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Comment l’imaginaire va supplanter la réalitéPouvoir garder la mémoire et l’espoir vivant(e) et transformer quelque chose d’horrible en quelque chose de beau. -Chant de l’honneur de Guillaume Apollinaire (Mathilde) Poème La Voix Une voix, une voix qui vient de si loin Qu'elle ne fait plus tinter les oreilles, Une voix, comme un tambour, voilée Parvient pourtant, distinctement, jusqu'à nous. Bien qu'elle semble sortir d'un tombeau Elle ne parle que d'été et de printemps. Elle emplit le corps de joie, Elle allume aux lèvres le sourire. Je l'écoute. Ce n'est qu'une voix humaine Qui traverse les fracas de la vie et des batailles, L'écroulement du tonnerre et le murmure des bavardages. Et vous ? Ne l'entendez-vous pas ? Elle dit "La peine sera de courte durée" Elle dit "La belle saison est proche." Ne l'entendez-vous pas ? Robert Desnos - Contrée (1936-1940) La Voix est un poème de Robert Desnos qui a été écrit pendant la seconde guerre mondiale. En effet, ce poète était résistant pendant cette guerre et il paya du prix de sa vie son engagement dans les forces de la résistance. Ce poème nous propose d’ailleurs un appel vibrant à la résistance. L’article « La » du titre nous laisse supposer que la voix dont il est question ici est bien connue de tous, comme une évidence. Le poète s’arrange pour présenter la voix avec un caractère énigmatique et mystérieux, d’autant plus qu’elle paraît singulière et seule. Les trois premières strophes se présentent comme un dévoilement progressif sous forme d’énigme. La voix et son destinataire sont séparés comme l’indique le terme « loin ». De plus, cette voix est présentée comme un murmure, « elle ne fait plus teinter les oreilles », elle est « voilée ». La voix est présentée comme tenue mais elle n’est pas synonyme de faiblesse. Elle apparaît comme une force agissante mais elle est évoquée de façon très allusive et mystérieuse. Le champ lexical de la guerre est peu développé mais présent, et cette voix est sans doute celle de la résistance, d’autant plus que l’auteur l’ « écoute ». On connaît le rôle du poète pendant la guerre et l’hésitation n’est plus permise. On pourrait même aller jusqu’à parler de la voix lointaine du général de Gaulle, cette interprétation est envisageable. Grâce à cette voix, Robert Desnos délivre lui aussi un appel à la résistance. La voix de Desnos prend pour nous un aspect d’autant plus fort et pathétique que l’on sait comment il paya très cher cet acte de courage. Ce poème très émouvant part d’un fait réel : l’appel du général de Gaulle du 18 juin 1940 de Londres. Il l’a sûrement entendue à la radio et il a décidé de la mettre en poème en racontant comment il l’a entendue. La voix a une double signification puisqu’elle peut appartenir au général de Gaulle mais aussi à celle de la résistance et donc de Robert Desnos, l’auteur, qui appelle lui aussi au combat aux côtés du général de Gaulle. Ce poème totalement imaginaire a donc pour but de faire passer un message qui lui est de l’ordre de la réalité, mais à travers un poème qui lui est de l’ordre de l’imagination. ![]() Photographie de l’appel du général de Gaulle, le 18 juin 1940, à Londres, (comité Valmy). « La Guerre » d’Otto Dix, 1929-1932 « La Guerre » est un triptyque d’Otto Dix, c’est-à-dire une œuvre peinte sur trois panneaux en bois que l’on peut replier. Cette œuvre, faite d’huile sur contreplaqué, a été peinte entre 1929 et 1932, et mesure 2.64 x 3.08 mètres. Ce format était principalement utilisé au XIème et XIIème siècle pour les peintures religieuses. La techique utilisée était elle aussi utilisée pour des tableaux religieux puisqu’il s’agit de la tempera (technique ancienne ajoutant à la peinture à l’eau un agglutinant à bas d’émulsion d’œuf). Elle est exposée à la galerie Gemäldegalderie Neue Meister de Dresde. Né en 1891 en Allemagne, Otto Dix s’est engagé dans l’armée allemande au début de la première guerre mondiale. Il devient mitrailleur et combat en France notamment durant la bataille de la Somme. Il restera traumatisé à vie par les horreurs de la guerre dont il a été témoin. Il décidera de peindre les horreurs de la guerre, notamment des « gueules cassées », les infirmes estropiés par la guerre. Ses peintures abordent souvent des thèmes lugubres comme la mort, la vieillesse, la prostitution et la violence. Pour lui, la guerre c’est « Des poux, des rats, des barbelés, des puces, des grenades, des bombes, des trous d’obus, des cadavres, du sang, de l’eau-de-vie, des souris, des chats, des gaz, des canons, de la boue, des balles, des tirs de mortiers, du feu, de l’acier, voilà ce que c’est la guerre! Tout cela est une œuvre du diable ! » (Otto Dix, Journal de Guerre). « La Guerre » présente une image plus réaliste et encore plus sombre de la guerre que ce qu’il avait pu peindre auparavant. Ce tableau, peint durant la République de Weimar, a tendance à glorifier l’héroïsme de la guerre. Alors que la population commence à oublier les horreur qu’elle a vécues, Otto Dix en dépeint une image crue non pas pour choquer mais plus pour témoigner et rappeler la réalité de la guerre. Le triptyque ne fut exposée que brièvement à Berlin pour l’exposition « Art dégénéré » avant qu’il ne soit caché des nazi qui auraient pu le détruire. C’est une œuvre figurative car nous pouvons observer des éléments du réel, puisqu’il s’agit de scènes de guerre. Ce tableau fait le portrait de divers soldats. Ils sont vus en action pendant la bataille. Il s’agit donc de portraits en mouvement. Elle peut être découpée par chaque panneau. Chacun représente une scène différente et participe à un ensemble qui décrit la guerre dans tous ses aspects. Nous pouvons également voir une organisation chronologique à cette œuvre : à gauche la montée au front, au milieu l’après combat, à droite les blessés, et en bas la mort. Cette composition met en scène le cercle vicieux de la bataille qui mène à la mort. Ce tableau apporte donc une vision très pessimiste de la guerre d’autant plus que pour sa prédelle (la partie du bas), Otto Dix s’inspire de « Le Christ mort » (1521) de Hans Holbein. Cette référence montre qu’il considère le soldat comme un sacrifié, un martyr. Les couleurs sont très sombres, tantôt froides (noir, gris), tantôt chaudes (avec beaucoup de tons rouges et ocres) mais toutes sont associées à la mort et à la destruction. Les couleurs les plus employées sont le gris, le marron et le rouge. Elles symbolisent la pluie, la boue et le sang qui désignent le quotidien des poilus. Otto Dix veut dénoncer les horreurs de la guerre par cette œuvre. Il montre les réalités du champ de bataille et ne laisse pas au spectateur la possibilité d’oublier la violence de la guerre. Il choisit pour figurer la guerre de ne pas montrer une bataille en tant que telle, mais l'avant et l'après, avec toutes les destructions que cela comporte. En effet, Otto Dix a dit vouloir « simplement transmettre la connaissance du caractère redoutable de la guerre, pour éveiller les forces destinées à la détourner». ![]() « La Guerre », Otto Dix (1929-1932) (site: digischool brevet) Citations à mettre dans la rédaction si possible, de « Arts et littérature de la Grande Guerre », magazine n°1069 de TDC (Textes et Documents pour la Classe) : -« Dessiner me protège de la mort et de la destruction » Max Beckmann. -« Peindre la guerre aujourd’hui ce n’est plus peindre des tableaux de bataille ». Félix Vallotton, 1917. -« Je m’empresse de dire que la guerre ça n’est pas beau […] De tous les tableaux des batailles auxquelles j’ai assisté je n’ai rapporté qu’une image de pagaïe. Je me demande où les types vont chercher ça quand ils ont vécu des heures historiques ou sublimes. Sur place et dans le feu de l’action […] on n’a pas de recul pour juger et pas le temps de se faire une opinion. » Blaise Cendras, La main coupée, 1946. -« Je les ai presque tous dessinés ces morts. Ils m’en ont peut-être voulu, puisqu’ils sont venus me voir », Max Beckmann, 191
Nous remercions…
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