Esthétique et soins du corps dans les traités médicaux latins a la fin du Moyen Age







titreEsthétique et soins du corps dans les traités médicaux latins a la fin du Moyen Age
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date de publication15.12.2016
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Les sources de Guy et Henri



Quoi qu’il en soit, à partir du XIIIe siècle, la cosmétique paraît avoir acquis droit de cité dans maints traités de médecine, principalement des Chirurgies, ainsi celle de Lanfranc, achevée en 1296, et surtout celles de Henri de Mondeville et de Guy de Chauliac. Les soins de beauté intéressaient-ils pour autant exclusivement les chirurgiens ? Des médecins aussi manifestent un tel souci : Taddeo Alderotti († v. 1295), par exemple, inclut de nombreuses préparations cosmétiques dans ses Consilia29, et Arnaud de Villeneuve († 1311) se voit attribuer un De depilatione superstitiosa30, de même qu’un De ornatu31 transmis par différents manuscrits32. On pouvait d’ailleurs aussi trouver matière à une cosmétologie dans le De vinis d’Arnaud, où Guy de Chauliac puise la recette d’un vin aromatique à usage cosmétique33. Quant à Bernard de Gordon († v. 1320), son Lilium medicinae est “ exploité ” et cité par Guy de Chauliac, tandis que son traité sur la thériaque l’est par Henri de Mondeville.

Certes, rien d’étonnant à ce que Henri de Mondeville ou Guy de Chauliac mélangent allègrement les sources médicales et chirurgicales, si l’on se souvient qu’ils reçurent tous deux une double formation34. Mais c’est davantage chez les auteurs chirurgiens “ modernes ”, principalement les représentants de “ la nouvelle école chirurgicale de l’Italie du Nord ”35, qu’ils semblent prendre une bonne partie de leur information en matière de cosmétique, comme l’attestent les sources de Guy repérées par Michael McVaugh, telle la Cyrurgia de Théodoric († 1298), fréquemment citée ou la Cirurgia de Guillaume de Saliceto, composée vers 1275-76 pour la seconde rédaction36.. Autant de noms qui prouvent que la cosmétique était largement prise en compte dans le discours des praticiens des XIIIe-XIVe siècles, et plus encore des chirurgiensce qui est assez logique si l’on se souvient que les médecins s’occupent plutôt de maladies internes et les chirurgiens des opérations manuelles dont relève a priori plus directement “ l’ornement ”.
Une autre étape importante fut franchie au début du XIVe siècle, avec la traduction du grec, par Niccolò da Reggio (entre 1308 et 1345), d’écrits galéniques ignorés jusque-là des Latins, notamment le Miamir (De compositione medicamentorum secundum locos), et Mondeville ou Guy de Chauliac n’ont pas manqué de s’abreuver à ces traductions : le maître parisien cite ainsi Galien 431 fois et Avicenne 390, d’après le décompte d’Édouard Nicaise ; quant au Montpelliérain, qui mentionne aussi très fréquemment Avicenne, il loue très explicitement les traductions de Niccolò da Reggio37, et citerait Galien 890 fois selon Pierre Huard et Mirko Grmek38!

N’y a-t-il pas aussi quelque raison de croire que le Trotula lui-même ne fut pas exclu de leur champ d’information ? Il y a ainsi des loci communes troublants entre ce traité et la Chirurgie de Mondeville et le De ornatu mulierum, et peut-être Guy de Chauliac aussi emprunte-t-il au Trotula. Ainsi, au sujet de la manière d’enlever cheveux et poils indésirables, on reconnaît certes des extraits du Miamir, mais Guy ajoute deux substances non mentionnées par Galien, sanguis vespertilionis et ova formicarum39, deux ingrédients que l’on trouve employés à deux reprises dans le De Ornatu Mulierum, en particulier dans une recette qui semble être la source directe de Guy40.

D’où l’alternative suivante, à ce stade de nos recherches : soit nos deux auteurs ont puisé à l’une des sources des textes composant le Trotula, en l’occurrence Avicenne, mais peut-être aussi Rhazès, dont la cosmétique circulait à l’époque dans son intégralité ou sous forme d’extraits41 : de fait les paragraphes du Trotula sur les soins du nouveau-né et les critères de choix d’une nourrice, sont empruntés au Liber ad Almansorem récemment traduit42. Soit ils ont eux-mêmes utilisé le Trotula, ce que l’histoire des manuscrits rend plausible. L’ouvrage fut en effet conservé dans grand nombre d’exemplaires, dont certains furent possédés par des maîtres ou liés à des cercles universitaires : l’actuel ms. Paris, BNF, lat. 16222 fut la propriété du théologien Gérard d’Utrecht († v. 1326-1338), qui légua son exemplaire au collège de Sorbonne, le ms. Paris, BNF, lat. 16191, appartint à Jacques de Padoue (fl. 1342-53), maître en médecine et docteur en théologie à Paris43, le ms. BNF, lat. 6964, produit en 1305 à Montpellier, fut entre autres la propriété du maître parisien Jean Caillau († après 1472), médecin de Charles d’Orléans à qui il le donna, etc.44.

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