Les celtes
Les origines
Les origines des Celtes demeurent obscures. Deux faits cependant permettent de fixer le berceau de ces populations en Europe centrale et occidentale : l’existence, de la Lorraine et de l’Alsace jusqu’à la Bohême, de très anciens toponymes d’origine celtique pour désigner les montagnes et les rivières ; la permanence, à travers les époques successives des âges du cuivre, du bronze ancien et du bronze moyen, d’une zone de peuplement et de civilisation homogène, s’étendant sur la partie méridionale et occidentale de l’Allemagne et sur la France de l’Est. Par leurs expéditions et leurs campagnes, les Celtes finirent par occuper et coloniser la moitié de l'Europe. Les premiers émigrants, GOIDELS et PICTES, établis sur les rives de la mer du Nord, entre le Rhin et la Weser, s'emparent de la Grande-Bretagne (Albio), puis s'installent en Irlande, dont le nom ancien, "Iverioî, transparaît dans le nom actuel de la République irlandaise: EIRE.
Vers 650 avant J.-C., les BRITTONES, autre rameau de la famille celtique, passent à leur tour en Grande-Bretagne à laquelle ils donnèrent le nom qu'elle n'a cessé depuis de porter et refoulent en Ecosse leurs prédécesseurs et frères de race.
Durant le même millénaire, sur le continent, les Celtes se répandent en Gaule, conquièrent l'ouest et le centre de la péninsule ibérique, s'installent dans le nord de l'Italie après avoir dû renoncer à Rome (prise en 387 av. J.-C.). Vers l'est, leur expansion se poursuit le long du Danube, dans les Balkans (prise de Delphes en 278 av. J.-C.) et atteint la mer Noire. Les GALATES franchissent même le Bosphore et fondent un royaume celte en Asie Mineure.
On situe aux IVe et IIIe siècles avant J.-C. la grande époque de la suprématie celtique en Europe. À vrai dire, LA CELTIE fut moins un empire qu'un agrégat de peuplades unies par un faisceau d'affinités et de caractères communs dont au premier chef la langue. Cet ensemble sans homogénéité ne put jamais s'accommoder d'un pouvoir centralisateur. Il y eut pourtant quelques tentatives d'unification. On a retenu le nom d'un chef, AMBIGATOS, qui parvint au IVe siècle à confédérer un bon nombre de peuples celtiques sur lesquels il exerça sa souveraineté. On l'appelait BITURIX, le "Roi du Monde".
Des noms de lieux témoignent encore de cette vaste expansion des Celtes: la Galatie en Asie Mineure, la Galicie en Pologne, la Galice en Espagne. Les découvertes archéologiques et les recherches ethnographiques ont permis d'identifier des groupements ethniques dont la civilisation a conservé à travers les siècles les traces certaines d'une origine celtique.

Les activités
L'agriculture était très développée pour répondre aux nombreux besoins d'alors. L'exploitation des forêts était intense pour fournir le bois de construction entre autre utilisé pour la construction des remparts dont la périphérie pouvait se compter en kilomètres. On cultivait de nombreuses variétés de plantes : de l'orge, des sortes de blé ;par endroits l'avoine et le seigle pour confectionner le pain, des légumes sec, des plantes non alimentaires comme le lin pour le tissu.
L'élevage revêtait une grande importance économique, bien plus que la chasse, fournissant de grandes quantités de viandes qui étaient parfois exportées dans des contrées lointaines. On élevait du gros bétail, des porcs, des moutons, des chevaux, des poules mais il est à noter que toutes ces espèces étaient de petite taille. Les ânes et les chats, quant à eux, viendront plus tard d'Egypte.
L'artisanat, l'une des principales bases du commerce des Celtes, regroupait de nombreux corps de métiers.
Il y avait des artisans spécialisés dans les différents travaux du bois, certains réalisaient des armes, d'autres des objets usuels souvent parés de ferrures leur permettant d'obtenir des formes originales et d'autres encore étaient spécialisés dans la construction navale. Mais peu de restes de tous ces ouvrages nous sont parvenus vu la non conservation du bois. Certains objets, exceptionnellement, retrouvés intacts permettent d'attester des dons de sculpteur des Celtes.
Les tisserands étaient assez nombreux et faisaient un travail de bonne qualité avec de la laine et du lin. Ils utilisaient des métiers à tisser verticaux leur permettant de réaliser des étoffes colorées à motifs. L'habit des Celtes, alors, était le chiton (chemise ouverte), le manteau et le pantalon large pour les hommes, la robe pour les femmes. Tout ces habits étaient de couleurs vives.
La métallurgie était présente dans quasiment tous les oppida, on y travaillait principalement le bronze et le fer. Le fer et sa production se sont beaucoup développés à cette époque grâce aux techniques acquises lors des expansions. Les artisans celtes utilisaient des fourneaux à grande voûte ou des fourneaux en forme de puits qui leur ont permis de réaliser des outils agricoles et des armes principalement. La verrerie occupe une place très importante à l'époque vu les couleurs et la qualité de finition que ce matériau permet d'obtenir
La céramique continue de jouer un rôle important, permettant de stocker les aliments et tout composé périssable.
Le travail de la monnaie prend plus d'importance à cette époque avec le développement des échanges commerciaux, ainsi chaque oppidum frappait sa monnaie, de plus ou moins bonne qualité car les métaux étaient généralement aussi produits sur place. Ces monnaies sont intéressantes car elle nous donne de nombreux témoignages de l'imagerie celte et aussi quelques-unes des rares traces d'écriture en celtique que nous verrons plus tard.
Le commerce - L'exploitation du fer et du cuivre, le transport du minerai d'étain de Grande-Bretagne donnaient lieu à un commerce prospère, tant par voie maritime que par voie terrestre. La marine est de fort bonne qualité (bateaux à voiles de peaux). Les Vénètes entretiennent des relations commerciales suivies avec les Carthaginois et les ports du Levant. Des pistes jalonnent le pays: les convois d'étain partis de Boulogne arrivent en trente jours à Marseille. Les fameuses voies romaines ne feront, le plus souvent, que suivre les routes gauloises dont l'existence explique pour une part les marches rapides de César.
La vie quotidienne - Les Gaulois connaissaient l'usage du savon, ignoré des Romains. Tandis que les peuples méditerranéens faisaient usage d'amphores, les Gaulois conservaient leurs boissons (bière, hydromel) dans des tonneaux dont ils furent les inventeurs. Il semble aussi qu'on leur doive l'invention du matelas et de plusieurs autres objets et outils courants: tarière, tamis à crin, etc.
Quand il y avait des décisions à prendre au sein de la communauté, la tribu demandait la tenue d'un conseil, le plus souvent les décisions prises étaient justes et profitables pour tous. Le conseil était tenu dans des lieux neutres. Personne ne quittait le conseil tant qu'il n'y avait pas unanimité. Personne ne menait le conseil car toutes les positions étaient égales.
Les Celtes étaient extrêmement tribaux, loyaux à leur famille et leur tribu, mais souvent ils avaient beaucoup en commun avec les tribus voisines. Chaque tribu avait un langage sensiblement différent, de même que des dieux différents.

L'art celte
L’art celte est essentiellement un art de petits objets, ou du moins d’objets transportables, et en tout cas d’objets utilitaires, conçus pour les hommes, du moins leurs chefs (et non pour les dieux) et pour leur vie quotidienne (et non pour des occasions exceptionnelles). Il s’exerce dans les domaines de l’armement, du foyer et de la parure.
Pour la guerre, chars, épées, qui deviennent plus longues à l’époque de La Tène, pointes de lance, boucliers, casques et poignards ; à la maison, chenets pour le foyer, cornes à boire, récipients, en métal ou en céramique selon qu’ils sont d’usage plus ou moins courant, et en particulier les fameuses situles ; des bijoux enfin, torques ou gros colliers de métal, devenus pour le grand public le signe de la celticité, bracelets, boucles d’oreilles, pendentifs, boucles de ceinture et fibules, très précieux critères de datation ; d’autres accessoires de la toilette : les rasoirs, dès l’époque de Hallstatt, et les miroirs, à partir de l’époque de la Tène, en particulier dans les îles Britanniques enfin, et peut-être surtout, les admirables monnaies gauloises.
Les Celtes connaissaient-ils l'écriture?
Les Celtes appartiennent à la «Protohistoire», période pendant laquelle certains peuples pratiquent l'écriture et d'autres pas. Ainsi, les Celtes n'ont pas écrit leur propre histoire : chez eux, les connaissances étaient transmises oralement. Ils nous ont laissé quelques inscriptions mais qui ne nous renseignent guère sur leur société.
Du porc ou du sanglier au menu?
Du porc ! Car les Celtes sont avant tout des fermiers, des agriculteurs-éleveurs. On retrouve dans leurs fermes les principaux animaux de nos fermes : vaches, porcs, chèvres, moutons, chevaux, volailles et chiens. La chasse n'est donc qu'un appoint, voire un sport, et le gibier figure rarement au menu gaulois, n'en déplaise à Obélix. Par contre, le sanglier occupe une place importante dans l'imaginaire celte, symbolisant la force et la combativité. Que nous reste-il de cette culture?
Notre héritage celtique se retrouve
- dans la langue française, avec des mots courants tels que "chemin", "char", "mouton", "ardoise", "alouette", etc., notamment de nombreux noms de plantes et d'animaux;
- dans la toponymie et l'hydronymie, c'est-à-dire les noms de lieux et de rivières : ainsi, par exemple, Trèves, Paris, Reims, Milan, Tongres, Arlon doivent leur nom à la langue celtique, mais aussi un nombre insoupçonné de lieux-dits de nos villages wallons;
- dans l'organisation du territoire, avec la fondation de certaines villes (Paris, Budapest, Belgrade) et surtout le développement d'un important réseau de voies de communication;
- dans des réalisations techniques, telles que des formes de chars et de chariots reprises plus tard par les Romains, le tonneau, le savon, la cotte de mailles, le tamis, le matelas, le manteau à capuchon. Les Celtes, vivant à l'Âge du Fer, sont aussi à l'origine de la diffusion et de l'application des nouvelles techniques et outils liés à la sidérurgie dans nos régions. De nombreux objets en fer que nous utilisons encore couramment nous viennent de cette période;
- des mythes et légendes, dont celles d'Arthur et ses chevaliers de la Table Ronde, Merlin, Mélusine, Tristan et Yseult;
- dans les fêtes de la Toussaint, du Jour des Morts et d'Halloween : les deux premières sont le résultat de la christianisation de la fête celtique de Samain, dont Halloween est la transposition tardive et américanisée;
- dans l'art européen : les motifs celtiques, réels, stylisés ou imaginaires, notamment les entrelacs, ont influencé durablement les artistes, du Moyen-Âge jusqu'à nos jours. Troc ou monnaie?
Pendant longtemps, le système d'échange principal resta le troc. A partir du IIIe siècle av. J.-C., les Celtes adoptèrent peu à peu un monnayage inspiré de monnaies grecques, vraisemblablement rapportées comme solde ou butin par des mercenaires celtes. Dans un premier temps, une monnaie coûteuse fut émise en or et en argent : sa fonction était alors moins commerciale que politique et diplomatique. Ensuite se répandit l'usage d'une monnaie de moindre valeur réalisée en bronze ou en potin (alliage de cuivre, d'étain et de plomb) : ceci indique un usage plus courant, pour des achats de moindre importance.
Le monnayage devint également un moyen d'expression artistique et politique, chaque nation émettant ses propres séries. Pourquoi les Gaulois ont-ils été vaincus?
Cette question, très fréquente, fait référence au contexte bien précis de la Guerre des Gaules, qui marque le début de la colonisation romaine de nos régions. Discordes entre les nations celtes, les unes étant pour, les autres contre les Romains, manque de coordination, hésitations politiques et parfois, erreurs tactiques : ce sont les raisons les plus fréquemment évoquées pour expliquer leur défaite. Ajoutons à cela le génie militaire indiscutable de César, allié à un total manque de scrupule.
Cependant, il ne faut pas généraliser : le prestige du général romain qui l'a menée, Jules César, le témoignage exceptionnel qu'il en a livré dans ses «Commentaires», l'importance historique de cet événement ont rendu cette guerre familière au grand public, au point parfois d'occulter les siècles qui l'ont précédée. Car l'histoire des Celtes remonte, quant à elle, au moins jusqu'au VIIIe siècle av. J.-C., soit bien avant l'émergence de la civilisation romaine. Cette histoire est parsemée de nombreuses conquêtes qui prouvent la valeur militaire des troupes celtes.
Les Celtes > Stéréotypes
Les Celtes, des «barbares» sans intérêt ?
Depuis la Renaissance, les civilisations méditerranéennes (Grèce, Rome, Egypte) ont été considérées comme des modèles et toutes les autres ont été qualifiées de «barbares». Ainsi, on a longtemps méprisé les Celtes qui n'ont pas produit de grand bâtiment en pierre, ni d'alphabet propre, ni d'empire unifié.
Ce mépris reposait en grande partie sur l'ignorance : il est en effet difficile d'étudier la culture celte, dont le savoir reposait sur la transmission orale et non sur l'écrit et dont les constructions de bois et de terre ont laissé peu de trace. Pour compenser ce manque d'information, on s'est longtemps contenté des textes antiques grecs et romains, bien que leurs auteurs soient parfois partiaux, mal informés ou mal interprétés. Ce faisant, les lettrés de la Renaissance et des Temps Modernes ont repris à leur compte et souvent amplifié une image peu flatteuse : celle des sauvages ignorants, querelleurs et indisciplinés.
Pourtant, le simple examen des pièces qu'ils nous ont laissées, telle cette phalère en bronze ajouré, dessinée au compas, laisse entrevoir un monde autrement complexe et intéressant.
Les Celtes, de piètres guerriers, braillards et indisciplinés?
Ce cliché tenace et méprisant nous vient des textes romains. Au cours de son histoire, en effet, Rome a dû plusieurs fois affronter des troupes celtes, à commencer par celles qui prirent la ville en 387 av. J.-C. Il s'est développé dans la littérature latine une image dévalorisante et caricaturale de ce peuple, éternel voisin, rival et adversaire redouté. Pourtant, la valeur militaire des Celtes est évidente, comme en témoignent la liste de leurs conquêtes et l'étendue de leur territoire sur la carte européenne.
Plus particulièrement, les commentaires de César sur la «Guerre des Gaules» ont pris dans notre culture et notre imaginaire une place exceptionnelle. Ce témoignage extrêmement riche, mais aussi tendancieux et ouvertement propagandiste, a figé les Gaulois, pour des générations d'écoliers, dans un rôle de vaincus et de faire-valoir. Nos ancêtres-miroir
Certes, les Celtes sont à l'origine de bien des traits de notre culture, de mots de notre langue et d'objets de notre vie quotidienne. Néanmoins, cet apport, si difficile à mesurer, a parfois été exagéré dans des buts politiques ou diplomatiques. Le XIXe siècle, en effet, a développé une image romantique de «nos ancêtres les Gaulois», leur prêtant à rebours les qualités et caractéristiques des Français ou des Belges contemporains.
Notre ami Astérix en est l'illustration par excellence, qui mélange avec brio l'antique et le contemporain pour susciter le rire. Car ce village de «Gaulois» "têtus, querelleurs, bavards, courageux et bons vivants" (sic) est moins le portrait de Celtes que l'autoportrait ironique d'auteurs français du XXe siècle.
Chez nous, la figure d'Ambiorix, roi des Eburons et ennemi tenace de César, a été utilisée au XIXe siècle pour développer la fibre nationale d'un pays tout neuf au nom gaulois : la Belgique... Les druides, prêtres sanguinaires ou philosophes méconnus ?
Les druides forment l'élite intellectuelle de la société celte. Certains règlent les pratiques religieuses, d'autres assurent l'instruction des jeunes, arbitrent les conflits, gèrent le cadastre, les affaires d'héritage, les comptes publics et privés. D'autres encore sont astronomes, médecins, devins, magiciens, ambassadeurs, conseillers politiques, etc. Parmi les druides, les bardes sont ceux qui perpétuent les traditions musicales et poétiques, les récits mythologiques et héroïques.
Les druides ont longtemps passé pour des prêtres sanguinaires pratiquant le sacrifice humain, ainsi que les dépeignent certains textes antiques. Les restes humains retrouvés dans certains sanctuaires pourraient accréditer de telles pratiques. Mais cette interpétation doit être nuancée : les Celtes accordaient en effet une grande importance symbolique à la tête, siège de la valeur de l'individu. Ils pratiquaient ainsi des manipulations post mortem, conservant les crânes des ancêtres ou des ennemis tués au combat.
On sait fort peu de chose sur les conceptions religieuses et/ou philosophiques transmises par les druides. Sur base des textes antiques, on peut citer la croyance en l'immortalité de l'âme. Les trouvailles archéologiques indiquent quant à elles un culte rendu aux ancêtres et aux forces de la nature telles que le soleil et l'eau.
Pas de menhir celtique
C'est le géographe grec Strabon qui nota la présence, dans les forêts gauloises, de «grandes pierres» et de «monuments druidiques». C'est ainsi qu'on a amalgamé les mégalithes néolithiques (les «menhirs» et les «dolmens», datant de 6000 à 2000 av. J.-C.) avec les rites celtiques qui leur sont bien postérieurs. Certes, il y avait des mégalithes du temps des Celtes, mais ceux-ci n'en étaient pas les constructeurs.
Le coq gaulois
Par une belle ironie de l'histoire, c'est un jeu de mot en latin qui associe cet animal aux peuples celtes. «Gallus», en effet, signifie en latin aussi bien «coq» que «gaulois». Site pour le M A : chateaux celtes et chimères - Le Grimoire |