Docteur ès lettres, docteur en droit







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p. 103.d'un demi-siècle, » dit Mr Peter Mc Arthur, « il fit partie de l'activité politique, fut une figure saillante du Parlement pendant quarante-six années ; chef du parti libéral pendant trente ans et premier ministre pendant quinze ans 5. » Jamais la mort d'un Canadien n'inspira de plus profonds regrets, parmi ses amis, alliés et même ses adversaires politiques.
L'esprit et la morale de l'homme ressortent, avec un relief singulier, d'un fragment d'une allocution aux jeunes libéraux de l'Ouest de l'Ontario : « Quant à vous qui êtes aujourd'hui sur le seuil de la vie... je vous rappellerai que de nombreux problèmes surgissent devant nous ; problèmes de divisions de races, problèmes de divergences religieuses, problèmes de conflits économiques, problèmes de devoir national et d'aspirations patriotiques. Permettez-moi de vous dire que, pour la solution de ces problèmes, vous avez un guide sûr, une lumière infaillible, si vous vous souvenez que la foi est préférable au doute, et que l'amour vaut mieux que la haine... Bannissez de votre vie le doute et la haine. Que vos âmes soient toujours ouvertes aux fortes inspirations de la foi et à la noble influence de l'amour fraternel ! Soyez inflexibles envers les superbes, mais doux envers les faibles ! Que votre but et votre intention, quoi qu'on en puisse dire, dans la victoire ou la défaite, soient de vivre, de combattre, et de servir de façon à élever l'idéal de la vie vers les cimes les plus hautes et les meilleures 6. » Paroles dignes des plus grands moralistes de notre temps !
Laurier fit sentir son influence, dans la province française, d'une façon délicate et y appuya les tendances progressistes. Il fut l'ami et le sage conseiller des hommes au pouvoir. Son prestige et ses succès fortifièrent les ressorts moraux de ses compatriotes. D'autre part, il récolta les fruits de leur sagesse. Il mit à profit quelques-unes de leurs leçons. Sonidéalisme et sa distinction de tenue lui venaient des siens, sises idées lui venaient d'ailleurs, surtout de son esprit, si hospitalier aux leçons venues de partout. Ses principes ne différaient guère de ceux des Mercier, des sir Lomer Gouin et des Taschereau. Il put toujours compter sur la loyauté et le dévouement des sénateurs David, Beique et Dandurand, sans parler du président des Communes, Rodolphe Lemieux, etd'autres - qui furent pour lui des éléments de force. Le vénérable sénateur David fut particulièrement son collaborateur et son biographe. Ottawa comme Québec fit une politique sage et tranquille. Les fils de la province Laurentienne mirent en valeur leurs dons politiques dans les deux Parlements. L'expérience de la province française et sa solution pratique de problèmes complexes et sensément irréalisables, fut de haute valeur pour le pays. La prévoyante sagesse canadienne devint précieuse dans la capitale. Elle maintint l'esprit public sur un plan solide et élevé.
Il est temps de parler du gouvernement de Québec.


L'évolution du canada français

Chapitre VIII
Le gouvernement
de la province de Québec


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L'autonomie de la province de Québec, arrachée de haute lutte, fut, dans la Fédération du Canada, un retour à la vie nationale, souvent menacée et deux fois interrompue, mais sans solution absolue de continuité. Moins individualistes que leurs vainqueurs, les Canadiens formaient des groupes dont la forte union morale devint la base de leur politique. Alors que les commerçants anglais s'efforçaient de les priver de tous leurs droits, ils se tenaient étroitement unis. Leur isolement les porta à rechercher la collaboration et la protection du clergé. Quand on les empêchait de bénéficier de la loi française, d'avocats et de juges français, ils réglaient leurs différends par l'arbitrage 1. Forcés par leur conviction d'éviter les écoles britanniques, qui à leurs yeux étaient un moyen de les angliciser et de les faire protestants, ils fondèrent leurs propres écoles. En restant fidèles à eux-mêmes, ils montrèrent une supériorité qui devait leur assurer la victoire. Venus de bonne heure à la conscience de leurs droits constitutionnels, ils les réclamèrent inlassablement. Quoique les masses fussent ignorantes comme celles des autres provinces, l'élite chez eux était plus avancée. Leur force provenait du traitement déloyal qui les forçait virtuellement à vivre dans une république morale. Tout acte agressif et de coercition des vainqueurs fut, en fin de compte, mis à profit. Lord North avait dit dans le parlement anglais : « Je suis sûr qu'aucun évêque ne se trouvera là-bas sous l'autorité du pape 1. » L'évêque Plessis eut de grandes difficultés à se faire reconnaître comme tel. Il commença par demander que son titre fût : surintendant de l'Église catholique de Québec, puis évêque catholique de Québec 2, titre qui lui fut finalement concédé. Quand les autorités s'opposèrent à l'établissement d'évêques coadjuteurs, on les appela suffragants et auxiliaires de l'évêque de Québec 3. Grâce à la constance et au tact des prélats, il n'est point d'épiscopat au monde qui soit plus absolument soumis au Vatican. Il possède maintenant pour le Canada entier un cardinal, cinq archevêques et plus de vingt évêques titulaires.
On ne consulta point - nous l'avons vu - les Canadiens pour leur constitution de 1791 ni pour leur union avec les Ontarioniens, ni pour la Fédération ; mais, grâce à l'usage intelligent de leurs droits constitutionnels et à la sagesse de leurs hommes d'État, ils obtinrent leur propre gouvernement. Ils auraient pu dire comme Ribot : « Nous sommes redevenus les maîtres de l'initiative. » Sans réglementation à outrance, ils devinrent un des peuples les plus libres de la terre, avec des institutions telles que le peuple les voulait. Sous l'Union, leurs chefs avaient acquis une éducation précieuse, éducation qui les orienta dans leurs assemblées provinciales, vu qu'au début les représentants pouvaient être membres des deux parlements, à Québec et à Ottawa. Cartier fit beaucoup pour introduire, comme il convenait, l'ordre nouveau parmi son peuple. Bien que cette double représentation ait été abandonnée plus tard, elle fut féconde au début. L'objectif fédéral était de placer les lois et les institutions de la province en dehors de toute atteinte d'influences extérieures.
La constitution et le Parlement britannique sont de tels chefs-d'œuvre d'art et de science politique qu'ils ont servi de modèles à la plupart des institutions libérales du monde. La constitution de la province de Québec est presque une miniature de celle d'Ottawa, qui se modèle sur celle de Westminster. Comme l'organisation nationale du Canada, celle des Canadiens a un gouvernement autonome, sauf que le lieutenant-gouverneur est nommé par le gouverneur général en conseil 4. De même, le Conseil législatif, ou Chambre haute, est choisi par le lieutenant-gouverneur en conseil. L'Assemblée législative, la Chambre populaire, est, en fait, élue par le suffrage universel, et constitue un corps très intelligent et honnête. Ces deux organisations siègent au Palais du Parlement, où, selon Mr Beckles Willson, « la vie des vivants se mêle à la gloire des morts ». Les deux corps législatifs ont copié les anciens usages du Parlement britannique, et font honneur à la fois au droit français et au droit anglais. Chose étrange, ainsi s'est trouvé réalisé d'heureuse façon le projet de lord North, lorsque, dans la discussion du Quebec Act, il disait : « Je ne veux pas affirmer qu'il soit désirable de donner aux Canadiens une constitution à tous égards semblable à celle de la Grande-Bretagne, mais j'espère ardemment qu'ils jouiront autant de nos lois et de notre constitution qu'il peut être profitable pour leur pays et sans danger pour le nôtre 5. »
Leur parlement a eu ses orages. L'un d'eux a été le coup d'État du lieu tenant-gouverneur Letellier de Saint-Just et son inique renvoi par sir John Macdonald qui montra à cette occasion une irréductible intransigeance de partisan. Un autre fut le scandale du ministre Cauchon, pécuniairement intéressé à la gestion de l'asile des aliénés de Beauport, d'où il avait tiré un revenu d'environ $ 15 000 par an. Il y eut des accusations formulées contre Mercier par son adversaire, relativement au chemin de fer de la Baie des Chaleurs ; il s'agissait d'une prétendue corruption qui, selon Laurier, n'avait pas été prouvée 1, et que M. Charles Langelier a montré, d'une façon concluante, n'avoir pas existé 2. Sans doute il y eut une connexité fatale d'esprits prévenus dans ces débats, mais les irrégularités ont été plus fréquentes que les pratiques de corruption. Du reste, les Anglo-Canadiens peuvent-ils leur jeter la pierre ? Dans l'ensemble, l'idéal du bien public est élevé et l'état politique satisfaisant. Cartier avait coutume de dire que le parlement canadien était supérieur à celui de l'Ontario  3. Ses ministres sont actifs, mais on ne trouve pas dans leurs bureaux l'ardeur fiévreuse et impétueuse des États de la grande république du Sud ; en revanche, on y rencontre la politesse canadienne et son urbanité traditionnelle. Un trait frappant de l'organisation, c'est que l'œuvre de l'éducation n'est point tant celle d'un ministère que d'une administration détachée et tenue à l'écart des accidents et des fluctuations de la politique 4. Cet important sujet est étudié d'autre part. Après l'Église, qui partout laisse une empreinte si puissante sur l'esprit de la province, le gouvernement, avec sa politique d'ensemble, est le grand moteur de toutes les activités tendant à conserver et à développer la vie du pays avec le minimum de friction historique et ethnique. La croissante intelligence du peuple agit dans le même sens. Le rendement de la machine politique est de beaucoup supérieur à celui de certaines autres provinces et États voisins.
Ici, la direction politique, à l'inverse des autres provinces, est entre les mains des Canadiens qui ont l'élan et le nombre. L'élément anglais a été peu à peu submergé, mais ses droits sont respectés, même avec une courtoisie et un tact que les minorités françaises ne trouvent pas dans les autres parties du pays. En 1807, M. Hart, un israélite, fut expulsé de l'Assemblée, comme il l'eût été du Parlement de Londres ; mais, en 1832, les juifs obtinrent leurs droits politiques, et ce ne fut qu'un quart de siècle plus tard que l'Angleterre fit disparaître son ostracisme à leur égard. Des juifs ont fréquemment été élus par les Canadiens. Dans l'intervalle, des Anglo-Canadiens ont occupé des situations importantes dans le Cabinet, et toujours ils ont eu la direction de l'éducation anglaise. Si l'on admet, comme l'affirme lord Acton, que « la pierre de touche de la liberté est la somme de sécurité dont jouissent les minorités », la plénitude des droits reconnus des Anglo-Canadiens est indiscutable. Il y a vingt ans, John Morley, si vivement impressionné par ce qu'il vit, dit : « Québec aurait pu nous montrer comment régler la question irlandaise 5. »
Le premier président du Conseil de la province, P.-J.-O. Chauveau, était aristocrate d'esprit, poète, orateur, homme éminent. Son talent politique n'était pas de premier ordre, mais il influença beaucoup le Parlement, dont l'une des plus frappantes caractéristiques était un faible pour la rhétorique et un penchant prononcé pour les lettres. Ce trait n'a pas entièrement disparu de la vie parlementaire. Robert Christie nous assure que « l'Assemblée du Bas-Canada se composait invariablement de protecteurs généreux de la littérature, des sciences, de la diffusion du savoir et des arts » 1. On trouve fréquemment des allusions classiques et une certaine ferveur de culture dans leurs débats. Ces tendances, qui ont été fortement modifiées, présentent des dangers. À ses débuts dans le Parlement de Québec, Laurier, rendant injustement Chauveau responsable de l'émigration de ses compatriotes aux États-Unis, représentait cinquante mille Canadiens robustes formant une lente colonne ininterrompue en marche vers l'exil, qui s'écriaient à la manière des Romains : Ave, migraturi te salutant  2. « Adieu, ceux qui partent pour l'exil te saluent. » La fantaisie de l'imagination au lieu de faits ; le jeu excessif des antithèses, des métaphores, de l'hyperbole, ont leur emploi légitime dans la littérature, mais ils peuvent être dangereux au Parlement.
Il est possible que leurs façons raffinées n'aient pas toujours servi les meilleurs intérêts de la province. On nous rapporte que sir Henry Joly et Chauveau, de partis différents, rivalisaient de courtoisie. Sir Henry s'excusait, ou à peu près, quand il attaquait Chauveau et celui-ci lui répondait fort cérémonieusement 3. Cependant les exigences de la tactique parlementaire imposaient fréquemment une action stratégique. Les deux partis ayant à compter avec leur majorité fuyante, lorsqu'un ou deux membres étaient absents, l'opposition tentait de faire l'assaut du ministère et mettre l'administration en minorité : un jour un membre de l'Assemblée partit de Montréal, en train spécial, afin d'arriver à temps pour le vote 4. En attendant, c'était l'obstruction. Une fois, tandis que M. T.-G. Marchand retenait ses auditeurs, le président céda sa place au doyen du Parlement, sans que l'obstructionniste le remarquât. Quand il s'aperçut du changement, il dit spirituellement : « Je ne croyais pas, monsieur le Président, avoir parlé si longtemps. Quand j'ai commencé, vous étiez un jeune homme ; maintenant, j'ai devant moi un vieillard vénérable à barbe blanche. » Le président, du tac an tac, répondit  : « On vieillit vite à entendre de tels débats » 5. Parmi les successeurs de Chauveau, fut sir Adolphe Chapleau, conservateur, lui aussi. Enfant du peuple, non seulement il dirigea le gouvernement de Québec, mais il occupa d'importants postes fédéraux et devint lieutenant-gouverneur, position qu'il occupa de 1892 à 1898. Homme d'une apparence et d'une force impressionnantes, il avait une parole simple, mais irrésistible, avec laquelle il dominait les masses. Cet art compte plus ici que dans aucune autre partie du Nord de l'Amérique. On peut facilement émouvoir les Canadiens par la force de l'éloquence, et celle de Chapleau était de l'ordre le plus élevé comme le plus retentissant. Par moments, il semait ses discours de généralisations qui avaient une frappante saveur poétique. Ayant réussi à fonder, à Montréal, le Crédit franco-canadien avec un capital français, voici comme il en tirait gloire : « Nous avons réussi à donner du sentiment au capital 1. » Après le coup d'État du lieutenant-gouverneur Letellier, voulant indiquer que les paroles de ce personnage n'avaient pas d'importance, il s'écriait : « Faites taire la voix de Spencer Wood 2 et laissez parler la voix du peuple 3. » Quelques ombres planent sur le tableau de son administration, mais il fit progresser la province, et tourna l'attention du peuple vers les travaux publics.
Honoré Mercier, président libéral du Conseil, joua un rôle fécond et bienfaisant. Il alla un peu partout, au pas de charge. Le grand et important service qu'il rendit fut le règlement de la propriété des jésuites, qui, pendant longtemps, avait été une sorte d'enjeu des fonctionnaires britanniques et qu'on évaluait à plus de $ 2 000 000 4. Pour ses droits, l'Ordre fameux reçut $ 400 000 d'indemnité. Ceci mit un terme à l'emploi que faisaient de ce fonds ceux qui en avaient la garde, comme aux réclamations irritantes des catholiques et de la Société de Jésus. On peut ne pas approuver le principe selon lequel catholiques et protestants en bénéficièrent, mais au point de vue de la paix intérieure, ce fut un compromis heureux, de même que la liquidation des réserves du clergé protestant dans le Haut-Canada. Mercier fut le premier à soutenir le projet de construction du pont de Québec dont il comprit tout de suite l'importance. Il sentit le besoin criant de moyens de communication, routes et ponts ; il abolit les chemins à péage, et assura cent arpents de terre aux pères de douze enfants vivants 5. Par sa visite en France, il contribua au rapprochement de ce pays et du Canada 6. Infatigable, plein de ressources, d'aperçus pratiques, son passage à la présidence du Conseil a beaucoup contribué au développement de Québec. Tandis que les « 
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