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Cette édition électronique a été réalisée par Diane Brunet, bénévole, à partir de : Jean-Charlemagne Bracq (1853-1934) L’évolution du Canada français. Montréal : Librairie Beauchemin ltée. Paris : Librairie Plon, 1927, 457 pp. Cet ouvrage m’a été chaleureusement recommandé et prêté par mon ami historien – hors les murs de l’Université- de Chicoutimi, Russel Bouchard, qui nous a autorisé à diffuser quelques-uns de ses travaux de recherche. Polices de caractères utilisée : Pour le texte: Times, 12 points. Pour les citations : Times 10 points. Pour les notes de bas de page : Times, 10 points. Édition électronique réalisée avec le traitement de textes Microsoft Word 2004 pour Macintosh. Mise en page sur papier format LETTRE (US letter), 8.5’’ x 11’’) Édition complétée le 6 mai 2005 à Chicoutimi, Ville de Saguenay, Québec. Édition revue et corrigée le 3 novembre 2006. ![]() Table des matières Préface Chapitre I. La France et la Nouvelle-France Chapitre II. La Formation théocratique du Canada Chapitre III. Causes économiques de la suprématie anglo-canadienne Chapitre IV. Débuts du régime britannique Chapitre V. Le soulèvement de 1837 Chapitre VI. L'autonomie. - La Fontaine et Cartier Chapitre VII. Cartier, Laurier et la Confédération Chapitre VIII. Le gouvernement de la province de Québec Chapitre IX. L'œuvre anglaise et son influence Chapitre X. L'interprétation anglo-française Chapitre XI. La vie rurale canadienne Chapitre XII. Expansion de la vie canadienne Chapitre XIII. Le développement de l'agriculture Chapitre XIV. Le développement industriel et commercial Chapitre XV. L'évolution de la vie religieuse Chapitre XVI. L'éducation populaire Chapitre XVII. L'enseignement supérieur Chapitre XVIII. L'élite canadienne Chapitre XIX. La littérature canadienne Chapitre XX. La littérature historique au Canada Chapitre XXI. Les poètes canadiens Chapitre XXII. L'art canadien Chapitre XXIII. La philanthropie canadienne Chapitre XXIV. Les Canadiens vus par les Britanniques Bibliographie Jean-Charlemagne Bracq (1853-1934) L’évolution du Canada français. ![]() Montréal : Librairie Beauchemin ltée. Paris : Librairie Plon, 1927, 457 pp. À SIR ARTHUR CURRIE, qui délivra Cambrai avec ses héroïques Canadiens, ce livre est dédié par un Canadien reconnaissant. L'évolution du canada français Préface Retour à la table des matières Ce livre n'a pas été écrit pour les Français. Pendant longtemps, l'auteur, connaissant peu les Canadiens, fut, à un moment donné, autant frappé par leur belle histoire et leur vie intéressante, que par les dires injustes de leurs rivaux. On appuyait sur leur ignorance, leur nature inculte, leur société routinière. On leur reprochait de nombreux défauts et, surtout, de marquer le pas dans l'impétueuse et fébrile Amérique du Nord. Pour barrer la route à ces préjugés, il se livra à une étude suivie de leurs infortunes historiques, leurs luttes pour le droit, plus tard, leurs amicales prises de contact avec les fils des conquérants, leur interpénétration, leur idéal politique et sa réalisation dans les faits. Il fut émerveillé par leur développement général et leur magnifique vitalité. Moins de dix mille Français ont émigré au Canada. Longtemps affaiblis par les guerres indiennes, décimés par leurs luttes avec Albion, lors de la cession du pays à l'Angleterre, leur population ne se montait qu'à soixante-cinq mille habitants. Depuis lors, au Canada et aux États-Unis, multipliés plus de soixante fois, ils sont représentés par plus de quatre millions de descendants. À ces hommes il a conservé le nom de « Canadiens », appellation originale, que l'Angleterre leur a reconnue pendant longtemps et par laquelle, les Amherst, les Murray, les Dorchester et les Durham les désignaient. « Canadien-Français » est un nom pléonastique, long et lourd. Si les Anglo-Canadiens eux-mêmes s'appellent Canadians, Canadiens, pourquoi les fils du sol ne conserveraient-ils pas un nom nimbé d'associations historiques incomparables ? L'auteur s'en est tenu à la province française, tout en ne sous-estimant pas les autres. Il n'a fait que toucher à la période précédant la conquête, en donnant certaines indications brèves, sans en faire l'histoire. Il s'est confiné à leur condition sous le régime britannique. Il a cherché un peu partout ce qui peut révéler leur vie et leur milieu. Il a visité non seulement les régions du Saint-Laurent, mais aussi les grands centres de la Confédération canadienne, où il y a des îlots importants de leur population. Il les a même rencontrés sur les bords de l'Océan Pacifique avec leurs traits traditionnels. Aux États-Unis, il a constaté un fléchissement vers la vie du pays, mais bien que l'ambiance américaine les ait souvent désaxés, ils y offrent une résistance sérieuse à l'assimilation de la grande République. On a généralement l'impression qu'un protestant ne peut étudier les catholiques qu'à contre-jour, et qu'il lui est difficile de pénétrer dans leur âme. L'auteur, tout en étant fidèle à ses convictions, a fait son possible pour arriver à une constatation objective des faits. Il a visité leurs écoles, leurs universités, leurs institutions religieuses et philanthropiques, s'efforçant de comprendre le clergé et son rôle dans l'organisme sociologique canadien, dont ils sont réellement l'armature. Son contact avec les ordres monastiques l'a mis en position de mieux saisir les ressorts spirituels si puissants de leur vaste service. Il a une grande admiration pour leurs éducateurs, leurs prêtres et leurs prélats qu'il a vus à l'œuvre, chrétiens distingués par leur abnégation, et dont l'esprit continue à s'infuser dans le peuple. À ses yeux, loin d'être, comme on les a si souvent caractérisés, une aristocratie qui domine la multitude, c'est plutôt une aile qui la sert. Il a aussi fait usage de tous les documents qui lui étaient accessibles. Son travail étant destiné aux Anglo-Saxons, il a beaucoup puisé aux sources anglaises, sans négliger les documents canadiens. Avec peu d'exceptions, il a lu les ouvrages importants des deux peuples. Il a particulièrement fait état des livres nombreux de voyageurs britanniques qui, pendant le premier siècle du régime actuel, ont visité la province française, voyageurs mieux informés, et plus impartiaux, que les colons anglais, engagés dans les luttes violentes du temps. Il a fait usage des écrits nombreux d'où ressortent clairement les grandes lignes de l'histoire canadienne. Elle lui a révélé la beauté morale de ces hommes délaissés, et même oubliés, par la France, obtenant par leur caractère les droits du fameux Quebec Act qu'ils eurent plus tard à reconquérir. Dégagés des nécessités qui leur furent imposées, ils ont fait de tels progrès, que les anciens clichés, sur leur ignorance, ne pouvant résister aux démentis des faits, sont tombés d'eux-mêmes. La plus haute sélection anglo-canadienne en est arrivée à leur faire un crédit croissant et à apprécier leur valeur exceptionnelle dans la Confédération. C'est l'un de leurs fils qui, l'année dernière, présidait les séances de la Société des Nations à Genève. Certains critiques - même Canadiens - se sont plu à affirmer que le livre, résultat de ces études, est trop optimiste. L'auteur avait devant lui un fond de préjugés sur lequel il dut mettre en relief des Canadiens authentiques. En parlant d'eux, il a adopté la tonalité morale des Anglo-Saxons, lorsqu'ils parlent d'eux-mêmes - c'est la bonne - ils ont surtout l'œil sur leur excellence. D'autre part, il lance le défi le plus absolu, à qui que ce soit, d'indiquer une ligne de son livre qui soit un hommage de complaisance. On lui a aussi reproché un usage outré de citations. Désirant convaincre l'opposition anti-canadienne de ses erreurs, il s'est servi des dépositions d'écrivains de haute valeur et a mobilisé une « nuée de témoins », dont les attestations sont irrésistiblement convaincantes. On a aussi signalé le fait qu'il passe sous silence la minorité protestante française à laquelle il se rattache, mais, aussi, il s'est tu relativement aux compatriotes de Jésus, les Israélites, qui sont beaucoup plus nombreux. Il s'en est tenu aux grands traits des descendants de la France dont il a revendiqué la valeur et les progrès. Son livre anglais devait être le terme de ses travaux. Il n'a écrit dans sa langue maternelle que la Question de Terre-Neuve d'après des sources anglaises, œuvre dont M. Delcassé s'est servi pour régler cette difficulté internationale. Aux premières suggestions qui lui furent faites d'une édition française de son livre, il répondit par un non énergique. La persévérance de ses amis canadiens - ils en ont beaucoup - le fit graduellement fléchir, et l'amena enfin à répondre à leurs désirs. Le problème était difficile. Transformer un ouvrage anglais, pensé en anglais, écrit au diapason littéraire anglais, au service d'un but pratique anglais, en faire un ouvrage français, était une tâche malaisée à laquelle il ne se flatte pas d'avoir réussi. Il a eu la collaboration partielle de plusieurs traducteurs, dont il corrigea et souvent refit la version, lui conférant une forme imparfaite, mais la sienne. Il a corrigé quelques erreurs dans son ouvrage qu'on lui a signalées, et plusieurs parties du livre ont été refaites et condensées. Il a trouvé un aide aussi infatigable que dévoué dans la personne de M. Émilien Daoust, président de la librairie Beauchemin de Montréal. Sans lui, ce livre, soit dans sa forme anglaise, soit dans sa forme française, n'eût jamais vu le jour. Bien des personnes l'ont secondé dans l'ensemble de son travail. Une mention spéciale s'impose pour M. Auguste Dorchain qui a lu le texte français. Ses observations nombreuses et précieuses ont été mises à profit. M. le sénateur Eugène Réveillaud, grand ami de Laurier et des Canadiens dont il a écrit une histoire, a aussi prêté son concours. Le capitaine Ramette, des troupes de Coblence, critique littéraire de l'Écho du Rhin, lui a donné une assistance notable. À ces messieurs, et à beaucoup d'autres, il est incapable d'exprimer son entière reconnaissance. L'auteur a voulu, par-dessus tout, mettre sous son jour réel ce que sont devenus les enfants de la France au Canada, leur expansion et leur survivance comme peuple, leur résistance sage et forte aux forces assimilatrices anglo-saxonnes, leur mise en valeur et l'élan économique du pays, leur production d'hommes religieux, leurs politiques éminents, leur sentiment national plus fort que les passions de partis, leur réserve d'une belle jeunesse pour l'avenir, le développement de l'éducation et leur formation intellectuelle, les tendances des esprits supérieurs, leur riche gamme de sentiments et leur modernisation, leurs travaux littéraires et artistiques, leur vie heureuse et joyeuse dans un milieu utilitaire, montrant que le bonheur ne consiste pas dans ce que l'on a, mais dans ce que l'on est. Il a insisté sur la constance de leurs objectifs français, généreux, doux et humanitaires. Ces hommes sont dignes de prendre une place d'honneur dans la « plus grande France », dont ils ont la langue, la pensée et les idéals. Guidés par un clergé dévoué et une élite politique, ils voient s'ouvrir devant eux les perspectives de plus grandes choses. Leur développement, lent dans le passé, est maintenant remarquable. Leur histoire, à certaines heures, a eu le caractère d'une épopée, constamment un grand intérêt poétique et humain, toujours des leçons, pour nous, qu'il importe de méditer. L'évolution du canada français Chapitre I La France et la Nouvelle-France Retour à la table des matières La génération disparue il y a un quart de siècle fut profondément influencée par les écrits du comte Joseph de Gobineau 1, diplomate et penseur français, qui façonna les idées ethnologiques répandues alors parmi les « intellectuels ». Selon lui, la race joue le rôle déterminant dans l'évolution du caractère des peuples, et parmi ceux-ci, il donna aux compatriotes de Bismarck la première place. Accueillies par l'Allemagne avec enthousiasme, et propagées par ce pays, ces doctrines furent bientôt acceptées aux États-Unis, où John Fiske fut un de leurs principaux avocats, comme les Arnold en Angleterre et Taine en France. Le « gobinisme » devint une mode littéraire, un engouement mondial. Il dure encore, quoique ses premiers adeptes ne soient plus. S'inspirant de ces théories, Macaulay, comme beaucoup d'autres, en conclut que les peuples germaniques sont protestants et les Celtes catholiques. Il rendait ainsi la religion et l'ethnologie inséparables. Une telle affirmation ne parait guère plausible, quand on réfléchit que l'Allemagne est catholique dans la proportion de 36 Pour 100, que les zones françaises les plus protestantes sont les moins germaniques et que les cantons suisses, où l'on parle français, sont ceux où la Réforme a le plus pénétré. C'est d'après cette théorie que de nombreux écrivains, souvent gobinistes sans le savoir, ont voulu caractériser le Canada et classer les Canadiens. Ils oublient que les groupements qu'ils appellent races sont tous polygéniques et que, d'après Renan, les Hébreux ne font pas exception à cette règle 1. À noter d'ailleurs que les populations des deux côtés de la Manche, avec leurs éléments germaniques, sont composés d'éléments semblables, variés de façons analogues et dans des proportions identiques 2. Ils ne parlent pas moins des Canadiens, britanniques et français, comme de deux races en contact, mais inaltérables, irréductibles ; ils regardent les deux langues, les deux religions, comme éternellement séparées par un fatalisme ethnique. Le mot « race » a été abandonné, depuis lors, par la plupart des ethnologues sérieux tandis qu'au Canada les hommes publics s'en servent encore sans mesure. Ils parlent de la « race anglaise », de la « race française », de la « race canadienne », de la « race irlandaise », de la « race écossaise », de la « race québecquoise », et Benjamin Sulte n'hésite même pas devant la « race trifluvienne », pour désigner les habitants des Trois Rivières. Avec ces concepts tranchants et absolus, on ignore le fait du rapprochement inévitable et de la pénétration mutuelle des deux peuples du Canada, depuis la cession en 1763. Suivant ces |
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