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D.autour de 1968 et de ses suites :1.ARC – Atelier de Recherche Cinématographique (fin 1967-fin 1969)Ce groupement est lié partiellement vers 1967 à la Fédération des Groupes d’Études et de Recherches Institutionnelles – FGERI, psychologues, enseignants, formateurs intéressés par les méthodes de psychothérapie institutionnelle (dont sont membres ou proches OURY, DELIGNY, DELEUZE…), c'est-à-dire un ensemble mêlant marxisme-léninisme radical, situationnisme et mouvance libertaire. Les liens avec la formation au sein de l’IDHEC sont aussi très forts. Le rapprochement avec les cinéastes militants autour de Chris MARKER (SLON) et avec les grévistes de l’ORTF se fait surtout en 1968. On trouve aussi des membres du groupe trotskiste OCI (comme l’opérateur Pierre-William GLENN). Les thématiques10 sont toutes liées aux mouvements de libération : étudiants berlinois (Cf. Berlin 68), printemps de Prague, ouvriers en grève (THOMSON, RHÔNE-POULENC, SOLAC THIONVILLE, SUD-AVIATION-BOUGUENAIS vers Nantes…). Le groupe (une vingtaine de membres) explose vers fin 1969. Certains se retrouvent dans le Groupe Eugène VARLIN (Cf. court métrage Albertine ou les souvenirs parfumés de Marie-Rose en 1974), d’autres dans les Cinéastes Révolutionnaires Prolétariens (Michel ANDRIEU), d’autres enfin dans CinéLutte (Jean-Denis BONAN et Mireille ABRAMOVICI en 1973).
2.Vers 1967-68 le groupe SLON, futur groupe ISKRA, et Chris MARKER:SLON = Société de Lancement des Œuvres Nouvelles (= éléphant en russe). Lien direct avec le groupe MEDVEDKINE (Cf. ci-dessous). C’est une coopérative de production-diffusion fondée à Paris en 1967 par Chris MARKER, et animée par Inger SERVOLIN, mais largement installée en Belgique où la censure est moins vive. Le 17 novembre 1968, elle devient SLON. L’esprit de 1968, sa solidarité, son entraide, ses capacités pré-autogestionnaires (le mot est encore peu usité) sont typiques de l’engagement militant aux forts traits libertaires, taxé souvent de « gauchisme », de Chris MARKER. L’aventure militante du cinéaste Chris MARKER s’est concrétisée surtout avec l’œuvre collective de Loin du Vietnam en 1967. SLON ensuite est liée à des groupes comme les deux MEDVEDKINE ou Ciné Rouge. En fin 1973, SLON reste en Belgique et s’installe également en France sous le nom d’ISKRA (Cf. ci-dessous).
Filmographie simplifiée de Chris MARKER (né 1921), un des principaux membres de SLON
3.Groupes MEDVEDKINE Besançon et Sochaux (1967-1974) : une « utopie » comtoisea)Le contexte socio-économique et politique :En 1967, deux grands mouvements sociaux préfigurent et annoncent celui de 1968 : le mouvement de Nantes-Saint-Nazaire et la grande grève de février-mars à la Rhodiaceta de Besançon. La Rhodiaceta du groupe Rhône-Poulenc (on dit « la » Rhodia ou «la pieuvre» parfois), à Besançon, petite capitale comtoise plutôt centrée sur les services et les petites et moyennes firmes liées à la micromécanique (Les Compteurs du groupe Schlumberger) et à l’horlogerie (LIP), est la grande entreprise ouvrière textile (des synthétiques) de la ville : elle compte plus de 2 500 emplois. Le quartier au pied de Brégilles qu’elle occupe est une petite ville dans la ville. Nombre de ses employés viennent des campagnes proches, ou habitent les quartiers ouvriers de Besançon, notamment celui de Palente-Les Orchamps où ils vivent en symbiose (mais pas sans conflits) avec de nombreux ouvriers de LIP puisque la prestigieuse firme horlogère y est située. Le mouvement ouvrier sur Besançon est divisé en deux grandes tendances : d’abord un socialisme plutôt social-démocrate, bientôt partiellement influencé par des idées libertaires et autogestionnaires, marqué par un christianisme social puissant (JOC, CFTC puis CFDT de 1964) qui domine à LIP mais qui est présent avec la CFDT nettement majoritaire à Rhodiaceta. Ensuite un cégétisme, très influencé par le PC et ses compagnons de route qui en fournissent les cadres, influent lui aussi à la Rhodia. Sur le plan culturel, le CCPPO de Palente (Centre Culturel Populaire de Palente-Les Orchamps, créé en 1959), animé par un couple chrétien, parfois libertaire puis procommuniste, mais très ouvert, les BERCHOUD (René et Micheline), est un des incontestables moteurs d’une culture populaire et engagée, qui marque son époque, et qui est un vrai lieu de ralliement de tout ce qui bouge à gauche et à l’extrême gauche sur la ville. Maxime ROLAND, chrétien de gauche, militant associatif et syndical est parmi les fondateurs. Paul CÈBE dit Pol CÈBE (1926-1985)11, militant CGT, futur coordinateur des groupes MEDVEDKINE, est une des autres chevilles « ouvrières » (sans jeu de mot) du CCPPO et de la Bibliothèque du CE de la Rhodia. Sa fougue, ses coups de gueule, sa vision tantôt péremptoire et boutiquière (hormis la CGT point de salut), tantôt très critique et contestataire avec des coups de gueule anarchisants, marquent toutes les personnes qui l'ont rencontré. Il ne laisse pas indifférent et entraîne ou l'adhésion ou le rejet, mais presque toujours une reconnaissance pour l'investissement. Jeune lycéen, déjà militant en 1967-1968, puis étudiant-salarié engagé dans le mouvement étudiant et syndical à partir de 1968, je me souviens bien de la «montée» sur Palente : on allait rallier un centre populaire, de culture bien à gauche, hors d’une boucle (le centre de Besançon) marquée par une culture bourgeoise forte, malgré la présence d’une faculté des lettres assez tumultueuse. Tout le quartier offrait un cadre nettement différent et bien plus chaleureux que celui du centre ville, et les immeubles ou les petits pavillons, je connaissais bien, déjà le quartier des Buis à Valentigney ou séjournaient encore mes parents, et Planoise à Besançon où je vivais alors. Sans savoir réellement ce qu’était le CCPPO, on avait nettement conscience de changer de monde et de participer à une nouvelle société plus solidaire et engagée, avec des débats parfois longs mais toujours très chauds, voire très mouvementés. La rencontre avec le chaleureux couple BERCHOUD notamment était une aubaine. Les salles de la salle des fêtes, puis de la MJC et du cinéma LUX ont servi d'agoras politiques et culturels à toute une génération. La grève de la Rhodia, longue (du 25 février au 24-25 mars 1967) et incongrue dans la France gaulliste et prospère d’alors, devient symbole de ce mouvement ouvrier renaissant, et attire sur Besançon bon nombre d’intellectuels et d'artistes, plutôt alors de culture marxiste (orthodoxe ou critique), venus offrir leur soutien. Les chanteuses Francesca SOLLEVILLE et l'impressionnante Colette MAGNY apportent leur voix fortes et militantes. Les cinéastes (et apparentés) Chris MARKER, Antoine BONFANTI (ingénieur du son), Michèle BOUDER (photographe) se rendent à Besançon dès mars 67 ; ensuite c'est Mario MARRET et bien d'autres. Chris MARKER est un ancien animateur du mouvement Peuple et culture, auquel se rattache le CCPPO et Paul CÈBE. Il est nettement antistalinien. Il a déjà été contacté dès 1960 par les animateurs culturels bisontins qui voient déjà loin (notamment alors le militant ouvrier chrétien Maxime ROLAND), et les a encouragés12. En fin des années 1960 MARKER est aidé par d’autres cinéastes militants, souvent proches des communistes : Mario MARRET, Bruno MUEL et René VAUTHIER. Les deux derniers surtout ont été profondément affectés par la Guerre d’Algérie et sont déjà connus pour leur participation à des films militants13. MARKER publie le 22 mars 1967 dans le Nouvel Observateur « Les révoltés de la Rhodia ». Le 22 mars, jour prophétique, un an avant celui de Nanterre… C’est encore Chris MARKER, cinéaste engagé et militant, qui vient avec toute une équipe de copains du monde du cinéma tourner un film qui est un vrai détonateur sur ce conflit de la Rhodia : À bientôt, j’espère ?. Il est monté en fin 1967 et projeté en mars 1968 (à la télévision - la fameuse ORTF) et le 27 avril 1968 à Palente. Le groupe qui s'est mis en place en décembre 1967 cherche à créer une sorte «d'IDHEC bisontin» (le futur MEDVEDKINE) : cinéastes et militants, parfois dans le conflit voire l'incompréhension, mettent en place une structure unique et emblématique. Ce qu'on sait moins - mais heureusement les mémoires de Pol CÈBE nous le rappelle - c'est que MARKER avait dès avril 1967, aux lendemains du grand conflit, proposé un premier montage apparemment très tonique (4 séquences), mais qui avait déplu à la plupart des 40 militants concernés14. Les MARKER, IVENS, GODARD, KLEIN… avec Loin du Viêt-Nam rendent hommage aux luttes de la Rhodia de 67. Le film, projeté en première européenne au Casino de Besançon le 18 octobre, et présenté par Georges (dit Yoyo) MAURIVARD, ancien de la CFDT Rhodia devenu CGT, refuse du monde. Parmi les cinéastes présents on compte Alain RESNAIS et William KLEIN. Le texte de Pol CÈBE La culture pour quoi faire ? expose à nouveau la volonté du CCPPO de ne travailler pour aucune chapelle15. La collecte se fait au profit de la République Démocratique du Viêt-Nam. Lors de la 2° Semaine de la pensée marxiste : «Le cinéma et l'évènement», Besançon accueille encore GODARD, MARKER et MARRET du 7 au 10 décembre 1967. Le texte de présentation est écrit par l'ami Jean CHARLES. On le voit, la création, l'agitation culturelle et la volonté d'engagements cinématographiques collectifs et ancrés dans le réel… cheminent fortement en Franche Comté. Le 17 décembre 1968 au cinéma Le Rio, Joris IVENS venu présenté 17° parallèle (documentaire de 2 heures tourné en 1967) confirme cet engouement militant. b)La portée de l’expérience MEDVEDKINELe film de MARKER de 1967 est donc projeté aux ouvriers et militants concernés (Cf. La Charnière), qui réagissent de différentes manières, parfois très durement dans la critique, à cette vision d’eux-mêmes. Ils comprennent que le mouvement social dont ils sont les agents vit aussi sans eux, et leur échappe partiellement. Ils ne se reconnaissent que modérément dans le film et le débat est très vif. C’est pourquoi certains d’entre eux décident ce 27 avril 1968 de prendre en main leur destin en terme d’image, d’analyse et d’autoproduction : se former aux métiers du cinéma, tourner leur propre vie et dans leur propre milieu, et diffuser leurs productions. C’est là où réside vraiment l’utopie culturelle qui renoue avec la tradition d’autonomie du mouvement ouvrier : « l’émancipation des travailleurs sera l’œuvre des travailleurs eux-mêmes » qui est la phrase clé de la Première Internationale créée à Londres en 1864, mais qui sera ensuite surtout revendiquée par les courants libertaires, notamment la première CGT d’avant 1914. Ici on pourrait donc écrire que « le cinéma des travailleurs sera l’œuvre des travailleurs eux-mêmes ». On passe en quelque sorte du cinéma militant pro-ouvrier au cinéma ouvrier militant. Cependant, il ne faut pas créer un nouveau mythe ouvriériste : les ouvriers cinéastes profitent des cinéastes et autres professionnels militants, qui souvent sont décisifs, au moins en amont pour la formation, les moyens techniques (GODARD offre une «super 5» et plus tard un magnétoscope, Mario MARRET une «MiniK7» et sa «caméra 16», Bruno MUEL de la pellicule…), et en aval pour la diffusion : l’œuvre collective a donc plusieurs imbrications, même si l’autonomie professionnelle des groupes MEDVEDKINE croît avec le temps. Il faut rendre hommage à ces cinéastes qui solidairement et amicalement offrent leurs moyens, leurs techniques, leur savoir-faire, et se mettent au service de… Chris MARKER est sans doute le plus impliqué, et c'est lui qui a proposé le nom de MEDVEDKINE lors d'une soirée chez les BERCHOUD16. La formation du groupe se fait dans le cadre du CCPPO en 1968-69 et permet la sortie du premier film important en 1969 Classe de lutte, apparemment autour de l'idée principale émise par Pol CÈBE. Il reprend l’histoire de Suzanne en 1968, employée de la YEMA qui se forme une conscience de militante et de femme en prenant peu à peu la parole en public. Suzanne ZÉDET est la compagne de Claude, un des membres très actifs du groupe. Le film a des suites malheureuses au CCPPO car Pol CÈBE qui le monte quasiment seul est alors en rupture avec le groupe et avec son ancien engagement puisqu'il quitte la Rhodia. C’est le CCPPO qui achète une table de montage stockée momentanément dans le local de l’UL-CGT de Besançon et c’est un militant local, Henri TRAFORETTI qui prend sur ses congés pour en maîtriser le maniement. Auparavant il a manié la masse pour casser la porte de la Maison du peuple, car la table, trop large ne pouvait pas y pénétrer autrement. Des amis professionnels, prestigieux ou non, donnent un coup de main : « la photographe Ethel BLUM, l’ingénieur du son Antoine BONFANTI – dit ‘’bonbon’’ -, les chefs opérateurs Jacques LOISELEUX et Bruno MUEL, Chris MARKER, les monteuses Valérie MAYOUX et Jacqueline MEPPIEL, Mario MARRET qui prête une caméra 16 mm, Jean-Luc GODARD qui offre une super-8 »17 sans oublier Évelyne LERNER également pour le son et Joris IVENS qui donne également du matériel. Antoine BONFANTI (1923-2006), magicien du son, et militant convaincu, fut un aide bénévole d’importance. L’expérience sera prolongée jusqu’en 1974, en ayant entre temps contribué à créer le groupe de Sochaux. C’est la coopérative SLON-Société de Lancement des Œuvres Nouvelles (initiative de MARKER) qui va donner le coup de pouce financier notamment pour la diffusion. Joris IVENS, autre figure emblématique de cinéaste-militant, vient présenter quelques productions à Besançon. Venu de l’OROLEIS-Office Régional Laïque d’Éducation par l’Image et le Son, Jean-Pierre THIÉBAUD rallie le groupe. Parmi les bisontins, c'est un des rares non-ouvriers, la plupart des animateurs étant surtout issus de la Rhodia et très souvent de la CGT et du PCF : Georges BINÉTRUY, Henri TRAFORETTI, Claude ZÉDET, Pol CÈBE, Georges MAURIVARD, Georges LIÉVREMONT... Après son départ de la Rhodia en 1969, Pol CÈBE anime jusqu’en 1977 le Centre de Loisirs de Clermoulin qui appartient au C.E. de Peugeot (cogéré à l’époque par CGT et CFDT). La venue de jeunes ouvriers, de Sochaux surtout, permet de fonder le deuxième groupe MEDVEDKINE qui est indépendant vis-à-vis du premier. Parmi eux s’imposent peu à peu Christian COROUGE, René LEDIGHERER, Bernard… L’ancien galicien Antonio PALEO permet de structurer le centre et y donne un air de famille par ses constructions, la présence de sa propre famille, etc. Le groupe de Sochaux-Clermoulin est nettement différent du premier, pas en terme de classe, mais en terme d’idéologie et de pratiques. Les militants sont plus jeunes, souvent déracinés par rapport à leur provinces d’origine, plus dans l’esprit 68, plus irrespectueux, y compris vis-à-vis de la CGT et des discours lénifiants. Ils se dressent souvent contre « la routine syndicale » rappelle Bruno MUEL18. Comme ceux de la Rhodia de Besançon, ils sont à leur manière très combattifs, mais pas dans la seule usine : Cf. les luttes dans leurs foyers de travailleurs d’octobre à novembre 1970. Ils sont moins portés sur la technique, et se préoccupent plus du message à faire passer. Paul CÈBE, animateur cégétiste résolu et parfois dogmatique, est lui aussi en butte avec une CGT pas forcément conforme à ses vues, d'où des attaques et des diatribes qui semblent assez peu reluisantes avec le temps19. Ce qui est intéressant dans cette volonté autonome, de quasi autogestion culturelle, c’est qu’elle va être portée paradoxalement par une partie du mouvement ouvrier qui la récuse alors, et parfois avec outrance et schématisme notamment durant l'année 68 et après. Les membres du groupe Medvedkine sont souvent communistes ou procommunistes, et sans doute très nombreux à la CGT. Le PC et la CGT en 1967, et surtout en 1968, se sentent débordés sur leur gauche, et sont résolument de tradition « centraliste démocratique » : ils font de l’autogestion un épouvantail petit-bourgeois. C’est pourquoi parler « d’utopie libertaire »20 à propos de cette expérience est contestable : le fondement et les méthodes, certaines prises de positions culturelles, sont libertaires, la volonté idéologique (les « scories coco » écrit Libération) de ses membres sûrement pas. Il faudra attendre 1972 environ pour que le PC et la CGT prennent le train en marche et revendiquent à leur tour une autogestion qui a pris après 1968 ces lettres de noblesse. Mais c’est LIP alors qui sur Besançon l’exprime fortement et avec un rayonnement international incroyable, que l’on a bien oublié aujourd’hui. Or ni le CCPPO, ni les groupes Medvedkine ne sont influents sur LIP ni trop empathiques sur cette expérience pourtant paradigmatique. Les membres du groupe sont au début marginaux, pas « dans la ligne » du parti ou du syndicat, et malgré leur idéologie assez centraliste marquée par un marxisme plutôt étatiste, ils prennent des initiatives et lancent des idées évidemment libertaires, au moins dans la forme et dans leur manière d’être une communauté libre. Les dirigeants de la CGT et du PCF ne les accompagnent désormais que partiellement et ceux de la CGT entraînent la dislocation du groupe de Besançon en 1972, car le groupe est jugé trop peu orthodoxe et bien trop autonome. Le Parti demande à ses membres de quitter ce groupe trop pluraliste, ce que font progressivement Geo BINETRUY21, Henri TRAFORETTI et Claude ZEDET ; mais pourquoi donc l'ont-ils accepté ? Même Georges LIÉVREMONT, militant syndicaliste, responsable communiste, fidèle au parti, mais critique sur son fonctionnement, est éliminé de la direction fédérale pour sa volonté d'autonomie et son sens critique. Triste ironie, c’est l’époque où la CGT et le PCF adoptent enfin le thème de l’autogestion ! c)Pourquoi Alexandre Ivanovitch MEDVEDKINE (1900-1989) ?Cinéaste soviétique, engagé dans la Cavalerie rouge pendant la révolution et la guerre civile, fondateur de l’expérience du ciné-train dans les années 1920, il est considéré comme un représentant symbolique du cinéaste révolutionnaire désintéressé, image idéalisée du militant bolchevik. Le ciné-train, au minimum trois wagons, est à la fois lieu de vie, de production et de montage, de diffusion populaire (un wagon sert de salle de projection), au plus près du peuple, le principal intéressé. Il mobilise une équipe qui dépasse parfois les 30 personnes. Chris MARKER connaît MEDVEDKINE et sa volonté d’art pour le peuple, s’inspire de ces expériences, et donc c'est lui qui propose le nom du cinéaste aux groupes comtois. En 1971, rencontrant MEDVEDKINE à Paris avec Pol CÈBE, il tourne sur son expérience Le train en marche. Reprenant ce film de 1971, Chris MARKER va tourner en 1993 un film plus achevé et avec plus de distanciation : Le tombeau d’Alexandre. MEDVEDKINE est célèbre pour Le bonheur de 1934-35, utopie rurale pleine de charme et d’ironie, mais contribuant paradoxalement à l’édification des mythes de la planification stalinienne alors en marche, et pouvant aussi se ranger dans cette oppressante école du « réalisme socialiste » plus marquée par la propagande que par l’indépendance d’esprit. Chris MARKER contribue à réhabiliter et traduire le film. Il est projeté à Besançon, au Montjoye, le 04/10/1972, précédé du Le train en marche sur la venue à Paris du réalisateur. d)Filmographie
Autres films du groupe ou liés au groupe :
4.Groupe de GODARD et GORIN : Dziga VERTOV fondé en 1969 :
5.Groupe autour de Marin KARMITZ :Militant en 1968-69, Marin KARMITZ fonde ensuite MK2 Diffusion en 1973.
6.Groupe ISKRA « étincelle » (issu de SLON en janvier 1974):ISKRA, établi en France, signifie également Image, Son, Kinescope, Réalisation Audiovisuelles. Le groupe existe toujours et dispose d’un site Internet à son nom http://www.iskra.fr. Les liens avec des groupes militants se maintiennent : Gavroche, Copra, Cinéma Rouge… ISKRA est à la fois un centre de production, mais de plus en plus un centre de diffusion, ouvert à d’autres. La société vivote jusqu’en 1985 (Loi LANG sur l’audiovisuel) et reprend vit ensuite, notamment après l’explosion sociale d 1995 qui marque un fort retour du cinéma militant. Les liens avec la télévision sont de plus en plus fréquents : Arte, Canal +, La Sept, La Cinquième… ainsi qu’avec les groupements importants de diffusion : Vidéothèque de Paris, Forum des Images…
Remarque : après cette date, les autres productions d’ISKRA sont intégrées à la suite chronologique (Chapitre II. A. 4.) 7.Productions proches du PCF et de la C.G.T. :De 1968 à 1971, le PCF dispose de Dynadia (avec Mario MARRET) qui devient en 1971 la SARL Unité Cinéma/Télévision/Audiovisuel (Unicité), soutenue notamment par Jean-Patrick LEBEL ou Paul SEBAN. Les films d’Unicité et de Dynadia sont aujourd’hui stockés par la société Zoobabel devenue Ciné Archives, grâce à l’action notamment de Joëlle MALBERG. Les dépôts sont aux Archives départementales de la Seine-Saint-Denis. Ils comprennent également les productions de la CPDF – Coopérative de Production et de Distribution du Film, liée également au PCF. De 1968 à 1980, animé par Jean DURIN existe sur Paris le Bureau du Cinéma de la CGT. L’Institut CGT d’Histoire Sociale - IHS possède aujourd’hui un fond assez riche (Cf. http://www.ihs.cgt.fr/).
8.Filmographie de Jean Pierre THORN :Avant 1968 il appartient à l’association Cinéma-Liberté. En 1968, il est étudiant et proche des marxistes-léninistes, de l’UJCML puis de Ligne Rouge (groupement parisien en 1968). Il est déjà militant (syndicaliste à la CFDT et intellectuel « établi » en usine à St Ouen en 1969) et cinéaste engagé. Gagné par la dérive ouvriériste de la période, il revendique cependant son rôle propre de technicien, mais au service de la cause et avec les ouvriers en lutte24. Il démissionne en 1979.
9.Autres productions de 1968 :
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![]() | ![]() | «L'impact du web 0 dans la Production, la Promotion, et la Consommation de Musique Live.» | |
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