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patience ... Que de difficultés, de luttes pour les missionnaires : pour y faire venir ... y faire rester... Tout contribue à faire surgir des difficultés : riz, le thé, le bébé de la voisine qui crie, la mémoire rebelle, le démon se sert de tout. Il est une autre forme de catéchuménat : les catéchumènes, réunis par groupes, viennent, plusieurs années de suite, passer un mois ou deux au catéchuménat. Après plusieurs séjours, une grande partie est baptisée. Une troisième forme est usitée au nord et au sud-ouest de notre Vicariat et se pourrait appeler "le catéchuménat externe". A certaines époques où le travail des champs est moins pressé, la Présentandine, accompagnée ordinairement d'une vieille chrétienne, va s'installer chez une famille hospitalière, dans le village que l'on doit évangéliser, et là, catéchismes, conversations instructives se succèdent sans grande interruption... Apostolat plein d'abnégation, mais aussi temps propice pour jeter la semence à pleines mains. Cette dernière forme d'évangélisation est aussi utilisée en divers districts au temps de la mission annuelle, durant laquelle par des catéchismes et instructions, le Père missionnaire rappelle les grandes vérités et ranime la ferveur pour préparer à la confession et à la communion annuelle... pascale, disons-nous ... ici, le Père ne peut visiter toute la mission pour la fête de Pâques. La Présentandine devient alors le Père de quelques jours, va voir les chrétiens, les exhorte, réunit les femmes et les enfants, se rend compte du bien, des petites difficultés, et est alors, pour le missionnaire, une aide précieuse pour remettre dans la paix et le bon chemin les brebis égarées. Orphelinats Dans certains postes, les Présentandines s'occupent aussi des bébés de la Sainte Enfance qui parfois sont nombreux : il faut les soigner, chercher et payer des nourrices... Mais faute de ressources, les orphelinats ne peuvent se développer autant qu'on le voudrait. Les Présentandines vont alors, sous divers prétextes, dans les orphelinats païens, et y font d'abondantes moissons de petits anges. En 1922, lors d'une épidémie, l'une d'elles en a envoyé mille grossir les phalanges angéliques du Paradis... Dispensaires – Visites à domicile De nombreux baptêmes se font aussi grâce aux dispensaires et aux visites à domicile. Certaines Présentandines sont fort habiles et se font une vraie réputation dans les soins qu'elles donnent, surtout le massage des enfants et d'autres malades. Elles vont aussi visiter les familles chrétiennes, rappeler les fêtes.... Le travail est grand, les souffrances et fatigues abondantes, mais Dieu est là, et la Vierge Marie étend sur ses enfants sa main bénissante. La moisson grandit, jaunit... il faut des missionnaires, c'est le cri qui monte de toutes parts vers le ciel. Le repos après le labeur Il y a deux sortes de repos pour nos Présentandines : le repos annuel et le repos définitif. Jusqu'en 1935, durant un mois, il y avait vacances au cher berceau à l'époque de la première lune, et comme il n'y avait alors qu'une maison, les novices étaient très occupées à tout préparer pour leurs Soeurs des districts puis elles-mêmes allaient loger au pensionnat, les élèves étant dans leurs familles. Au jour indiqué par le révérend Père Supérieur, les Présentandines de l'intérieur arrivent reçues à la grande porte du Sen-mou-yeu par la Mère Directrice, un peu anxieuse, car parfois il en manque à l'appel : la maladie, l'épuisement, ont fait des vides. Les grandes se succèdent, on s'installe, heureuses de se retrouver aux récréations. Chacune de raconter les faits saillants de l'année : consolations apostoliques ou épreuves, brigandages... Les conversations s'entrecroisent joyeuses... On ne pense plus aux souffrances, à la fatigue... Tout cela, c'est le bon Dieu qui l'a permis... Ne faut-il pas souffrir pour la formation de ces belles chrétientés ? Les quelques jours de repos s'avancent, voici la retraite... La grande maison devient silencieuse, et une atmosphère de recueillement se répand partout. Puis vient la clôture, présidée par le Vicaire Apostolique assisté du R.P. Supérieur de la Mission. Les novices admises reçoivent la médaille et font leurs promesses que toutes renouvellent. Le moment est solennel ; de tous les cœurs jaillit avec le même élan, la Consécration qui les unit à Notre Seigneur, et renouvelle le dont total d'elles-mêmes à l'apostolat. Encore quelques jours, puis la lecture du status, c'est à dire la nomination à tel ou tel poste. Il y a certains changements tous les ans... La mort, la maladie les occasionnent, mais il y a de nouveaux postes, etc. Toutes sont réunies dans la grande salle. Après le Veni Creator, la lecture du status est faite en présence le la Révérende Mère Vicaire et des Mères chargées de la Présentation : les noms des postes et des Présentandines se déroulent : 207 Présentandines, 36 novices, se divisent les 105 postes dans les 6 Vicariats formés depuis quelques années dans l'ancien Vicariat du Kiang-Nan. Après la lecture, visite au Saint Sacrement ; du fond du coeur, chacune offre vaillamment son sacrifice et son travail pour l'année qui s'ouvre. Alors, ce sont les départs, les caisses, les "pou-kais" (paquet de literie), les paquets et paniers de toutes tailles et de tous genres sont ficelés, étiquetés, placés par catégorie selon la direction à prendre. La veille des départs, le grand et large corridor qui longe la communauté jusqu'à la porterie, est encombré... Premier départ : tous les postes du Nord. Des camions emportent tout vers la gare. Au premier arrêt, à Pengpu, les Présentandines de ce Vicariat descendent pour regagner leurs postes par barques, chars, etc... 2ème arrêt à Süchow, Vicariat des Jésuites canadiens. Second départ sur le grand bateau qui remonte le Fleuve Bleu : 72 Présentandines se dispersent dans les Vicariats de Wuhu, Anking... Restent encore quelques groupes, surtout pour les postes du Sud. La grande maison semble vide. Les novices remettent tout en ordre, et dans deux jours, le noviciat aura repris son règlement ordinaire. Et c'est alors, pour nos chères anciennes de la Présentation, que le repos commence. Le groupe des infirmes, des malades a augmenté, elles ne peuvent plus aller évangéliser les païens, les enfants, mais elles continuent leur apostolat par la prière, la souffrance, le travail pour l'œuvre des Tabernacles. Dans leur grande salle, nous saluons avec respect ces premiers champions de l'apostolat, courbées maintenant par les années et les durs labeurs. Elles prêchent maintenant dans le silence, aux jeunes novices, de suivre la voie tracée. Décembre 1933 A partir de 1933, bien des modifications furent faites, non dans le but et les fondements de la Présentation, mais par les divisions successives du Vicariat, pour répondre aux vues si larges et apostoliques du Souverain Pontife, et aussi en raison de l'enregistrement au Bureau d'Education, de nos grandes écoles. Le travail fourni par les Présentanines pour organiser les règlements, les études, le matériel, etc. fut considérable, et la Mère Directrice fut surprise et édifiée des changements qu'elle put constater en ses visites, car l'usage adopté d'aller voir de temps à autre les postes les moins éloignées a produit les meilleurs résultats, au point de vue de l'union avec les Supérieures, de la docilité et confiance religieuse. Le Vicariat de Kiang-Nan ne porte plus ce nom maintenant, car les subdivisions sont au nombre de 7 : Pour le Kiang-Sou Shang-hai - Jésuites de la Province de France Nankin - Clergé Séculier Hainen - Clergé Séculier Süchow - Jésuites Canadiens Pour Ngan-Hoei Pengpu - Jésuites italiens Wuhu - Jésuites espagnols Angking - Jésuites espagnols Chaque nouveau Vicaire apostolique a appelé une congrégation religieuse de même nationalité, pour les œuvres d'éducation. Les Jésuites espagnols, de Wuhu ont appelé les Soeurs de la Merci, ceux d'Anking, les Filles de Jésus. Les Jésuites italiens ont fait venir les Ursulines de Parme, les canadiens, les Soeurs de l'Immaculée Conception. Toutes ces différentes congrégations ont commencé des Ecoles Apostoliques "de la Nativité" qui, peu à peu donneront des sujets pour les noviciats, permettant ainsi à chaque Vicariat de les former suivant les divers besoins quoique toujours sous les mêmes Règles que la Présentation de Zi-ka-wei qui reste type. Plus tard, la retraite annuelle se fera aussi dans chaque Vicariat, comme c'est déjà commencé à Wuhu. Le Vicariat de Haimen a fondé une congrégation indigène qui, peu à peu remplace les Présentandines. Le Vicariat de Nanking comprend encore 9 postes, Monseigneur Tu-pin ayant été nommé en 1936. Le Bureau d'Education ne permet plus les vacances d'un mois pour la première lune, les bâtiments du pensionnat ne sont donc plus libérés pour recevoir les novices pendant le séjour des Présentandines ; et d'autre part, les Présentandines des grandes écoles devant suivre les règlements officiels ne pouvaient passer au Sen-mou-yeu que quelques jours en hiver. D'un autre côté, les petites écoles et catéchuménats des autres régions, au contraire, sont libres en hiver... Toutes les Présentandines sont très prises durant l'été par les dispensaires, les réparations de linge et ornements de sacristie. La question de la retraite annuelle devait donc se poser. La fixer en été fut reconnu impossible, et les Supérieures de la Mission ainsi que les Mères, s'arrêtèrent à cette combinaison : fixer la retraite pendant les quelques jours de vacances d'hiver des élèves. Toutes les Présentandines arriveraient au Sen-mou-yeu pour assister à la retraite, et celles qui seraient libres resteraient suivant leurs facilités. Celles des grandes écoles reprendraient en été les jours de repos et de vie de famille qu'elles n'auraient pu avoir en hiver. Mais alors, où coucher les novices ? Près de la cuisine et d'une grande salle de réserve, il y avait une vieille maison servant de buanderie et de grenier pour le riz. Le R. Père Supérieur la fit démolir et, à sa place, élever rapidement une maison à deux étages avec grenier mansardé, dans le même style que la maison principale. Tout fut prêt – provisoirement – à temps, et la veille de la retraite, on fêta le jubilé de 60 ans de trois Présentandines très âgées, et celui de 50 ans d'apostolat de trois autres : Messe solennelle, sermon de circonstance, nombreuse assistance des familles. Un grand événement se préparait pour ce jour-là. Il y avait réunion à 11 heures pour offrir des vœux à Monseigneur Haouisée, à l'occasion de son jubilé sacerdotal. Son Excellence profite de cette réunion pour distribuer aux Présentandines le nouveau livre des Règles "Février 1936". Depuis environ deux ans, Monseigneur travaillait à cette nouvelle édition, et ce n'avait pas été sans difficultés, car il fallait garder à la congrégation son but, son caractère propre, avec les moyens approuvés, et de plus, tout conseiller avec les exigences du droit Canon, car Monseigneur désirait faire approuver les Règles à Rome. Au fond, rien de changé, mais une division par chapitres et articles les rend plus claires et plus faciles. La remise des Règles se fit avec grande solennité, Monseigneur, entouré du R. Père Supérieur (R.P. Lefebvre), du R.P. Yang Directeur, de la Révérende Mère Vicaire, des Mères Supérieures et des Mères chargées de la Présentation, remit à chacune des Présentandines, le livre qu'elle recevait à genoux après avoir baisé l'anneau de Monseigneur. C'était très simple et très grand. Ce grand jour affermissait tout le travail du passé, et il nous semblait voir sourire du ciel, notre Vénérée Mère Fondatrice car, n'est-ce pas surtout pour "la Présentation" qu'elle envoya nos premières Mères en Chine, et qu'elle embrassa les sacrifices et les souffrances que cette fondation demandait. A elle nous confions de plus en plus cette œuvre si apostolique, à base d'esprit de foi, d'abnégation et de vie intérieure. Le rayonnement en est toujours croissant, car en plus des Vicariats confiés à la Compagnie de Jésus, des demandes de renseignements sont souvent faites par des Vicaires Apostoliques désireux de former des congrégations similaires. Il y eut, en 1936, un vrai renouveau pour entrer pleinement dans l'esprit des Règles. La retraite se fit comme il avait été convenu, et les arrivées furent très exactes. Son Excellence, Monseigneur Haouisée, voulut bien, comme l'année précédente, donner une conférence sur l'esprit de la congrégation, et une seconde aux Directrices seules. Peu à peu, ces conférences, ainsi que des lectures spéciales, sur les charges, formeront un petit volume. On prépare de la même manière les Règles des Maîtresses d'école. Comme il y a deux ans pour le Vicariat de Wuhu, les Présentandines originaires de Pengpu, devenant en nombre suffisant, en y ajoutant les novices préparées par les ursulines de Parme, la séparation fut décidée, et ce ne fut pas sans émotion qu'après la retraite faite encore cette année au berceau du Sen-mou-yeu, les Présentandines dirent adieu aux Mères et à leurs compagnes, à ce Sen-mou-yeu où elles avaient reçu leur formation scolaire et religieuse. Le sacrifice au départ, fut virilement fait. Donnons quelques exemples de cette simple vaillance de nos apôtres. Dans le Vicariat de Angking, les postes de Hao-chan et de Tsin-Ghio, fermés à la suite des pillages des communistes et de la captivité des Pères Missionnaires, devaient se rouvrir, car les nouveaux chrétiens avaient besoin d'être soutenus et encouragés. Qui mettre ?... Il y eut peu de temps pour la réflexion, car la Présentandine qui avait vu emmener les Pères et qui avait été elle-même prise avec une servante, se présenta sans même avoir l'idée qu'elle put être refusée. "Si on ouvre Hao-Chang, me voici. Je connais tout et je sais où sont les affaires de l'école, car c'est moi qui les ai cachées." – "Bien, mais il vous faut une compagne..."- "Mon ancienne" – L'ancienne interpellée : "Je ne sais pas si le nouveau Père me trouvera assez instruite ?" – "Si vous n'avez pas d'autre objection, partez toutes deux, et réorganisez le poste avec la bénédiction du Bon Dieu." Et maintenant une autre magnifique chrétienté, avec église, écoles, etc ; tout fut pillé, incendié par les communistes. Les Pères et les Présentandines avaient pu se sauver, mais Dieu voulait des victimes. De temps en temps, un jeune missionnaire passait, soutenant la foi et le courage des chrétiens, et disait la messe en une petite chapelle de la caravane. En revenant un matin avec son catéchisme et un domestique, qui portait la caisse de messe, le Père rencontre trois soldats : "D'où venez-vous ?" – "Du Tit-tsu-dan" (église catholique) – trois coups de feu... Le Père et son compagnon roulèrent dans la poussière... la mort avait été instantanée. Deux Présentandines sont nommées pour ce poste : "Nous nous confions dans le sang des Pères". Et elles partent avec confiance. En d'autres Vicariats, c'est l'inondation, la sécheresse, partout la famine... et les Présentandines se nourrissent avec leurs élèves et leurs catéchumènes, de feuille d'arbres, d'un petit pain chinois, parfois d'un peu de riz... Et combien de ces courageuses apôtres vivent ainsi de privations, combien, chaque année, meurent à la peine... mais elles sont toujours prêtes à travailler et à se dévouer pour le bien de la mission. Postes des Présentandines en 1937 Shanghai 28 et le Sen-mou-yeu Anking 19 Haimen 2 Wuhu 4 Directrices Nanking 8 Pengpu 3 Directrices Süchow 18 Total de 207 Présentandines dont 20 âgées ou malades au Sen-mou-yeu 30 Novices aux Sen-mou-yeu et 6 autres en expérimenté dans les postes ============== CHAPITRE 3 ORPHELINAT DE LA SAINTE ENFANCE ================================= Au début de cette histoire, nous avons donné des détails (pages 4, 21 et 32) sur les essais des Pères missionnaires pour grouper les enfants abandonnés, et les chrétientés où des Vierges laïques se dévouaient à cette œuvre. Lorsque la Société des Auxiliatrices se fixa au Sen-mou-yeu, ce fut un des premiers désirs et une grande joie pour la fondatrice de la mission, la Révérende Mère du Sacré Coeur, de voir cette œuvre de la Sainte Enfance, tant aimée de la Révérende Mère de la Providence, être transportée au Sen-mou-yeu et entièrement confiée aux nouvelles missionnaires. Un des nouveaux bâtiments fut destiné aux enfants abandonnés et l'œuvre prit rapidement de l'extension. Il fallut peu à peu lui consacrer un second bâtiment, avoir des dépendances, un dortoir et une salle pour les infirmes, une grande cuisine, etc... Beaucoup de bébés s'en vont rapidement jouer avec les anges, mais beaucoup aussi vivent et grandissent : jeunes filles assez fortes, prêtes au travail et donnant des aides pour les Mères, ou bien destinées au mariage, soit avec des orphelins de Tou-sé-wei; soit avec de braves paysans des environs ou de petits employés de Shanghai. Il y a aussi des enfants que des infirmités précoces n'empêchent pas de vivre, et qui forment la section très aimée que l'on occupe selon les forces et possibilités de l'intelligence, souvent très faibles. Parmi ces infirmes se trouvent plusieurs enfants de 6, 8, et 10 ans, rejetées par leurs parents, et si heureuses de n'être plus maltraitées. En 1878, il y avait de 100 à 150 orphelines ; mais bien souvent, surtout dans les premières années, des épidémies vinrent faire le vide en certaines salles surtout à l'époque des chaleurs. En 1895, en frappant la communauté où quatre victimes de choléra furent choisies, le bon Dieu sembla épargner les enfants, et l'année suivante, jusqu'au 10 Août, il n'y eut de décès que parmi les bébés et les bonnes vieilles. Mais au soir de ce jour, une fillette de 14 ans se sentit malade, et le lendemain matin on aperçut tous les symptômes du choléra. Des remèdes chinois n'obtenant aucun résultat, le R.P. Ministre fut appelé et la chère petite fit de grand coeur le sacrifice de sa vie ;"Je désire aller au ciel" disait-elle. Cependant, les heures s'écoulaient et la malade vivait toujours ; mais deux de ses compagnes étaient prises, et les autres très effrayées. Or, durant toute la matinée, Notre Dame de Lourdes avait été invoquée, et apprenant les deux nouveaux cas, Mère Saint Dominique, Supérieure, promit à la Sainte Vierge que, si la guérison était obtenue, un groupe d'orphelines irait en pèlerinage à Zo-sé, et elle dit à Mère du Bx Pierre Claver, Directrice de l'orphelinat. "Allez donner à toutes une cuillère d'eau de Lourdes" – " |