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Mort de Mère Emmanuel – 26 Septembre 1895 Le 18 Septembre, Mère Emmanuel, Supérieure du Sen-mou-yeu, fut prise d'une fièvre violente qui parut d'abord céder aux remèdes, mais au bout de peu de jours, les accès revinrent, et la Mère Supérieure de la Mission jugea opportun de faire transporter la malade à Shanhai. Mère Marie Emmanuel quitta donc, le 22 au soir, cette maison du Sen-mou-yeu qu'elle ne devait plus revoir, et où elle s'était dépensé si complètement pour la gloire de Dieu. Le Docteur Reid prodigua ses soins à la bonne Mère, mais bientôt des symptômes alarmants firent craindre une issue fatale. Pendant qu'on multipliait les prières pour obtenir la conservation d'une santé si précieuse, Mère Marie-Emmanuel se préparait avec calme et abandon, à paraître devant Dieu. Le 26, elle reçut l'Extrême Onction et demanda ensuite qu'on suppléât à son accablement en priant en son nom. "Dites à Notre Seigneur que je mets mon coeur dans le sien, que j'unis mes souffrances à sa Passion" Elle aimait surtout qu'on répète auprès d'elle l'invocation tant aimée de Notre Vénérée Mère :"Jésus, joie éternelle des saints, je vous aime !" Peu après minuit, elle exhala, dans la paix du Seigneur, son dernier soupir. Sa mort fut un deuil pour sa famille religieuse, pour les chinoises auprès desquelles elle s'était dévouée si longtemps, et pour toute la mission. 21 religieux (dont douze prêtres) et le Consul de France, assistèrent à ses humbles funérailles. Les lettres des Missionnaires témoignaient de leurs regrets pour la chère Mère Marie-Emmanuel (Marie Wauthier) si douce, si vraie, si accueillante pour tous. "Elle avait placé son coeur plus haut que tout, dans celui de Jésus", écrivait le Révérend Père Rouxel... C'était là aussi, dans ce refuge inaccessible à toute défaillance humaine, que Mère Saint Dominique fixait le sien, en voyant disparaître autour d'elle les plus fermes appuis, et comme les colonnes de l'Institut en Chine. ======================= CHAPITRE IV - p. 65 à 77- MERE SAINT DOMINIQUE SUPERIEURE DU SEN-MOU-YEU ================ Octobre 1895 Le lendemain de la mort de Mère Marie Emmanuel Mère Saint Dominique sentant le désarroi du Sen-mou-yeu, envoyait un télégramme à la Maison Mère : "Nommer Supérieure du Sen-mou-yeu"... et le 1er Octobre la réponse arrivait : "Dominique au Sen-mou-yeu avec noviciat" – Ainsi, par une providentielle destinée, Mère Saint Dominique devait successivement, comme Supérieure, imprimer le cachet de son action et celui de son coeur, à chacune de nos maisons de Chine. Le 2 Octobre, elle passait la dernière nuit à sa chère Sainte Famille, livrant son âme à une confiance indéfectible, et le 3, veille du 1er vendredi du mois, M. Saint Dominique, laissant Mère St Vincent comme Ministre à la petite communauté, se dirigeait vers son nouveau port d'attache sous le rayonnement du Sacré Coeur. Elle entrait au Sen-mou-yeu par la porte à la fois très étroite et très spacieuse de la Croix." (Révérende Mère Ste Christine) Dieu avait des vues de miséricorde, d'apostolat, de transformation, pour le Sen-mou-yeu, et il fallait passer par la Croix pour les accomplir. Les cœurs meurtris reprirent courage et se réjouirent filialement du choix divin. Bien que la chère Supérieure ne voulût pas de fête d'installation, l'on sentait la joie revenir, l'on pressentait que la vie apostolique allait prendre un grand essor. Dès les premiers jours de son arrivée, M. Sainte Dominique visita à fond les établissements, et des améliorations furent projetées ; mais avant tout, il fallait remercier la Sainte Vierge d'avoir conservé la vie à Mère Saint Vital, la dernière atteinte du choléra, et un pèlerinage de prière et de silence fut fait à Notre Dame de Zoé. Une petite grotte fut ensuite installée près de la porterie, et bénite le 8 Décembre. Une ère nouvelle commençait, Mère Saint Dominique voyait et faisait tout en grand, ne s'arrêtait pas, ou peu, aux détails où devaient parfois se débattre les inférieures, elle leur répétait : "Affaire de volonté !" – ou bien : "il faut avoir une volonté déterminée à ce qui coûte !" Mère Sainte Lucie, Maîtresse des novices Le noviciat que Mère Saint Dominique avait fait venir près d'elle à la Sainte Famille, après la mort de Mère Fernandez, fut bientôt de retour au Sen-mou-yeu, Mère Sainte Lucie reprit la charge de Maîtresse des novices, et l'on verra plus tard ce que le bon Dieu fit pour les chères novices par l'entremise de la Mère Supérieure. Ouvroir - 1897 Un regard est nécessaire, à notre époque sur les ouvroirs. Depuis 1887, une modeste réunion d'ouvrières internes avait été établie sous la surveillance de la chère Mère Sainte Ambroise. Les unes, peu nombreuses, huit ou dix, brodaient des ornements et objets de commande : les autres, une trentaine, s'occupaient de la confection des ornements et linge de sacristie, quelques unes de la buanderie. Un missionnaire ayant un jour montré un raccommodage grossier fait en district par une Présentandine, Mère Supérieure entreprit la formation de nos futures Présentandines, et pendant que Sœur Sainte Blandine apprenait à travailler aux novices Présentandines et aux grands élèves du Pensionnat, Sœur de Saint Jean Gabriel fut chargée d'apprendre aux ouvrières le raccommodage soigné. Huit d'entre elles furent choisies, et bientôt il y en eut 34. Mais il était désirable que cet ensemble de travaux manuels devint de plus en plus utile aux missionnaires. De plus, l'avenir des orphelines mariées à des chrétiens de Zi-ka-wei, éveillât les sollicitudes, car plusieurs trouvant du travail dans des filatures païennes de Shanghai, étaient exposées à de grands dangers. Il fallait les grouper au Sen-mou-yeu, en des ateliers dont les diverses branches correspondraient à leurs aptitudes, leur procurant ainsi un milieu tout chrétien, avec l'aisance au foyer. Confection En 1897, fondation d'un atelier de confection pour les vêtements des Missionnaires fut proposé à Monseigneur et n'obtint d'abord qu'une objection sérieuse touchant les coutumes chinoises qui en seraient trop heurtées. Mère Saint Dominique tourna alors la question :"Puisque nous raccommodons le vieux, pourquoi ne ferions-nous pas le neuf !" –Le Vicaire Apostolique sourit mais garda le silence. Cependant, le soir même, un mot de sa main était apporté au Sen-mou-yeu : "J'ai réfléchi, vous pouvez commencer quand voudrez."... on commença, et les années suivantes l'ouvroir fut aussi chargé de bien des articles pour les collèges et écoles. Broderie L'atelier de broderie, très encouragé quelques années plus tôt par Mère Saint Ambroise, se perfectionna à cette époque, par l'arrivée de plusieurs Mères très artistes, qui mirent à profit les talents de broderie chinoise des ouvrières, et bientôt, outre les ornements, on fit de véritables œuvres d'art : paravents, tapis, coussins etc... Exécutés avec une exquise finesse, qui méritèrent plusieurs médailles à diverses Expositions. Un Missionnaire apporta un jour, un ornement d'étoffe très légère, qu'il venait de recevoir de l'étranger, et qu'il jugeait contraire aux usages. La Mère Supérieure, qui constatait combien la transpiration causée par les mois de chaleur abîmait les ornements, s'empara de celui-ci, et, après pourparlers avec le Vicaire Apostolique et autres Supérieurs, obtint que l'on entreprit la confection d'ornements légers ; bientôt les Missions voisines vinrent ajouter leur commande à celles du Kiang-Nan. Dentelle Mais ces innovations ne suffisaient pas pour assurer du travail aux chrétiennes de Zi-Ka-Wei, et à certaines internes envoyées des districts et non propres aux études ou aux gros travaux. On tâtonna longtemps, l'on fit des centaines de mitaines pour les matelots des bâtiments de guerre, des chemises d'homme pour d'autres, enfin, un mouchoir de dentelle donna l'essor à cette œuvre emprisonnée, jusque là, en d'étroites limites. Une dame européenne confia un jour ce mouchoir au Sen-mou-yeu pour en réparer l'usure. Mère Sainte Odile qui avait déjà conseillé de faire apprendre des ouvrages de lingerie fine par une ancienne élève de la Providence, vit là une indication de la Providence, et Mère Saint Dominique y vit poindre une sainte entreprise... l'ouvroir de dentelle naissait...points d'Irlande, Renaissance, Bruxelles, Venise, allaient y fleurir tour à tour entre les doigts de fée des ouvrières, Mère Sainte Odile dirigea l'ouvroir, et les commandes affluèrent. Tricotage : 1901 Mais bientôt l'espace manqua, on construisit un bâtiment pour les dentellières et brodeuses (l'actuelle salle de physique, etc) Quelques années plus tard, l'espace manqua de nouveau.... Nous verrons comment l'on y pourvut. Depuis plusieurs années, les Pères missionnaires étaient en possession d'une machine à tricoter dont personne ne savait le maniement, ils l'offrirent à la Mère Supérieure du Sen-mou-yeu qui la confia à Sœur du Bx Jean Gabriel avec cette consigne : "Ma Sœur, arrangez-vous pour la faire marcher." Patiente, persévérante et forte de son obéissance, la Sœur, pendant de longs jours, s'obstina sur son vieil instrument pour lui donner une âme : démontant, nettoyant, essayant...Enfin "l'huile dans les rouages" triompha une fois de plus des situations trop tendues, et la machine put servir. La Sœur forma des ouvrières, ce qui ne fut pas moins lent et laborieux, car ces braves filles avaient, en plus de la vieille machine, une volonté récalcitrante ou inconstante. La première, à peine initiée, nous quitta pour se marier ; la seconde trouva le travail trop difficile, la troisième et la quatrième, trop dur et trop pénible. Enfin une cinquième, qui n'avait su se poser nulle part, rencontra là sa vie et sa stabilité... Bientôt elle put apporter à la Sœur une jolie paire de chaussettes au point fin et régulier.- Une nouvelle machine (de Suisse) permit la confection des gilets, une autre celle des bas de soie, etc.. Les commandes arrivèrent : pour les Collèges, des costumes de Scouts ; pour la Municipalité des gants ; pour les marins, des tricots et bas de laine ; pour les dames, des jerseys, jaquettes et autres vêtements ; pour les enfants, robes, habits complets, sans oublier les gilets etc. Pour les missionnaires et aussi pour des messieurs chinois et leurs femmes, ravies d'avoir un manteau européen. L'on suffit à peine aux commandes, car ce travail demandant une attention soutenue, on ne peut employer que des ouvrières internes. Ces internes des ouvroirs, presque toutes très jeunes, sont bien préservées par leur vie occupée et font, en général de bons mariage catholiques. – Ces divers ateliers sont aussi un moyen de garder plus longtemps les enfants de Zi-ka-wi à l'école, car les plus grandes sont exercées à la broderie et à la dentelle afin de se préparer à entrer dans les ouvroirs. Construction ateliers - 1906 Bientôt les bâtiments de broderie et dentelle, terminés en 1899 furent insuffisants pour le nombre des ouvrières. De plus, celles-ci étant pour la plupart, externes, et les visites et commandes de la ville étant fréquentes, il convenait que ces ouvroirs ne restassent pas au centre des écoles et orphelinat, et soient établis à proximité des parloirs. En Janvier 1906 (Jubilé de la Société), les premiers plans furent conçus et approuvés par les Supérieurs. Ces plans concernaient un terrain qui, longeant le canal au-delà de la porterie, servait de cimetière à des familles chrétiennes et païennes et déranger les morts fut une grosse affaire qui dura quatre mois. En Avril, un rendez-vous fut donné à deux veuves récalcitrantes, quoique chrétiennes. Le frère d'une Auxiliatrice vint discuter pendant plusieurs heures, et enfin, dans la soirée, le marché fut conclu, moyennant, de grands honneurs à rendre aux Morts... douce clause pour les Auxiliatrices. La journée du lendemain se passa dans l'action de grâce. Plusieurs jours furent consacrés au transport des cercueils qui fut surveillé par les deux veuves, installées au parloir du Sen-mou-yeu. Le 11 Mai, grandissime service à la paroisse de Zi-ka-wei pour les défunts du cimetière cédé, et bénédiction des nouvelles tombes par les Révérends pères : 47 tombes... La journée entière y fut consacrée... les chères âmes du purgatoire avaient vaincu. 1896 Les œuvres extérieures reprenaient vie ou se fondaient après les heures sombres du Calvaire, et nous verrons le développement marqué des œuvres fondamentales, but premier de la venue de la Société en Chine. Notons un doux rayon de soleil en Juin 1896 : les vœux perpétuels de Mère Sainte Marie (Ste Rose de Ste Marie), Portugaise, nièce de la première bienfaitrice de la Maison St Joseph, et de Mère Sainte Joséphine (américaine) premières novices formées à Saint Joseph, ainsi que Mère Sainte Julienne, chinoise. Vœux reçus par Monseigneur Garnier. Mais la Croix est toujours le soutien et la compagne des œuvres divines, et au mois d'août, après une maladie bien longue, Mère Saint Dominique devait partir pour le Japon essayer de remettre une santé ébranlée par les épreuves de ces derniers mois et de toute l'année 1895. L'absence ne sera pas longue : partie le 19 Août, la Mère Supérieure et Mère Sainte Odile, son infirmière dévouée, sont de retour au 10 Septembre. 18ème Arrivée – Décembre – Décembre 1897 Le 8 Décembre fut fêté le jubilé de 25 ans de Chine de Mère Saint Dominique et de Mère Saint Jean, et quelques jours après, arrivait le renfort annoncé après les pertes du choléra. Mère Saint Vital partie alors pour se remettre ramenait plusieurs Mères : Mère Sainte Lidwine – Mère du Bx Louis Coréa – Mère du Bx Edmond Campion – Sœur Jean Gabriel. Mère Saint Lidwine et Sœur du Bx Jean Gabriel restaient au Sen-mou-yeu. Oratoire – 29 Décembre 1896 Une grande consolation allait marquer la fin de cette année ; l'inauguration de l'Oratoire Saint Joseph, où la première messe fut célébrée le 29 Décembre. Au mois de Mai précédent, Monseigneur Garnier avait permis d'avoir une chapelle domestique, les religieuses malades étant privées de la Présence réelle, justement à l'heure de la souffrance et de l'isolement. Promesse fut faite à Saint Joseph, que cet oratoire serait sous son vocable. Il était recueilli, silencieux, élégant même, avec ses vitraux du fond représentant la Sainte Famille, Sainte Gertrude et les âmes du Purgatoire, Saint François Xavier prêchant aux infidèles. Que de générations d'Auxiliatrices ont prié dans ces deux sanctuaires : jusqu'à la grande épreuve de l'incendie de 1929. 19ème Arrivée – Décembre 1898 Mère Saint Simon le Cyrénéen (plus tard fondatrice du Tohély), la seconde Mère Saint Ignace d'Antioche. 20ème Arrivée – Décembre 1899 Mère Sainte Roseline – Mère Sainte Regina – Mère Saint Etienne – Sœur du Rosaire. Mort de : Sœur Saint Michel, novice – 19 Septembre 1897 (Gertrude Sen) Mort de Monseigneur Garnier - 1898 En 1898, une grande perte : la mort de Monseigneur Garnier, affligera le Vicariat, les Auxiliatrices lui devaient beaucoup. – Ses funérailles furent une manifestation spontanée et splendide des unanimes regrets qu'il laissait. Un premier Service eut lieu à l'église Saint joseph et un nombreux cortège recueilli et silencieux, l'accompagna jusqu'au quai de France ; le cercueil fut déposé dans la barque du Prélat, celle qui lui servait dans ses tournées épiscopales. Elle se détacha lentement du rivage toute tendue de noir, comme un catafalque flottant, remorquée par un bateau à vapeur sur lequel les Pères, en surplis, récitaient l'Office des Morts. Il était déjà nuit lorsqu'on arriva en vue de la cathédrale de Tong-ka-dou où les chrétiens escortèrent leur évêque. Juin 1899 – Monseigneur Simon Monseigneur Simon lui succéda en Juin 1899. Il attirait par sa charité et l'aisance simple de son abord, et déjà son rectorat à Zi-k-wei l'avait fait apprécier des Mères du Sen-mou-yeu. Hélas ! Le 11 Août suivant, le nouveau Vicaire Apostolique mourait à Wu-hu (Ou-Hou). – Mais en ces deux mois d'épiscopat, le pieux prélat, comme s'il savait que le temps allait lui échapper, se perpétuait en quelque sorte à son Vicariat, par un mandement consacrant la Mission au Sacré Coeur. |