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Cette séquence sur l’objet d’étude « Poésie » a été réalisée par Evelyne DUISIT, agrégée de Lettres Modernes, pour ses élèves de 1ère S du Lycée Cézanne à Aix en Provence Cette séquence, qui peut s’inscrire en début d’année, a été réalisée dans une classe de 1ère S et a permis de revenir sur des compétences plus ou moins acquises en classe de seconde, comme la réponse aux questions sur un corpus et la technique du commentaire composé. Elle a également fait l’objet d’une réactualisation des procédés stylistiques, mis en œuvre par les poètes, en les liant aux effets produits. Chacune des lectures analytiques a été introduite par un travail préparatoire de la part des élèves, consistant à rechercher la biographie de l’auteur, à situer celui-ci sur une fresque historique ainsi que dans un mouvement littéraire, dont on devait relever les caractéristiques. Chaque étude de textes a été suivie par la rédaction personnelle de l’introduction et la conclusion, débouchant sur une mise en commun au début de la séance suivante. Sont présentés ici :
DESCRIPTIF : OBJET D’ETUDE « LA POESIE »
« ODE A CASSANDRE » de RONSARD: LECTURE ANALYTIQUE Ode à Cassandre Mignonne, allons voir si la rose Qui ce matin avait déclose Sa robe de pourpre au soleil, A point perdu cette vêprée Les plis de sa robe pourprée, Et son teint au vôtre pareil. Las ! voyez comme en peu d’espace, Mignonne, elle a dessus la place, Las ! las ! ses beautés laissé choir ! Ô vraiment marâtre Nature, Puisqu’une telle fleur ne dure Que du matin jusques au soir ! Donc, si vous me croyez, mignonne, Tandis que votre âge fleuronne En sa plus verte nouveauté, Cueillez, cueillez votre jeunesse : Comme à cette fleur la vieillesse Fera ternir votre beauté. Pierre de Ronsard, Amours (1553), puis Odes (sous le titre « A sa maîtresse » 1584) 1° LECTURE MAGISTRALE 2° REACTIONS DE LA CLASSE à Tableau àPLAN : I. Une scène vivante II. Une entreprise de séduction III. Une leçon de vie INTRODUCTION : Ronsard, « Prince des poètes » et « Poète des princes » a chanté le thème de l’amour à travers ses poèmes, intitulés Les Amours et consacrés à des femmes aimées, dont les plus connues sont Cassandre Salviati, rencontré lors d’une fête à la cour de Henri II Marie Dupin, jeune paysanne, morte à 20 ans, et Hélène de Surgères qu’il sera chargé, par la reine Catherine de Médicis d’immortaliser dans ses poèmes pour la distraire de la mort de son fiancé. Ce poème est le 17ème du premier livre des Odes, consacré à Cassandre. Il est constitué de 3 sizains d’octosyllabes, dont les 2 premiers forment un diptyque mettant en scène une rose au début et à la fin de sa vie. Le 3ème sizain évoque la leçon que le poète veut donner à Cassandre. I. UNE SCENE VIVANTE: Pourquoi ? Parce que : 1) Des personnages 2) Un décor 3) Une histoire
1-1 Le poète : - énonciateur à 1ère pers. du sing. (« me » v.12) à énoncé inclus dans la situation d’énonciation. - narrateur interne à la scène à 1ère pers. du plur. (« allons » v.1) 2-1 « Mignonne » : - destinataire du discours du poète à apostrophe (v.1,8,11) à 2ème pers. du plur. (« vôtre » v.6, « vous »v.13, « votre »v. 18) - incluse dans la scène à « allons », « voyez »v.7, « votre »v.14. ![]() ![]() Décalage entre les 2 personnages : rapport de supériorité du poète (âge) et d’intimité. 3-1 La rose : acteur principal de la scène : - désignée par sa catégorie (« la rose »v.1), son hyperonyme (« fleur »v.11,17) (hyperonyme : terme générique (fleur, animal…) # hyponyme : terme restreint (rose, chien…mammifère : hyperonyme de chien, mais hyponyme d’animal), par la 3ème pers. du sing. (« elle », + adj. poss. « sa », »ses ») - sujet des verbes d’action (« avait déclose »v.2 « a…laissé choir »v.8-9) ![]() ![]()
Evoqué implicitement à travers la fleur et le nom « la place »v.8à extérieur la présence du soleil, v.3 les couleurs de la nature (« pourpre »v.3, »verte »v.15)
En 2 temps : 3-1 : Le matin : - indiqué avec précision : démonstratif + nom (« ce matin »v.2) - évoqué comme achevé (plus que parfait : « avait déclose »v.2) - évoquant la beauté de la rose, à travers une personnification, exprimée par l’emploi du champ lexical du vêtement attribué à la fleur (« robe »v.3, « plis de sa robe »v.5) - évoquant la jeunesse de la rose : sa naissance (« déclose »v.2) et son éclat : à travers la reprise de « pourpre » en « pourprée » à couleur vive à travers la comparaison avec le teint de « mignonne » àjeunesse 3-2 : Le soir : - indiqué avec précision : démonstratif + nom (« cette vêprée »v.4) à parallèle suggéré. - évoqué comme achevé (passé composé : « a point perdu »v.4, « a laissé choir »v.8-9) - évoquant par euphémisme la laideur de la rose : « ses beautés laissé choir » - évoquant la vieillesse, à travers la perte des couleurs, de l’éclat(« ternir »)àde la vie. ![]() Pourquoi la présentation de cette scène ? La stratégie du poète II. UNE ENTREPRISE DE SEDUCTION : Comment ? Par : 1) Une invitation 2) Une comparaison élogieuse 3) L’expression de l’émotion du poète
- impératif : « allons voir » à promenade qui semble anodine, désintéressée - rythme : vif et entraînant (2 syllabes, 3, 3 v.1- 1,3,2,2 V.2) à termes monosyllabiques ou bisyllabiques + douceur des allitérations : [m], [n], [s] et des assonances [o] : 4 premiers vers.
- « teint » de la rose // teint de la jeune femme - « âge fleuronne »v.14 : hypallage (figure de style qui consiste à attribuer à un mot de la phrase ce qui correspond à un autre : « fleuronne » correspond à une fleur, non à une femme) à métaphore qui assimile la femme à la fleur - pléonasme : « verte » évoque le printemps, la jeunesse + « nouveauté »= jeunesse, accentué par l’insistance du superlatif : « sa plus » ![]() Compliments, galanterie, renforcés par GN final : « votre beauté », mais stratégie du poète.
- tristesse et amertume à propos de la fugacité du temps, exprimée par l’interjection: « las ! »v7et le ton exclamatif de la phrase - réaction de vive déception devant le spectacle qu’offre la rose, mis en valeur par la structure désarticulée de la phrase sur 3 vers (7,8,9) qui rejette à la fin la vision de la fleur fanée (« ses beautés laissé choir »). - émotion nettement marquée par la présence d’une allitération en [s] qui crée un effet d’insistance - indignation vis-à-vis de la nature personnifiée (Nature), à travers l’apostrophe rendue véhémente par le ô vocatif, à travers la connotation négative de « marâtre », à valeur d’oxymore par rapport à la nature qui symbolise la mère nourricière à travers l’insistance évoquée par l’adverbe « vraiment » à travers les allitérations en [r] (liquide) et en dentales [t] et [d] à brutalité. ![]() ![]() L ![]() Emotion réelle ou feinte ? à stratégie du poète : donner à Cassandre => III. UNE LECON DE VIE : Comment ? En quoi ? 1) Le maître et l’élève 2) Faire prendre conscience de la fuite du temps 3) Faire réagir
- impératif qui invite à l’observation et à la constatation : 2ème sizain (« voyez ») - évocation d’une expérience acquise : le poète sait à invitation à lui faire confiance (« si vous me croyez ») à évocation de l’avenir : futur (« fera ternir ») - exhortation : insistance exprimée par la répétition de l’impératif (« cueillez »)
- connecteur logique qui marque la conséquence de ce qui a été observé : « donc » et annonce la leçon à tirer - inversion de la comparaison : assimilation de « mignonne » à la rose à travers les hypallages du 3ème sizain (« votre âge fleuronne »v.14, « cueillez votre jeunesse »v17)à présent comparaison de la vieillesse de la jeune fille à celle de la roseà futur proche - # entre les 3 octosyllabes (v. 14,15,16) qui évoquent la jeunesse et les deux octosyllabes sur lesquels se termine l’ode et qui évoque la vieillesse (v.16-17)à imminence de la vieillesse ![]() ![]() 3) Faire réagir - car égalité de tous devant la vieillesse et la mort (« une telle fleur ») : valeur intensive de l’adjectif indéfini « telle » qui suggère la supériorité de la rose par rapport aux autres fleurs à - pour vivre le présent en profitant des plaisirs de l’amour, traduit par l’impératif présent « Cueillez », car caractère éphémère de la jeunesse et de la beauté et temps compté avant vieillesse d’où l’insistance exprimée par la répétition de « cueillez » et la mise en valeur en 2nde partie de l’octosyllabe du GN « votre jeunesse ». (àdevise épicurienne : « Carpe diem » ( épicurisme : > Epicure : philosophe grec à doctrine de ceux qui cherchent avant tout le plaisir aussi bien des sens que la plaisir intellectuel) - pour vivre ce présent avec luiàobjectif implicite intéressé ( que Ronsard exprime plus ou moins implicitement dans d’autres poèmes, dédiés à Marie : « Pour c’ aimez-moi pendant qu’êtes belle », ou à Hélène : « Cueillez dès aujourd’hui les roses de la vie ») CONCLUSION : Ce poème s’inscrit dans une tradition, qui exploite le thème lyrique de la fuite inexorable du temps et reprend la comparaison récurrente de la femme et de la rose. Cependant, Ronsard a réalisé avec cette ode une œuvre originale en utilisant à la fois un ton de conversation galante et le registre lyrique pour parachever son entreprise de séduction, rendant ainsi sa leçon de vie plus persuasive. « MON REVE FAMILIER » VERLAINE : LECTURE ANALYTIQUE Mon rêve familier Je fais souvent ce rêve étrange et pénétrant D’une femme inconnue, et que j’aime, et qui m’aime, Et qui n’est, chaque fois, ni tout à fait la même Ni tout à fait une autre, et m’aime et me comprend. Car elle me comprend, et mon cœur, transparent Pour elle seule, hélas ! cesse d’être un problème Pour elle seule, et les moiteurs de mon front blême, Elle seule les sait rafraîchir, en pleurant. Est-elle brune, blonde ou rousse ? – Je l’ignore. Son nom ? Je me souviens qu’il est doux et sonore Comme ceux des aimés que la Vie exila. Son regard est pareil au regard des statues, Et, pour sa voix, lointaine, et calme, et grave, elle a L’inflexion des voix chères qui se sont tues. Paul Verlaine (Poèmes saturniens 1866) 1° LECTURE MAGISTRALE 2° REACTIONS DE LA CLASSE Tableau PLAN |
![]() | «type» ou la visée symbolique du passage entrent en tension avec la représentation de la stricte réalité | ![]() | |
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![]() | «Cahiers». Paris, Lettres Modernes, 1983 (Archives des Lettres Modernes 207, collection «Archives Paul Valéry», n° 5). 134 p | ![]() | |
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