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La sculpture européenne reste médiévale au XVe sauf en Italie. Intro. (d’après G. Duby «Intro : Le flamboiement du gothique 1400-1530 » dans « La Sculpture ». Comment fixer la fin du MA ? Alors que l’Italie du début du XVe entre dans la Renaissance, la France et l’Europe du Nord restent profondément médiévales, gothiques. La sculpture reste un art majeur, d’abord religieux, et s’affirme dans les retables polychromes en bois qui ornent les autels de scènes du Nouveau testament « jouées » aussi sur les parvis par les confréries religieuses pour enseigner le peuple. La perspective, le trompe l’œil, la couleur sont mis à contribution pour rechercher l’effet. Pourtant, des traits nouveaux sont à souligner en relation avec de nouvelles attitudes religieuses : besoin des fidèles, favorisé par les prédications des Frères Mendiants, de voir dans le détail et de façon réaliste (parfois crue) le déroulement du récit christique : enfance, passion, résurrection, jugement dernier. Les artistes répondent à cette demande en recherchant toujours plus à surprendre, à plaire, à émouvoir. A ce changement répond un autre, essentiel : l’œuvre d’art gagne en mobilité par lé réduction du format. Elle devient objet d’appropriation individuelle. Dégagé petit à petit des contraintes collectives, l’individu se tourne vers une piété intérieure, privée, une dévotion moderne plus intime dans l’imitation du Christ. La sculpture s’adapte à cette nouvelle fonction en ornant de plus en plus l’espace privé : palais, chapelle, tombeau. Quiconque avait les moyens, se ménageait les services de clercs, élevait un autel privé, aménageait un lieu où prier en compagnie des siens en y déposant si possible quelques reliques, enfin en plaçant des images censées favoriser la rencontre avec le divin. Les rois avaient imité Charlemagne (Chapelle palatine à Aix) en élevant des chapelles royales, désormais les riches nobles imitent les rois. Fonder une chapelle dans son palais,dans le bas-côté d’une cathédrale ou d’une église urbaine, manifestait une réussite sociale. La sculpture s’associait à l’orfèvrerie et à la peinture pour la décoration. La chapelle funéraire rassemblait les tombes de la lignée pour la mémoire et pour le salut de leurs âmes. Les prédicateurs rappelaient le risque des punitions promises aux pêcheurs et que le purgatoire pouvait être abrégé par les prières des vivants. Chaque riche qui songeait à ses derniers jours, s’assurait des prières de religieux jusqu‘à la fin des temps, engageait un sculpteur ou laissait à ses héritiers (la veuve en particulier car le souci des morts était féminin) de quoi construire un tombeau. Le gisant rappelle l’éclat des parades funèbres où le roi défunt posé sur le catafalque était paré des attributs de sa richesse et de sa puissance, était offert au regard des de ceux qui portaient son deuil. Petit à petit, les visages deviennent des portraits. Les contrats avec les sculpteurs stipulent qu’une cohorte de pleurants serait placée sur la mausolée avec les saints médiateurs de la Vierge. Parfois ces monuments sont aussi imposants que les plus grands retables. Les derniers chefs d’œuvre de la sculpture médiévale se trouvent non pas dans les palais des souverains mais à Champmoll ou à Brou dans des nécropoles que les vivants visitaient afin de se rappeler de la vanité des choses terrestres, en compagnie des religieux les plus austères avant d’y venir eux-mêmes dormir à leur tour. Sluter s’inscrit dans le contexte du gothique international. Unité de langage artistique en Europe : Italie du Nord, Espagne, Angleterre, France, Bohême ou Hongrie grâce au déplacement des artistes et des œuvres, aux aspirations communes de princes et de leur entourage. Caractères communs : souplesse, élégance, finesse, silhouettes et draperies ondoyantes, gestes délicats, détails descriptifs, pittoresques, parfois familiers. L’art religieux s’humanise et parallèlement les sujets profanes se développent. - belles madones ![]() http://www.ckrumlov.cz/obr/mesto/soucas/2589b.jpg La ferveur du culte rendu à la Vierge s’exprime dans ces innombrables statues de Vierges à l’enfant dont la beauté physique traduit la beauté spirituelle. Ici un des exemples les plus parfaits la belle Madone de krumplov en calcaire polychrome (Prague) aujourd’hui au Kunsthistoriches Museum de Vienne datant de 1400. Délicatesse du visage, long cou ployé, doigts effilés qui s’enfoncent dans la chair de l’enfant. Silhouette irréelle, sinueuse, manteau aux plus volumineux et abondants tombant tout en souplesse jusqu’au sol. Nouvelle plasticité , recherche d’effets tridimensionnels. Cette version douce du gothique international est caractéristique des pays germaniques et de l’Europe centrale. L’iconographie au tournant du XIVe siècle s’enrichit grâce aux nouvelles formes de dévotion : Vierge à l’enfant sur le croissant de lune, enveloppée du soleil, couronnée d’étoiles (Vierge de l’Apocalypse). L’annonciation enrichie de détails domestiques se propage dans le Rhin moyen avec les deux personnages de l’épisode représentés avec juvénilité et joliesse. Les écrits mystiques multiplient les élans de tendresse pour la Vierge et son Enfant mais invitent aussi les croyants à la pitié pour les souffrances du Christ dépeintes avec des détails pathétiques voire horribles. -> Contexte politique en Bourgogne. Philippe le Hardi (courageux à la bataille de Poitiers) , fils de Jean le Bon (Valois) Pontoise et est le quatrième fils du roi Jean II de France (dit Jean le Bon) et de Bonne de Luxembourg. Il reçoit le duché de Bourgogne en apanage en 1363 de son père et épouse en 1369 Marguerite III de Flandre, veuve du précédent duc de Bourgogne Philippe Ier de Bourgogne décédé prématurément sans descendance à l'âge de 15 ans, et se trouve ainsi à la tête des deux principautés quand son beau-père le comte Louis II de Flandre (dit Louis II de Male) meurt en 1384. Il meurt à Hal (Belgique actuelle) le 27 avril 1404. Prince au sens politique aigu lègue à son fils Jean sans Peur des caisses vides et une obligation de démagogie s'il veut garder un parti. Jean sans Peur son successeur, né en 1371, succède à son père à la mort de celui-ci en 1404 devient duc de Bourgogne et à la mort de sa mère Marguerite en 1405, comte de Flandre et d'Artois. À trente-trois ans, c'est alors un homme mûr, expérimenté et considéré. Il entre ensuite en conflit avec les Armagnacs pour la mainmise sur la couronne de France (« Guerre civile » entre Bourguignons et Armagnacs) Jean sans peur est assassiné en 1419 par quelques hommes de main des Armagnacs à l'occasion d'une entrevue avec le dauphin à Montereau-Fault-Yonne près de Paris. On prétend que son cadavre, laissé un temps à l'abandon, fut à moitié dévoré par les loups. Contexte social, mentalités. Saints 1391 duchesse placés en 1393. Marguerite voulait plutôt reposer à Courtrai auprès de son père Louis comte de Flandre. -> symbolique : les ducs -> attachés à la France, aux Flandres et à la Bourgogne. Chaque prince disposait d’un personnel clérical à son service : confesseur, chapelain, aumônier… La Chapelle ducale : messe tous les jours pour le duc, le personnel suivait le duc dans ses déplacements, La piété des princes : messes, fastes lors des grandes fêtes, messes à la mémoires des parents, pèlerinages, dons eux œuvres et aux ordres à commencer par les chartreux. Les princesses (Marguerite de Flandre) : offrandes, pèlerinages, fondations, commandes artistiques, dons p. ex des dizaines de kilos de cire à des monastères -> recherche de la puissance thaumaturgique de reliques et de l’intercession des saints. L’ordre des Chartreux. Les Chartreux : ordre contemplatif, très stricte, originaire des environs de Grenoble (massif de la Chartreuse). Tendu vers Dieu seul, le moine chartreux mène une vie contemplative à l'écart du monde et de toute activité pastorale, caritative ou intellectuelle autre que la prière et ce qui y conduit. Cet ordre est un des plus austères : les religieux observent une clôture perpétuelle, un silence presque absolu, de fréquents jeûnes et l'abstinence entière de viande; ils portent une robe de drap blanc, serrée avec une ceinture de cuir, et un scapulaire avec capuce du même drap, appelé cuculle. Ils portent toujours le cilice maintenu à la taille par une corde appelée lombar. Les membres sont soit prêtres ou destinés à le devenir, soit laïcs. Les ducs soutiennent activement tous les ordres religieux. La chartreuse de Champmoll : http://rubens.anu.edu.au/raid1cdroms/france/dijon/chartreuse/index.html Fondée par Philippe le hardi, impressionne plus par la concentration d’artistes majeurs et l’ampleur de son programme artistique que par sa taille : 24 moines seulement ; 1500 livres de rentes annuelles. Jean sans peur est plus intéressé par le politique. Les commandes artistiques deviennent des prières œuvres pies. La table du tombeau remplace les messes et les Chartreux pleurants la prière de vivants. !! Acte de fondation : 1385 après acquisition et agrandissement du terrain. En l’honneur de la Trinité. Projet extrêmement coûteux pour un prince réputé fou de dépenses. Monument parmi les plus importants du MA tardif . Nombreux documents : abondance de comptes rendus quotidiens des travaux. Structure administrative complexe, véritable bureaucratie tatillonne : des milliers de pages de CR. L’œuvre fût le résultat d’un plan d’ensemble. Les sculpteurs et autres artistes faisaient partie de la grande bourgeoisie (travailler pour le duc : facteur d’ascension sociale). Le Portail de la chapelle. « Un joyau à pendre au cou d’une cathédrale ». Commencé par Jean de Marville mort en 1389 avant l’arrivée de Claus Sluter. Cinq statues sont placées sur des consoles et sous des dais. Absence de tympan ; Soubassements non sont pas attribués avec certitude : ils figurent des prophètes et des philosophes. Chapmpmoll fut bâti pour servir de tombeau à la famille ducale. Le portail est consacré à la Vierge Marie, intercesseur du genre humain auprès de son fils Jésus, le juge. Le couple princier , grandeur nature, situé aux ébrasements du portail, est agenouillé et adresse ses prières à la reine du ciel et à son fils dressés au trumeau. Le duc est présenté par St Jean Baptiste (qui n’est pas sont saint patron), l’anachorète, un saint très apprécié des Chartreux, mais aussi protecteur de la France, de Jean le Bon de Valois père de Philippe (celui du premier portrait connu en France) qui régnait à ce moment en France (besoin pour Philippe de montrer son appartenance à la famille royale ?). Marguerite choisit Sainte Catherine à laquelle son père Louis de Mal, comte de Flandre, avait consacré la chapelle des comtes à Courtrai où il reposait. Cette triple symbolique, politique, familiale et religieuse (Chartreux) vise à montrer le rang, mais aussi la piété individuelle des fondateurs. Jean de Marville commence la construction du portail vers 1384. Philippe lui demande de s’inspirer de l’église des Célestins construite par Charles V, vers 1365-70, dans l’enceinte de son palais de Saint Paul à Paris et au portail de laquelle il figurait avec la reine Jeanne de Bourbon. Sluter arrive en 1389. Il achève les baldaquins, sculpte la statue de la Vierge dans un esprit de tension jamais vu en France. L’ébrasement du portail a été élargi après la visite du duc en 1390 et la décision d’ajouter les saints (achevés en 1391). De nouveaux dais ont été sculptés mais ajoutés plus tard. Sluter innove dans l’occupation de l’espace du portail par des figures amples et animées loin des traditions « statiques » de l’époque visibles sur la gravure ci-dessus. Il sculpte pendant plusieurs années un extraordinaire dais, avec des éléments d’architecture nervures, arcs-boutants-pinacles qui évoquent la Jérusalem céleste. Il couvrait la Vierge et faisait le lien avec les donateurs agenouillés mais qui a disparu. Le dais actuel date du XIXe et imite les dais des statues de l’embrasure. Contexte artistique : Sluter s’inspire des chapelles royales parisiennes et des monuments funéraires courtois de la 2e moitié du XIVe s. ![]() ici : le portail de l’église des célestins à Paris. Vers 1365-1370. Voir aussi les statues de Charles et de Jeanne qui ornaient probablement une des portes du palais royal. http://www.insecula.com/oeuvre/O0000310.html Dans les Flandres, on plaçait des effigies de fondateurs agenouillés au portail de certains édifices (églises), sur des panneaux d’épitaphe les défunts étant accompagnés de leurs saints protecteurs. Le réalisme est caractéristique du style des monuments funéraires de Jean de Liège comme la tombe de Philippe de Hainaut, reine d’Angleterre à l’abbaye de Westminster. Ce sculpteur, maître de l’art funéraire dans les Flandres, arrive à Paris en 1361. Dès 1364 il travaille pour le roi à la « grande vis » (grand escalier du Louvre) chargé en particulier des statues du roi et de la reine. Il exécute le tombeau du cœur du roi Charles V dans la cathédrale de Rouen. Il taille les gisants des entrailles de Charles IV le Bel et Jeanne d’Evreux pour l’abbaye de Maubuisson. Voir aussi : http://www.insecula.com/oeuvre/O0000323.html Son style s’y révèle dans le modelé des visages et des mains, dans le rythme nuancé des tissus.Son chef d’oeuvre est le buste de Marie de France au Metropolitan museum of Art ; détaché du gisant à la révolution caractérisé par le sourire, le regard et les petits points d’ombre au coin des yeux. André Beauneveu domine aux côtés de Jean de Liège la sculpture de la France du Nord au XIVe siècle. Lui aussi travaille pour le roi Charles V qui le considère comme son « aimé Andrieu Biauneveu, nostre ymager » et dont il sculpte le monument funéraire pour Saint Denis (seul le gisant subsiste) et d’autres tombeaux de la famille royale. Le roi en tenue de sacre vêtu de deux tuniques et d’un manteau. Ses pieds reposaient sur deux lions. L’art de Beauneveu se remarque dans la maîtrise du marbre sculpté d’après modèle vivant (âge du roi : 27 ans même s’il apparaît plus âgé). Emprunt de naturalisme et de réalisme (veines de la main) il s’éloigne du maniérisme courtois. Le contexte artistique français de la 2e moitié du XIVe siècle est donc marqué par une véritable explosion des commandes sur le modèle royal : duc de Berry à Bourges, duc de Bourgogne à Dijon, comte des Flandres. Le raffinement du style courtois apparaît par exemple dans la tête d’ange de Jean de Cambrai, autre grand sculpteur de l’époque, provenant du palais des ducs de Berry exposé au Musée de Berry à Bourges (1e ¼ du XVe s.) ![]() Puits de Moïse Au milieu du cloître – fontaine hexagonale au centre de laquelle -> haut pilier lui aussi hexagonal couronné par un crucifix au pied duquel Marie et Marie Madeleine qui ont disparu comme la crucifix au XVIIIe (groupe détruit à la révolution. Fragments retrouvés dans le puits). C’est une pile hexagonale qui culmine à 7 mètres et dont la base baignait dans un bassin alimenté par la nappe phréatique. La partie supérieure délimitée par un larmier en bas et par une large corniche en haut sous une terrasse enrochée (Golgotha) surmonte une architecture de niches au remplage trilobé, encadrées par des colonnettes à chapiteaux feuillagés amortis par des anges en saillie. Six statues monumentales en ronde bosse prennent place devant chaque niche surmontant une inscription qui les désigne. Ce sont six prophètes de l’Ancien Testament qui reposent sur des consoles à motifs végétaux tous différents. Sluter innove en combinant calvaire et fontaine en un seul monument. Traces de polychromie -> comme les retables sculptés de l’époque. Figure du Christ -> grandeur nature. Elle a été sauvée mais seul le buste et l’extrémité des jambes subsistent. 1395-1404. -> irrigation du verger et croix de cimetière ; Début XVe : des Indulgences étaient offertes à ceux qui viendraient prier et faire des dons au couvent. Iconographie : http://dijoon.free.fr/text-puits.htm Concordance typologique de l’Ancien et du N. Testament. (c’est à dire que certains épisodes de l’Ancien testament préfigurent ceux du Nouveau. La typologie procède de ce même esprit. Lire la Bible, ce sera donc s'exercer à mettre des liens. En l'occurrence : entre l'Ancien et le Nouveau Testament. Une scène de l'Ancien Testament est la préfiguration (en latin typus, d'où "typologie") d'un événement du Nouveau Testament. Les citations des prophètes renvoient toutes à la Passion du Christ. Les anges déplorent cet inexorable destin qui s’accomplit avec la Crucifixion. Jean Malouel, Grande pietà ronde vers 1400, peinture sur bois musée du Louvre vers 1400. Similitude avec les anges du puits : nombre de six, gestuelle, visages presque enfantins ? pas d’équivalent connu. Peut-être inspiration de pièces d’orfèvrerie. Il s’agit sûrement d’une interprétation personnelle du sculpteur de la ferveur religieuse. Les prophètes ont des attitudes de méditation dans une sorte de confrontation individuelle avec la Passion, que les fidèles doivent imiter. ![]() Source iconographique : imitation du Christ. Prophètes en méditation : comme le fidèle sur la Passion du Christ, c’est une confrontation individuelle avec la Passion -> ordre des Chartreux (isolement des moines). Croix au centre du cloître : symboliquement centre de la vie des moines. Style des figures : individualisation extrême, gestuelle, physionomie, soin du détail (peau de flasque de Zacharie, parcheminée de Isaïe). La figure de Moïse extraordinaire de puissance à la grandeur surhumaine comme les autres Prophètes de l’Ancien Testament annonciateurs de la Passion. Réalisme puissant avec soin dans la ronde bosse dans le tracé généreux des contours, soin aux drapés ordonnés en lignes parallèles, entailles profondes jeux d’ombres et de lumière, accroissent la tension. Vus en contre-plongée -> élargis au fur et à mesure vers le haut _> point culminant du réalisme -> les visages tour à tour méditatifs , inspirés, courroucés. Le réalisme était accentué par des détails (besicles du prophète Jérémie, cordes de la harpe de David, polychromie aujourd’hui disparue. Le Christ (fragments): Tête surdimensionnée car il était au sommet du calvaire. La croix était dorée. Marie Madeleine enlaçait la croix, Marie avait les bras sur la poitrine. Sluter montre une fois encore son extraordinaire faculté à rendre la Vérité du corps et de l’âme : travail sur le desséchement de la peau du visage, goûtes de sang ruisselant jusqu’au jambes. Expression pathétique d’un Christ profondément humain. Claus de Werve a réalisé les autres personnages vers 1401-1402. Voir aussi l’article de la tribune de l’Art sur la restauration du puits de Moïse. Les tombeaux des ducs Claus Sluter, Claus de Werve, Jean de Marville. Marbre noir et blanc et albâtre, en partie polychromes et dorés. H : 2m43, L D,54, Pr 3,60 m. Un des plus somptueux et des plus novateurs du MA, vandalisé en 1793, il a été restauré entre 1819 et 1824. Gisant : les yeux ouverts, Commandé par Philippe le Hardi en 1381. Inachevé à la mort de Sluter en 1406 (seuls deux pleurants étaient réalisés), il sera achevé par son neveu Claus de Werve. Le peintre Jean Malouel réalise la polychromie. Placé dans le chœur de la chapelle de Champmoll, aujourd’hui exposé au palais ducal. Élément le plus célèbre : les pleurants en albâtre. Ces derniers sont conçus non pas comme des reliefs juxtaposés mais comme de véritables figures autonomes qui circulent sous une galerie d’arcatures dans des attitudes diverses : aspergeant le corps, enfants de chœur, porte-croix, chantres, Chartreux, membres de la famille ducale tous dans des manteaux de deuil. Les visages sont caractérisés mais pas de portrait. La nouveauté ce ne sont donc pas les pleurants (depuis Saint Denis au XIIIe) mais le soubassement sous forme de galerie de cloître, leur nombre (40), leurs attitudes (tous expriment de façon extraordinaire leur douleur à un voisin ou par l’éloquence de leurs drapés). ainsi que les deux extraordinaires anges agenouillés sur la dalle qui veillent au chevet du duc. Ce dernier est réellement allongé (≠ Charles V : représenté comme s’il était debout). Autres particularités : or, dimensions imposantes (duc or de portée du regard), polychromie… La question de l’attribution : C’est Marville qui lance le projet en 1384. En 1389, Sluter prend le relais, commande de l’albâtre, un nouveau marbre noir plus grand…En 1404 le duc meurt seuls deux pleurants sont réalisés. En 1406 le neveu de Sluter lui succède après sa mort. Il entreprend la sculpture du gisant, des deux anges et de la plupart des pleurants. Mais on peut supposer qu’il a réalisé l’œuvre selon les plans de son oncle. Comme pour le portail de la chapelle, celui-ci avait amplifié le programme. La galerie, la conception générale du tombeau sont certainement de Sluter. Un exemple extraordinaire de l’art de Sluter : l’intérieur du casque du duc tenu par les deux anges est d’une précision incroyable dont la conception ne peut pas être attribuée à de Werve. En revanche, son style moins tendu, plus tendre et plus souple s’exprime sur les deux anges d’une éblouissante grâce. Conclusion. L’extraordinaire talent de Sluter ne se limite pas au « réalisme » comme on souvent dit. La nouveauté de son art dépasse largement cette idée. Aucun équivalent de son art n’a pu être trouvé dans la sculpture bruxelloise ou hollandaise.Malgré sa présence dans d’autres chantiers (p. ex celui d’André de Beauneveu dans le Berry) aucun écho particulier d'artistes contemporains n’est retrouvé dans ses œuvres conservées. Cependant, il s’inscrit dans les tendances du début du XVe : goût pour les figures dynamiques, volumes amples déployés dans l’espace, drapés souples et épais, visages expressifs et individualisés. |
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