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criée en pleine foule, et tout le village sut bientôt que Madame X allait se confesser. En effet, habillée de neuf, elle partit avec la Mère qui ne la quitta que lorsqu'elle fut entrée dans le confessionnal. Le Bon Dieu fut content et le Père Curé aussi. Une jeune femme ayant une plaie à la jambe demanda aux Mères d'aller la soigner. Depuis longtemps l'on cherchait le moyen d'aller chez elle et de parler au mari, qui, après avoir reçu une très bonne éducation au collège, avait mené une vie des plus tristes à tous points de vue. Il fallut plusieurs visites pour continuer les soins, et l'on put entrer en conversation avec le mari. Enfin le coeur de l'enfant prodigue fut touché ; il se confessa et communia avec des sentiments touchants de foi et de repentir. Il est rare qu'il n'y ait pas, vers la fin d'août, des cas de choléra, mais en 1921, par exemple, il y eut une vraie épidémie et les visiteuses purent faire bien des baptêmes. Le premier cas nous donna une âme. Un soir, vers 6 heures une femme qui sortait des ouvroirs accourut à la porterie :"Qu'on vienne vite, il y a dans une barque, près du pont, une petite fille qui a le choléra !" Mère Louise eut vite fait de descendre le talus et trouva une fillette de 11 à 12 ans aux prises avec les douleurs du choléra. Elle était déjà froide et n'avait plus qu'un souffle. La Mère fit une piqûre et baptisa la petite malade sous condition ; puis voyant que le dernier soupir allait s'exhaler, elle remonta la berge en disant qu'on l'avait appelée trop tard, évitant ainsi d'être accusée de la mort, car c'est toujours le dernier médecin appelé qui est cause des malheurs. Mère Louise n'était pas rendue au Sen-mou-yeu que l'enfant expirait. Nous sûmes qu'elle allait souvent chez une parente chrétienne, qu'elle savait un peu de religion et disait vouloir être chrétienne. Les cas, cette année-là, furent fréquents, et l'ouvrière qui était venue chercher les Mères pour la première petite fille, se montra vraiment admirable d'esprit apostolique. Habitant un quartier très mélangé de païens, elle laissa son travail et se mit à l'affût de tous les cas pour prévenir au Sen-mou-yeu et conduire chez les malades. Grâce à son dévouement, plusieurs malades furent sauvés, d'autres furent baptisés. Dans la mission, les visites aux malades n'ont pas le même caractère qu'en Europe : le ménage est fait par une voisine... ou pas fait du tout... et on ne désirerait pas que les Mères s'en chargent. C'est plutôt comme infirmière, presque médecin que les Mères sont demandées... et surtout, dans l'intention de la divine Providence, comme envoyées du Bon Dieu pour faire un bien moral tout en donnant des soins aux malades : piqûres, pansements, etc. Et bien souvent hélas ! il faut remédier aux suites d'un suicide. Ainsi cette jeune femme, mariée à 15 ans, ne pouvant supporter sa belle-mère, s'empoisonne avec du pétrole... Le cas est grave et Mère Saint Joseph Calamans fait conduire de force belle-mère et belle-fille à l'hôpital Sainte Marie. La jeune femme est sauvée et on se réconcilie. Une autre, infirmière dans un hôpital protestant, mais semblant désirer le baptême catholique, ayant eu maille à partir avec sa belle-mère, prend de la morphine à haute dose... Mère Saint Joseph Calamans appelée, constate qu'il n'y a plus rien à faire, et connaissant les désirs antérieurs de la pauvre égarée, la baptise avec de l'eau boueuse qui se trouvait là. La jeune femme meurt, la belle-mère perd tout à fait la face, si bien qu'elle quitte Zi-ka-wei par nécessité. Le suicide à l'aide des bagues, broches, boucles d'oreilles d'or avalées, sont des plus fréquents : et aussi la mort causée par les passions poussées à l'extrême. Ainsi, pendant le conflit sino-japonais de 1937, une vieille fille de famille aisée loue meublée, avec 2 ou 3 personnes. Mais bientôt le nombre se double, se triple, et la propriétaire mécontente, menace d'envoyer les meubles au Carmel. Une dispute s'engage vers 6 heures, et si violente que la vieille fille tombe d'une congestion, reçoit l'extrême-onction sans connaissance et meurt à 8 heures du soir. Mère Saint Joseph C. avait été appelée, elle donna seulement une piqûre en attendant l'arrivée du docteur, mais tout était fini quand il arriva. A côté des œuvres de Zi-ka-wei qui ont leur siège au Sen-mou-yeu ou au noviciat, comme les catéchuménats, dispensaires etc... il y a les œuvres paroissiales, ainsi la Congrégation des Enfants de Marie qui existe depuis bien des années. CONGREGATION DES ENFANTS DE MARIE DE LA PAROISSE Elle est divisée en deux groupes : les femmes et les jeunes filles. Elles ont chacune leur présidente, leurs conseillères, leurs réunions au Sen-mou-yeu et doivent, le dimanche, assister à la messe paroissiale de 8 heures et au salut de 3 heures. Le samedi à 8 heures, récitation du Petit Office de la Sainte Vierge pour les jeunes filles et le dimanche, après le salut, conférence par la Mère, puis jeux et conversation apostolique. Cette congrégation, florissante en 1938, comptait 42 membres, elle se recrute surtout à l'atelier de broderie du Sen-mou-yeu. Vers l'âge de 30 ans on passe dans le groupe plus âgé. Ce groupe a une conférence le samedi à 8 heures au Sen-mou-yeu. Une fois par mois, le premier samedi, il y a messe et sermon pour les deux congrégations réunies. Il y a aussi une retraite annuelle de 3 jours, avant la fête de l'Annonciation, suivie avec beaucoup d'exactitude et de recueillement. Il y a deux réceptions par an à l'église le 25 Mars et le 1er dimanche de Septembre. La congrégation des dames ou demoiselles âgées a les mêmes cérémonies que les jeunes filles à la paroisse ; mais elles ne récitent pas l'Office en commun, et le samedi à 8 heures, ont une courte conférence de la Mère. REUNION DE LA MERE DE DIEU Parmi les Enfants de Marie de la paroisse se recrute la Réunion de la Mère de Dieu, composée de personnes de familles aisées de Zi-ka-wei. Elles viennent tous les lundis de 1 heure ½ à 4 heures et travaillent pour les églises pauvres, les pauvres. Elles récitent le chapelet et ont une lecture. Parmi ces groupes il y a de véritables apôtres qui, ne se contentent pas des exercices de piété de leur congrégation, font un apostolat fécond dans leur entourage et leurs relations. Par exemple, un jour, une congréganiste vint chercher la Mère pour une veuve païenne qui travaillait chez elle à la journée et qui était très malade. Depuis longtemps la chrétienne avait déjà parlé de religion avec son ouvrière, aussi quand la mère, arrivant, vit l'état grave, et parla de baptême, la malade était toute préparée. Pendant la nuit, deux Enfants de Marie ne la quittèrent pas afin de l'entretenir dans ces bonnes dispositions. Au bout de trois jours, la malade était sauvée, mais les dévouées chrétiennes ne l'abandonnèrent pas. Les cérémonies du baptême furent supplées, l'une d'elles devint marraine, une autre se chargea d'accompagner la néophyte à l'église, de lui faire suivre les cérémonies etc...La nouvelle baptisée ayant de la famille, une Enfant de Marie et sa fille se chargèrent d'enseigner les prières et le catéchisme au petit garçon et aux nièces. Quelques mois plus tard, le beau frère, fervent catéchumène, mourait après avoir été baptisé ; sa fille le fut bientôt. D'autres parents suivirent peu à peu ces bons exemples, et tout ce beau feu est entretenu par les congréganistes. L'habitude très édifiante d'aller prier auprès des morts est assurée avec plein dévouement par la congrégation, et se renouvelle à chaque date anniversaire, selon la coutume, c'est-à-dire le 7ème jour, le 30ème etc... La Présidente des jeunes, en 1938, est très simple, surnaturelle et apostolique. Son attitude, humble met la paix, l'ordre, etc. adoucit tout pour ses compagnes dans la paroisse. Et ce qui est une consolation pour le Seng-mou-yeu, cette jeune présidente est la fille d'une ancienne élève de l'orphelinat, mariée à un orphelin de Tou-sé-wei. Or, en cet humble ménage, le Bon Dieu s'est choisi le fils unique comme prêtre, et sa sœur comme membre influent de l'apostolat de la prière et membre de l'Action Catholique. ACTION CATHOLIQUE FEMININE Fondée le 8 Septembre 1938 Zi- ka-wei, centre de la vie catholique du Vicariat, se devait d'entrer dans les désirs du Souverain Pontife, si recommandés par Monseigneur Zanin, le Légat Apostolique. En 1938, le Père Curé de Zi-ka-wei parla de l'Action Catholique aux congréganistes, et un petit noyau se forma. De 25 à 30 chrétiennes ferventes se firent inscrire. Chaque samedi, après la conférence générale pour les Enfants de Marie, la Mère Saint André garde les membres de l'Action Catholique et leur explique le programme, les devoirs qui leur incombent. Chaque mois elles donnent une cotisation libre pour les travaux, œuvres, etc (en 1937 pour les refuges), laquelle est remise à la trésorière. Le 6ème samedi du mois, messe spéciale à 7 heures par le Père Curé : à 4 heures il les réunit de nouveau pour traiter des occupations apostoliques, des progrès, des difficultés, etc. Pendant la guerre sino-japonaise, ces dames allèrent chaque jour, par groupes de quatre, à un refuge dont elles avaient la responsabilité. REUNION DE NOTRE DAME DU SUFFRAGE Aussitôt que les Mères fondatrices de la mission furent en contact avec la population chrétienne de Zi-ka-wei, elle organisèrent des réunions comme en Europe, pour les femmes du village, d'abord sous le vocable de Saint Claver, puis de Notre Dame du Suffrage. Il y a conférence de Mère Spinola tous les dimanches après le salut. Une cinquantaine de femmes y sont très fidèles. Pour récompenser les plus fidèles, il y une sort de loterie annuelle, un goûter, et les vêtements neufs qu'on peut gagner sont les bienvenus, car les plus nombreux membres de Notre Dame du Suffrage appartiennent aux ouvrières de l'atelier de confection, à la buanderie, etc, et ce n'est certes pas opulent. CADETTES DU CHRIST Sauf la congrégation des Enfants de Marie, les congrégations n'existent plus à l'extérieur comme dans les établissements internes. Les congrégations de Saint Michel et des Saints Anges ont fait place aux Cadettes du Christ qui se recrutent surtout à l'ouvroir de dentelle, entre 15 et 20 ans. Leur réunion n'est pas nombreuse...une quinzaine environ, elle a lieu le dimanche après le salut, sous le nom de patronage. Après la courte conférence, on joue dans la cour ou dans une salle. CROISEES La congrégation du Petit Jésus, elle aussi, est remplacée par la Croisade Eucharistique. Celle de l'orphelinat compte une dizaine de membres et celle de l'école externe une cinquantaine. Elles sont réunies chaque semaine comme celles du pensionnat. On les divise selon leur âge en deux sections, et il y a conférence, ou plutôt pieux dialogue une fois par semaine. Chaque premier vendredi du mois, adoration en commun, sorte d'Heure Sainte, avec les croisées du pensionnat. Messe à la paroisse une fois par mois, célébrée par le Père Directeur de la Croisade. Tous les garçons croisés de Zi-ka-wei y assistent également et il y a sermon. Parmi les petites croisées de Zi-ka-wei, il y a ferveur intense et continue. Cette ferveur s'est encore intensifiée durant la guerre sino-japonaise de 1937. Chaque jour un groupe de 8 ou 10 enfants, portant un insigne spécial, offre tout : prières, règlement bien observé, petits sacrifices, pour la paix. On a une place spéciale à l'église pour la sainte messe, et c'est "l'Apôtre" du groupe et ses compagnes qui dirigent les prières. On se cotise ensuite, réunissant les 10 cents pris sur les goûters et destinés aux réfugiés. Toute les croisées donnent, qui un sou, qui 2 sous, et ont réuni la valeur d'un dollar et quelques sous pour le mardi de Pâques. Alors les chromes du Sacré-Coeur, assez grands, ont été achetés à Tou-sé-wei, et distribués par les croisées à chaque famille, païenne comme chrétienne, en "souvenir du Sen-mou-yeu". Il y a aussi des distributions de bonbons aux enfants. Deux divisions de croisées sont formées d'après leur âge : réunion des petites le samedi, examen dialogué sur la fidélité aux programmes de la semaine, sur "B.A." des chères petites. Le dimanche après le salut c'est le tour des grandes (de 8 à 12 ou 15 ans). Des questions sont écrites au tableau, et les réponses dans un petit cahier ou verbales. Ces petites croisées, sans s'en douter, sont de vraies fleurs de l'Action Catholique, qui plus tard porteront du fuit. Si la famille de l'une d'elles n'est pas fervente, tout le groupe se sacrifie. Si une croisée et absente pour cause de maladie, ses compagnes vont la voir, et si c'est grave, on prévient la Mère Directrice. On est aspirante pendant 6 mois, et il y a conseil réuni pour la réception ; les petites apôtres de chaque groupe donnent très judicieusement leur avis. ECOLE EXTERNE SAINT LOUIS – RETARDATAIRES En Septembre 1936, le Révérend Père Mao, zélé Curé de Zi-ka-wei, demanda aux Auxiliatrices de s'occuper des élèves de l'école externe des garçons qui ont besoin de leçons de catéchisme et d'études de prières pour se préparer à la première communion, les jeunes professeurs de l'école s'attachent surtout à l'instruction générale. Les familles furent très satisfaites de cette innovation, et l'on s'installa dans un quartier très chrétien : "Dang-ka-si". Il y eut bientôt 120 élèves confiés entièrement à une Mère et à 3 Maîtresses sérieuses (4 quand c'est nécessaire. Le jeudi, un groupe d'élèves latinistes du collège (probatorium) vient faire le catéchisme et distribue ensuite le goûter qu'ils sacrifient ce jour là. C'est grande joie à l'école, et le Révérend Père Recteur vient parfois en jouir. Il y a classe de 8 heures ¾ à 11 heures ½, uniquement catéchisme et prières, puis de 1 heure ½ à 4 heures ½. On ajoute alors l'étude modérée des caractères et un peu d'arithmétique. Une règle du Révérend Père est que, après la classe, vers le soir, ces enfants récitent la prière du soir et le chapelet avec les parents, bien qu'on se soit acquitté de ce devoir à l'école. Si on ne le fait pas il y a sanction, et si ce sont les parents qui refusent, le Curé a l'occasion d'aller faire une visite. Ces enfants sont divisés en trois ou quatre groupes, selon leur nombre, et la première communion privée a lieu deux ou trois fois par an. Il y a là aussi grande générosité, car pour se préparer à la première communion et soulager les pauvres, on donne un ou deux sous par jour, tout comme les croisées, et même les plus jeunes, car souvent les mamans confient de petits élèves de 4 ans. ECOLE DES REFUGIES Pendant la guerre de 1937 et le séjour des réfugiés, une autre école s'est formée : quatre heures par jour ; deux le matin et deux l'après-midi ; une quarantaine de fillettes viennent de différents petits refuges de Zi-ké-wei dans une salle externe, et les Présentandines leur font la classe : catéchisme, chinois, arithmétique. Les débuts furent laborieux, car ces enfants étaient de vrais sauvages...Mais bientôt la discipline fut obtenue, et à la fin de Mai 1938, cinq de ces réfugiés furent admises à la première communion. CHAPITRE 10 CONFECTION DES HOSTIES ============ On ne peut quitter le résumé des œuvres extérieures du Sen-mou-yeu, sans dire un mot de la fabrication des hosties. Vers 1910, les Carmélites manquant de personnel, les chrétientés augmentant, et Sa Sainteté Pie X ayant donné un grand élan pour la communion journalière et les premières communions précoces, demande fut faite au Sen-mou-yeu de faire une partie des hosties pour la région de Shanghai et des environs et l'on entra avec joie dans ce nouveau travail. Il devint bientôt très important, et Sœur Thérèse qui s'en occupait donna une impulsion de respectueux dévouement à cette tâche si consolante. Ce n'est pas une œuvre proprement dite, mais un travail qui prouve la vitalité de la dévotion eucharistique dans la mission. Quelques chiffres donneront une idée des communions dans nos centres chrétiens. Lorsque le Sen-mou-yeu prit une partie d'abord, puis la totalité de la succession du travail des Carmélites, une petite salle y fut destinée, mais peu à peu il fallut agrandir, et l'ancienne buanderie du Sen-mou-yeu primitif devint le local organisé pour cette fabrication qui doit être faite avec tant d'attention. Le blé est choisi et moulu au Sen-mou-yeu, le charbon le meilleur est employé. Si Sœur Sainte Thérèse semblait toujours toucher le Corps même de Notre Seigneur, tant son respect était profond, elle laissa son esprit de dévotion aux deux Agrégées et aux personnes qui aident. Au début, il y avait à fournir les maisons des Auxiliatrices, des Petites Soeurs des Pauvres, Tong-ka-dou (la paroisse la plus nombreuse), Zi-ka-wei, Zo-sé qui avait le record au mois de Mai et 8 autres paroisses ou procures. En 1918, d'autres paroisses ou districts, séminaires et collèges, s'adressèrent au Sen-mou-yeu, et le total des hosties, à la fin de l'année atteignit 1 106 835. Le nombre progressa encore, et en 1937, malgré les troubles, le licenciement des élèves etc... Il y eut 1 544 260 hosties distribuées, toujours avec les paroisse de Tong-ka-dou et Hong-Kew en tête. En 1930 on arriva à 2 millions et demi. L'année 1936-1937, fut la plus féconde (Juin à Juin) grâce à la Croisade Eucharistique des enfants et à quelques nouvelles paroisses : Sainte Thérèse de l'Enfant Jésus, Notre Dame de la Paix, surtout Saint Pierre situé près de l'Aurore en un beau quartier où les familles européennes voient venir parmi elles s'installer les familles chinoises. Il y eut un total de 3 303 940 hosties. La guerre arriva en Août 1937, ruinant plusieurs chrétientés, détruisant bien des églises. En 1938, à part Saint Pierre, il y eut diminution, car les paroisses de Tong-ka-dou, Hong-kew, Notre Dame de la Paix et les si belles chrétientés du Pou-tong furent abandonnées ; de même l'Hospice Saint Joseph qui ne garda que quelques malades pour un temps ; l'hôpital du Sacré Coeur au Yang-tsé-pou, l'établissement des Pères Salésiens durent être évacués ; le collège Saint François Xavier de même, surtout pendant trois mois. Il est vrai que réfugiés et nouveaux catéchumènes étaient nombreux et faisaient un peu compensation. Nous ne donnerons pour exemple que les chiffres de la paroisse de Zi-ka-wei, exercice 1937-38 : messes célébrées (donc grandes hosties) 16 600 ; communions distribuées 498 000 ; et cela sans compter les centres religieux environnants : séminaires, orphelinat de Tou-sé-wei, Seng-mou-yeu etc... Les clients, outre les grandes paroisses et centre cités, appartiennent à toutes les congrégations missionnaires : Missions Etrangères, Augustiniens, Pères du Verbe Divin, de Scheut, Franciscains, Salésiens, Frères Maristes, Frères de la Charité, etc. et les religieuses : Sacré Coeur, Bon Pasteur, Filles de la Charité, de Loreto, Soeurs de Saint Colomban, Mary-Knoll etc. etc. Chaque vendredi ou samedi les boites arrivent avec le billet indiquant le nombre des hosties désirées, et quelle consolation pour le Seng-mou-yeu, de fournir le pain eucharistique qui doit bientôt habiter dans tous ces cœurs qui veulent l'adorer, le servir et le faire connaître ! ... CHAPITRE 11 ECOLE ET DISPENSAIRE DE ZAO-OU-KIENG ============ Zao-ou-kieng est un bourg important dans une plaine fertile dont les gros cultivateurs, avec leurs immenses et riches terres, feraient penser à Abraham s'ils n'étaient pas si éloignés de la vraie croyance Une élève de l'école, baptisée, fiancée à un chrétien, et passée au pensionnat chrétien, va y ouvrir la porte aux Auxiliatrices, à l'aide de son Père, le grand Monsieur Zeng, notable de Zao-ou-kieng, facilement éloquent. Il trouve la religion très belle quand à son point de départ, la création du ciel et de la terre le ravit ; "mais, ajoute-t-il, comment voulez-vous qu'on l'aime et qu'on l'embrasse ? Vous finissez toujours vos livres et vos doctrines par la souffrance et sur la Croix"... Aussi pense-t-il que, pour faire un bien moral à Zao-ou-kieng, il faut commencer par s'occuper des corps. A la fin de Juin 1916, Monsieur Zeng demanda au Recteur d'avoir un petit dispensaire chez lui. Après les premiers pourparlers, Mère Louise et Mère de Chantal (puis Mère Saint Firmin) s'y rendirent deux fois par semaine. Dès le premier jour il y eut 20 consultations, mais ce nombre augmenta rapidement, et la petite salle mise à la disposition des Auxiliatrices fut bientôt insuffisante, et de même une salle plus grande. Il fallut, ce premier été, faire les consultations fréquemment en plein air. Il était évident que pareil envahissement finirait par peser à la famille Zeng, et de plus il est bon d'être chez soi... On commença donc à chercher un local. Ce fut long ; mais enfin on découvrit, derrière la rue principale du bourg, une petite maison servant à déposer la paille. La location de ce Bethléem fut conclue à raison de 4 piastres par an. – Un domestique du Seng-mou-yeu vint y mettre un peu de propreté, et le dispensaire fut installé. Les Mères étaient restées deux mois chez Monsieur et Madame Zeng ; plusieurs petits enfants avaient été baptisés, et au ciel, priaient pour leurs bienfaiteurs inconscients. La récompense n'allait pas tarder. A la fin de l'été, Madame Zeng fut prise d'une forte fièvre, et malgré tous les remèdes des médecins et des sorciers, le mal s'aggravait. Les Mères la visitaient souvent, et l'on parlait du Bon Dieu, du baptême... "Je crois en Dieu, répondait Madame Zeng, mais je ne veux pas être la première chrétienne de Zao-ou-kieng. On priait... la fin approchait... la malade conservait toute son intelligence et sa lucidité, et sa volonté énergique. Toute la famille était réunie autour de son lit, et quand les Mères arrivèrent, l'agonie venait de commencer. Tout à coup, la malade s'écria d'une voix forte en élevant les mains : "Mon Dieu ! Mon Dieu ! Aidez-moi... C'était l'heure de la miséricorde... Mère Saint Firmin s'approcha, demanda si elle voulait être baptisée, etc. Son mari, ses enfants l'encourageaient... elle voulait... elle priait... A 4 heures ½ elle était baptisée, et à 8 heures elle expirait dans les bras de sa fille chrétienne, s'efforçant de répéter les invocations suggérées. Le Révérend Père Recteur célébra un service solennel dans l'église de Zi-ka-wei, auquel toute la famille assista en grand deuil. A quelques jours de là, le propriétaire d'une petite maison attenante au dispensaire, la fit réparer pour le mariage de son fils, mais celui-ci tomba malade. Le domestique qui avait préparé le dispensaire et avait fait la connaissance de ce garçon vint le voir, l'instruisit et le baptisa quelques jours avant sa mort. Le pauvre père restait seul et n'avait plus que faire de sa maisonnette. Il offrit aux Mères de la leur louer, et comme elle était fraîchement réparée, la location fut de cinq piastres par an. Il n'y eut qu'à enlever quelques briques du mur mitoyen pour établir la communication avec le dispensaire. Plusieurs mamans désiraient confier aux Mères leurs petites filles, on arrangea en école une des deux pièces acquises, mais il fallait des maîtresses. On commença petitement d'abord, et deux grandes élèves de la Nativité accompagnèrent les Mères les deux jours de dispensaire pour faire une petite classe d'ouvrage, de morale, et un peu d'étude des livres. Les enfants arrivèrent nombreuses, et au jour de l'an chinois, 1917, sur l'instance des parents, deux maîtresses furent installées et on ouvrit une école primaire. Il y eut des examens... des récompenses... D'autre part, Monsieur Zeng qui avait envoyé deux de ses petits fils au Collège Saint Ignace, sentait fort la séparation, et il demanda au Révérend Père Recteur un professeur chrétien, proposant d'inviter de jeunes amis pour étudier avec ses enfants. Deux grands séminaristes iraient le dimanche et le mardi surveiller ce début d'école, faire le cours de morale, et surtout tâcher de prendre contact avec les hommes. Tout cela avec grande prudence, car il ne fallait pas porter ombrage à la grande école de la Pagode. Tout semblait en bon train ; écoles et dispensaire, si bien que Monsieur Zeng offrit un terrain au sud de Zao-ou-kieng pour bâtir une école de filles et le dispensaire. Monseigneur donna l'autorisation, et le bon Père Recteur écrivait : "Marchez de l'avant, et confiance en Saint Joseph". Une souscription fut ouverte, chacun voulait donner quelque chose. Les travaux commencèrent et il y eut un petit oratoire qui, plus tard, s'ouvrant sur une grande salle, pourrait devenir chapelle. Deux classes, un dispensaire, chambre des maîtresse, cuisine et petit jardin potager !...Un terrain assez vaste, tout près de celui de l'école, ayant été mis en vente, Monseigneur permit de l'acheter et envoya 200 dollars. Grand déménagement, tracasseries superstitieuses... mais on va toujours, et l'on trouve une bonne vieille fille qui aida jadis les Présentandines, elle gardera la maison. En août 1918, bénédiction de la maison, précédée d'une petite séance...mais hélas à 2 heures pluie torrentielle !... Foule quand même, et ni le Révérend Père Recteur, ni les Mères Supérieures n'arrivent ! Un billet avertissant que tout le monde est là est envoyé, et la pluie cesse un peu. Vers 4 heures ½, arrivée des autorités. Séance, adresse de reconnaissance aux Pères et à Monsieur Zeng, et bénédiction du local. En 1919, on apprend que l'administration des prisons de Shang-hai a acheté un vaste terrain eu nord de Zao-ou-kieng pour une prison provinciale pour les deux sexes. Ne serait-ce pas un nouveau champ d'apostolat qui va s'ouvrir ? Les classes marchent bien mais il faut arranger le canal qui menace de dégrader le chemin. Le Révérend Père Mao s'en occupe et donne une petite somme, en attendant les aumônes. En 1923, on commence une petite classe d'anglais, car il faut empêcher les grands élèves d'aller dans les écoles païennes de Shanghai. Il y a 63 élèves. Un transfert de cercueils de la famille Seng donne l'idée de célébrer un service aussi solennel que possible. Le Révérend Père Firmin Seng vient célébrer la messe mortuaire et donne l'absoute. Outre cinq Mères et la famille, il y a foule, et les païens sont très impressionnés de voir le culte catholique pour les morts. Cette cérémonie fait grand effet. Le Révérend Père Seng visite ensuite l'école et Monsieur Seng fait une aumône de 50 dollars. Les épreuves ne manquent pas. En Janvier 1925, les soldats occupent l'école à plusieurs reprises et font quelques dégâts ; mais la Sainte Vierge garde la maison. Lorsque les soldats sont là, les classes n'ont pas lieu, et l'on ne peut aller s'occuper du dispensaire ni de la prison, la route étant pleine de soldats qui brigandent nuit et jour. En Septembre la rentrée peut avoir lieu, quoique les élèves soient peu nombreuses. Mais en Octobre, nouveau passage de soldats, un soir vers 7 heures, non loin de l'école. Les ayant aperçus, la vieille domestique fait une niche dans la paille pour y cacher la jeune maîtresse, puis elles disent le chapelet et font vœu de le réciter toute la nuit et la nuit suivante si les soldats n'entrent pas. La nuit se passe dans la plus grande paix. Le matin les soldats partent. La Sainte Vierge a encore gardé son école. Le premier Mars, gros chagrin pour les Mères, Monsieur Zeng qui a été vraiment l'instrument du Bon Dieu pour l'œuvre de Zao-ou-kieng, meurt subitement dans la nuit, sans recevoir le baptême. Le 18 Octobre, nouvelle incursion de soldats. Par prudence, on déménage au Sen-mou-yeu les objets de quelque valeur, les poules, les canards. Lob-Atsi va coucher dans une famille voisine, mais surveille les locaux de l'école. Ecole et dispensaire sont fermés jusqu'au 29. A cette date, les soldats étant partis, les oeuvres reprennent. Elles sont interrompues de nouveau en Janvier 1927, car il y a 10 soldats installés dans l'école jusqu'au 19 ; mais ils sont toujours aux environs. Enfin au mois de Juin, le dispensaire reprend... deux mois assez paisibles... puis le 30 Septembre, un sergent vient annoncer que les Sudistes arrivent le lendemain et occuperont la maison. Le cas étant prévu, les maîtresses font immédiatement partir leurs élèves, et avec elles livres, cahiers, etc, puis elles-mêmes, rassemblent leurs affaires, vont au Sen-mou-yeu. Mère Louise prend aussitôt le chemin de Zao-ou-kieng où Lob-Atsi a déjà rangé tables et bancs à la chapelle ; elle restera dans la maison voisine. A l'heure dite, les soldats arrivent au nombre 200, avec quelques chevaux. La pagode, tous les cimetières des environs sont occupés ; il y aurait dit-on, 7 à 8 mille soldats. Le 21 Octobre, départ des régiments pour Nanking. Pas de dégâts, mais beaucoup à nettoyer, laver, ranger, etc...Le 27, réouverture du dispensaire, mais on attend pour reprendre les classes. En Juillet 1929, plusieurs élèves des environs, mais assez éloignées, ne pouvant continuer leurs études primaires à N-ka-zah dont l'école est fermée, demandent à venir comme internes à Zao-ou-kieng ; on modifie l'arrangement des classes et du dispensaire pour obtenir un dortoir. L'enregistrement gouvernemental ayant été demandé, un délégué du Bureau d'Education vient à Zao-ou-kieng en Décembre, par une pluie abondante... il y a donc peu d'élèves et les chemins sont impraticables... A son retour, le délégué passe au Sen-mou-yeu car il n'y avait pas de Mère à l'école. On le reçoit aimablement, on s'explique. Après ½ heure de conversation, il se retire l'air assez satisfait En 1930, douze pensionnaires, dont plusieurs catéchumènes. Le 19 Décembre, visite rapide mais très intéressante de Notre Très Révérende Mère Générale aux œuvres de Zao-ou-kieng. En août 1931, 43 élèves, 17 pensionnaires. 1932, guerre sino-japonaise... ni classes ni dispensaire jusqu'en Avril. En Juillet, |