1540, il fréquenta le salon de sa parente, Louise de Clermont-Tonnerre. Dès cette époque, féru de poésie, il lut certainement les derniers Grands Rhétoriqueurs, ainsi que Marot et ses imitateurs : «J'ai passé l'âge de mon enfance et la meilleure part de mon adolescence assez inutilement, lecteur, mais, par je ne sais quelle naturelle inclination, j'ai toujours aimé les bonnes lettres, singulièrement notre poésie française.» (''Au lecteur'', dans ''L'Olive'').

Comme il appartenait à une branche cadette de sa famille, il ne pouvait envisager de vivre sur ses terres. Il lui fallait envisager un état qui l'aiderait à tenir sa place dans le monde. Il souhaita s'illustrer dans la carrière des armes, sous l'égide de son cousin, Guillaume de Langey, général de François Ier et gouverneur du Piémont ; mais la mort de celui-ci pendant le voyage de retour, en 1543, ruina ses projets. Lui, qui, très jeune, avait reçu la tonsure, se tourna alors vers l'état ecclésiastique, en comptant sur le crédit d'un autre cousin, le cardinal Jean Du Bellay, évêque de Paris et ambassadeur à Rome en 1534, au temps où Rabelais était son médecin, homme de confiance de François Ier, pour espérer des bénéfices ecclésiastiques.

Pour se préparer à le servir, il alla étudier le droit à la faculté de Poitiers, vers 1546. Il y apprit le latin. Il y fréquenta tout à coup un milieu lettré, fit la connaissance de l'érudit Marc-Antoine Muret, des poètes Salmon Macrin (qui l'initia à la poésie néo-latine), et Peletier du Mans (la légende voulant qu'ils se soient rencontrés dans la cathédrale où étaient célébrées, par René Du Bellay, évêque du Mans, les obsèques de Guillaume Du Bellay ; ils auraient pu aussi y rencontrer Rabelais qui, au chapitre 27 du ''Quart livre'', évoque de façon saisissante l'émotion provoquée par la mort de ce «héros» dont il était le protégé). Partageant leur ferveur humaniste, il suivit les modèles antiques, rédigea ses premiers poèmes latins et français, Jacques Pelletier l'ayant entraîné à la pratique française de l'ode. Surtout, en 1547, il rencontra Pierre de Ronsard (dans une hôtellerie poitevine?). Cette année-là, il publia son premier poème, ''À la ville du Mans'', un dizain en français qui allait être recueilli dans les ''Oeuvres poétiques'' de Peletier.

Puis il suivit Ronsard à Paris pour y mener, sur la montagne Sainte-Geneviève, au Collège de Coqueret, qui, à vrai dire, était assez obscur, une vie studieuse et consacrée aux Muses. Sous la conduite du principal, le grand helléniste Jean Dorat, avec d'autres jeunes gentilshommes (Baïf, Jodelle, Belleau, La Péruse), il s'y livra avec passion à un énorme travail en commun, à l'étude encore rare du grec, à la lecture des Latins et des Italiens Pétrarque, Bembo, Sannazar, etc.. Comme il était en retard pour le grec sur Ronsard et Baïf, il fut surtout nourri de culture latine. Mais, comme il était moins engagé dans l'hellénisme, il allait mieux conserver son originalité, et être plus proche de la tradition nationale. S'il participa à toutes les activités et fêtes du groupe, il le fit cependant avec la hauteur que lui donnait l'appartenance à une famille illustre. Il se permit sans doute quelques échappées vers Saint-Maur (en Anjou), au Mans, à Troyes, à Arcueil. Mais il était déjà malade, atteint de surdité, et préoccupé par des ennuis familiaux qui allaient l'obliger à des procès au cours de toute sa vie.

Comme, en 1549, Thomas Sébillet avait publié son ''Art poétique français pour l'instruction des jeunes étudiants'' où il prétendait que seules les formes poétiques héritées des deux ou trois siècles précédents étaient dignes d'intérêt (la ballade, le chant royal, la chanson, le lai, le virelai et le rondeau), les élèves de Dorat, qui s'étaient constitués en une «Brigade» et qui se voulaient novateurs, voulurent lui répondre par leur propre manifeste littéraire. Pour eux, il s'agissait d'abord, peu après la promulgation, en 1539, de l'ordonnance de Villers-Cotterêts par laquelle le roi de France François Ier imposa l'exclusivité du français dans les documents relatifs à la vie publique du royaume, de défendre la langue française contre le latin, qui était resté la langue des savants parce qu'ils étaient séduits par son universalité, et rebutés par la difficulté d'exprimer leurs idées dans ce qu'ils considéraient comme un patois barbare ; et le latin tendait aussi à devenir la langue des artistes, car fleurissait une poésie néo-latine s'inspirant (jusqu'au plagiat !) de Virgile, Horace, Catulle, Ovide.

Peut-être parce qu'il avait été impressionné par «le miracle italien» opéré par Dante qui, ayant poursuivi l’objectif politique de rendre la langue vulgaire «illustre», avait fait de l’italien une langue littéraire ; que, plein de fougue et de convction, il était plus hardi que Ronsard ; qu'il était protégé par son oncle, le cardinal alors tout-puissant à Rome ; la «Brigade» lui confia le soin d'écrire le texte. Ce fut :

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La défense et illustration de la langue française

(20 mars 1549)
Essai
Pour défendre la langue française, Du Bellay tranchait d'abord sur le grand débat de l'origine des langues. Il affirmait que les mots n'existent pas avant les choses, qu'ils sont créés par les êtres humains pour pouvoir communiquer, par convention et selon leur libre décision. Comme les êtres humains sont divers, les langues le sont aussi ; elles sont donc «naturelles», mais de la nature propre à l'imaginaire des êtres humains. De là, leur force ; de là, leur faiblesse aussi, si ces virtualités de la langue ne se réalisent pas dans l'écriture, dans l'art. Si une langue est, «par nature et par art», aucun travail ne doit être épargné pour la pérenniser. C'est un arbre qu'il faut cultiver en le taillant, en l'émondant pour ne garder que les rameaux vifs. Du Bellay affirmait une foi extrême dans la langue (en toute langue, toute personne peut parler de toutes choses). Mais, en même temps, chaque langue est seule à parler comme elle le fait, par la «différence de la propriété et structure d'une langue à l'autre». Sa manière, c'est-à-dire la poésie comme quintessence de ses particularités, est donc intraduisible ; Ia seule chose possible est de s'en imprégner, de la «dévorer», de «se transformer en elle» sans cesse, à force de la «lire de main nocturne et journelle». De ce fait, quelque partie de la «force des choses», de la «beauté des mots», comme de la «structure de la langue», passera dans la poésie. Pour écrire, il faut accepter de «mourir en soi-même», être assez courageux et savant pour exploiter ce champ immense des possibilités d'une langue : courageux parce qu'il faut lui faire atteindre la variété, l'ampleur reconnues dans les autres langues, et pour cela écrire beaucoup ; être savant, parce qu'on ne peut rivaliser avec les autres langues que par une exacte connaissance de leurs caractéristiques ; savant aussi parce que dire, c'est dire de quelque chose, et qu'll faut tout connaître en toute discipline, en tout métier, tout nommer.

Si Du Bellay affirmait que les langues sont égales, il reconnaissait que «nos ancêtres», qui avaient plus pratiqué «le bien faire que le bien dire», «nous ont laissé notre langue si pauvre et nue qu'elle a besoin des ornements , et (s'il faut parler ainsi) des plumes d'autrui» (I, 3). Mais il estimait que la langue française était loin d'être impropre à exprimer les idées et les sentiments puisqu'on pouvait traduire en français les oeuvres étrangères. Il signalait que le latin avait été, lui aussi, à l'origine, une langue pauvre, que les Romains avaient enrichie en empruntant au grec. Il pensait que, pour peu que les savants et les poètes français s'attachent à cultiver leur langue nationale, elle pouvait s'enrichir.

Pour cela, il fallait accroître le nombre des mots qui s'offraient aux écrivains pour nuancer leur expression, d'une part, en usant de mots qui existaient déjà (vieux mots dont l'usage s'était perdu, et qu'on trouvait dans «tous ces vieux romans et poètes français» [II, 6] ; mots des terroirs empruntés aux dialectes provinciaux ; mots techniques des «ouvriers et gens mécaniques» [II, 11]) ; d'autre part, en créant des mots nouveaux, soit à partir de mots grecs ou latins car «ce n'est point chose vicieuse mais grandement louable que d'emprunter d'une langue étrangère les sentences et les mots, et les approprier à la sienne» (I, 8) ; soit en ajoutant des diminutifs à des mots existants. Il fallait aussi enrichir le style en s'inspirant «de la phrase et manière de parler latine» et grecque, en inventant de nouvelles tournures («l'aller, le chanter, le vivre, le mourir» [II, 9], en recourant aux figures de rhétorique («métaphores, allégories, comparaisons... et tant d'autres figures et ornements, sans lesquels tout oraison et poème sont nus, manques et débiles» (I, 5), les périphrases, les épithètes significatives).

Ainsi, les savants et poètes français seraient récompensés, car, s'il leur était impossible d'égaler les Anciens en latin ou en grec, en revanche, ils acquerraient aisément l'immortalité dans leur langue maternelle. Du Bellay invitait donc artistes et savants à composer leurs oeuvres en français.
Il s'agissait ensuite d'illustrer la langue française, c'est-à-dire lui donner une grande littérature.

Du Bellay considérait que, si, sans inspiration, on ne peut être un grand poète, cette «félicité de nature» ne suffit pas, et qu'il serait même «contemptible» («méprisable») de passer sans effort à I'immortalité que confère la poésie. Il pensait que le vrai poète doit ajouter Ie travail à la «fureur divine» ; doit chercher l'inspiration dans ses lectures ; doit méditer dans le silence : «Qui veut voler par les mains et bouches des hommes, doit longuement demeurer en sa chambre ; et qui désire vivre en la mémoire de !a postérité, doit, comme mort en soi-même, suer et trembler maintes fois, et, autant que nos poètes courtisans boivent, mangent et dorment à leur aise, endurer de faim, de soif et de longues vigiles [veilles]. Ce sont les ailes dont les écrits des hommes volent au ciel.» (II, 3). Puis le poète doit vérifier et corriger ce qu'il a créé. Il doit même écouter les conseils de ses amis.

Du Bellay indiquait encore que la poésie est un métier qui exige la connaissance de lois, et une laborieuse initiation à l'art des vers. Il recommandait :

- l'usage fréquent de l'alexandrin ;

- une rime riche et d'autant plus que le vers est plus long, sans que le sens du vers soit sacrifié à une rime riche ; il faut rimer pour l'oreille et non pour les yeux ; il faut éviter les rimes équivoquées, la rime du simple et du composé, la rime d'une syllabe longue et d'une syllabe brève ;

- l'alternance des rimes masculines et féminines, qui, cependant, n'est pas une obligation ;

- le tout harmonieux que doit former la strophe.

Il affirmait que le vers est avant tout «une bien amoureuse musique tombante en un bon et parfait accord» (II, 7).

Il condamnait les genres du Moyen Âge, «comme Rondeaux, Ballades, Virelais, Chants Royaux, chansons et autres telles épiceries [épices] qui corrompent le goût de notre langue» (II, 4). Il approuvait les petits genres antiques (épigrammes, élégies, églogues, épîtres, satires), mais à condition d'imiter sur ce point les Anciens (Homère, Pindare, Horace, Virgile) qui les ont pratiqués dans toute leur pureté. Surtout, il recommandait les grands genres antiques : «Chante-moi ces odes, inconnues encore de la Muse française, d'un luth bien accordé au son de la lyre grecque et romaine, et qu'il n'y ait vers où n'apparaisse quelque vestige de rare et antique érudition.» Il indiquait que les autres grands genres sont la tragédie, la comédie, et, surtout, l'épopée, «le long poème» qui donne à toute littérature ses lettres de noblesse. Parmi les genres créés par les modernes, il n'admettait que le sonnet, «non moins docte que plaisante invention», forme brève, illustrée par Pétrarque et son école.

Il considérait que ce qui distingue la grande oeuvre poétique, c'est la résonance profonde qu'elle trouve dans l'âme humaine : «Sache, lecteur, que celui sera véritablement le poète que je cherche en notre langue, qui me fera indigner, apaiser, éjouir, douloir, aimer, haïr, admirer, étonner, bref qui tiendra la bride de mes affections [sentiments], me tournant çà et là à son plaisir. Voilà la vraie pierre de touche où il faut que tu éprouves tous poèmes et en toutes langues.» (II, 11).

Il pensait que, pour réaliser des oeuvres immortelles, il fallait faire comme les Italiens qui s'étaient inspirés des écrivains anciens ; il fallait puiser chez ces modèles le secret de la beauté littéraire. Mais il condamnait la traduction, qui avait été pratiquée par les disciples de Marot, et recommandée par Sébilet, car, si elle fait connaître les idées du modèle, elle est impuissante à rendre les grâces du style et les tournures originales qui font la beauté d'une oeuvre poétique : «Que dirais-je d'aucuns, vraiment plus dignes d'être appelés traditeurs que traducteurs? vu qu'ils trahissent ceux qu'ils entreprennent d'exposer.» (I, 6). Reprenant presque littéralement les préceptes de l'écrivain latin Quintilien, il vantait les mérites de I'imitation, qu'il définissait comme I'art difficile «de bien suivre les vertus d'un bon auteur et quasi comme se transformer en lui.» (I, 8). Ainsi avaient fait les Latins «imitant les meilleurs auteurs grecs, se transformant en eux, les dévorant et après les avoir bien digérés les convertissant en sang et nourriture» (I, 8). Il invitait donc le poète futur, jardinier et soldat de la langue, à lire et relire et feuilleter «de main nocturne et journelle les exemplaires grecs et latins» ; il devait «comme mort en soi-même, suer et trembler mainte fois, et autant que nos poètes courtisans boivent, mangent et dorment à leur aise, endurer de faim, de soif et de longues vigiles». Sans l'enthousiaste «fureur delphique», le poète n'est que rimailleur. Et, désormais, la poésie ne doit plus être considérée comme l'occasion donnée à une personne de prouver uniquement sa virtuosité verbale ou d'«amuser» ; elle doit permettre, par un travail long et patient, d'atteindre la gloire la plus haute, l'immortalité. Le roi n'est rien sans le poète auquel il incombe d'élever les âmes, de faire comprendre la mission profonde de l'art. Ainsi se constituera une école poétique prodigieuse qui, inspirée de l'exemple italien et particulièrement pétrarquiste, l'égalera puis le dépassera.

Dans sa très belliqueuse ''Conclusion de tout l'oeuvre'', Du Bellay s'écria : «Or nous sommes, grâce à Dieu, par beaucoup de périls et de flots étrangers, rendus au port en sûreté. Nous avons échappé du milieu des Grecs, et par les escadrons romains pénétré jusqu'au sein de la tant désirée France. Là donc, Français, marchez courageusement vers cette superbe cité romaine, et des serves [esclaves] dépouilles d'elle (comme vous avez fait plus d'une fois), ornez vos temples et autels. Ne craignez plus ces oies criardes, ce fier Manlie [Marcus Manlius Capitolinus, consul à Rome qui, quand, en 390 av. J.-C., les Gaulois attaquèrent la ville, fut réveillé par les oies du Capitole, avertit les soldats, frappa le premier Gaulois ayant posé le pied sur le sommet de la citadelle, et le renversa, lui faisant entraîner tous ses compagnons avec lui dans sa chute] et ce traître Camille qui, sous ombre de bonne foi, vous surprendrait tous nus, comptant la rançon du Capitole [Camille s'opposa aux Gaulois]. Donnez en [attaquez] cette Grèce menteuse, et y semez encore un coup la fameuse nation des Gallogrecs [Galates qui, en 278 av. J.-C., après avoir pillé la Grèce, allèrent s'établir en Asie mineure]. Pillez-moi sans conscience [scrupule] Ies sacrés trésors de ce temple delphique, ainsi que vous avez fait autrefois ; et ne craignez plus ce muet Apollon, ses faux oracles, ni ses flèches rebouchées [émoussées]. Souvenez-vous de votre ancienne Marseille, de vos secondes Athènes et de votre Hercule gallique, tirant les peuples après lui par leurs oreilles avec une chaîne attachée à sa langue.»
Commentaire
Pour écrire ce manifeste composé de deux livres comportant chacun douze chapitres tous titrés, dédié par Du Bellay à son oncle, il avait pillé Cicéron, Quintilien, Dolet. . ., et surtout l'Itaiien Sperone Speroni et son ''Dialogue des langues'' (1542), mais en choisissant, chez ces interlocuteurs différents, voire contradictoires, les arguments qui convenaient à sa thèse. Dans ce texte qui est à la fois pamphlet et art poétique, qui intéresse moins par son fond que par la ferveur qui l'anime, il ne collectionna pas des thèses, avec les contours d'une discussion entre spécialistes ; il projeta une synthèse agressive, paradoxale. Dans ce brouillon effervescent et généreux, il se montra un théoricien polémique qui, avec un perpétuel déséquilibre, mania à la fois l'invective et la louange, ces deux modes de l'insolence et du lyrisme au temps de la Renaissance. On admire la fermeté du style, la vitalité et l'intelligence des principes exposés.

Cette provocation surprit, déchaîna des attaques subites. Mais l'état d'esprit qui régnait alors à la Cour fit que lui fut accordé un retentissement prodigieux, entraîna définitivement l'admiration. Le manifeste demandait à être suivi dans les actes : il parut en même temps que le recueil de poèmes l'''Olive''.

Certains points essentiels allaient être adoptés par le classicisme, n'être plus remis en question avant les luttes menées par le romantisme, et dominent encore la littérature contemporaine.

Dans ses ''Nouveaux lundis'', Sainte-Beuve réhabilita ce premier manifeste de la littérature française,

Dans ''Seizième siècle, études littéraires'' (1891-1898), Émile Faguet en exposa les thèses, et avança le mot «innutrition» pour définir cette assimilation personnelle des sources livresques que recommandait Du Bellay.

Au XXe siècle, le grammairien Brunot se montra sévère. Mais cet essai est aujourd'hui tenu pour une oeuvre phare de la Renaissance. Et on lit encore avec plaisir ce texte très fort.

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Comme il avait appris l'italien, Du Bellay fut séduit par la poésie de Pétrarque (1304-1374) qui, dans ses ''Sonnets'' et ses ''Canzones'', avait chanté son amour pour Laure de Noves, amour sincère et douloureux qui s'exprimait sous une forme ingénieuse et parfois artificielle.

Séduit par l'éclat de cette littérature (il allait écrire dans la préface à la deuxième édition de ‘’L'Olive’’ : «Certes, j'ai grande honte quand je vois le peu d'estime que font les Italiens de notre poésie en comparaison de la leur.»), il écrivit des sonnets pétrarquistes qu'il publia quelques semaines après ''La défense et lllustration de la langue française'' en profitant de tout le bruit qu'avait fait ce manifeste de la Pléiade :

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‘’L’Olive et quelques autres oeuvres poétiques’’

(1549)
Recueil de cinquante sonnets

avant qu'en 1550 une seconde édition, ''L'Olive augmentée'', porte le nombre à cent quinze

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