Français HdA au Brevet 3e1
Objet d’étude : Arts et progrès techniques
  
Étape 1 : Présentation générale de l’œuvre
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 Tom Wesselmann, Still Life #54.
| Présenter l’œuvre
| « La Radio » est un court poème en prose, extrait du Grand recueil de Francis Ponge, publié en 1946.
| Présenter l’artiste
| Francis Ponge est un poète français né en 1869 et mort en 1988.
Il mène de front de hautes études de littérature, des études de droit et des études de philosophie.
Poète contemporain, il éprouve déjà, à l'âge de dix-sept ans, une violente révolte contre le parler ordinaire : « N'en déplaise aux paroles elles-mêmes, étant donné les habitudes que dans tant de bouches infectes elles ont contractées, il faut un certain courage pour se décider non seulement à écrire, mais même à parler ». Les difficultés qu'il éprouve à exprimer sa douleur après le décès de son père en 1923 ajoute à son sentiment un « drame de l'expression » : le désir de s'exprimer (ce que Ponge appelle la "rage de l'expression") affronte un langage qui le gène.
| Présenter contexte
| Francis Ponge décrit ici un objet qui a révolutionné la vie des Français au milieu du XXe siècle : la radio.
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Étape 2 : Description détaillée de l’œuvre
| VOCABULAIRE à maîtriser Vocabulaire de l’œuvre :
saillir, vocifération, outrage, purin,… à compléter avec les mots dont vous ne connaissez pas (bien) le sens : Vocabulaire technique pour parler de l’œuvre :
Poésie, prose, poème en prose, figures de style,
| Description technique
| Six petits paragraphes, dont certains ne font qu’une courte ligne, composent ce texte.
Traditionnellement, il est facile de distinguer la poésie (écrite en vers matérialisés par des retours à la ligne et qui riment entre eux) de la prose (constituée d'un bloc de texte, sans rime). Le poème en prose remet en cause cette distinction : c'est un texte qui a l'apparence de la prose, mais qui est rendu poétique par le travail du rythme, des sons et des images.
| Observation
| Ici, le poème de Ponge parle d’un sujet très prosaïque, c'est-à-dire banal, terre-à-terre ; mais cela ne l’empêche pas d'être très poétique.
La radio, grande innovation technique du XXème siècle, est violemment critiquée à travers ce texte.
Le texte oppose l’extérieur (« cette boîte vernie ») et l’intérieur (« ordures ») de la radio. Le regard que porte l’auteur sur cette innovation technologique est donc ironique.
Extérieurement, les barres de fréquence qui s’allume sont comparées à des gratte-ciels, impressionnants et tout puissants.
Intérieurement, les paroles que la radio délivrent sont comparées à du purin, image hautement péjorative.
L’emploi de la 1ère personne du pluriel (« notre attention ») dénonce l’attitude des gens qui font et écoutent ce qu’on leur dit de faire et d’écouter.
Il fait les questions et les réponses et emploie beaucoup d’exclamations destinées à interpeler le lecteur.
Le texte part de la boîte, ouvre au monde que ses paroles touchent et revient à la boîte pour finir, boucler la boucle infernale.
Entre temps, le lecteur peut avoir un aperçu de la société de l’époque et de l’intérieur des maisons.
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Étape 3 (la plus personnelle) : Analyse de l’oeuvre
| Expliquer le sens de l’œuvre
| La radio, grande innovation technique du XXème siècle, est violemment critiquée à travers ce texte. Ponge dénonce la vanité des paroles du quotidien, utilitaires ou commerciales, et les défauts de la société de consommation où tout semble beau en apparence mais cache des horreurs. Il ne veut pas se laisser avoir par la facilité de ces paroles qui sortent de la radio et qui pousse les auditeurs à consommer dans ce monde dit moderne.
Ponge attribue un nouveau rôle au langage : ouvrir le monde, pousser à la curiosité, à la créativité.
| Exprimer ses émotions et donner son avis
| La thèse que le poète soutient à travers ce court poème en prose est convaincante car il utilise des images fortes pour ouvrir les yeux du lecteur et des auditeurs. Il se veut volontairement choquant pour marquer les esprits et convaincre les gens d’avoir un esprit critique, de ne pas « avaler » tout et n’importe quoi venant des nouveaux médias, qui se croient tout puissants.
En même temps, c’est un texte très poétique à travers l’utilisation nouvelle qu’il fait du langage. Exprimer des émotions personnelles et un jugement à la lecture de ce texte :
| Comparer / Élargir
| Deux œuvres peuvent faire écho, à choisir :
« Le compliment à l’industriel » du même auteur, avec la même critique du monde moderne et la même comparaison aux excréments.
Le tableau pop art de Tom Wesselmann, Still Life #54. Ce mouvement très coloré , aux motifs simples, représente bien la brillance extérieure dont parle Ponge (« Cette boîte vernie », « la radieuse seconde petite boite ») : mais qu’y a-t-il à l’intérieur ?
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Œuvres liées
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