GIUSEPPE PENONE
22 novembre 2014 - 22 février 2015 DOSSIER PEDAGOGIQUE- ENSEIGNANTS DE COLLEGES ET DE LYCEE « Giuseppe Penone n’a pas fait de grandes expositions dans un musée français depuis sa rétrospective au Centre Pompidou en 2004. Pour son exposition au musée de Grenoble, il conçoit un parcours très libre qui mêlera œuvres anciennes et créations nouvelles, sculptures et réalisation murales, pièces monumentales et œuvres intimistes »
Livret du Musée de Grenoble, La saison 2014>2015.
Biographie rapide:
1947 : Naissance à Garessio.
1965 : Il entre à l’Académie des beaux-arts de Turin
1968 : Premières œuvres dans la nature.
1969 : Exposition chez Sperone, à Turin. Le critique d’art Germano Celant en fait un des membres du mouvement de l’Arte Povera.
1979 : Première exposition personnelle à la Galerie Durant-Dessert à Paris.
1997 : Exposition au Carré d’art de Nîmes (dirigé par Guy Tosatto, actuel conservateur du musée de Grenoble, qui avait déjà organisé une exposition avec l’artiste en Italie dans un lieu privé)
2000 : Installation de L’Arbre des voyelles au Jardin des Tuileries.
2004 : Grande rétrospective au Centre Pompidou.
2007 : Il représente l’Italie à la Biennale de Venise.
2012 : Participation à la Documenta de Kassel.
2013 : Exposition au Château de Versailles.
ORGANISATION DE L’EXPOSITION :
L’exposition telle qu’elle est présentée est le résultat d’un dialogue, depuis plus de vingt ans, entre l’artiste Guiseppe Penone et le conservateur Guy Tosatto. L’artiste avait l’idée de faire quelque chose d’un peu décalé et de créer un parcours très libre avec des œuvres anciennes ou contemporaines, déjà vues ou inédites.
L’artiste est venu très tôt, voir les lieux et l’architecture du musée, pour réfléchir à l’organisation de son exposition. Ainsi les murs des salles ont été déplacés pour créer des continuités avec l’architecture du bâtiment. Trois salles en enfilades permettent d’avoir une vue globale et de passer rapidement d’un espace à l’autre, tandis que des salles fermées présentent des ensembles cohérents d’œuvres en correspondance les unes avec les autres.
Espace 1 / salle 1
| Autour de la grande œuvre Propagation 08-02-2013, est présentée une série de 11 dessins, esquisses de projets présentés ou non dans l’exposition.
Propagazione (Propagation 08-02-2013,) 2013, Encre d’imprimerie et encre permanente sur papier Japon marouflé sur toile.
L’artiste montre les images invisibles que génère le corps dans ses contacts avec son environnement.
Les lignes de l’empreinte d’un doigt sont répétées en cercle concentriques, jusqu’à atteindre des proportions gigantesques. L’œuvre montre la diffusion dans l’espace d’une forme créée dans le temps. (anneaux de croissance des arbres, ondes sur l’eau…)
A droite de l’entée :
Gli anni dell’albero più une (Les années de l’arbre plus une), 1969, encre typographique et crayon à papier sur calque, 29,5x 21 cm. (esquisse de l’œuvre présentée en salle 2)
Arbre qui grandit grâce au geste de l’artiste (empreintes)
Sento il respiro della foresta (Je sens le souffle de la forêt), 1968, Encre de Chine et crayon sur papier, collage, 50x35 cm.
Geste premier de l’artiste, lorsqu’il a fixé sa propre main moulée en fonte, à l’endroit même où il l’avait à l’origine empoigné l’arbre. Le contact de sa main et du végétal était alors devenu permanent. Au fur et à mesure que l’arbre grandissait, sa substance intégrait la main. (Esquisses des œuvres présentées dans le Patio)
Il Fluire del legno (La circulation du bois), 1969, Encre de Chine sur papier, 32x24 cm.
Gli alberi dei travi (les Arbres des poutres), 1970, Crayon sur papier, 20x20cm.
Gli alberi dei pavimento (les Arbres du plancher), 1970, Crayon sur papier, 20x20cm
Penone annonce, ici, ce qu’il va faire en recherchant les arbres dans les poutres. (Série d’esquisses pour Souffle présenté en salle 6)
Soffio (Souffle) 1978, Encre de Chine et encre sépia sur papier, 39x23,5 cm
Progetto per Soffio (Projet pour Souffle), 1977, Encre sépia et terre brûlée sur papier, collage, 39x57 cm.
Studio per Soffio di bronzo (Etude pour Souffle de bronze), 1977, Feutre sur papier satiné, 21x26 cm.
Studio per Soffio di creta (Etude pour Souffle d’argile), 1978, café et crayon sur papier, 38x28 cm.
Studio per Soffio di creta (Etude pour Souffle d’argile), 1978, café et crayon sur papier, 38x28 cm.
| Espace 1 / salle 2
|
Sur les murs :
Germinazione (Germination), 2005, résine, acier inoxydable, 165x56x13 cm.
Œuvre récente présentée pour la première fois au public.
Reliefs suspendus au mur par des filins d’acier. Sculptures réalisées grâce à des moulages de branches et de parties du corps de l’artiste. Là où l’on attendrait des bourgeons des doigts se dressent. La blancheur de la résine contredit l’aspect réaliste des sculptures.
Pelle di grafite- trasparenza 7 dicembre 2005 (peau de gragraphite 7 décembre 2005), mine de plomb sur toile blanche, 150x 200 cm
Trois grandes empreintes projetées par un rétroprojecteur puis dessinées à la mine de plomb. L’infiniment petit devient visible et remarquable. Au centre sur un socle :
Gli anni dell’albero più une (Les années de l’arbre plus une), 1968-2013, branche de buis recouverte de cire noire.
Reprise contemporaine d’une œuvre réalisée en 1968. Penone avait pris une branche qu’il avait recouverte de cire. Le volume ajouté correspondait à une année de croissance. Les empreintes des doigts montraient comment l’homme pouvait alors se substituer à la nature et jouer avec le temps.
| Espace 2 / salle 3
| Sur le grand mur :
Scrigno (Ecrin), 2007, Cuir, bronze, or, résine végétale, élément en bronze : 34x446x31 cm. Dimensions totales : 300x1800x30 cm environ.
Penone a recouvert un arbre de cire, puis a utilisé la forme obtenue pour faire un bronze. Le bronze coupé en deux est devenu un écrin ouvert. Le spectateur peut ainsi voir l’intérieur mystérieux, fait de lumière (or) et d’un liquide précieux et vital : la sève. L’association de l’énergie de la lumière et de la sève va déterminer la croissance de l’arbre.
Le fond composé de 12 peaux de cuir, formées sur l’écorce de l’arbre appartient aux trois règnes : minéral, végétal et animal. En face sur la droite (entre autres):
Matrice di linfa (matrice de sève), 2007, Crayon, encre de Chine et résine végétale sur papier Japon, 64x47cm.
Matrice di linfa- ricordo di infanzia (matrice de sève- souvenir d’enfance), 2007, Crayon, encre de Chine et résine végétale sur papier Japon, 64x47cm
Matrice di linfa (matrice de sève), 2008, Crayon, encre de Chine et résine végétale sur papier Japon, 64x47cm
Cette série de dessin montre les liens entre la création artistique, l’homme et la nature. En face sur la gauche (entre autres):
En lien avec Spine d’acacia- contatto, maggio 2005 (Epines d’acacia-contact, mai 2005), salle 7, trois esquisses dont La pressione di una carezza su 14 spine (occhio) (La pression d’une caresse sur 14 épines (œil)), 2001.
En lien avec Respirare l’ombra- foglie di tè (Respirer l’ombre- feuilles de thé) salle 6, deux dessins :
Volume d’ombra (Volume d’ombre), 1995, crayon et sanguine sur papier, 48x33 cm.
Respirare l’ombra (Respirer l’ombre), 1996, crayon sur papier, 48x33 cm.
| Espace 2/ salle 4
| Ceppi di cuoio (Souches de cuir), 2010, bois, cuir et clous, installation composée de sept œuvres, dimensions variables.
Penone utilise la malléabilité du cuir et sa capacité à ressembler à de l’écorce, pour créer des objets étranges. Les sculptures semblent réalistes et sont en même temps totalement artificielles. La peau de l’animal devient peau d’arbre et le protège à jamais.
Indistinti confini (Frontières indistinctes), 2012, Marbre blanc de Carrare, bronze.
Œuvre imaginée il y a trente ans, mais qui vient d’être réalisée grâce au talent d’un tailleur de pierre capable de répondre précisément aux souhaits de Penone. L’artiste présente une série de sculptures de troncs d’arbres d’essences différentes. Chaque détail est réalisé avec virtuosité et réalisme, et semble contredire la nature minérale du matériau. Des disques de bronze sont placés aux extrémités des branches. Leur patine reprend la couleur du bois et peut faire croire au spectateur qu’un arbre serait recouvert d’une écorce de marbre. Avec le temps les couleurs des matériaux changeront rendant l’ensemble encore plus réaliste.
L’arbre comme le drapé, est un motif qui a été souvent utilisé dans la sculpture classique, il a pu servir à consolider une forme fragile (bras, jambe...) Au mur :
Una lettura tattile della scorza dell’albero (Une lecture tactile de l’écorce de l’arbre), 1970, frottage de graphite sur papier marouflé sur toile, 60 éléments de 35x25,5 cm environ.
Cette suite réalisée en 1970, a été faite à partir d’écorces découpées, puis mises à plat pour que l’artiste puisse par la technique du frottage en relever les empreintes. Cette mosaïque montre la diversité de la nature et joue avec nos sens. Le toucher viendrait corriger le regard et améliorer la perception des choses.
| Espace 3/ salle 5
| Sur le grand mur :
Verde del bosco (Vert de bois), 1986, Frottage de feuilles et couleurs végétales sur toile, 264x583cm.
Par la technique du frottage, Penone réalise un paysage sans passer par la représentation. Juché sur une nacelle dans les arbres, il a frotté des feuilles d’arbre pour obtenir des empreintes sur une toile posée sur un tronc. Il donne ainsi naissance à une image de forêt tirée de sa propre substance, la chlorophylle.
Une empreinte de corps de l’artiste se fond au paysage, comme si l’homme devenait arbre. En face :
- Une série 16 pagine (16 pages), 2008, ruban adhésif et pigments sur papier, 16 éléments de 30x30 chacun.
- Deux empreintes :
Senza titolo (Sans titre), 1983, Aérographe et encre sur papier, 34x48 cm.
Senza titolo (Sans titre), 1983, Aérographe et encre sur papier, 34x48 cm.
| Espace 3/ salle 6
| En entrant :
Soffio (Souffle), 1978, Terre cuite, 72x48x40cm.
Œuvre qui fait partie d’une série de sculptures, dans lesquelles l’artiste donne à voir ce que l’on ne peut percevoir habituellement. Les flux vitaux qui traversent tout être et toute chose et leur volume sont matérialisés par cette empreinte en terre. L’artiste a réalisé une empreinte de son propre corps en plâtre autour de laquelle il a construit une forme en argile qui montre le volume du souffle rejeté lors de la respiration. Au centre :
Pelle di foglies-guardo incrociato (Peau de feuilles-regard croisés) 2006, Bronze, éléments, 250x300x90cm chacun.
Pelle di foglie-sguardo (Peau de feuilles- regard) 2013, Bronze, 240x220x90 cm.
Pelle di foglie-ramo (Peau de feuilles- branche) 2003, Bronze, 259x 165x92 cm.
Ces quatre silhouettes anthropomorphiques, mi-humaines, mi-végétales sont composées de branches et de feuilles de laurier en bronze. Elles interrogent l’origine des mythes. Dans Les Métamorphoses d’Ovide, Daphnée poursuivie par Apollon se transforme en laurier pour lui échapper. Penone nous rappelle comment la nature a pu être à l’origine de cette histoire, car le laurier en diffusant son odeur est capable d’éloigner les insectes.
Les figurent ressemblent aux créatures baroques des jardins maniéristes de la Renaissance. Sur le mur du fond :
Respirare l’ombra- foglie di tè (Respirer l’ombre- feuilles de thé), 2008, Grilles métalliques, feuilles de thé, bronze.
A partir de 1998, Penone réalise pour différentes expositions, des grands murs de feuilles de laurier puis de thé, d’où s’échappent des figures de bronze. Ces œuvres montrent les échanges chimiques entre les hommes et les végétaux (oxygène et gaz carbonique). Ces échanges sont à l’origine de toutes les créations dans la nature comme en art. Les grilles métalliques peuvent rappeler la mise au carreau, technique traditionnelle, qui permettait aux artistes d’agrandir leurs dessins.
| Espace 4
Au centre : une œuvre monumentale présentée dans les jardins du château de Versailles en 2012.
Sigillo (Sceau) 2012, Marbre blanc de Carrare, 66 éléments : 135x90x3cm chacun, cylindre 47,5x 303cm.
Penone a fait ressortir les veines du marbre du cylindre et a creusé les dalles pour donner l’impression que la première partie en roulant viendrait imprimer sa marque (sceau) sur la surface plane. Le matériau se fait souple, comme à l’origine avant d’être devenu pierre. L’artiste joue avec le temps et nos perceptions. Sur les murs : deux travaux qui représentent l’empreinte d’une bouche. Organe par
lequel passe la parole et le souffle.
Spine d’acacia- contatto, maggio 2005 (Epines d’acacia-contact, mai 2005), 2005, toile, soie, épine d’acacia, 12 éléments de 100x120cm.
Penone réalise un effet de contraste en plaçant des épines d’acacia (agressives) sur un fond de soie (fragile)
Pelle di grafite- riflesso di ambra (Peau de graphite-reflet d’ambre), 2007, Graphite sur toile noire, 6 éléments de 200x200 cm chacun.
Ici le contraste se fait par les techniques et les jeux de lumières.
| Allée centrale (Rue)
| Pressione (Pression) 2014, taille selon la dimension du lieu (ici prés de 50 mètres).
Depuis 1970, Penone a réalisé de nombreuses empreintes agrandies de sa peau. Il transforme cette architecture en une gigantesque membrane tactile. Les murs deviennent peau.
| Patio
| Au centre plusieurs sculptures dont :
Alberto di 7 metri (arbre de 7 mètres), 1986, bois de sapin, 2 éléments : 350x30x30 cm
Ripetere il bosco (Répéter la forêt), 1969-1997, dimensions variables
Ce grand ensemble présente une des œuvres les plus célèbres crées par Penone.
En 1969, il eut l’idée de creuser une poutre usinée en bois, en suivant un anneau de croissance préalablement déterminé, en contournant les nœuds pour dégager les branches, pour retrouver l’arbre qu’elle renfermait. Ainsi, en jouant avec le temps, il inversait le mouvement qui allait de la nature à la culture et redonnait à l’arbre sa dignité végétale.
Chaque poutre est coupée en deux. La base d’une partie et le sommet d’une autre ne sont pas sculptés et font penser à un socle. Ainsi une partie présente l’arbre à l’envers, alors que l’autre le montre à l’endroit.
Ce geste à été reproduit plusieurs fois dans le temps et a permis de réaliser ce groupe d’arbres qu’il expose sous le titre Ripetere il bosco (Répéter la forêt), Au mur :
Avvolgere la terra (Envelopper la terre) 2014, Série de 14 éléments, dimensions variables. Penone a modelé une boule de terre pour y laisser son empreinte et ne faire qu’un avec elle. Après cuisson, il a enveloppé les empreintes dans des feuilles d’aluminium, remplacées par la suite par des feuilles d’aluminium. Ainsi la sculpture conserve et présente plusieurs empreintes celles de l’artiste et celles de la terre.
| Salle d’orientation
| Acacia e foglia di Zucca (acacia et feuilles de courges) 1975-1982, Bronze, 240x38cm (diamètre).
Il s’agit d’un moulage en bronze, la trace d’une action commencée en 1975 et terminée en 1982.
Penone avait alors mis sur son visage une feuille de courge (citrouille magique), qui avait pris la forme de ses yeux, de son nez et de sa bouche, puis en avait fait un moulage de bronze.
Pour jouer avec le temps et la nature, l’artiste avait placé cette feuille sur un arbre et laissé le lierre la recouvrir partiellement. L’artiste cherchait ainsi à redéfinir le lien entre l’humain et la vraie nature.
| Salle 42
| Essere Fiume 5 (Etre fleuve 5), 1998
Deux pierres d’apparence semblable sont posées au sol. L’une provient d’une rivière et l’autre a été sculptée par l’artiste. Pour cela il a remonté le cours d’eau et extrait un bloc de la montagne d’où elle était issue pour la reproduire à l’identique. Penone par sa sculpture a su reproduire tous les évènements qui se sont imprimés en elle. Par ce travail d’imitation, qui se veut proche de la perfection, l’artiste devient fleuve.
Foglie (Feuilles), 1990, 4 panneaux
Penone a recouvert de graphite l’intérieur d’un crâne pour prélever des empreintes. Les images projetées et agrandies sur la toile révèlent la pression qu’exerce le cerveau sur la boîte crânienne. La matière molle du cerveau a modifié ce qui paraît dur aujourd’hui. Les formes créent de grands paysages
| |