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Dans ce tableau, les personnes qui ont commencé la prostitution en étant mineures, l’ont en grande partie fait au départ d’un besoin d’argent, et pas du tout en raison d’une problématique de toxicomanie ou par la voie d’un proxénète. Familles à problèmes ou problématiques familiales Jean « Tes parents étaient encore ensemble quand ton papa est décédé ?Je crois qu’ils étaient en séparation. Mon frère m’en a un peu parlé il n’y a pas longtemps. Je ne sais pas exactement comment il est mort. J’avais 6 ans. Il y a une histoire d’un coup de téléphone qu’il aurait passé à ma mère avant le moment fatidique. Et puis, après on l’aurait retrouvé mort. Une attaque ou une trop forte dose de médicaments. Je pense que si ça aurait été l’inverse dans le décès, j’aurais pris un peu plus de gifles et j’aurais pas tourné comme ça. Je serais peut-être allé dans les internats, puisque j’y étais déjà avant son décès, mais j’aurais certainement pas tourné sur la prostitution. » Parmi les jeunes prostitués, le père est souvent absent (décédé, parti) ou désinvesti de sa fonction ; et la mère est seule. Cela n’est pas spécifique aux jeunes prostitué-es, mais éclaire quant aux difficultés à se repérer et / ou au manque d’affection qu’ils peuvent éventuellement connaître. « Chez les filles et garçons prostitués, la problématique du père est récurrente. Il est soit absent ou n’assume pas son rôle, ou inconnu, soit violent et abusif. Rares sont les familles unies. »1 Il semble aussi que chez les filles adoptées, la problématique prostitutionnelle prenne une dimension spécifique, sans que cela s’explique véritablement. Une hypothèse resterait à travailler : ces jeunes filles développeraient un profil abandonnique. En raison de leur parcours d’adoption, elles perdraient confiance dans l’adulte et seraient en grande demande affective. Leurs corps et leur sexualité deviendraient dès lors un outil de pouvoir, de séduction, et une manière d’obtenir de la reconnaissance. La prostitution viendrait jouer un rôle spécifique et symbolique : afin de détruire leur mère adoptive avec une violence excessive, elles chercheraient à détruire leur propre image, par exemple en se prostituant. Par ailleurs, la prostitution, parce qu’elle ne demande pas d’investissement affectif et n’entraîne donc pas de perte, serait un modèle de relation tout à fait en phase avec la problématique abandonnique.« Viennent se greffer, et c’est particulier chez les filles, des problématiques d’adoption dans des familles socialement bien insérées mais où l’adoption a été dès le départ assez problématique et où tout « pète » de manière caricaturale à l’adolescence.»2 Face au décrochage progressif de leur enfant et à d’éventuels signes de prostitution, ce qui semble plus significatif, c’est une absence d’autorité familiale ou de désinvestissement du lien, pour des raisons diverses d’ailleurs. Des parents qui ne s’inquiètent pas de ce qui arrive à leur enfant, et qui parfois constatent que celui-ci rapporte beaucoup d’argent, des cadeaux, et qui ne réagissent pas, voire en bénéficient in-directement. « En 2002-2003, on a eu le cas de prostitution de mineures belges flamandes venues d’Anvers et Gand, avec des lover boys albanais qui les attiraient ici pour les prostituer, avec un profil de mineures relativement similaire : rupture familiale de manière générale. Dans certains cas, on s’est posé des questions de savoir jusqu’à quel point il y avait une complicité tacite des parents, dans le sens où les parents ne se posaient pas de question voyant leur fille avec pas mal d’argent.» 3 Un autre trait relativement caractéristique est le fait des placements en famille d’accueil ou en institution. Certains jeunes ont été placés dès leur plus jeune âge; d’autres le sont à l’adolescence soit lorsque leur comportement devient ingérable pour les parents, soit lorsque leur crises ou fugues nécessitent des mesures protectionnelles. Milieu de vie Source : ICAR Liège, 2003-2006
On constate dans ce tableau que 6 des 7 jeunes repérés par ICAR sont plutôt issus de familles unies, mais que 5 ont connu un placement. Celui-ci arrive souvent tôt (12-13 ans) ou très tôt (moins de 5 ans).Faut-ils dès lors questionner non plus les parents, mais les institutions en ce qu’elles ne parviennent pas plus à ancrer et assurer des jeunes dont les familles ont eu des difficultés éducatives auxquelles elles sont censées répondre ? Julien « J’étais placé, car j’ai perdu ma mère quand j’avais 9 ans, et avec mon père ça n’a jamais été très bien entre nous. Il m’a renié. Et bon, je fuguais parce que je recevais des coups sur moi. J’ai commencé à fuguer jusqu’au jour où j’ai été appelé dans le bureau de la directrice de l’école qui m’a demandé ce qui se passait et je lui ai expliqué ce qui n’allait pas. De ce fait, elle a téléphoné au Tribunal de la jeunesse. Et j’ai été placé. » Sabrina « J’ai été placée par le Tribunal de la jeunesse, tout ça AVANT que je commence ce travail-là. J’avais 15 ans. J’ai eu des problèmes de famille, des parents divorcés, je ne m’entendais pas avec ma mère, ni surtout avec le beau-père. Et elle ne s’en sortait pas avec moi, donc elle a fait appel au SAJ au départ pour savoir quoi faire. J’étais en pleine crise d’adolescence, je partais avec des copains, j’avais dur à m’occuper de mon fils, parce que mon père… enfin, son père n’était pas là. Elle a fait appel à ce service et ça l’a dépassée elle aussi parce que ça a été loin. A ce moment là je fumais et comme il y a eu des problèmes de drogue, le SAJ a fait appel au Tribunal de la jeunesse. Ma mère voulait qu’on me place, mais voulait garder l’enfant. Ca ne l’a jamais embêtée qu’il y ait un enfant, elle voulait plutôt m’aider au départ. Mais eux, à ce moment là, ils m’ont placée avec mon fils. J’étais mineure, il n’y avait plus de place nulle part dans les homes, donc on m’a placée dans une maison maternelle avec des femmes battues, alcooliques, toutes des vieilles… On me demandait juste d’être là la semaine, de revenir de l’école, on ne se tracassait pas. Finalement, on m’a enlevé la garde provisoire de mon enfant, et moi je suis partie, et je n’ai plus jamais été convoquée. Forcément puisque c’était ma mère qui faisait en sorte que. Je ne trouve pas ça normal ! J’avais 16 ans, on m’a laissée comme ça. » La situation familiale ou institutionnelle peut progressivement déboucher sur une rupture plus ou moins forte du jeune par rapport à son environnement familial, scolaire et social, ou alors sur une exclusion du milieu de vie. 6 des 7 jeunes prostitué-es interviewés par ICAR avaient fugué, la plupart au départ d’une institution de placement. |
![]() | ![]() | «Verlan 2000», in Les mots des jeunes, Langue Française nº 114. Larousse, pp. 17-34 | |
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