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Catéchuménat Saint Joseph furent reçues les catéchumènes proprement dites, c'est à dire les jeunes femmes, jeunes filles et enfants, quelquefois des femmes d'âge mûr, envoyées pour étudier les prières, le catéchisme, se préparer au mariage ou le régulariser etc... Ce catéchuménat, peu nombreux donne un bon esprit, car ce sont en général, des âmes de bonne volonté. L'autre division devenue le Refuge de la Miséricorde, donne, à côté des consolations… assez rares… des déceptions fréquentes. Mais une Auxiliatrice ne reste pas dans la déception, et elle remet ces âmes dans le Coeur Miséricordieux qui donnera peu à peu lumière, force et renouvellera l'Histoire de la Samaritaine. Citons le fait d'une jeune femme de bonne volonté, placée au Sen-mou-yeu, par sa mère domestique dans une famille européenne, femme très violente, mécontente, avec raison, hélas, de son gendre, et qui opéra elle-même la séparation La jeune femme, après une sérieuse épreuve, fut admise au baptême et autres sacrements. Elle a un gentil bébé qui, baptisé le 4 Août 1906 à l'age de 3 ans, fut nommé Dominique. Très fier d'avoir le même nom que la Mère Supérieure, très choyé dans l'établissement, il a conscience de son influence et en use largement. A la chapelle, il distrait bien souvent sa pauvre maman, surtout quand il veut absolument communier avec elle. Au moment du départ, il observe la maîtresse, et quand elle fait mine de se lever, monsieur Dominique frappe aussitôt ses deux menottes l'une dans l'autre, et toute la bande d'obéir. Le plus souvent il donne l'exemple de la prostration à deux genoux, mais parfois aussi, Dominique a l'on ne sait quelle fâche avec le Bon Dieu, et ces jours-là, rien ne le fera plier. Il sortira la tête haute, et ses deux gros yeux noirs courroucés. Quand il y a du tapage au refuge et que l'enfant veut faire la police, il a recours à son grand argument : "Je suis la Mère Saint Dominique, et tout le monde doit obéir à la Mère Supérieure." Mais devant celle-ci, le petit homme est très humble et ose à peine dire bonjour... Il y a échange de cadeaux le 4 Août... A Seng-Zaseh-Yeu En 1916, comme il était nécessaire d'occuper la maison de la famille Seng, Mère Saint Dominique y installe le Juvénat vers Avril. Sous la houlette de Mère Sainte Aurélie, vivaient aussi les Présentandines formées et les muettes. Mère Sainte Gertrude dirigeait tout ce monde, aidée par la Présentandine "Tou-tsang-kou. Quelques orphelines convalescentes, de pauvre santé, habitaient deux chambres et étaient confiées aux Présentandines. Le catéchuménat qui était très réduit comme internes au Sen-Mou-Yeu à cette époque, fut aussi désigné pour Seng-Zasé-yeu en Janvier 1916. Mère Spinola venait y faire le catéchisme mais n'y couchait pas. Il n'y avait, à ce moment, que 6 catéchumènes et une maîtresse. Lorsqu'en Avril le juvénat occupa la maison, Mère de Chantal, juvéniste, remplace Mère Spinola et reste définitivement chargée de l'œuvre qui prospéra de nouveau, grâce au zèle du R.P. Baumert curé de Hang-key et du R.P. Lapparent, curé de Zi-ka-wei. Quand le juvénat céda la maison au noviciat, le catéchuménat resta à Seng-Zasé-yeu. En général, le catéchuménat comprend une trentaine de personnes mais pendant la guerre de 1937, les réfugiées y vinrent nombreuses, on en compta une cinquantaine comme catéchumènes. Il y a chaque jour deux catéchismes, l'un pour les jeunes filles et jeunes femmes, l'autre pour préparer spécialement au baptême et au mariage ; tout le peuple se réunit encore une fois dans l'après-midi. Le reste de la journée il y a travail manuel et étude selon les capacités de chacune. Les petites catéchumènes ont deux catéchismes à l'Ecole Externe avec deux jeunes Mères Professes. Au Sen-mou-yeu, plusieurs femmes de tout âge et de jeunes filles connues au dispensaire, ou dans les visites aux malades, ou par l'intermédiaire des ouvrières, avaient aussi besoin d'instruction religieuse, et peu à peu se forma une sorte de catéchuménat externe. La Mère Saint Valentin trouva dans cette œuvre une mine inépuisable d'apostolat, malgré sa cécité, elle connaissait toutes ces âmes et leur faisait beaucoup de bien. De même, plusieurs Présentandines, empêchées par l'âge ou les infirmités de se dévouer dans les districts, sont fidèles à se rendre dans les salles désignées aux heures indiquées, pour enseigner la doctrine de vie. Donnons le tableau d'une journée de la Mère Saint Firmin s'occupant de ce catéchuménat depuis la mort de Mère Saint Valentin :
Pendant la guerre de 1937 il y avait catéchisme spécial pour 14 (et plus encore) réfugiés du collège Saint Ignace, et pour 17 autres réfugiés du village. Les Présentandines sont d'un grand secours en ces circonstances. Le dimanche, de 9 heures à 10 heures, il y a encore enseignement pour les ouvrières du dehors, parfois des réunions de néophytes, mais peu nombreuses. A Pâques et à Noël, à d'autres fêtes aussi, plusieurs premières communions viennent consoler le Coeur de Notre Seigneur et celui de ses apôtres dévoués. Sans doute, il y a encore bien des misères, mais peu à peu les habitudes chrétiennes s'implantent dans les âmes. ============ CHAPITRE 8 ECOLE PIE X ETC... ================= Le catéchuménat interne ayant été installé complètement à Seng-Zasé-yeu, il y a lieu de mentionner ici les autres œuvres dont s'occupe le noviciat. Pendant l'épiscopat de Monseigneur Paris, la population du Zi-ka-wei croissant, une école enfantine fut installée dans un local public du village, le "tirg", situé non loin du Carmel ; une maîtresse en était chargée sous la direction du Révérend Père Curé de Zi-ka-wei. On y recevait les enfants jusque vers 8 ou 9 ans. CHAPITRE 9 ========= DISPENSAIRE DU SEN MOU YEU Dès que les Auxiliatrices vinrent habiter le Sen-Mou-Yeu, à ZI-ka-wei, vers 1869, on commença à soigner régulièrement les malades internes, puis bientôt à donner des rendez-vous à quelques personnes désirant consulter, et le dispensaire fut ainsi fondé. Le terme au pluriel serait plus juste, car il y avait choix entre les remèdes chinois et les remèdes européens ; une Mère s'occupait, avec des novices et des aides, de chaque division. Vers 1900; Sœur Sainte Candide, très aimée des chinoises, attira beaucoup, et Mère de la Bienheureuse Louise, en 1912, encore plus, car on la tenait pour "savante" en médecine et l'on avait grande confiance. Aussi l'influence du dispensaire devient-elle grande et croissante (extrait d'un rapport de 1921-1923)... comme un centre pour toutes les œuvres extérieures. Païennes et chrétiennes savent que de 9 heures à 11 heures ½, elles trouvent là les soins ; pansements, soulagements et conseils dont elles ont besoin. On fait connaissance et l'on peut suivre bien des familles, bien des âmes. Elles sont souvent amenées d'une manière toute providentielle ; comme ce bébé qui porte une médaille miraculeuse à son petit poignet... Cependant sa mère est païenne... Mère Louise l'interroge ; "Qui t'a donné cette médaille ? – "Quoi ? Ce petit jeu ? Mais je l'ai trouvé sur la route et j'ai pensé que cela amuserait le petit. Comme je le lui attachais au bras, une femme est passée elle a remarqué que mon enfant est malade et m'a dit de l'amener ici, au dispensaire, c'est pourquoi je suis venue...?" Chère petite âme, amenée par Marie !... Il n'était que temps... on baptisa le bébé et peu après il partit pour le Ciel, prier pour sa maman. Le dispensaire est encore un centre de conversions ; non seulement des païennes y sont parfois touchées par la grâce, mais cette grâce attend là aussi de pauvres chrétiennes égarées loin du bercail. Puis il y a les misères cachées qui se révèlent au dispensaire plus facilement qu'ailleurs, alors on va au vestiaire des pauvres que la Providence remplit toujours aux moments opportuns. Il y a aussi, au dispensaire, la distribution hebdomadaire du riz, et surtout les noms reçus et les adresses des malades des environs. La séance annuelle du vaccin ne peut être mise dans ce chapitre, car c'est un grand moyen de faire connaître le dispensaire et de le faire apprécier. Les premières années, quelques mamans venaient timidement puis l'expérience prouva que ce vaccin empêchait vraiment la petite vérole, et la terrible maladie devint plus rare à Zi-ka-wei et aux environs. Aussi, dès le début du printemps, on accourt... les bébés crient... les mamans encore plus pour les apaiser, et les petites marchandes de bonbons et de gâteaux accourent aussi à la porte du dispensaire. Ce sont de bonnes matinées pour le purgatoire, mais aussi des matinées de semailles, car l'on ne peut parler beaucoup du Bon Dieu au milieu de tout ce vacarme, on peut toujours faire dire à cette foule : "Les Mères sont bonnes, et donc la religion des chrétiens est bonne". Si le dispensaire, surtout depuis une quinzaine ou une vingtaine d'années, est une source d'apostolat, lequel se multiplie par les dispensaires des environs (Zao-ka-dou, etc), que dire du développement procuré par la guerre de 1937... (13 Août). Les réfugiés occupèrent bientôt l'école externe du Sen-mou-yeu, et un bâtiment du noviciat ; le collège Saint Ignace, l'école normale et d'autres locaux de la Mission et aussi de l'Université païenne de Né-yang. Les dispensaires se multiplièrent donc, et de longues stations des Mères avaient lieu dans les divers groupes. Mais les réfugiés du Seng-mou-yeu surtout venaient au dispensaire central, s'ajouter aux clients habituels. Faisons-y une visite rapide et pleine d'intérêt pendant une matinée. Dès 7 heures ½ les réfugiés se rendent dans la salle où Mère Saint Joseph Calamans les attend, assistée par trois jeunes Présentandines qui font leur expériment de malades durant 3 ou 4 mois. Les malades qui ne peuvent se lever, ainsi que les domestiques, ouvrières, etc, sont visités, tout se termine vers 8 heures ½. A 9 heures ¼, soins donnés aux internes du Sen-mou-yeu : domestiques, employés. A 9 heures ½ les ouvrières externes de broderie, dentelle, etc, doivent passer le plus rapidement possible, car 30 minutes sont données pour ces consultations, l'allaitement des bébés etc. et à 10 heures, au son de la cloche, chaque ouvrière doit être à son poste. Pendant que les Mères assistées cette fois des juvénistes, Agrégées, Présentandines, font les consultations, les clientes du village t des environs écoutent Mère Saint Firmin qui, à l'aide de tableaux fait un vibrant catéchisme. Il faut voir ces 80 personnes... ou même 100... massées dans un espace de 4 à 6 mètres carré, écoutant, questionnant, s'exclamant, etc. et la vie continue... les mamans nourrissent les bébés, les vieilles joignent les mains, et malgré les multiples distractions, on garde un mot, une lumière, et souvent on vient ensuite retrouver la Mère. A 9 heures 50, pendant que les ouvrières retournent aux ouvroirs, c'est l'entrée de tout ce peuple... c'est la cohue... et cela dure jusqu'à 11 heures, car de nouveaux clients arrivent sans cesse. Mais avec quelle confiance, quel abandon aux soins divers. Les pansements ne le cèdent en guère aux ophtalmies etc. et chacune s'assied, présentant un bras brûlé, une jambe aux plaies variqueuses, etc. Et que dire des innombrables petits paquets de poudre purgative que l'on prend sur le champ dans une tasse de thé préparée par l'Auxiliatrice ou la Présentandine...ou des petits paquets qu'on emporte précieusement après un "émerci Moumou" plein de reconnaissance... Les baptêmes d'enfants moribonds sont assez nombreux. A 11 heures la grande porte est fermée, mais quelques soins restent encore à donner aux retardataires. Ensuite le dispensaire devient une sorte d'école d'infirmières et de pharmaciennes. La Mère Saint Joseph Calamans qui procure en gros les substances pharmaceutiques propres à préparer les remèdes, indique la manière de faire ; par exemple, avec 100 livres de sulfate de soude, etc... on obtient sept espèces de remèdes, de même, avec un baril de 450 livres de vaseline pure, etc... La manière de soigner, de faire les pansements, est aussi indiquée, ainsi que les précautions à prendre, les règles d'hygiène, dans le sens pratique du mot. Les conditions sont toujours nombreuses, mais que dire du temps de guerre. Elles vont jusqu'à 4 000 par mois et même davantage ; de même pour les pansements, les remèdes distribués... En Août et Septembre 1937, il y en eut chaque mois 8 000 et en Avril 1938, on en compta 9 680... il est vrai que c'était le mois de la vaccination. Les docteurs, soit de l'hôpital Sainte Marie, soit les Auroriens diplômés qui visitaient nos réfugiés, jugèrent de "grande prudence, et même absolument nécessaire, à cause de l'agglomération" d'administrer double vaccin : l'anti-varioleux et l'anti-cholérique pour le personnel interne, et pour les réfugiés. Les séances durèrent plusieurs jours. A côté du dispensaire européen, fonctionne le dispensaire chinois, traitant à la manière du pays : pilules variées, décoctions, emplâtres, massages surtout. Depuis quelques années, les clientes habituelles s'adressent plutôt au dispensaire européen, mais les réfugiés vont beaucoup à nos infirmières chinoises. Les massages varient entre 900 et 1 000 par mois, surtout pour les petits enfants, aussi on arrive à 60 ou 70 baptêmes... en Avril 1938 il y en eut 145. Les remèdes donnés : 140 : ils sont fabriqués et vendus en l'intéressante pharmacie du Sen-mou-yeu, où l'on reçoit de 100 à 150 commandes de missionnaires chaque mois. Chaque semaine, autrefois chaque mois, une distribution de riz a lieu au dispensaire : un "teu" (riz nécessaire par personne chaque mois) est une mesure assez copieuse accordée par le Révérend Père Curé de Zi-ka-wei qui distribue les bons, et la Mère Saint Joseph Calamans consacre des après-midi à distribuer ce secours à une soixantaine de personnes. Visite des malades à domicile : La visite aux malades continue l'œuvre du dispensaire, car peu à peu on connaît les familles des environs, on peut suivre les âmes et les guider dans le bien. C'est aussi une surveillance à exercer, car on rencontre en chemin telle enfant qui ne va pas à l'école, qui abandonne le catéchisme... telle voisine qui ne fréquente plus les sacrements, etc. Une ancienne élève de l'orphelinat du Sen-mou-yeu...bon coeur mais mauvaise tête... ayant eu des difficultés avec le Révérend Père chargé des loyers des maisons ouvrières, déclare que, ne pouvant lui pardonner elle ne se confessera plus... et comme elle avait honte d'assister à la messe du dimanche sans communier, elle n'y allait plus. – Plusieurs années passèrent ainsi, la pauvre femme recevait toujours très bien la Mère de la bienheureuse Louise, l'appelait pour ses enfants malades, mais ne voulait rien entendre au sujet de la confession... Que de démarches et de prières sans résultat apparent ! ... Deux enfants furent atteints de la fièvre typhoïde, bien que l'état fut grave, ils guérirent, et le coeur de la maman fut touché lorsque Mère Louise lui dit : "Le bon Dieu t'a fait une grande grâce, tu feras, n'est-ce pas une communion d'action de grâces, je te conduirai moi-même à l'église". La pauvre mère accepta et prit jour. La résolution fut tenue, si bien, que craignant un oubli, elle envoya sa belle-sœur au dispensaire pour rappeler la promesse et dire qu'elle était prête. La commission fut |