L’essence de l’inspiration; du savoir à la pratique.
00 |Introduction, Mon intention au départ, était d’établir des relations entre art et l’architecture. J’ai initialement choisi de développer comme sous parties ; « comment l’art influence les architectes ?» et, « comment les artistes utilisent et représentent l’espace ? ». Cependant, après mes recherches et le temps passé à écrire, certaines idées relatives au sujet se sont épuisées et d’autres, un peu plus éloignées, ont émergées. Les sous parties qui divisent l’ensemble sont agrémentées de nombreux exemples. Ils étayent les idées directrices du mémoire et ne sont là que pour appuyer la conclusion. Si les exemples sont nombreux, c’est parce qu’ils sont, pour moi, la manière la plus concrète de développer une idée.
Connections entre art et architecture.
Pour commencer, nous allons essayer d’énoncer une relation basique et commune aux deux domaines que sont l’art et l’architecture. Bien entendu je parle ici du concept. A quoi sert-il ? Comment doit-il fédérer l’idée ? Pourquoi est-il essentiel ? Définition du concept selon le dictionnaire Larousse : Idée générale et abstraite que se fait l’esprit humain d’un objet de pensée concret ou abstrait, et qui lui permet de rattacher à ce même objet les diverses perceptions qu’il en a, et d’en organiser les connaissances. La définition se suffit presque à elle-même. Cependant, pour qu’elle soit plus claire et qu’elle soit en relation directe avec le sujet traité, j’ai choisi de l’expliquer comme suit ; Le concept est une idée de nature très diverse; qui peut être engagée sur le plan politique, philosophique ou social (…) évidemment, elle n’a aucune restriction tant que celle-ci est justifiée par son orateur. Une fois trouvé, il est exprimé avec une approche très personnelle et sensible. Ce que l’on appelle « la touche » chez l’artiste, peut aussi bien se trouver dans des œuvres architecturales que dans des sculptures. Cette manière plastique propre à chaque artiste, l’équivalent d’une signature au cœur même de l’œuvre, est devenue un facteur de critique d’art en général. Ce depuis le mouvement maniériste qui prône la touche caractéristique du peintre, au dépit d’une simple imitation de la nature. Si l’on reconnait l’architecture de Frank Gehry, la peinture de Pablo Picasso ou les sculptures de Nikki de saint Phalle, c’est justement à cause, ou grâce, à la « manière » qu’ils emploient et qui leur est propre.
Dans une comparaison entre les trois grands thèmes que sont la sculpture, l’art et l’architecture, Ricardo Porro met en évidence l’importance de la composition et la rigueur nécessaire à toute création artistique. Cependant, selon lui, « Aussi importante que soient la mesure, la justesse, la proportion, elles ne suffisent pas à définir l’œuvre d’art. Pour qu’elle ne soit pas glacée comme un traité de mathématique, il faut beaucoup plus que la mesure, il faut l’artiste. » p.16 du livre, les cinq aspects du contenu.
Dans une seconde comparaison, il décrit l’espace comme une relation bien établie entre les volumes, les objets, les vides et les pleins. Tout comme un tableau de Miro dont il prend exemple ; les lignes, les plans, les couleurs ont eux aussi des rapports précis, mis en place par l’artiste. La modification d’un seul des éléments de la composition globale de la toile, affecterait la perception de celle-ci.  
Les rapports de composition en architectures sont les même que ceux qui existent en art. Cependant la problématique existe dans les trois dimensions, ce qui complexifie cette notion de composition. Il ne s’agit pas de bien composer le plan d’un bâtiment, en harmonisant l’ensemble des traits pour que, une fois construit, les espaces créés soient agréables à vivre. Les plans de Mies van der Rohe pour la Villa en Brique se rapprochent des compositions abstraites de Van Doesburg ou Mondrian et du mouvement de Stijl, sans pour autant avoir un sens aussi profond. Il faut noter que certaines œuvres artistiques sont totalement dénuées de concept, elles sont prisent pour leur qualité de réalisation ou ce qu’elles expriment. Certaines œuvres sont aussi les produits d’une époque précise et cherchent à exprimer les maux de l’artiste ou de la société dans laquelle elles voient le jour. (Le Caravagisme, les actionistes viennois, etc...)
Liberté artistique, contrainte architecturale.
Après l’énonciation des deux points communs que sont la touche et le concept, me voilà maintenant obligé de créer la rupture en énonçant la caractéristique qui sépare nettement les deux matières ; la contrainte. Même si celle-ci n’est pas effective à 100% des cas, même si des exceptions existent. Essayons de comprendre la règle.
L’art a pour but d’exprimer sa pensée, de s’extérioriser ou de dénoncer, comme expliqué précédemment. Il n’a comme limite que le savoir-faire de l’artiste. Il lui est permis de s’exprimer sur le support qu’il lui convient, de la manière dont il veut.
En revanche, en architecture, même si le concept exprime la pensée de l’architecte, même si ses idées lui permettent de s’extérioriser. Elles seront toujours remises en question par la contrainte. Cette contrainte a plusieurs formes, il peut s’agir de budget, de faisabilité liée aux techniques de constructions, de normes, de lois (…)
01| Comment les artistes utilisent et représentent l’espace. 
La représentation abstraite de l’espace qu’elle soit en deux dimensions, plaquée sur une toile, ou en trois dimensions sous la forme d’une sculpture, va intéresser et inspirer de nombreux architectes. On retrouve dans ces mouvements avant-gardistes, une manière picturale très simple de représenter, l’espace ou encore le mouvement. Malevitch tente de donner à sa peinture une autonomie en faisant abstraction de l’art tel qu’il était. C’est pourquoi ses idées se traduisent par des formes géométriques aussi abstraite et basiques que le carré. Une forme qui n’a aucune corrélation ou identification possible avec l’art antérieur. C’est de cette manière que de nouvelles règles sont misent en place ; l’espace infini est représenté par la couleur blanche, sur lequel les figures sont représentées de manière à flotter dans une quatrième dimension. (De Stijl, Constructivisme Russe, Suprématisme) (…)
La recherche d’une nouvelle manière de représenter l’espace se concrétise avec le mouvement formé par Theo van Doesburg. Il revendique l’art et l’architecture basé sur une notion concrète ; les mathématiques, avec un rejet systématique du Baroque et de ses formes qui ne sont rationnelles. Le mouvement revendique un art minimal avec des formes universelles qui permettent de communiquer facilement des vérités universelles. On retrouve toutes ces théories dans les tableaux de Mondrian, les espaces et le mobilier de Rietveld ainsi que les compositions abstraites de Max Bill.
D’une manière plus contemporaine, avec un concept fédérateur tout aussi réfléchi, mais traité d’une manière beaucoup plus concrète, Rachel Whiteread, artiste de l’espace et du volume, produit ses œuvres en utilisant un matériau unique ; le béton. L’une d’entre elles, appelée « House » n’est rien d’autre que le négatif en béton, d’une maison victorienne, de cette manière elle momifie l’espace et le silence des pièces qui constituent la maison; l’espace vide de vie et de déambulation se transforme alors en espace plein, inutilisable le contraire même de ce pourquoi il était destiné. Cet œuvre fut démoli après avoir subi de nombreuses polémiques de la part du maire et des habitants du quartier ou elle était implantée. Son souhait aurait été que la maison devienne invisible, comme l’architecture classique devient invisible en se fondant dans la masse.
On notera la forme du négatif de la maison, qui, à l’instar de son propre moule, avec sa volumétrie très archaïque et ses arrêtes tranchantes se rapproche beaucoup de l’architecture moderne A l’inverse de l’architecte qui s’inspire de l’art, Richard Serra est un artiste qui s’inspire de l’architecture, il créé ses sculptures en s’inspirant d’une des nombreuses églises de Boromini. « Je suis allé à Rome, et j’ai visité saint Charles des quatre fontaines » dit-il, « Je me suis promené le long d’une des allées, puis, j’ai regardé vers le haut. La volumétrie de l’église est un espace elliptique qui s’élève verticalement. Mon travail est basiquement construit de la même manière, les espaces que je créé entre les deux sections coniques, sont des ellipses. » Son travail sculptural a un impact direct sur l’espace puisque les plaques géantes d’acier qu’il emploie délimitent des zones, créées des séquences et donnent à chacun la possibilité d’expérimenter un espace qui n’a pas de sens. Comme un paysage, l’endroit où l’on arrive ressemble à l’endroit dans lequel on se déplace qui lui-même, ressemble à l’endroit par lequel on sort. Ses réalisations n’ont pas pour but d’enseigner quoi que ce soit, ses sculptures entrainent une expérience chez les personnes qui les parcours, expérience qui, elle-même engendre une opinion subjective vis-à-vis de l’œuvre et contribuent d’une façon personnelle à celle-ci.
Toute la réflexion de l’artiste repose sur la déambulation et le caché révélé de l’objet. Il traite donc dans ses recherches et ses œuvres deux caractéristiques propres à l’architecture : l’espace et le mouvement. Anish Kapoor, Avec sa sculpture monumentale « Leviathan », emboîte un espace qu’il créé dans une espace déjà existant. Pour lui le temps est aussi important que l’espace. Lorsque l’on se déplace dans son œuvre Léviathan, on perd toute notion du temps. La couleur monochromatique qu’il emploie représente la suspension du temps. Comme si celui-ci s’étendait et perdait le spectateur dans une sorte de rêve.
Dans cette œuvre, il ne veut pas que le public ait accès à la volumétrie globale de l’objet. Chaque espace parcouru laisse une zone visible du projet, la reconstitution totale de l’espace parcouru, doit, selon lui, se faire mentalement par le visiteur lui-même. L’art de la mise en valeur d’un espace, est une des spécialités de Daniel Buren. Ses œuvres ont comme objectif d’attirer le regard sur des objets, ou des lieux auxquels normalement, personne ne prête aucune attention. Bien connu pour ses traits noirs et blancs ou de couleur vertical, révélateur d’espaces et de lieux, il produit d’autres œuvres moins abstraite et avec d’autres fonctions. Comme sa dernière œuvre réalisé pour le grand Palais à Paris. Dans laquelle il emploie de vastes parasols qui filtrent la lumière blanche du soleil et transforment sa couleur. Tadashi Kawamata
Les Artistes ont une approche très différente de l’espace tel que nous le vivons. Cependant leurs façons d’analyser et d’étudier ces mêmes espaces s’inscrivent presque dans une démarche architecturale. Ils réfléchissent à la déambulation du spectateur ou de l’utilisateur. A ce qu’ils doivent voir ou ne pas voir. Faire ou ne pas faire. Aller ou ne pas aller. Ce qui créé la différence entre l’espace artistique et l’espace architectural c’est la fonction. En architecture, un espace a toujours une fonction, l’architecture se doit d’être très pragmatique avant tout. Si le hall d’accueil dans un bâtiment publique est grand, c’est parce qu’il doit pouvoir accueillir un nombre élevé de personne. En art, si un espace est surdimensionné, c’est parce qu’il doit faire surgir une émotion chez celui qui le pratique. Si l’on prend comme exemple, l’intérieur du Léviathan d’Anish Kapoor, On se rend compte que la fonction n’existe pas. Elle est remplacée par autre chose. Quelque chose de beaucoup plus abstrait, à la limite du spirituel.

02| l’art en tant que pratique, par les architectes modernes et contemporains.
Pour certains architectes, le développement d’un style pictural personnel, figuratif ou abstrait est une nécessité. Pour autant que cette pratique se détache du projet ou de la conception architecturale. Besoin qui se traduit par la volonté de produire de la matière, sans forcément se rattacher à quelque chose de concret comme le projet. (Cette pratique pluridisciplinaire n’est évidemment pas propre aux architectes. Bon nombre d’artistes son designers, nombre de cinéastes sont écrivain, de photographes sont peintre, etc… L’artiste, doit savoir s’exprimer avec tous les outils mit à sa disposition.. Jean Cocteau dans l’une de ces citations, défend cet engouement pour l’art sous toutes ses formes, alors très controversé à son époque ; « sans doute par fatigue du monde que j’habite, et par horreur des habitudes, aussi par cette désobéissance que l’audace oppose aux rêves, et par cet esprit de création qui est la plus haute forme de l’esprit de contradiction, propre aux humains. »)
Dans cette catégorie on retrouve des architectes modernes tels que Le Corbusier ou fonctionnalistes tels qu’Alvar Aalto.
Certains iront même jusqu’à dire, que ce dernier s’inspire de ses compositions pour créer des plans masses. Alors que, l’inverse serait bien plus probable. Je m’explique ; l’homme a pour nature, de manière consciente ou non, de s’inspirer de ce qu’il connait, ou de ce qu’il a déjà créer, dès lors, la création mène à l’inspiration, et vice versa. C’est ce qu’il se passe chez Aalto, la majorité de ses œuvres sont peinte entre 1945 et 1960. Soit des années après le début de sa pratique architecturale. Toutes ses œuvres acryliques sont des représentations non figuratives. Certes, on aperçoit ici ou là des corrélations graphiques entre architecture et nature, mais c’est justement le résultat de sa pratique antérieur en tant qu’architecte qui donnera ce résultat, et non le contraire.
Cependant, comme je l’ai dis auparavent, la création mène aussi à l’inspiration. Même si cela parait contredire ma première pensée, c’est cette pratique incessante et toutes ses expérimentations, aussi bien en maquette, en dessin en sculpture que dans le domaine de la peinture qui l’aideront à composer ses volumes et ses plans en architecture. Il serait trop facile de dire qu’il créer simplement une peinture et la traduit en plan. En réalité la démarche est bien plus complexe, puisque toutes ses experimentations ne lui donnent au finale qu’une amorce à la conception de ses bâtiments. Une aide non négligeable, mais presque insignifiante par rapport à la réalité et la complexité que demande un projet.
 En toute logique, après avoir parlé des œuvres du maître Alvar Aalto, il est impossible de passer à côté de l’analyse picturale d’un des protagonistes du mouvement moderne : Le Corbusier.
Dans les tableaux qu’il produit, on retrouve une ressemblance frappante aux œuvres des artistes cubistes, tels que Picasso ou Miro dans ses compositions extravagantes. A ceci près qu’il développe ses propres couleurs et des figures géométriques très personnelles.

<Ci-contre une recherche pour les tapisseries de Chandigarh.
On retrouve parfois ses œuvres au sein même des bâtiments qu’il conçoit, comme sur la porte principale de la chapelle de Ronchamp. (Ci-contre) Ici, son style est au sommet. Remplis de symboles qui lui sont cher et de couleurs que l’on pourrait directement rapprochées avec les œuvres de Theo Van Doesburg, Max bill ou encore G. Rietveld.
Il va de soi que ses recherches dans le domaine de la peinture ou du dessin l’amèneront à exprimer de plus en plus son talent sur ses bâtiments.
 Le musée Heidi weber, à Zurich est l’exemple le plus flagrant d’un bâtiment habillé de son propre style. Il est aussi un des plus rares. En général, son amour pour le béton brut passe au-dessus de ses envies de peintre. On retrouve sur les façades, une telle harmonie de couleurs et de formes que celle-ci pourrait presque faire l’objet d’une analogie avec un tableau de Piet Mondrian.
Mies Van Der Rohe ; L’art au cœur de l’architecture.
Dans les projets de MVDR, l’art apparait très souvent sous la forme de tableaux et de sculptures, selon lui, indissociable du projet. Cette « signature » apparait dans nombreuses de ses réalisations. Les maisons à court sont l’exemple le plus flagrant, il y mélange toiles, sculptures, nature et espaces. On retrouve cette organisation dans l’un des bâtiments les plus célèbre qu’il ait réalisé ; le pavillon Allemand pour l’exposition de Barcelone en 1929. Bâtiment qui pourrait être l’archétype du style moderne propre à MVDR. Plus contemporain cette fois-ci, les architectes Elizabeth Diller et Ricardo Scofidio abordent l’art à défaut de trouver des clients pour leurs projets architecturaux. Ils se tournent particulièrement vers l’art de la performance et de l’installation. Ils se questionnent sur le voyeurisme et le mouvement dans l’espace. Avec leur construction Blur Building pour l’exposition suisse Expo.02 , ils cherchent à dissiper - grâce au brouillard qui recouvre le bâtiment éphémère - la notion du temps de la vitesse et de l’espace.
Leurs recherches d’espace pourraient être qualifiées d’architecture sensuelle. Puisque celles-ci ont pour but de provoquer un bouleversement des émotions et des sens, à quiconque se promenant dans l’espace. La pratique de l’art est sans aucun doute une richesse chez les architectes qui prennent le temps de s’y adonner. Aussi coûteuse en temps soit-elle, elle développe réellement l’intellect et forge l’esprit à la création du concept. Parce que l’Art à ce pouvoir concret ; celui de matérialiser ses idées. Or comme nous l’avons vu précédemment, le concept, aussi bon soit-il, n’est pas toujours évident à mettre en œuvre. C’est pourquoi ce passage vers l’univers abstrait qu’est l’art, est un moyen efficace de diversifier ses approches du concept.
03| L’art ; une source inépuisable d’inspiration.
Jusqu’aux avant-gardes moderne, l’architecture est une matière intégrée dans les écoles d’art, il était donc obligatoire pour tous les élèves d’avoir une pratique artistique régulière.
En architecture contemporaine, la pratique artistique des concepteurs est rare. Souvent par manque de temps les architectes ne produisent pas, mais sont très attentifs au monde artistique qui les entoure.
On retrouve dans certaines de leurs créations des références artistiques de tout genre. Souvent intégrées de manière implicite voir subliminales, elles sont parfois révélées de façon très explicite. Si les grands architectes côtoient assidument le monde artistique, c’est parce qu’ils savent pertinemment que les œuvres créées par les artistes sont un véritable exutoire. Elles leur permettent de sortir de leur univers pour entrer dans un autre. Non seulement elles ouvrent l’esprit, mais en plus elles offrent la connaissance et la maturité nécessaire à l’établissement de son propre dialecte architectural.
Jean Nouvel fait partie de cette génération d’architecte impliqué dans le monde artistique. Non pas par la production d’œuvres, mais par sa curiosité et son intérêt pour l’art. Il a notamment travaillé avec l’artiste Anne Frémy, pour la Piscine de Sarlat. Sur la demande de Nouvel, celle-ci produit une composition par collage, d’éléments liés aux activités nautiques et à l’univers de la piscine.
EXEMPLES : Des architectes tels que, Rudy Riccotti, Peter Zumthor
03.1 | Collaboration entre architectes et artistes.
Pour certains de leurs projets, des architectes collaborent avec des artistes. Dans le but d’intégrer l’art au cœur même de leurs espaces, ou simplement de laisser les artistes s’exprimer.
Pour les deux architectes suisses, Jacques Herzog et Pierre De Meuron, cette collaboration est devenue une véritable coutume. Nombre de leurs projets sont le produit minutieux et calculé de leur travail avec des artistes aussi célèbres que modestes.
Au cours de leurs études, les deux jeunes architectes rencontrent l’artiste Suisse Remy Zaugg, après quoi, ils ne quitteront jamais plus véritablement l’univers de l’art. Bien au contraire, Ils associeront systématiquement l’art à leurs projets. Art qu’ils tenteront de traiter sous différentes facettes. En collaborant avec le peintre Helmut FEDERLE, notamment, pour l’étude des façades du quartier Pilotergasse à Vienne. Ou encore avec les photographes Hannah Villiger, Balthasar Burkhard, Margherita Spilutini et Thomas Ruff dans le cadre d’impression de photographie sur la façade de la bibliothèque d’Eberswalde, qui devient alors support. Ce sont toutes ces expériences qui ont fait d’eux ce qu’ils sont aujourd’hui. Non seulement au niveau du concept architectural, mais aussi toute la plastique que l’on connaît et qu’on leur attribue. Avec, par exemple, les motifs imprimés de l’usine Ricola à Mulhouse, ou les impressions sur verre des fenêtres du complexe sportif de St-Louis.

Pour la tour au 56 Leonad street, à New York, ils font appel à l’artiste Anish Kapoor. Déjà habitué à travailler avec l’espace urbain, sa sculpture est littéralement écrasée par la tour qui culmine à plus de 150 mètres.
On dénombre plusieurs collaborations avec des artistes contemporains dans des domaines aussi différents que la sculpture, la peinture ou la photographie. On notera la fresque à l’intérieure du Laban Dance Centre à Londres, ou bien, la dernière en date, leur collaboration avec l’artiste Chinois Ai Weiwei, pour l’édition 2012 de la Serpentine Gallery. Artiste très engagé politiquement avec lequel ils avaient déjà collaboré pour le stade des JO de pékin. Ce type de collaboration n’est pas toujours évident. Comment associer pragmatisme et hermétisme, rêve et réalité, concret et abstrait ? Si une question oppose pour beaucoup, l’art et l’architecture, c’est bien celle-ci.
C’est pourquoi cette collaboration dans la majorité des cas reste légère. Quand artistes et architectes sont amenés à travailler ensemble sur un projet architectural, ils sont très souvent obligés de traiter une partie du projet, rarement sa totalité. Imprimés sur façades, fresques extérieures, structure générale ou encore aspect global du bâtiment ; une caractéristique du bâtiment est choisie, puis, celle-ci est traitée de manière très fine et expressive.
04|Conclusion.
Depuis toujours l’esprit créateur, qu’il soit architecte, artiste, designer, (…) cherche son inspiration, qu’elle soit formelle ou philosophique, dans l’univers qui existe, ou l’univers qui a existé. C’est l’épuisement de toutes les idées et de toutes les recherches qui donnera naissance au projet qu’il soit de nature artistique ou architectural. Cette théorie sera mise en avant par l’œuvre de l’artiste Titus Carmel, qui dessine une boîte d’allumette 127 fois de sorte à tirer la représentation la plus fiable de cette même boîte. L’art est une forme de philosophie. A défaut d’exprimer ses sentiments, ses mécontentements, ses pulsions ou ses idées sous la forme d’un écrit, l’artiste créera matériellement sa pensée. C’est là, entre l’art et l’expression de la pensée que devrait se trouver l’architecture. Même si, malheureusement, l’architecture est bien trop souvent devenue un outil pour parvenir à ses fins. Dénuée de concept ou conceptuellement « fragile », l’architecture se laisse dériver au profit d’un fonctionnalisme et d’un besoin de construire n’évoquant aucune démarche philosophique. En exemple on pourrait citer l’habitat individuel qui manque cruellement de contexte et de personnalité. Il est très difficile aussi, pour un architecte, comparé à l’artiste, de respecter une philosophie commune à tous ses projets. Puisque chaque projet est unique et rempli un programme bien définit, dans un cadre bien définit.
Le rôle de l’inconscient.
Dans un entretien avec Fabrice Bousteau, pour Beaux-Arts magazine, Daniel Buren parle de son œuvre « La Coupure ». En relation avec le musée national Picasso à Paris. Dans cette installation, il dément toute relation avec l’œuvre directe de Picasso. Lorsqu’on lui demande si les fenêtres à carreaux colorées ont un quelconque rapport avec l’arlequin de Picasso, ou si les miroirs déformants les visages ont pour but de rappeler l’œuvre du maître, il répond simplement, « même si j’avais présenté un éléphant dans un bocal, on aurait vu un rapport avec Picasso ». Après quoi, il justifie les similitudes de ses œuvres avec celles de Picasso, par l’acte involontaire de son inconscient.
En relation directe avec leurs expériences et leur savoir. L’inconscient fait apparaitre sur les œuvres des artistes, les souvenirs de leurs passés.
Ouverture : mon intention était d’expliquer les relations que peuvent entretenir l’art avec l’architecture. La manière dont l’un influence l’autre, permet de créer de nouveaux concepts et de former l’esprit. Mais cela va plus loin. L’inspiration peut venir de n’importe où, au moment où l’on si attend le moins. Pas seulement dans le domaine de l’art et de l’architecture, mais dans tous ceux qui nécessitent la production d’une idée ou de matière quel que soit sa forme. Pour donner un exemple aux antipodes des domaines que j’ai traités, j’ai choisi de comparer deux grandes sociétés que sont Google et Apple. Deux grandes sociétés basées sur l’innovation. SI l’on imagine que l’un sorte un concept nouveau et révolutionnaire, on peut être sûr que l’autre en tirera parti. D’une manière ou d’une autre ce concept sera utilisé pour créer quelque chose de mieux ou de moins bien, dans les deux cas, ce concept servira de modèle. Même si ici la motivation est l’argent ; s’inspirer de quelque chose de commercialement viable, de façon à pouvoir l’adapter à ses besoins, de le modifier pour le vendre à son tour sous une forme quasi identique. Le principe reste le même, prendre et réinterpréter quelque chose qui marche, quelque chose qui s’est déjà fait et qui a fait ses preuves.
Bibliographie.
Architecture : Art / Philip Jodidio édité par Prestel.
Les cinq aspects du contenu / Ricardo Porro édité par Massimo Riposati.
De Stijl / Migarou Frédéric. |