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Données criminologiques : exploitation de la prostitution des mineursDes données fédérales2 rendent comptent des infractions et condamnations en matière de crimes et délits relatifs à la débauche et à la prostitution. Infractions relatives à l’exploitation de la prostitution des mineurs Source : Adapté de Police Fédérale, 2005, in SABBE K. , 2005.
D’année en année, le nombre de faits de prostitution sur mineurs constatés par les services de police belges est relativement stable ; et 85% de ces faits concernent le proxénétisme direct. Par ailleurs, entre 2002 et 2004, neuf mineurs âgés de 15 à 17 ans ont été arrêtés pour traite des êtres humains à caractère sexuel. Ceux-ci comptaient deux jeunes femmes (16 ans) et étaient dans l’ensemble, originaires d’Europe de l’Est (7 sur 9)5. Sur le plan judiciaire, il ne s’agit pas de comparer le nombre d’infractions avec le nombre de condamnations. En effet, un proxénète ne sera pas jugé l’année de la commission des faits ; et des modifications pénales entrées en vigueur influencent sensiblement le nombre et la rapidité des jugements. Condamnations pour débauche, corruption ou prostitution d’un mineurSource : RUTTEN J., Personnes condamnées selon la nature de l’infraction : délits sexuels, SPF Justice, 2005.
A : dont l’auteur connaissait l’état de minorité B : dont l’auteur, par négligence, ignorait l’état de minorité 6 Entre 1993 et 2003, le nombre de personnes condamnées augmente, ce qui peut témoigner à la fois d’une augmentation de l’exploitation sexuelle des mineurs, ou de l’activité policière et judiciaire. La plupart (94%) des condamnations concernent des individus jugés avoir sciemment abusé d’un mineur. Pour comparaison, le nombre total de condamnations relatives à l’exploitation de la prostitution augmente2 également entre 1993 et 2003. Dans les deux cas, le nombre de condamnations se multiplie par trois, mais la proportion de condamnations pour prostitution de mineurs reste relativement stable (entre 17% et 26 %, soit environ ¼). Aucun mineur âgé de 16 à 18 ans n’a été condamné pour proxénétisme entre 1994 et 20023. Orientations sexuelles / identités de genre, sexualité et enjeux psychoaffectifs Les garçons et les fillesGlobalement, beaucoup plus de filles que de garçons4 sont repérés et pris en charge par les services d’aide et de contrôle. A Bruxelles, au fil des années, la police ne signale quasiment plus du tout de garçons en rue (1 cas par an au maximum). De même, CAW Mozaïek Adzon identifie très peu de mineurs sur le terrain (3 cas en cinq ans). A Liège, la prostitution des garçons a été florissante dans les années ’90, mais depuis les réaménagements urbains5 du début des années 2000, policiers et travailleurs sociaux ne rencontrent plus qu’occasionnellement des garçons. A Charleroi, un nouveau projet impliquant Le Nid asbl s’intéresse aux garçons prostitués, mais ne fournit pas encore de chiffres. Enfin, dans les cas de traite à caractère sexuel, ce sont majoritairement des filles qui arrivent dans les services spécialisés. Cette prépondérance de filles s’explique entre autres par les formes d’activité prostitutionnelle différenciées entre les filles et les garçons, qui rendent les premières plus facilement détectables. Tandis que la prostitution des filles se déroule le plus souvent au grand jour, dans la rue, les garçons semblent faire partie de réseaux sociaux plus discrets, plus privés ou clandestins et les cas de prostitution masculine se découvrent alors au fil d’un dossier (policier, judiciaire, SAJ) ouvert pour un autre motif (par exemple : agression, décrochage scolaire). « Le dossier de prostitution a commencé avec la plainte de la mère d’un gamin pour l’exhibitionnisme d’un gars qui tous les matins se masturbe dans la rue. On fait une perquisition, et on voit un matériel érotique inimaginable, 200.000 photos de jeunes en maillot à l’Océade qu’il a prises lui-même. Ça pose question. Des préservatifs dans des quantités telles, des vibrateurs. On l’interroge et on s’aperçoit que le vendredi soir, il organise des dîners avec ses copains, qui sont tous membres d’une vidéothèque érotique homosexuelle où on a découvert que des cassettes pédophiles s’échangeaient sous le comptoir. Et lors des dîners du vendredi, pour agrémenter, il y a quatre ou cinq mineurs qui viennent coucher avec tout le monde, moyennant rétribution : prostitution ! Dans ce dossier, on avait un réseau de copains et on s’est rendu compte de l’échange d’info entre eux. C’est un monde très petit et très fermé.» 6 A Liège, cette hypothèse se vérifie d’autant plus suite à la ré-pression sur la Place République française où s’exerçait traditionnellement la prostitution masculine. La question qui se pose est la suivante : s’il n’y a plus de garçons en rue alors qu’il y en avait avant, et que les raisons qui les motivaient à se prostituer n’ont pas fondamentalement changé, où sont-ils passés ? Les intervenants liégeois, comme bruxellois, font souvent référence à l’utilisation d’Internet7 et des GSM, moyens par lesquels la prostitution masculine continuerait à s’exercer plus secrètement ou alors dans des lieux seuls connus des clients (gares, saunas, clubs, bars etc.). La prostitution des garçons serait ainsi plus soumise à une sous-détection. Des hypothèses tenant à la construction de genre sont également à mêmes d’éclairer une sous-représentation des garçons. Dans l’image sociale qui en est construite, la prostitution est plus généralement conçue comme une activité féminine. Si l’on entrevoit la prostitution comme une forme de réponse à une situation, les femmes seraient plus facilement amenés socio-culturellement à opter pour cette activité comme moyen de subsistance, ce qui expliquerait en partie le nombre plus élevé de filles que de garçons qui trouvent là une opportunité de répondre à leurs besoins. Par ailleurs, il apparaît également qu’en vertu d’injonctions de genre (attributs de la masculinité et de la féminité), les garçons cachent nettement plus un éventuel épisode prostitutionnel ; ce qui rend leur détection et leur prise en charge moins aisée. On peut faire le constat d’indices de sous-détection de la prostitution masculine. La problématique prostitutionnelle de ces jeunes renvoie également à leur orientation sexuelle. Garçons et filles se prostituent auprès d’hommes1, ce qui dans le cas des premiers renvoie plus directement au fait que l’activité va à l’encontre de la norme hétérosexuelle. Parmi les garçons prostitués, certains sont homosexuels mais ne peuvent pas l’assumer pour diverses raisons tenant aux pressions sociale, culturelle et familiale. D’autres ne le sont pas ; ou le nient complètement et vivent parallèlement à leur prostitution une relation hétérosexuelle. Pour certains, l’univers de la prostitution masculine peut offrir un espace de possibilité pour expérimenter ou vivre une homosexualité latente ou avérée2. En cherchant à trouver ses marques et repères en dehors de la norme en vigueur dans son milieu d’appartenance, en somme à négocier un espace de viabilité de sa sexualité, un garçon peut chercher à fréquenter le milieu homosexuel. Son entrée dans ce groupe se déroulera éventuellement dans les zones marginales de celui-ci, parmi lesquelles la prostitution a cours. Cette marginalisation est probablement plus fréquente pour des jeunes issus de l’immigration ou de milieux précaires, dans lesquels l’homosexualité est moins acceptée, et qui seront plus souvent refoulés à la périphérie du milieu gay, puisqu’il n’est pas exempt de discriminations de race et de classe3. « Il s'agissait de deux jeunes garçons d'origine turque, nés ou pas ici, en tout cas scolarisés en Belgique. Ils étaient homosexuels, et c'est invivable dans la communauté d'origine, ce qui crée d'immenses souffrances, des violences familiales. Dans les deux cas, le début de la guidance s'est fait dans le cadre d'une fugue alors qu'ils ne supportaient plus les insultes et les coups à la maison, liés à l'affirmation qu'il y a quelque chose qui « ne colle pas » au niveau de leur hétérosexualité. Il n'y a pas vraiment un coming out familial, mais à un moment, plein d'indices éclatent au grand jour. Ces deux jeunes en fugue ne voulaient plus rentrer à la maison et malheureusement, lors de la fugue et à cause de cette orientation sexuelle « problématique », ils fréquentaient des lieux occupés par la partie marginale du milieu gay qui se trouve être aussi des lieux de prostitution. Ils n'ont jamais été très actifs en matière de prostitution. Ils fréquentaient les lieux de prostitution. » 4 Les filles se prostituent également auprès d’hommes, dans un rapport hétérosexuel, ce qui perturbe probablement moins leur affirmation de genre. Les questions de la condition féminine, de la domination masculine et du corps objet doivent par ailleurs être mises en jeu. « La sexualité de ces jeunes femmes est de frôler l’interdit, de transgresser par rapport aux normes de protection et de sécurité, dans un contexte familial grave, qui s’est dégradé. Elles sont dans une dévalorisation d’elles-mêmes et de leur corps. »5 Une idée émerge régulièrement, selon laquelle les prostitué-es entretiendraient une image détériorée de leur corps. Cependant, les vécus de la prostitution sont divers et ne se rapportent pas systématiquement à ce phénomène 6. Besoins affectifs et rencontres amoureuses Pour beaucoup d’intervenants, ce qui est clairement identifiable, c’est le lien entre l’entrée en prostitution et la dépendance affective ou la fragilité psychique. L’entrée en prostitution pour les filles semble se produire très souvent au départ d’une relation amoureuse, qui bien sûr s’enracine elle-même dans le reste du contexte familial, relationnel et socio-économique. « Il y a soit des situations de désastre, de détresse affective, ou bien quand il y a quelqu’un, le lien familial n’est plus investi. Le discours « poudre aux yeux » marche assez bien avec elles. On est attentif quand une fille parle de son copain qui lui a promis de partir en Italie. L’entrée passe toujours par un rêve de quitter la Belgique, quitter les juges, quitter la famille, quitter les contraintes et avoir la grande liberté dans un pays étranger avec l’amoureux. Certaines se disent que c’est la fatalité, qu’elles ne peuvent plus s’en sortir. Elles sont tellement dévalorisées, dans une mésestime d’elles-mêmes, elles n’ont plus aucun espoir. Et celles-là n’en sortent pas forcément. » 1 La rencontre avec un jeune homme ou un homme plus âgé qui présente toutes les apparences de l’amoureux attentionné, qui couvre la jeune fille de cadeaux et de promesses et qui offre un train de vie élevé, semble accrocher très fort des filles en quête de valorisation. Pour continuer à bénéficier de son amour et du niveau de vie qu’il leur a fait goûter ou des promesses qu’il a fait miroiter, elles sont progressivement prêtes à donner de plus en plus d’elles-mêmes. En quête de l’amour idéal, ces jeunes filles deviennent des cibles pour des proxénètes. |
![]() | ![]() | «Verlan 2000», in Les mots des jeunes, Langue Française nº 114. Larousse, pp. 17-34 | |
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