Esthétique et soins du corps dans les traités médicaux latins a la fin du Moyen Age







titreEsthétique et soins du corps dans les traités médicaux latins a la fin du Moyen Age
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Esthétique et soins du corps dans les traités médicaux latins



Aux derniers siècles du Moyen Âge, les soins de beauté semblent occuper une place croissante dans la pratique médicale, et les auteurs de traités de médecine ou de chirurgie accordent de plus en plus d’importance, sous le nom d’ornatus ou de decoratio, à ce que nous appelons aujourd’hui cosmétique ou cosmétologie. L’Antiquité avait certes légué un certain savoir en matière d’embellissement, mais le haut Moyen Âge s’avère pauvre en traces d’un tel souci, et la cosmétique n’apparaît pas dans la littérature médicale d’Occident avant la fin du XIIe siècle, ou sa deuxième moitié. De cette entrée en scène des soins de beauté, les premiers témoins se trouvent à Salerne, et, à l’origine de ces productions latines d’un genre nouveau, il y a de nouvelles sources, principalement Rhazès et Avicenne, traduits à Tolède par Gérard de Crémone (†1187). L’influence de la médecine arabe en la matière reste certes à évaluer avec précision, mais incontestablement, à partir de cette date, des textes divers, religieux ou profanes attestent la recherche massive de l’ornatus, que corrobore l’importance du sujet dans la littérature médicale. Or si des médecins s’y intéressent, c’est principalement dans les traités de chirgurgiens, spécialistes des opérations manuelles dont relève a priori plus directement “ l’ornement ”, que la cosmétique paraît avoir acquis droit de cité ; parmi ces Chirurgies, celles de Henri de Mondeville et de Guy de Chauliac lui font une large part et retiennent donc ici plus longuement l’attention.
Cosmétique —Médecine Arabe —Guy de Chauliac —Henri de Mondeville —Ornatus —Salerne —Chirurgiens

Aesthetics and Body Care in Latin Medical Treatises



During the last centuries of the Middle Ages, beauty cares seem to play an increasing part in the medical practice, and many authors of medical or chirurgical treatises pay allways more attention to the ornatus or decoratio, i. e. what we name today cosmetics or cosmetology.Yet Antiquity had left a certain knowledge in that field, traces of such a concern in the High Middle Ages are hardly to be found, and cosmetics do not feature in the medical western litterature until the late 1100’s, or maybe the second half of that century. This coming out of cosmetology is first witnessed in Salerno, and this new kind of latin writings take their roots in new sources, principally Rhazes and Avicenna, recently translated in Toledo by Gerard of Cremona (†1187). The exact influence of arabic medicine in this sphere is not perfectly known yet, but beyond all doubt, after the 12th century, a huge variety of texts, religious or lay, attest that the “ ornatus ”seeking was widespread. The subject interested different western doctors, but cosmetics seems to be a greater concern for surgeons, that is to say practicioners specialized in manual operations. This paper considers in particular the Chirurgiae of Henri de Mondeville and Guy de Chauliac (14th century), for the large place they give to cosmetology.
Cosmetics — Arabic Medicine — Guy de Chauliac — Henri de Mondeville — Ornatus — Salerno — Surgeons


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1 Cf. A. Beccaria, I codici di medicina del periodo presalernitano (secoli IX, X, XI), Rome, 1956 : 6, n° 34 ; 8, n° 2 ; 71, n° 4 ; 88, n° 6 ; 47, n° 8 ; 47, n° 10 ; 47, n° 11 ; 49, n° 2 ; 88, n° 12. Wickersheimer de son côté ne relève qu’un manuscrit (cf. E. Wickersheimer, Manuscrits latins de médecine du haut Moyen Âge dans les bibliothèques de France, Paris, 1966). On trouve en revanche assez souvent Cleopatra dans les manuscrits du Moyen Âge central ou finissant : voir L. Thorndike, P. Kibre, A Catalogue of Incipits of Medieval Scientific Writings in Latin, Cambridge (Mass.), rééd. 1963, coll. 403, 852, 1502, 1505 et 1570.

2 D’après M. Green, un traité de cosmétique grec du 1er siècle est attribué à Cleopatra ; mais il n’en reste qu’un fragment sur les poids et mesures, et l’on n’a pas de preuve qu’il ait été traduit en latin ; cf. The Trotula. A Medieval Compendium of Women’s Medicine, M. Green éd. et trad., Philadelphie, 2001, p. 208, n. 6. Voir aussi G. Marasco, “ Cléopâtre et les sciences de son temps ”, dans Sciences exactes et sciences appliquées à Alexandrie, G. Argoud, J.Y. Guillaumin éd., Saint-Étienne, 1998, p. 39-53.

3 D. Corsi, “ Les secrés des dames : tradition, traductions ”, Médiévales, n° 14, printemps 1988, p. 47-57. On n’en connaît à ce jour qu’un ms. : voir Il libro di Metrodora sulle malattie delle donne e il ricettario di cosmetica e terapia, G. Del Guerra éd., Milan, 1953.

4 Voir Odonis de Ceritona Fabulae, et Odonis de Ceritona Parabolae, dans L. Hervieux éd., Les fabulistes latins, Paris, 1986, vol. IV, p. 287, n° LV (“ de muliere quae pulchriorem esse desiderat ”), ou Odonis fabulis addita, collectio secunda, p. 389 : “ Quando mulier delicata non est contenta pulcritudine quam sibi Deus contulit, plus vult facere quam Deus fecerit, quia pulcrior esse desiderat quam Deus eam fecerit “.

5 Cf. Berthold de Ratisbonne, Péchés et vertus. Scènes de la vie du XIIIe siècle, prés., trad. et comm. Cl. Lecouteux et P. Marcq, Paris, 1991, p. 127.

6 The Exempla of Jacques de Vitry, Th. Crane éd., Londres, 1890, n° CCXI, p. 88 ; voir aussi les n°s 209 et 253, et autres références dans F.C. Tubach, Index exemplorum. A Handbook of Medieval Religious Tales, Helsinki, 1969, p. 103.

7 Les contes moralisés de Nicole Bozon, frère mineur, T. Smith, P. Meyer éd., Paris, 1889, n° 24 a.

8 Ibid., n° 92.

9 D. Paquet, Miroir mon beau miroir. Une histoire de la beauté, Paris, 1997, p. 32.

10 Cf. Berthold de Ratisbonne, Péchés et vertus, op. cit., p. 126.

11 Cité par M.A. Polo de Beaulieu, “ La condamnation des soins de beauté par les prédicateurs du Moyen Âge ”, dans Les soins de beauté, Moyen Âge, Temps modernes, Actes du colloque de Grasse 26-28 avril 1985, dir. D. Menjot, Nice, 1987, p. 297-309, p. 301.

12 Cf. Guillaume de Lorris et Jean de Meun, Le Roman de la Rose, A. Strubel éd., Paris, 1992, v. 13287-13370, p. 706-710.

13 Cf. D. Jacquart, C. Thomasset, Sexualité et savoir médical au Moyen Âge, Paris, 1985, p. 155.

14 Le Roman de la Rose, op. cit., v. 8907-8917, p. 482-484.

15 R. Lassalle, “ Cosmétiques et diurétiques au Moyen Âge ”, dans Les soins de beauté, op. cit., p. 183-194.

16 “ De chaux vive et d’orpiment, pour ôter les poils elles font un ciment ”, cité par J.G. Gouttebroze, “ Parfum de femme et misogynie dans le Livre des manières d’Étienne de Fougères ”, dans Les soins de beauté, op. cit., p. 311-318.

17 Par exemple dans le ms. Vatican, B.A.V., Pal. Lat. 1320, f° 87 r°, où est ainsi proposée une décoction à base de céruse et de plomb pour laver le visage.

18 Cf. A.G. Little, E. Withington éd., Fratris Rogeri Baconi : De retardatione senectutis, Oxford, 1928.

19 Cf. M.A. Polo de Beaulieu, “ La condamnation… ”, loc. cit., p. 301.

20 Cf. De ornatu mulierum, M. Green éd., dans The Trotula, op. cit., p. 166-191, § 260, p. 172 et § 266, p. 174.

21 Voir ibid., § 307, 308 et 309, p. 188, ou le De ornatu attribué à Arnaud de Villeneuve dans le ms. Vatican, B.A.V., Pal. Lat. 1320, f° 71 r°-81 r°, f° 80 r° : “ vulvam post partum restringens… ” et “ Item ad vulvam stringendum ”, suivi de “ Item quod corrupta quasi virgo reddatur ”. Ces recettes s’inscrivent dans une section consacrée à l’accouchement et aux dommages qu’il peut causer au corps de la femme (vergetures, forte poitrine, etc).

22 Cf. Catholica Magistri Salerni, dans Magistri Salernitani nondum editi, P. Giacosa éd., Turin, 1901, p. 71-162, p. 71-75 et 104-105.

23 M. Green, The Trotula, op. cit., p. 3.

24 Ibid., p. 52 ss, notamment figure 9, “ The Development of the Trotula Ensemble ”.

25 M. Green, The Trotula, op. cit., p. 54, et p. 228 n. 205.

26 Auteur, à la fin du Xe siècle, d’un exposé sur l’art médical traduit pour la première fois par Constantin l’Africain, à la fin du XIe siècle, sous le titre de Pantegni.

27 Le régime du corps de maître Aldebrandin de Sienne, texte français du XIIIe siècle, L. Landouzy et R. Pépin éd., Paris, 1911, Introduction, p. LXVI ; voir p. 85-89, “ Comment on doit les chaveus garder ” ; p. 95-97, “ Capiteles des dens et des gencives ” ; p. 98-100, “ Comment on doit le visage garder ”.

28 Cf. J.-L. Flandrin, “ Soins de beauté et recueils de secrets ”, dans Les soins de beauté, op. cit., p. 13-32, p. 22. Il faudrait toutefois étudier de plus près le De ornatu mulierum attribué à Arnaud dans le ms. Pal. Lat. 1320, où l’on trouve, f° 73 r°, une recette à base d’antimoine “ Ut domine habeant oculos nigros ”.

29 Taddeo Alderotti, I “ Consilia ”, trascritti dai codici Vaticano latino 2418 e Malatestiano D XXIV.3, G.M. Nardi éd., Turin, 1937 : n° 30, p. 68, “ Ad removendum ruborem faciei ” ; n° 51, p. 125-126, “ De fetore oris ” ; n° 52, p. 126, “ Ad pilos nascendos ” ; n° 133, p. 186, “ Ad faciendum flavos capillos ”; n° 146, p. 195-196, “ De cura macularum faciei ”, etc. Voir à ce sujet N.G. Siraisi, Taddeo Alderotti and his pupils, Princeton, 1981, p. 283 et 381.

30 Cf. E. Wickersheimer, Dictionnaire biographique des médecins en France au Moyen Âge, vol. 1 (1936), rééd. Genève, 1979, p. 48.

31 Œuvres non retenues parmi les écrits médicaux d’Arnaud par J. Ziegler, Medicine and Religion c. 1300. The Case of Arnau de Vilanova, Oxford, 1998.

32 Par exemple les mss Vatican, Pal. Lat. 1320, f° 71 r°-80 r° ; 1331, f° 126 r°-130 r°. Inc. : “ Quando domina corpus suum vult purgare ab omni sorditie intret primitus balneum non nimius calidum ”.

33 Guigonis de Caulhiaco Inventarium seu Chirurgia Magna, 2 vols, M.R. McVaugh, M.S. Ogden éd., Leyde, 1997, p. 319, lin. 35 : “ vinum aromaticum ad ornatum mulierum dealbans et subtilians et abstergens et incolorans ”.

34. D. Jacquart, La médecine médiévale dans le cadre parisien, Paris, 1998, p. 92 et passim.

35 M. McVaugh, “ Stratégies thérapeutiques : la chirurgie ”, dans Histoire de la pensée médicale en Occident, I, Antiquité et Moyen Âge, dir. M.D. Grmek, Paris, 1995, p. 239-255, p. 247.

36 Voir le chapitre d’ouverture de la Chirurgia, qui dresse un catalogue des auteurs qui surent allier médecine et chirurgie, d’Hippocrate aux auteurs les plus récents : “ Subsequenter invenitur Brunus, qui satis discrete dicta Galieni et Avicenne et operacionem Albucasis assumavit ; … Post ipsum immediate venit Thedericus, qui rapiendo omnia que dixit Brunus cum quibusdam fabulis Hugonis de Luca magistri sui librum edidit. Guillelmus de Saliceto valens homo fuit, et in phisica et in cyrurgia duas summas composuit… ” (Guy de Chauliac, Inventarium, op. cit., capitulum singulare, p. 6-7).

37 Ibid., p. 7.

38 P. Huard, M.D. Grmek, Mille ans de chirurgie en Occident : Ve-XVe s., Paris, 1966, p. 43.

39 Guy de Chauliac, Inventarium, op. cit., p. 318, lin. 27-31.

40 Voir De ornatu mulierum, M. Green éd., op. cit., § 264, p. 174 : “ Ut fiat perpetua ablatio capillorum. Recipe ova formicarum, auripigmentum rubeum et gumi hedere, cum aceto misce, et loca frica ”. N’oublions pas que ces deux ingrédients apparaissent aussi dans le De ornatu mulierum attribué à Arnaud tel que le transmet le ms. Pal. Lat. 1320, f° 71 v° (“ recipe ovorum formicarum pondus 12 d. ”, “ Item recipe ova formicarum ”, “ Aliud : recipe ovorum formicarum pondus… ”, puis “ cum eodem oleo temperentur ova formicarum vel sanguis vespertilionis ” et “ sanguis ex vespertilionibus sic extrahitur… ”) de même que dans le De ornatu mulierum édité par S. de Renzi (Collectio salernitana, Naples, 1852-1859, 5 vol., t. 4, 1856, p. 26-38, p. 28, v. 25, “ mixto vespertilionis sanguine ”, et v. 81, “ formicarum quoque conficis ova ”). La question des sources de Guy se présente comme particulièrement complexe.

41 Voir par exemple le ms. Vatican, B.A.V., Vat. Lat. 2418 (XIVe s.), f° 80 r°a-r°b : “ Incipit tractatus Rasis de ornatu faciei mulierum… Expl. : cum aqua calida donec rubeat ” ; et f° 80 r°b-80°va : “ Incipit rasis de ornatu capillorum... Expl. : Conficiantur cum aceto et caput ablue ”.

42 M. Green, The Trotula, op. cit., p. 54.

43 D. Jacquart, Supplément au Dictionnaire d’Ernest Wickerhseimer, Genève, 1979, p. 137.

44 E. Wickerhseimer, Dictionnaire biographique..., op. cit., vol. 1, p. 376.

45 La chirurgie de Maître Henri de Mondeville. Traduction contemporaine de l’auteur, publiée d’après le ms. unique de la B.N., par le Dr A. Bos, Paris, 1897-98, 2 tomes, p. vii.

46 “ Sur les traitements des autres maladies qui ne sont pas des blessures et qui peuvent survenir aux différentes parties du corps de la tête aux pieds ”, cité par D. Jacquart, La médecine médiévale…, op. cit., p. 57.

47 Guy de Chauliac, Inventarium, op. cit., p. 309.

48 S. Bazin-Tacchella, “ Ouvrir les corps : théorie et pratique dans la
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