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Au niveau psychoaffectif, il arrive que des mères prostituées entretiennent un sentiment de culpabilité ou de honte vis-à-vis de leurs enfants eu égard à leur activité, quoique les avis divergent sur ce point. En général, les mères auraient tendance à cacher leur travail, tant que possible, et cela est à mettre en lien avec la stigmatisation de la prostitution. S’il est au courant, l’enfant pourra souffrir du regard social posé sur l’activité de sa mère (insultes à l’école, déni ou rejet de la famille, etc.). La plupart du temps, le secret est bien gardé et l’enfant n’est pas mis à l’écart. Par ailleurs, certaines mères expliquent leur activité à leur enfant, ce qui peut être plus ou moins bien vécu. Qu’elles le disent ou pas, la gestion de la relation avec l’enfant n’est pas simple.Marie « Tes enfants sont au courant de ce que tu fais ? Oui. Je suis tombée plusieurs fois sur des clients qui sont les papas des copines de mes filles en classe. J’habite dans une toute petite ville et je travaille en dehors. Quand j’ai recommencé à travailler, mon frère n’a pas supporté, donc tout le monde est au courant. Pour eux « j’ai été prostituée, donc je serai prostituée toute ma vie ». Je parlais avec mon mari de ça ; et quand ma fille était en 5ème primaire, je me suis dit qu’il serait temps que j’en parle avant que quelqu’un vienne dire que sa mère est une pute. J’ai expliqué qu’il n’y avait aucun contact, que je n’embrassais pas, que je mettais un préservatif, j’ai montré le préservatif sur une banane. Elle l’a mal pris la première année, mais après ça a été, parce qu’elle voit que je ne suis pas obligée, que c’est une vie normale, qu’elle a tout ce qu’elle veut aussi. » Enfin, lors de conflits entre les parents autour du droit de garde, la prostitution de la mère peut être instrumentalisée par le père ou par l’entourage et cela peut causer du tort à l’enfant. Certains intervenants font part d’un autre risque, celui de la socialisation à une sexualité problématique. Et cela amène à la question suivante : la prostitution de la mère est-elle de nature à favoriser une reproduction chez l’enfant par un mécanisme d’identification ? Le contact avec l’univers prostitutionnel entraîne-t-il l’enfant à se prostituer par suite d’une banalisation ? Il semblerait que pour les jeunes filles d’aujourd’hui, la transmission de l’activité ne passe plus de mère en fille comme cela pouvait avoir lieu il y a une génération d’ici. « Celles qui ont déjà 30 ans de prostitution, elles ont connu leur maman ou leur tante dans des bars à consommation, elles ont côtoyé cet univers de très près, voyant tous les billets sur la table et elles ont été socialisées à cet argent et à ce milieu. Après, elles se sont prostituées. Tandis que leurs enfants n’ont pas suivi cette trajectoire. Pour les jeunes femmes de 20 ans aujourd’hui, leurs mères n’étaient pas forcément dans ce milieu, mais il faut avoir à l’esprit que les Belges qui rentrent en prostitution ont eu un contact de près ou de loin, au travers de leur univers social, avec le monde de la prostitution. » 1Evidemment, il arrive que des filles se prostituent à la suite de leur mère et quelquefois mère et fille se prostituent ensemble. Pour certains jeunes qui fréquentent le milieu depuis leur enfance, l’activité serait en quelque sorte démystifiée ; il y aurait conséquemment une probabilité plus élevée que l’exercice de la prostitution leur apparaisse comme une possibilité à envisager pour gagner leur vie. Cette reproduction n’a d’ailleurs rien d’étonnant – que l’on compare avec les trajectoires professionnelles des enfants et de leurs parents dans les autres secteurs d’activité. Néanmoins, cette transmission est relativement plus rare que dans les autres groupes socioprofessionnels2. Du pognon. Origines de classe, débrouille et marché prostitutionnel Un élément essentiel de l’activité prostitutionnelle est bien sûr le revenu qu’elle procure. La nécessité de l’argent est centrale dans une analyse des motifs d’entrée en prostitution. Origines sociales : quelles perspectives ? Peut-on faire une corrélation entre l’origine socio-économique et l’entrée en prostitution ? Cela ne semble pas évident tant une multiplicité de situations se présente. Cependant, les jeunes prostitué-es semblent surtout issus de classes économiques moyennes et faibles1, tant les Belges que les étrangers originaires de pays où les difficultés économiques sont connues. Des jeunes issus des classes plus bourgeoises se prostituent également, mais ils sont moins nombreux et ont en quelque sorte des trajectoires plus atypiques. Origines sociales de jeunes prostituésSource : ICAR Liège, 2003-2006
Le rôle joué par la famille est central dans le parcours d’un jeune, mais celle-ci peut être aux prises avec des difficultés socioéconomiques qui quelque part expliquent ce que l’on qualifie de démission dans la fonction éducative. Il ne s’agit certainement pas de réitérer l’amalgame tacite « parent pauvre = enfant délinquant », mais de cerner les motifs qui permettent d’expliquer que la prostitution apparaisse comme un moyen de négocier avec les difficultés concrètes. Par ailleurs, la pauvreté n’est pas seulement économique, mais va souvent de pair avec des difficultés culturelles, relationnelles, etc. Sans argent, mais surtout sans réseau social soutenant, on peut mieux comprendre qu’un jeune trouve dans la prostitution une alternative. Enfin, il faut resituer la prostitution dans un contexte socioéconomique global : le taux de chômage structurel dans le pays – et particulièrement à Bruxelles, la déstructuration des bassins industriels liégeois et carolorégien. « Charleroi est une région économiquement défavorisée, c’est le Quart Monde. Les conditions de vie sont très précaires et les situations familiales sont difficiles. Il y a 30 % de chômage. »3 Fugue, besoin d’argent et rencontres Julien « Quelque chose m’échappe. Il y a eu la 1ère fois, la Gare, la Place, et pourquoi à partir de ce moment tu retournes là et tu continues à faire ça ? Je n’avais pas d’argent, j’étais jeune, je fumais, j’avais besoin de mes cigarettes. Dans le home, il n’y avait pas le choix, c’était 8 cigarettes par jour. J’étais déjà un gros fumeur à cet âge-là. J’avais envie de cigarettes, j’avais envie de m’offrir des choses que je voulais, je voulais aller au cinéma, des trucs dont j’avais envie, des activités qu’on ne faisait pas dans cet hôpital psychiatrique. |
![]() | ![]() | «Verlan 2000», in Les mots des jeunes, Langue Française nº 114. Larousse, pp. 17-34 | |
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