télécharger 90.33 Kb.
|
3. Les débats que soulèvent la politique culturellea. Elitisme ou démocratisation ?Le ministère de la culture, à mi-chemin de l’éducation et de l’industrie, doit remplir une double mission : favoriser d’une part l’entretien du patrimoine et la création culturelle ; favoriser d’autre part l’accès du peuple à la culture. Or ces deux missions sont parfois en contradiction l’une avec l’autre. Le débat se centre autout de l’opposition entre élitisme et démocratisation de la culture. La ministère doit-il subvetionner en priorité l’accès du peuple à la culture (par une politique de baisse des prix du billet de spectacle, ainsi qu’une action éducative spécifique), ou privilégier la qualité des spectacles produits (en augmentant les moyens alloués aux structures de production) ? Etant donné que ce sont les plus riches et les plus instruits qui vont au spectacle, au musée, etc, une politique de hausse de la qualité a des effets anti-redistributifs. On peut toutefois constater une certaine redistribution des plus riches aux plus instruits, notamment aux jeunes en formation. Certaines politiques de subventions signeraient en outre le triomphe de l’intérêt du producteur sur l’intérêt des consommateurs. L’excès de subventions dans certains domaines pourrait entraîner une politique de surqualité, qui privilégie les expostions les plus savantes, les spectacles les plus novateurs, par lequel les artistes cherchent à plaire avant tout à leurs pairs, et qui entraîneraient un risque de rupture avec le public. Il n’est pas certain toutefois a priori que de telles création ne puissent en rien susciter un engoument populaire, mais c’est de fait ce qu’on constate. Cependant, ce sont de telles créations qui entraînent la plupart des effets externes bénéfiques (prestige international, tourisme de luxe, etc.) recensés plus haut. b. Court terme ou long terme ?Certains analystes remettent en question les effets externes bénéfiques des dépenses culturelles. D’une part, rien ne prouve que des sommes comparables dépensées autrement n’auraient pas entraîné des retombées comparables, voire supérieures. D’autre part, dans le cas du tourisme, il est possible que les dépenses culturelles n’enrichissent une ville ou une région qu’au détriment des autres. D’autre part, l’argument des effets externes positifs a des conséquences potentiellement néfastes : on en vient à chercher des retombées à court termes pour toute dépense culturelle, et l’on privilégie folklore et art formaté au détriment de projets plus ambitieux ou à plus long terme, dont les retombées sont moins certaines. c. Décentralisation ou centralisation ?Il faut aussi soulever la question de la décentralisation. Selon que l’on recherche plutôt une politique de prestige international ou de qualité de vie locale, qu’on vise plutôt le développement du tourisme intérieur ou qu’on cherche à attirer une clientèle fortunée internationale, on privilégiera centralisation ou décentralisation par l’allocation de ressources au niveau central ou local, et en imposant ou non la localisation en province en contrepartie d’une aide financière. D. Entretenir ou développer ?Enfin, il faut se demander si l’on considère plutôt la culture comme le maintien d’une tradition (nationale ou locale) qui cimente une identité déjà existante, ou comme un lieu de recherche et de réflexion sur l’avenir, qui ouvre le pays à l’étranger. On accuse à tort le FN de runier la culture : les fonds sont alloués à l’entretien du patrimoine national, plutôt qu’au développement d’un cosmopolitisme élitiste. Il existe une politique culturelle progressiste, et une politique culturelle réactionnaire. Faut-il se plaindre du coût de la vie culturelle, somme toute relativement modeste, ou ne faut-il pas y voir le signe qu’une nation est adulte et prospère ? Telle est l’alternative que propose Françoise Benhamou. Les budgets culturels sont souvent les premiers affectés en cas de crise, et de fait, il est peut-être normal, en termes de calcul politique, qu’on cherche à privilégier le court terme sur le long terme et le visible sur l’invisible. Certes, la politique culturelle donne prise à débat ; mais cesser de soutenir la culture, c’est à long terme voir disparaître et les artistes et leur public, et c’est sans doute condamner le pays à la mort spirituelle. Le régime particulier des "intermittents du spectacle" I) Les grandes lignes pour comprendre la question Avant d'être le vecteur d'un fort sentiment d'appartenance au sein de la profession artistique le régime d'intermittent est d'abord un mode d'affiliation spécifique au régime d'assurance chômage .Régi par les annexes VIII et X, il se distingue à la fois du régime général et du régime particulier des travailleurs intermittents et intérimaires exerçant des activités non artistiques (annexe IV). Son principe est de permettre aux acteurs de la production artistique (au sens très large, c'est le principal problème ) de bénéficier d'un régime spécifique adapté en matière de contrats de travail et de droits au chômage à leur mode d'activité discontinu et indépendant . Deux conditions pour relever de ce régime : -être employé par une entreprise qui, conformément à ses activités, a le droit de recourir à des "CDD d'usage" dans le domaine du spectacle (= contrat de travail dérogatoire au CDD de droit commun ayant la particularité d'être indéfiniment renouvelable ) -avoir suffisamment travaillé les 12 derniers mois pour être affilié au régime d'assurance chômage (507 heures au moins depuis la rupture du dernier contrat de travail ) Il est indispensable de ne pas perdre de vue les deux volets du problème : l'augmentation du nombre d'intermittents – et donc du coût consécutif pour les ASSEDIC en cas de fort chômage- est fonction à la fois des conditions individuelles d'accès au statut et du nombre d'entreprises légalement capables d'user du moyen de devenir intermittent : le CDD d'usage . Caractéristiques du régime : Le statut d'intermittent permet à tout acteur de la production artistique, aux techniciens comme aux artistes- de fait les annexes VIII et X étaient initialement applicables : la première, aux ouvriers et techniciens de la production audiovisuelle et la seconde, aux artistes (quelque soit leur secteur d'activité) et aux ouvriers\techniciens du spectacle vivant , mais elles ont été progressivement assimilées l'une à l'autre -de bénéficier du chômage durant 12 mois s'ils est en mesure de justifier au moins 507 heures d'activité l'année précédente . Le montant des allocations qui lui sont reversées en cas de chômage est calculé en fonction "du salaire journalier de référence"(=la moyenne de leur salaire en période d'activité durant les 12 mois considérés). Il est aussi nécessaire de signaler l'existence du délais de carence (="la franchise") qui gèle le versement d'allocations chômage sur une durée variant selon le montant du salaire journalier de référence- autrement dit, celui qui a bien gagné sa vie durant ses périodes d'activités ne bénéficiera pas nécessairement d'allocations exorbitantes en période de non-activité puisque qu'une partie de ses jours chômés est grevée par la franchise . Le régime des intermittents est ainsi adapté à la nature de l'activité exercée (production d'un bien éphémère), aux conditions particulières d'emploi (alternances répétées de périodes d'emploi et de non emploi de plus ou moins longue durée) et de rémunération (cachets ou prime à l'heure de montants extrêmement variables) qui en résultent . II) Origine et motivation des projets de réforme Le régime des intermittents est un système qui globalement coûte cher .Son poids n'est pas supporté par l'Etat mais par l'ensemble des travailleurs dans le cadre du principe fondamental de la solidarité interprofessionnelle- en effet il n'est pas inutile de rappeler que les intermittents du spectacle bénéficient d'un régime aux règles spécifiques mais dont les fonds viennent bien de la caisse générale des cotisations de l'ensemble des salariés français-; les principales organisations patronales (le MEDEF) sont ainsi à l'origine de la contestation qui s'élève contre les annexes VIII et X depuis le début des années 1990 .Les organisations syndicales y ont toujours répondu jusqu'à maintenant par une forte mobilisation de leurs ressortissants . Les difficultés du dialogue social ont conduit les gouvernements successifs à recourir à différentes missions d'expertise -Rapport Marimbert/Vanderpotte/Vincent en 1992, rapport Devaux en 1994, Rapport Cabanes en 1997 - tout en reconduisant périodiquement les annexes pour des durées variables par voie de protocole d'accord . En juillet 2001 une nouvelle étape de négociation devient nécessaire à cause de l'entrée en vigueur de la nouvelle convention du régime général d'assurance chômage (le PARE)rendant caduques les annexes VIII et X demeurées malgré tout inchangées .Le 19 juin 2002 l'annonce du doublement du taux de cotisation à la charge des employeurs comme des salariés relevant des annexes à compter du 1e juillet- décision excessivement brutale dans la période estivale de floraison artistique relance le conflit .La publication début septembre de l'étude annuelle de l'Unedic mettant en évidence la forte progression du nombre des ressortissants du régime des annexes parmi ses bénéficiaires contribue à renforcer le malaise . =septembre 2002, le gouvernement demande aux inspecteurs généraux des affaires sociales, Jean Roigt, et de l'administration des affaires culturelles, René Klein, de réaliser un nouveau rapport sur le sujet : le RAPPORT ROIGT-KLEIN (novembre 2002) qui sert ici de base principale à notre questionnement . a)Problèmes statistiques : La première partie du rapport est consacrée à la résolution des très nombreuses distorsions statistiques touchant aux intermittents . En effet les principales faiblesses du régime tiennent au manque d'homogénéité du champs de compétence des organismes sociaux (Groupement des Institutions Sociales du Spectacle=GRISS, la Caisse des Congés Spectacles, l'Unedic, l'ANPE) et des particularités de leurs règles de gestion permettant de nombreux abus dans les ouvertures individuelles des droits- développés par la suite- mais rendant aussi très difficile le recensement des intermittents et l'estimation globale de leur coût . Néanmoins on peut souligner le dynamisme du secteur : en 2002, 460000 emplois dans secteur culturel (2% pop.active) en 2001, 280000 intermittents en 2001, 96500 allocataires (rq : selon 1 autre caisse 905000) Foyer des critiques : globalement de 1991 à 2001 :
b) Faiblesses fondamentales du fonctionnement des annexes VIII et X mises en lumière par le rapport : -une porosité croissante au niveau des entreprises : l'extension du champs d'application du régime s'est traduite par un élargissement constant du nombre d'entreprises pouvant recourir aux CCD d'usage .En plus des entreprises détentrices d'une licence de spectacle, sont successivement entrés dans le champs d'application de l'annexe 8 : le secteur de l'édition d'enregistrement sonore, le secteur de la diffusion de programmes de télévision et de radio, le secteur des prestations techniques pour le cinéma et la télévision- secteurs qui de fait ne concourent pas directement à la production de spectacles et dont les techniciens restant longtemps en place pourraient très bien être permanents . Se sont agrégés au champs d'application de l'annexe X : le secteur de la gestion des salles de spectacle, les prestataires de service du spectacle vivant, les parcs de loisirs, diverses structures associatives produisant sur scène (mannequinat...) = il s'agit ainsi de s'interroger sur le sens d'un régime spécifique conçu pour promouvoir le développement d'une production culturelle à vocation populaire et non le financement indirect d'activités à vocations commerciales -une porosité croissante au niveau des salariés : l'extension du champs d'application du régime s'est faite majoritairement en direction des techniciens -une "porosité illicite ",quelques exemples de fraude : - Employeurs : "externalisation sur l'assurance chômage d'une partie des coûts de rémunération" - Salariés : "rachat"de cachet (=rembourser à son employeur des cotisations pour un travail fictif permettant de présenter des faux bulletins de salaire); arrêter de déclarer le travail passé les 507 heures afin d'éviter la franchise; concentrer le travail sur un nombre réduit de jours afin d'augmenter le salaire journalier de référence; déclarer un travail continu en cachets isolés; =en bref un système qui incite à la non déclaration par intéret et à des tentatives d'optimalisation parfois au désavantage de leur auteur par manque de maîtrise du système - manque de communication et d'informations d'encadrement\controle interne et externe : pb de non recoupement/croisement des fichiers des différents organismes sociaux c) Qualités du statut mises en évidence par le rapport : -le rapport souligne l'attachement de la profession à ce système d'indemnisation . Indépendamment des inconvénients réels qu'il présent il est vécu par la profession comme un "statut protecteur",un facteur d'identité signe de l'appartenance à un groupe . Les inconvénients sont développés par le rapport sous la catégorie "un dispositif attractif en trompe l'œil”, par exemple : les intérimaires relevant de l'annexe 4 disposent de 18 mois pour accumuler les 606 heures de travail nécessaires à l'ouverture de leur droits, de même le pourcentage du salaire journalier présent dans l'assurance chômage est supérieur dans l'annexe IV, le délais de franchise est un frein véritable, le calcul de la date de départ de l'allocation est fonction de la date d'arrêt du dernier contrat de travail, ce qui réduit introduit donc une période de chômage non couvert ..etc.. -le rapport se place en faveur du maintien de l'affiliation du régime spécifique au régime général, sans pour autant se positionner sur l'importance ou non de la solidarité inter-professionnelle III) Les principales propositions (Rapport Roigt-Klein )[... j'en donne ici la liste en indiquant chaque fois la réaction globale de la profession ... ] CONSIDERATIONS LIMINAIRES : - maintien d'un régime spécifique = nécessité suprême pour la profession - la légitimité du régime est indissociable de la disparition des abus et de la mise en place d'une plus grande efficacité dans la gestion externe et interne du système; besoin général d'une plus grande transparence = consensus sur la présence d'abus et la nécessité de les supprimer PROPOSITIONS : 1) professionnaliser l'accès au régime, c'est à dire le limiter aux véritables intervenants dans la réalisation technique et artistique des spectacles et renforcer ses conditions d'accès : justifier d'une carte professionnelle, d'un diplôme d'école technique ou d'une expérience professionnelle d'au moins 2 ans dans le secteur = Appréciation mitigée : reconnaissance globale de la dérive de l'extension du champs d'application mais opposition des secteurs concernés 2) restructurer totalement le régime autour d'une distinction nette de statut entre l'ensemble des techniciens et ouvriers bénéficiant d'un régime d'assurance chômage proche du régime général et les artistes proprement dits justifiant de règles defonctionnement proches du dispositif actuel = Forte opposition de la profession refusant l'éclatement de la profession en dénonçant la vieille stratégie : "diviser pour mieux régner" 3) intégration dans le calcul de l'ouverture des droits des heures d'enseignement ou de formation dispensée (dans 1 limite de 169h par an ) = Prop. bien reçue par la profession 4) moduler la durée d'indemnisation en fonction de la durée d'activité =Prop. tenant à rapprocher la pratique de celle du régime général ; opposition majeure de la profession dénonçant le principe de l'alignement, son inadaptation fondamentale à la nature du travail (exemple : la proposition de l'ouverture de 24 mois de droits aux taux plus élevé si justification de 1514h en 18 mois est considérée comme inadaptée aux réalités de la profession )et le danger de l'abandon de l'annualité des droits en tant que durée préfixée; la perte d'avantages financiers est ici patente 5) suppression de la franchise pour les techniciens mais maintien pour les artistes = dénonciation forte de volonté de désolidarisation de la profession 6) réforme du régime des cachets uniformisés : 1cachet=12 h= 1,5 journée de travail = protestations vives : la conséquence est la perte de 0,5 jour de travail car chômage est compté en jours pleins 7) règles diverses "d'harmonisation avec le régime général" : - supprimer un avantage des annexes VIII et X : arrêt maladie=heures décomptables dans la capitalisation des cachets - appliquer aux congés payés la règle de carence prévue dans le régime général 8) inciter à la création d'emplois permanents (développer le CDI intermittent ou le CDD de longue durée ) = frilosité générale de la profession devant le statut de permanent opposé à celui d'intermittent 9) une création : possibilité pour les artistes de récupérer leurs jours de franchise en cas "d'accident de carrière" = idée plutôt négligée par les intermittents ayant cependant l'avantage de faire intervenir le profil total de la carrière de l'artiste dans l'évaluation de ses droits (forme de continuité dans la discontinuité ) d) Quelques conclusions sur l'étude du statut et de son évolution potentielle : L'étude de la réaction de corps de la profession révéle la vigueur de son "attachement corporatiste" = la question de l'intermittence amène à s'interroger sur les facteurs de cohésion professionnelle et sur leur pertinence . Une telle réflexion sur une réforme des modes d'indémnisation des professionnels de la culture ne devrait pouvoir être séparée d'une remise à plat totale du financement étatique du secteur culturel .En effet si une professionnalisation du secteur, à travers un durcissement de l'accès au statut, semble un gage de qualité de la production artistique, l'impossibilité de survivre en exerçant une activité artistique en dehors du régime d'assurance chômage entraîne nécessairement la disparition de nombreuses structures animées actuellement uniquement par des intermittents . = à travers les prestations individuelles de l'assurance chômage l'Etat se décharge sur la solidarité interprofessionnelle d'une large part de subventions . La réflexion sur l'indemnisation des acteurs culturels peut être croisée avec une interrogation sur l'"exception culturelle" française . La perspective générale des propositions tend principalement -malgré le processus de défense du rapport- : au mieux , à un alignement sur le système général et au pire, à une désolidarisation de tout un secteur aux coûts proportionnellement plus élevés du régime général de l'assurance chômage .L'étude de ce secteur entraîne donc une réflexion sur le sens de la solidarité inter-professionnelle . EDITO d’analyse de la situation EXTRAIT DU SITE : www.intermittents-danger.fr.fm |
![]() | «Un des meilleurs travaux où les étudiants puissent apprendre ce qu'est l'Anthropologie culturelle, à partir de quelles disciplines... | ![]() | «La médiation culturelle : Enjeux professionnels et politiques», dans Les sciences de l’information et de la communication : savoirs... |
![]() | «Développer les projets culturels et interculturels, notamment auprès des publics éloignés», «Développer la culture du partenariat»,... | ![]() | «Le parcours d’un artiste engagé» est une opportunité pour la population régionale de découvrir ce personnage légendaire de la scène... |
![]() | ![]() | ||
![]() | «Les Clefs de Paris», un nouveau programme qui invite à découvrir la vie culturelle parisienne autour d’une sélection inédite d’expositions... | ![]() | «d’exception culturelle», notion qui a fait débat. La culture n’est pas un bien ou une marchandise comme les autres. Le cinéma fait... |
![]() | ![]() | «les Versailles» pour qualifier ce lieu en perpétuelle métamorphose. Les étapes, les transformations, les retournements, les repentirs... |