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Radicalisation et Laïcité Formation de sensibilisation à la radicalisation PRESENTATION : Une journée de stage fut organisée au lycée Apollinaire de 9h à 16h30, jeudi 5 novembre. Une vingtaine de participants ont été invités (Madame la Déléguée du Préfet, les collègues du lycée du groupe laïcité du lycée Guillaume Apollinaire, des membres d’associations locales, un représentant de la PJJ, des représentants de l’action sociale de la Mairie de Nice et du Conseil Général). LES CONFERENCIERS : Alain Ruffion, psychanalyste, administrateur de France Médiation, directeur d’IEF et directeur d’Unismed spécialiste de la question des sectes et de la radicalisation des jeunes, fait le point sur les méthodes de prévention des dérives sectaires. Un travail pointu et délicat, face à des jeunes minés par les injustices et la non-reconnaissance de leur culture. Karim Bouda, universitaire, spécialiste de l’Islam, membre actif de l’association Entr’Autres créée depuis 2005 est un acteur de terrain. THEMES DEVELOPPES AU COURS DE CETTE JOURNEE :
1 – Définition et processus de la radicalisation : (Intervenant Alain Ruffion) Définition du la radicalisation La radicalisation c’est l’action de se rendre radical, d’être intransigeant, de devenir extrême. Ce vocable est pluri sémantique, il renvoie à des connotations religieuses, nationalistes, séparatistes, anarchistes et affecte des groupes comme des individus isolés, "des loups solitaires" selon la terminologie en usage. Le mot radicalisation renvoie à l’idée de revenir à la racine des choses. Il change de connotation avec le sens anglo-saxon, plus politique, de vouloir changer les choses en utilisant la violence. Le terme de radicalisation a été associé dès l’origine au vecteur politique, courant XIXè siècle, pour désigner les actions violentes et radicales contre le pouvoir en place. Marginale jusqu'aux attentats du 11 septembre 2001, la notion de radicalisation, se focalise sur les acteurs et leur motivation. Elle est employée pour expliquer la genèse des groupes embrassant l'action violente et associée à un islam « radical » en opposition à un Islam classique ou dit traditionnel. La radicalisation désigne le processus par lequel "un individu un groupe adopte une forme violente d'action, directement liée à une idéologie extrémiste à contenu politique, social ou religieux qui conteste l'ordre établi sur le plan politique, social ou culturel"(cf. : Farhad Khosrokhavar, « Radicalisation, Paris, Éd. de la Maison des Sciences de l'Homme, 2014, 192 p.». Le radicalisme islamique La première question concernant le radicalisme islamique est de savoir dans quelle mesure celui-ci est une conséquence de la doctrine religieuse elle-même, et donc intrinsèque à l’islam, ou bien s'il s'agit d'un phénomène avant tout politique, lié à des conflits contemporains. En fait, on ne peut parler de radicalisme islamique que lorsque l'usage de la violence est explicitement mis au service de la réalisation d'un État ou d'une société islamique. Sous l'étiquette de « radicalisme islamique », on classe donc des mouvements complexes et souvent très différents, allant d'un parti politique légaliste et ayant eu des responsabilités gouvernementales dans une démocratie (le Refah/Fazilet en Turquie) à des groupuscules terroristes (comme Al-Qaida et le Jaysh-e Mohammed au Pakistan), ce qui suffit à montrer combien la notion reste floue. Le sens du mot est bien plus large (l'« effort ») ; le prophète Muhammad fut aussi un chef de guerre. Mais tenter de définir le radicalisme islamique à partir du Coran ne va pas très loin, pour deux raisons. Tout d'abord le Coran lui-même, tout comme la tradition du Prophète, insiste sur le contexte propre à chaque décision de recourir à la violence, et n'a jamais fait du djihad un des piliers de la foi (pas plus d'ailleurs que du prosélytisme) : par exemple, tantôt il est recommandé de faire un accord avec les juifs ou les chrétiens, tantôt de s'en méfier. Conséquence logique, toute une activité de codification et d'interprétation s'est développée parmi les légistes musulmans, donnant naissance à une tradition centriste (le djihad ne peut être proclamé que dans des conditions très strictes, généralement défensives), et à une tendance plus radicale (qui en particulier n'hésite pas à proclamer le djihad contre d'autres musulmans, jugés « mauvais »). D’où l'instrumentalisation du Coran et de la Tradition par les acteurs politiques du monde musulman contemporain. La plupart des formes contemporaines de radicalisme islamique (la révolution iranienne ou bien les attentats d'Al-Qaida) n'ont aucun équivalent dans l'histoire du monde musulman et doivent donc être compris comme profondément nouveaux. Le concept de prise du pouvoir d'État par une révolution populaire, entérinée par une nouvelle Constitution (l’Iran en février 1979), n'a aucun équivalent, de même que l'usage systématique des attentats-suicides (apparu d'abord dans le Hezbollah libanais au cours des années 1980 et adopté plus tardivement par les Palestiniens et Al-Qaida, alors qu'il avait été développé par des mouvements non musulmans comme les Tigres tamouls au Sri Lanka). Du radicalisme au terrorisme : un processus long et réversible Ensuite est évoqué les différentes étapes de radicalisation chez les jeunes musulmans ou convertis. Loin d’être un état d’esprit figé dans le temps, la radicalisation est le fruit d’un processus long, complexe et graduel qui peut se décrire en trois étapes : La radicalisation (première phase), trouve essentiellement sa source dans le contexte social. Sentiment d’injustice, d’inutilité, stigmatisation ou crise identitaire, l’individu s’éloigne peu à peu de la société. Il peut également sentir son identité personnelle ou sociale menacée suite à certains événements (attentats, crise économique, etc.). La principale cause serait le manque d’attention ressenti ou le sentiment d’être marginalisé. Une crise de confiance se développe progressivement lors de laquelle les oppositions se renforcent entre l’individu et la société. L’extrémisme est la seconde phase, celle où les discours radicaux s’intensifient et où l’usage de la violence commence à se profiler comme un moyen légitime sans pour cela devenir effectif : l’auteur recherche des alternatives culturelles, politiques ou idéologiques. C’est l’étape où la dynamique de groupe est importante et les contacts radicaux s’accroissent : l’acceptation de l’identité du groupe et de l’idéologie ainsi que la reconnaissance deviennent des facteurs déterminants. L’isolement par rapport à la société et la création de liens, radicaux, solides (leader charismatique, personne de confiance, etc.) renforcent l’adhésion aux valeurs extrémistes. Le terrorisme est l’étape ultime où l’usage de la violence est reconnu, accepté et légitimé comme seule et unique possibilité d’agir. On distingue 5 degrés de radicalisation chez un jeune musulman ou converti
2 – Processus historique de la radicalisation islamique : Les différentes étapes (Intervenant Karim Bouda) (Notes complétées à partir de la lecture du livre d’Antoine Sfeir (dir.), Dictionnaire du Moyen-Orient, Bayard Éditions, 2011, 964 p.) Présentation rapide des différentes branches de l’Islam : Sunnites, Chiites, Kharidjites C’est très tôt dans l’histoire de l’Islam, en l’an 657, seulement 25 ans après la mort de Mahomet, que l’islam se divisa. La source du conflit était politique: la désignation du calife ou imam, successeur du Prophète à la tête de la communauté. Or Mahomet a eu des filles mais pas de fils. Qui donc allait diriger la communauté après sa mort? Il n’avait pas donné d’instruction à cet égard. (Pour info : http://www.lemonde.fr/les-decodeurs/article/2014/06/20/au-fait-quelle-difference-entre-sunnites-et-chiites_4442319_4355770.html)
L’islam sunnite – ou sunnisme – est le principal courant religieux de l’Islam. Il concerne 85 à 90 % des musulmans. Le sunnisme est dérivé du mot « sunna » qui représente la ligne de conduite de Mahomet. Qualifiés de musulmans orthodoxes, ils prônent un monothéisme épuré dont la base demeure le Coran, livre sacré sur lequel doit reposer l’organisation sociale et la vie spirituelle de tout musulman. Contrairement aux Chiites, les Sunnites combattent l’idée selon laquelle le successeur de Mahomet doit obligatoirement appartenir à sa famille.
Les Chiites dont le nom dérive de Chî’at a Ali (« ceux qui suivent Ali ») représentent aujourd’hui un dixième seulement de l’ensemble des musulmans (environ 100 millions de fidèles). Ils sont cependant majoritaires en Irak et en Iran et forment une communauté très influente au Liban. Les musulmans chiites attribuent une importance cruciale au culte de l’imam. Cet imam chiite se distingue de l’imam qui, chez les Sunnites, préside simplement à la prière dans les mosquées. Il est le descendant d’Ali, le gendre du Prophète.
Ils furent ainsi nommés par Ali, cousin et gendre de Mahomet, pour désigner tout mouvement musulman contestataire, qu'importent leurs revendications et leurs méthodes, pourtant radicalement opposées. Les principales différences entre les deux courants sunnites et chiites (Note rajoutée, à partir des travaux de Laurence Louër, spécialiste de l’Islam, elle explique que les chiites duodécimains (majoritaires) attendent le retour du douzième imam («guide» en arabe), qui a disparu en 874 de la vue des hommes pour revenir à la fin des temps et restaurer la justice et la vérité. «Le chiisme a une importante dimension messianique, qui est résiduelle dans le sunnisme». Sur le plan doctrinal aussi, les deux courants divergent: les chiites considèrent que les successeurs de Mahomet sont des guides politiques et religieux, qui ont accès au sens caché du message divin, alors que les sunnites considèrent que le calife est seulement doté de compétences politiques. Enfin, les pratiques religieuses diffèrent également, les chiites pratiquant par exemple des rituels de mortification pendant l’Achoura. Les Etats sunnites appliquent tout autant la charia. Repère : les pays chiites et sunnites Les différents courants chiites divisés selon la lignée, des imams dont ils reconnaissent l’autorité, sont majoritaires en Iran, en Irak, au Liban, au Bahreïn et en Syrie. Cependant, un pays où une majorité de musulmans est chiite ou sunnite ne signifie pas pour autant que l’autorité politique est détenue par cette majorité. |
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